3. "I Hate You"
Nous nous étions installés dans le café Ivy, j'avais commandé quatre chocolats chauds pendant que les deux tourtereaux se bécotaient devant moi et Ethan avait disparu je ne sais où. Me sentant seule, j'ai ouvert mon sac et sorti mon mac pour continuer ma dissertation en littérature à rendre pour la semaine suivante. Le sujet était simple, est-ce que les morts disparaissent vraiment ou sont-ils toujours dans nos coeurs, la réponse était claire, ils disparaissent.
- C'est quoi ? demanda Ethan s'asseyant à côté de moi en ignorant totalement les débats de nos amis.
- Rien, juste un travail à rendre, dis-je en haussant les épaules sans le regarder.
Il me stoppa net dans mon élan en m'arrachant mon ordinateur des mains, je m'autorisa donc de le regarder, une mèche de ses cheveux noirs tombait impétueusement sur son front et ses lèvres étaient pincées entres elles.
- Tu as tord, dis-il sans pour autant levé les yeux de mon travail.
Je fronçais les sourcils, ce garçon n'allait rien m'apprendre. Je savais que mon travail était sérieux et logique, je n'avais aucune raison de paniquer et puis Ethan Howart n'étais pas le genre de mec intelligent et "hard-working" et c'est cette phrase qui me fit rire.
- Pourquoi tu ris ? boude t-il
- Comment un garçon comme toi peut dire à une fille comme moi que j'ai tord ?! Cela n'a aucun sens mon pauvre, au pire je te donne une chance de dire quelque chose d'intelligent.
Ethan soupira bruyamment et commença sa longue tirade qui n'était pas si ennuyeuse finalement.
- Ce que tu écrit n'a aucun sens, les morts vivent toujours parmi nous, ils sont dans nos coeurs. Une mère, un père, personne les oublie, ni les amis. Ils ne disparaissent pas comme ça, bim ! Non, ils vivent toujours avant et après le deuil June. Oh et un conseil, arrête de bosser quand on sèche sinon c'est pas intéressant, ricane t-il.
Certes ce qu'il avait dit était intelligent mais le fait qu'il sache mon nom m'a choqué, comment un garçon aussi populaire s'intéresserait à la paumé de June Wallace.
- Comment tu connais mon nom ? dis-je avec innocence.
Ethan pouffa pendant que je m'insultais moi-même de ma connerie. Il était encore plus con que ce que je pensais mais je fus coupé dans mes pensées quand Ethan frôla ma main sous la table de café.
- En fait, depuis que je t'ai vu à la rentrée j'ai eu le coût de foudre et j'ai chercher ton nom partout...
C'est une blague ? Je ne pouvais pas m'empêcher de rougir pour rien, râle bol !
-...mais nan, qui ne connais pas la populaire Cassandra Devrot et sa petite servante June Wallace !
Ah je comprends mieux, il se fichait totalement de moi. C'est pourtant dommage vu qu'Ethan était mignon en mode romantique, je m'y serais facilement habituée. Je délire en ce moment, j'ai mes études je n'ai pas le temps de divaguer avec mes fantasmes de jeune fille de seize ans qui n'aboutiront, on le sait tous, à rien.
- Tu es vexée ? demanda Ethan avec une lueur indéchiffrable dans les yeux.
Je me mis à rire. En fait, grâce à lui, tout le stress que j'avais accumulé avait disparu. Il me faisait penser à autre chose, j'étais tellement à l'aise maintenant que je souriais comme une idiote. Pour moi, c'était comme si son arrogance ne me touchais pas...pour le moment.
- Je rêve ou tu m'apprécie June Wallace ? me demande t-il en accentuant sur mon prénom et en arborant un magnifique sourire malgré ses dents imparfaitement alignés.
- Ne croit pas que je t'aime bien Howart, au contraire je te hais, lui chuchotais-je dans l'oreille avec sérieux.
Quand je me suis éloigné, je pouvais voir qu'il ne s'attendait en aucun cas à ce que je lui dise ça. Il m'attrapa le bras avec force mais sans me faire vraiment mal et il se rapprocha pour ne dire quelque chose comme si c'était un secret:
- Tu dis peut-être la vérité aujourd'hui June mais crois moi, tu vas vite m'apprécier. Personne ne résiste à mon charme, tu pourrais être surprise.
J'en eu des frissons tout le long de l'échine et j'ai déglutis avec difficulté. Ethan était très mystérieux et j'avoue que j'avais aimé ça. Les deux tourtereaux arrêtèrent leurs bisous dégoûtant et se séparèrent pour nous faire face, ce qui était honteux c'est que nous étions toujours proche et bien trop proche ce que me déplaisais et déplaisait à toutes les filles présentes dans le café ou peut être sauf Cassandra évidemment.
- Waouh June ! Je pensais pas que tu l'aimais autant ! me taquina ma meilleure amie.
- Tu penses très mal Cassandra.
