A avait été nommé comme ça par sa mère, en hommage à la supergéante rouge localisée dans la constellation du scorpion. Lorsqu'il était né, il était gros et très rouge, presque comme si ça peau était translucide et que l'on pouvait voir son sang circuler de part en part. C'était très étrange mais avant même sa naissance, sa mère savait qu'il allait être un drôle d'enfant puis un adulte bizarroïde, un peu perché dans les étoiles.

Et elle ne s'était pas trompée. Ou peut-être était-ce simplement l'Univers qui avait décidé de lui donner raison et de faire, ainsi d'Antares, le garçon qu'il était destiné à être.

Un garçon tout rouge. Tout le temps rouge. En toutes circonstances, qu'il pleuve ou qu'il vente, nuit et jour, heures après heures, années après années. Son monde entier était rouge, son cerveau, ses poumons, son cœur l'étaient. Ses yeux et ses cheveux aussi par la même occasion, jusqu'à sa peau qui alternait entre le rouge feu, le rouge sang ou le rosé.

Heureusement qu'il ne vivait pas sur la planète Terre, la cruauté et la violence des humains l'aurait anéanti. Un garçon si gentil, si sensible, si doux. Ces êtres terrestres n'en auraient fait qu'une bouchée, ils l'aurait estropié dans tous les sens et auraient dansé sur la tombe de ce démon.

De ce fait, Antares ne connaissait rien de cette planète bleue. Lui qui était si seul, à fureter entre Mars et Jupiter, il ignorait ingénument la discorde qui y pullulait sans vergogne.
Et c'est cette curiosité naïve qui le poussait à remettre son existence en question. Cette magnifique sphère d'eau et de terre, où la vie avait prit forme, brillante et intriguante, lui retournait l'esprit, faisait naître chez lui un sentiment différent du vide spatial qui l'entourait.

Antares rêvait, il aimait ça. Tantôt assis sur un astéroïde de La Ceinture, tantôt errant dans le désert rougeâtre de Mars ou même vaquant à sa guise dans les tempêtes brûlantes de Jupiter. Il rêvait de pouvoir toucher cette planète bleue, mais s'en approcher était toujours effrayant, l'énergie qu'elle renvoyait était effrayante et même au plus loin d'elle dans le Système Solaire, alors qu'il profitait du froid de Pluton, il pouvait toujours la sentir dans un coin de son âme. Et toujours, il avait peur d'elle.
La planète bleue était comme un monstre caché dans un placard qu'on n'osait ouvrir.

Une fois, il était allé sur la Lune, l'unique objet céleste qui tournait autour de ce globe bleuté. De là, il avait observé, caché dans un cratère, il avait vu les lumières s'allumer lorsque qu'elle faisait dos au Soleil. Et il avait eut l'impression d'être observé.
Ce sentiment inconnu l'avait effrayé et il s'était enfuit aussi vite qu'il en fût capable. Se hâtant d'allé se cacher dans le cyclone de Jupiter pour se laisser porter par les vents violents, espérant qu'ils l'aide à retrouver le calme de son âme.