Vinchenso.

Souls burn forever

La fête battait son plein mais mon seul objectif était de trouver, dans cette foule en délire, Sérafina.
Son appel avait été clair et ses mots résonnaient encore en moi, faisant battre mon cœur à vive allure.
Sérafina savait.
Elle savait qui avait tué mes parents.
Elle tenait ma vengeance entre ses doigts.
Au loin je repérai la maîtresse des lieux zigzaguer au milieu d'hommes plus influents les uns que les autres.
Sérafina avait toujours aimé le pouvoir. A une époque, elle rêvait même de faire succomber un prince hérité juste pour le titre que cela lui apporterait.
Elle pouvait sembler désagréable à première vue mais je savais qu'elle était devenue comme ça à cause du milieu dans lequel elle avait évolué.
Son père, un riche propriétaire terrien qui faisait souvent affaire avec la mafia, traitait Sérafina comme une moins que rien parce que sa mère était une prostituée. Elle avait été éduquée à la dure et subissait constamment les insultes des autres.
Je m'étais directement bien entendu avec elle. Comme si avoir un salaud comme père créait une connexion entre nous.
M'avançant vers elle je lui agrippai l'épaule tout en voyant du coin de l'œil Anastasia se crisper à mes côtés.

- Tu sais.

Je ne posais pas la question, j'affirmais. Depuis son appel je cogitai dans ma tête. Je ne voulais pas attendre plus longtemps. J'avais déjà bien assez attendu.
Je voulais savoir.

- Peut-être devrions-nous laisser quelqu'un d'autre te dire la vérité ?

Je fronçai les sourcils. Quand Sérafina parlait avec une voix hautaine ce n'était jamais avant-coureur d'une bonne nouvelle.

- Alors Anastasia ? Elle sourit de toutes ses dents au point que ses deux yeux ne soient plus que des fentes.

Sans comprendre, je tournai ma tête vers la femme, bien connue, à mes côtés. Elle sembla prête à s'évanouir à tout moment.
Tout devenait soudain limpide. La vérité, tel un petit poisson qui descend doucement la rivière sauvage pour arriver après de longs mois à la mer infinie, finissait toujours pas éclatée.
Je me pensais prêt à cela, à savoir. Mais en vérité je ne l'étais pas.

- Anastasia, murmurais-je.

Ses yeux brillaient sous la lumière des projecteurs qui éclairaient la fête de mille couleurs.
Anastasia avait de petits yeux mais on y lisait de grandes choses. Des choses qui étaient en train de m'atteindre profondément, qui creusaient un large gouffre en moi et qui causaient une douleur équivoque.

- J'ai voulu te le dire un nombre incalculable de fois Vin.

Sa voix tremblait comme une corde tendue que des doigts agiles s'amusaient à triturer.
J'ai toujours été quelqu'un qui préférait connaître la vérité. Jusqu'à aujourd'hui.

- C'était mon père Vinchenso, pas moi.

Son père, son sang.
J'ai toujours été attiré par l'Italie. Même si j'ai grandi en Russie mon coeur naviguait déjà sur la mer Adriatique. L'Italie est un pays très riche avec énormément de culture et de traditions que les anciens transmettaient inlassablement au nouveaux.
Mais je ne m'étais jamais senti aussi italien qu'en ce moment, quand le sang coulait dans mes veines en tambourinant au rythme d'un millier de romains marchant vers la guerre.
Je décochai mon arme de ma ceinture et visai avec Anastasia.

- Vendetta.

Et je tirai.