Mathias et Ethan éclatèrent de rire et j'avoue que je me suis joint à eux, je n'avais aucune pression pour avoir séché malgré le fait que je sois une fille travaillant beaucoup sûrement parce que je n'ai pas de parent pour m'engueuler quand je rentre chez moi. C'est l'épaule d'Ethan frôlant la mienne qui me sortit de mes pensées, mon regard croisa le sien et il osa me faire un clin d'oeil.
Je m'empressa de lui faire un très joli et délicat doigt d'honneur. Forcement, ce gars était susceptible et se vexa directement. Je ne pouvais pas avoir le coup de foudre comme ça, je voulais une vraie histoire d'amour avec des vacances de rêve à la plage, des enfants magnifiques et une vie tout simplement parfaite. Malheureusement, on m'avait toujours dit que les filles intelligentes ont plus de mal à trouver l'amour et encore pire, coup de théâtre, je n'étais pas vraiment belle. Pour resumer, je ne ressemblais pas vraiment à grand chose mais au fil des années je m'étais habitué aux regards dégoûtés des gens qui se retournaient sur mon passage.
- June ? Tu m'écoute ou tu rêves toujours ? rumina Cassandra
- Elle est toujours comme ça ? s'étonna Ethan face à mon mutisme.
Ils m'exaspèraient tous, même Cassandra pour être honnête. Je bu en vitesse le reste de mon chocolat chaud et arracha mon sac de la chaise sur laquelle j'étais assise sous les regards interrogés de mes amis et du connard. Sans dire au revoir, je me pressa en dehors du café et me dirigea vers mon appartement pour pouvoir finir cette putain de dissertation !
J'ouvris les yeux calmement, je me souviendrais toujours de ce moment important de ma vie, c'était la première fois que je lui parlais vraiment et je comprends maintenant comment Ethan voyait les morts dans la vie, ce que je ne comprenais pas cependant, c'était pourquoi j'avais rêvé de ce passage de ma vie. Chaque nuit, je revoyais un morceau de ma vie comme si c'était un flashback. C'était surement un des moyens de mon coeur ou de mon cerveau pour ne pas l'oublier ou faire mon deuil, je ne sais pas. Après m'être lavé et habillé, j'ai filé manger une pomme en vitesse.
- Tu es bien matinale ma chérie, ria joyeusement Cassandra
- J'avais faim.
Je ne pouvais pas me risquer à lui dire que je sortais, elle m'aurait tout simplement fait un interrogatoire pour savoir si ça allait terminer comme la dernière fois, celle où je lui ai dit que j'allais nous acheter deux thés alors que j'avais fuie à l'aéroport pour partir chez ma tante. Pendant un an, je ne lui ai envoyé aucunes nouvelles. Elles m'envoyais des messages tout le temps et puis elle c'est arrêté d'un coup, surement parce qu'elle en avait marre. Cette fois je n'allais pas m'enfuir, mais j'allais essayé de faire un tour en ville sans partir en pleurs.
Quand Cassandra s'en alla comme à son habitude travailler, je me glissa sur la pointe des pieds jusqu'à la porte d'entrée et l'ouvrit avec délicatesse pour éviter d'eveiller des soupçons de Mathis qui me croyait dans ma chambre.
- June Wallace, on part sans moi ?
Je jura et me retourna avec venimence faisant face à Mathis finissant de mettre sa veste, il était en effet prêt à sortir.
- Tu vas où ? demandais-je en feignant l'ignorance
- Chez Jimmy, il a besoin de moi pour une bricole sur sa voiture et toi, si tu me permet de te demander.
- Oh, je viens avec toi ! déclarais-je victorieuse.
Il haussa les épaules en signe d'indifférence et me lança les clés de sa Dodge Viper blanche. Quand je disais qu'il n'était pas à plaindre côté fric !
- Ne me dit pas que je conduit ?!
- Si, pourquoi ? demande t-il las
- Je n'ai pas conduit de voiture depuis plus d'un an... Comment dire qu'en Angleterre, on utilisait le metro...
- Je vois, file les clés.
Je soupira bruyamment face à la situation, je ne comprenais pas pourquoi c'était froid entre nous. Hier encore, nous avions ris de bon coeur et là, c'est comme si ça n'avait pas existé. Pour éviter d'envenimer la chose, je me mis en mode muette pendant le trajet.
- Salut ma belle, je ne m'attendais pas à te voir ici ! Salut mec !
Jimmy nous salua de loin et pour être franche, j'en étais contente parce que ce n'est pas mon délire d'être barbouillé de cambouis. Jimmy me demanda gentillement deux bières alors que Mathis me faisait toujours la "gueule", merci infiniment Jimmy d'avoir rompu ce silence.
Après avoir trouvé le réfrigérateur, je m'élança vers le garage à pas de loup quand je surpris leur conversation. D'habitude je n'écoute pas aux portes mais quand j'entends mon prénom, je réponds présente.
- Passe moi la clé de 12 Matt s'il te plais, oh et tu vas me dire pourquoi il y a un froid entre June et toi ?
- Tiens, c'est compliqué... C'est déjà assez stupide comme ça, n'en rajoute pas !
- Mec, on est amis depuis les années collèges tu peux compter sur moi ! Dis moi tout.
