Reste humble,peu importe combien tu as évolué.Reste gentil,peu importe le nombre de personne qui t'ont brisés le coeur.Et reste optimiste,peu importe le nombre de fois où tu as été laissé tomber.

Des bruits de vaisselle
brisée.
J'entendais ma mère hurler en Russe presque possédée.
Vladimir intervenait d'une voix dure,contrastant avec mon père très calme.
J'entrai dans la pièce.Il y eu une seconde de flottement, avant qu'ils me remarquent.
Je serrai la main d'Anastasia qui se rapprocha tellement de moi que je sentais son épaule contre la mienne.
Sans le remarquer je retenais mon souffle et serrai plus fort encore la petite main d'Anastasia.

- Je pense que j'ai le droit de connaître la vérité.

Ma voix était d'elle-même froide et calme.C'était presque devenu une entité vivante,autonome.
Ma mère se laissa tomber sur une chaise.Elle devait sûrement se dire que cette fois-ci elle n'y échapperait pas.

- C'était il y a si longtemps.J'étais fort amie avec Agostina,la femme du bras droit de ton père.On passait tout notre temps ensemble.Elle était dingue de Vladimir,il devait avoir un an à l'époque.Elle lui ramenait toujours des cadeaux de ses voyages.
Je pense qu'elle aussi elle a voulu fonder une famille.

Je n'arrivais pas à la regarder dans les yeux.Ils étaient larmoyants et je compris aussitôt que la douleur entourait mon histoire.Comme une marraine la bonne fée.
Je plantai mon regard sur une vitre.A l'extérieur les arbres étaient verts et feuillus.Le vent faisait voler quelques feuilles mal attachées.Si j'avais une feuille moi aussi j'aurais été mal attaché.

- C'était une époque sombre pour nous.Nos têtes étaient mises à prix par de nombreux pays.Ton père avait renforcé la surveillance autour de la villa,nous ne quittions plus la maison.Je ne voyais plus Agostina depuis des mois,je n'avais aucunes nouvelles.

Une brise souffla et elle emporta avec elle une nouvelle rafale de feuilles.

- C'était presque la fin.Ton père avait fait exécuté la plus part des chasseurs de prime.Ça aurait dû être terminé,elle sanglota.

Je n'arrivais toujours pas à la regarder en face.J'avais trop peur de ne plus y voir ma mère.

- J'ai reçu un appel très tard dans la nuit.Je me rappelle sa voix tremblante.Elle avait si peur.J'étais affolée.J'ai réveillé Aldo.Nous nous sommes précipités là-bas mais c'était trop tard.

J'inspirai un grand coup.

- J'ai couru à l'intérieur.Les meubles étaient cassés,il y avait même du sang sur les murs.J'ai d'abord vu le cadavre d'Audrik étalé au milieu du salon.Je suis montée à l'étage en pleurant.Et là je l'ai vu.Elle avait l'air pleine de rage.Je suis tombée au sol,même mes jambes me lâchaient.Je suis restée une éternité assise sur le plancher,j'aurais pu y rester encore longtemps.Mais quelqu'un s'est mis à crier.Je me suis levée et c'est là que je l'ai vu pour la première fois.

Un silence de mort engouffre la salle et l'avale tout entière.Nous sommes englouti par ce calme et j'ai l'impression que je ne pourrai jamais me sortir de ce néant.

- Ce bébé c'était toi Vinchenso.Tu étais si petit, tu devais avoir à peine quelques semaines.Je t'ai pris dans mes mains tremblantes et je ne t'ai plus jamais lâché.Tu étais l'unique survivant de ce carnage mais tu es surtout mon fils malgré le sens qui coule dans tes veines.

Sans prévenir,je serrai fortement ma mère dans mes bras.Je la serrai si fort, comme si elle allait s'échapper.
Anastasia avait raison,elle n'était pas ma mère biologique mais c'était ma mère quand même.Plus que n'importe qui d'autre.

Des pas imposants claquèrent dans les escaliers,derrière moi mon père s'avança.Il jeta d'un geste désinvolte une farde de papier sur la table.Cette dernière glissa sur plusieurs dizaine de centimètres avant de s'arrêter à ma hauteur.

- Qu'est-ce que c'est ? Demandais-je en attrapant l'enveloppe recyclée.
- Tout ce que je sais sur ton histoire.

Je sortis de leurs cercueil les quelques maigres feuilles relatant une histoire,mon histoire.
Je parcourus en diagonale ce texte qui ne m'était même familier jusqu'à tomber sur la conclusion.
Le tueur.