Ça faisait 6 jours qu'il était dans cette chambre. Oui cette fois-ci, il avait eu droit à une chambre décente !

Son état s'était stabilisé ! Je savais bien que ces médecins racontaient n'importe quoi et mettaient la charrue avant les bœufs. Ils l'avaient enterré vivant. C'était une histoire de quota ou quoi ? Ou bien ils avaient besoin de cette satanée chambre pour un autre de leur « patient » ?! Si ce n'est que ça, rendez-lui son box !

Il était toujours sous respirateur mais ses yeux, jusque-là fermés, s'étaient entrouverts. Une petite bataille de gagnée non ? Je pense que je me voilais la face parce qu'il avait un regard dans le vide. Il ne me regardait plus. Comme une âme vide. Comme s'il n'était déjà plus là. Son corps n'était plus qu'une enveloppe. Mais merde quoi ! Son cœur battait toujours ! J'entendais le bip de sa machine, on ne me la fait pas à moi !

Le lendemain, j'étais sur la route de l'hôpital pour lui rendre visite, comme chaque jour depuis quasi un mois. Ça faisait plusieurs jours que je ne mangeais qu'un bol de céréales le matin et le soir. Alors je me suis décidée à aller faire quelques courses. Les infirmières voyaient bien que je ne mangeais pas de la journée et m'avait conseillé de prendre soin de moi. Excusez-moi mais avoir l'homme de sa vie cloué dans un lit d'hôpital, ça coupe l'appétit !

J'errais dans les allées du supermarché. Qui aurait cru que ce moment était le plus intime que j'ai pu avoir ce dernier mois. Malgré les nombreuses personnes qui me croisaient près des boites de haricots verts, j'arrivais à souffler un peu, à respirer.

***

Au bout d'une bonne heure, je franchis la porte de sa chambre d'hôpital.

- « Vous ne pouvez pas rester là ! »

Deux mains me poussent en dehors de la pièce assombrie par les rideaux presque fermés. Avant que la porte ne se rabatte devant moi, je n'ai pu que l'apercevoir, entouré par des infirmières et des médecins dont un assis à califourchon sur lui, les deux mains liées compressant son thorax.