37.
Anastasia.
Est-ce que tu t'es déjà senti vivre ou est-ce que t'essayes de t'en persuader ?
Je me jetai sur le lit et il grinça tellement que je crus qu'il allait céder.
Et,vu le prix auquel je louais la chambre,je n'avais pas intérêt à casser quelque chose.
Ajouté au lit qui grince il avait aussi l'odeur de la chambre.Ça sentait le vieillot.Comme quand j'allais rentre visite à une tante éloignée qui m'offrait des biscuits périmés.
J'ouvrai ma petite valise,la seule en fait,et sortis de cette dernière un pyjama,un essuie et du savon.
Dans la salle de bain je dus faire comme si je n'avais pas été dégoûtée par les poils dans le fond de la douche.
Quel enfer.
Heureusement,une fois la tâche terminée,je pus me réfugier en pyjama sous la grosse couette qui sentait mauvais et enfin dormir.
En oubliant l'espace d'un instant la vie que je menais et surtout celle que j'allais mener.
Trois jours plus tard,désormais habituée à cette vie un peu bancale,je me levai quand le réveil sonna.
Le vieil engin en forme de rectangle faisait un bruit d'enfer mais au moins ça me réveillait.
Après une rapide douche,je fermai la porte de ma chambre et descendus jusqu'au rez-de-chaussée.
Le gars à l'accueil,un gros type en Marcel blanc taché, ne releva même pas les yeux quand je passai devant son poste.
Je bravai le petit vent de septembre,pourquoi n'avais-je pas pensé aux Baléares ?,et me dirigeai vers le café le plus proche.
La terrasse était encore vide et à l'intérieur seul de rare clients sirotaient leurs boissons en lisant un journal.
Une vieille.
Un homme d'affaire.
Une célibataire.
Et moi.
La fine équipe.
- Un chocolat chaud et un pain au chocolat s'il vous plaît,je commandai la même chose que les jours précédents.
Le barmaid me sourit.
- Le changement c'est maintenant.
Je rigolai à plein poumon et mon rire perturba le calme olympien du pub.
- Je pense que c'est la première fois que je te vois rire.
- Tu ne me connais que depuis trois jours ! M'exclamais-je.
- On en apprends beaucoup en trois jours Vanessa.
Avait-il raison ? Est-ce que j'avais arrêté d'être joyeuse ?
Mes journées s'étaient tellement entrelacées étroitement avec la routine que je ne percevais plus les heures.Je savais que le temps passait mais tout cela me semblait suspendu dans l'espace.Comme si la vie était trop longue et que moi j'étais déjà essoufflée depuis longtemps.
Je ne rigolais plus.Je notai cette constatation avec un recul surprenant.
Je ne rigolais plus.Ça sonnait un peu comme "l'eau bout à cent degrés".
Trop scientifique,quelque chose contre lequel on ne peut rien.
- Ça va ? Me demanda Nicolas.
- Oui j'étais perdue dans mes pensées.
Je figeai un sourire sur mon visage et payai ma commande.
Je me dirigeai vers une table mais ma nouvelle connaissance me rattrapa.
- Tu pourrais manger au comptoir.Pour qu'on parle un peu,ajouta-t-il trop vite certainement.
- Oui je pourrai,répondis-je en retournant sur mes pas.
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