- Voilà, le dit pas à June mais tu connais Cassandra, depuis que June est partie, Cassandra est devenue...différente. Hier soir quand elle est rentrée du boulot et que June dormait, elle m'a fait un scandale. Elle nous a vu par la fenêtre rire et elle n'a pas apprécié, j'ai essayé de lui faire comprendre qu'elle n'avait pas à être jalouse de June et elle m'a sorti que je ne devais plus lui adresser la parole ou alors seulement pour des "sujets important et sérieux", le pire c'est qu'elle était sérieuse.
- Waouh, j'ai pas de mots là. Mais tu as raison, Cassandra n'est plus la même depuis le drame, elle est devenue plus froide, arrogante et sa confiance en elle n'a jamais été aussi élevé, j'aurais pensé que le retour de June lui aurait remis les idées en place mais il ce pourrait qu'elle soit jalouse de sa propre meilleure amie. Dingue !
Mon coeur se pressait et les larmes me montait aux yeux, comment ma meilleure amie pouvait penser ça de moi ?
- Jimmy, Cassandra me fait peur. Elle pense qu'il pourrait ce passer des choses entre June et moi alors qu'on est encore en deuil. Ce qu'on partage c'est la mort d'Ethan ! Comment elle peut penser que June viendrait me draguer alors qu'elle n'arrive même pas à dire le prénom du garçon qu'elle aimait ?!
Mathias soupira douloureusement en s'asseyant sur la caisse à outils, et c'est à ce moment là que je décida de leur apporter leur bières. Ils en avait besoin et personellement moi aussi. Je m'avança toujours doucement vers eux avec un faible sourire, surtout adressé à Mathias. Celui-ci releva la tête vers moi, j'en profita pour agiter un peu les bouteilles que j'avais dans les mians.
- Merci June, tu en as mis du temps, j'espère que tu n'as pas cherché le frigo trop longtemps ? me demanda amicalement Jimmy.
- Non, c'est bon je me souviens encore de ta maison Jim !
Après quelques heures acharnées sur cette magnifique mustang en réparation, nous avions mérités une bonne pause mais cette fois ci ce n'était pas moi qui suis aller chercher les bouteilles. Mathias s'en alla mollement.
- Je t'ai vue, ne nie pas June.
Jimmy m'avait prise de court. Il était parfois si direct et franc que s'en était destabilisant.
- Quoi ?
- Quand je parlais avec Matt, tu étais derrière la porte. J'ai vu le bout de ton pull dépasser, je ne veux pas tre faire de leçons mais n'y pense pas. Matt à quelques problèmes avec Cassandra en ce moment et ça date d'avant ton arrivée alors ne prend pas ça personellement. Okay ?
- Ok. Matt a l'air tellement fatigué en ce moment...
Jimmy ouvrit la bouche mais la referma aussitôt, son regard se dirigea derrière moi et je comprenais son mustisme. Mathias était de retour.
- Tu ne t'es pas ennuyé ? me demanda Matt sur le chemin du retour.
- Non, c'était cool on apprend beaucoup de choses...
C'est sortit tout seul, oups ? Maintenant il va croire que je faisais des sous entendus et il n'avait pas besoin de ça en ce moment.
- Je m'excuse pour cette après midi, je n'ai pas été très agréable.
J'ai quitté le paysage des yeux pour le regarder, ses cheveux était sales et désordonnés mais il gardait toujours cette belle image de lui, du garçon qui fait tout pour les autres mais rien pour lui. C'était l'une de ces différences avec Ethan. Ethan se fichait pas mal des autres sauf bien entendu sa famille et ses amis mais Mathis lui, se préoccupait de tout le monde sauf lui-même ce qui causait en quelque sorte sa perte.
- Ne t'excuse pas, tu as le droit d'avoir tes humeurs... Tu voudrais bien faire quelque chose pour moi ?
- Voyons June, tu sais très bien que je serais toujours là pour toi, qu'est-ce que tu veux ?
Je pris une grande inspiration et lui dévoilà ce dont je voulais, ne me prenez pas pour une pourie gâtée au contraire...
- J'aimerais, non je veux que tu arrêtes de te préoccuper des autres. Je veux que tu penses à toi et uniquement à toi. Que tu fasses ce qu'il te plais et pas en fonction des autres Mathis. Tu es malheureux et fatigué, ça se voit.
Je ne pensais pas qu'il allait réagir comme ça. Aussitôt mes paroles achevés, il freina brutalement ce qui m'arracha un cri. Heureusement qu'il n'y avait personne derrière, et alors que je pensais qu'il allait redemarrer, il prit sa tête entre ses mains et il commenca à sangloter. Automatiquement je me détacha et m'approcha le plus possible de lui, en lui caressant le dos. Cet élan de tristesse allait me faire pleurer merde !
- Pourquoi il est parti ? Il n'arrêtais pas de me dire ça. Pourquoi ?
Je ne pouvais pas y répondre. J'étais incapable de mettre un mot ou une émotion à ce qu'il c'est passé. J'en avais mal partout et ce que je voulais par dessus tout, c'était m'endormir pour être avec Ethan à nouveau. Être à l'abri pour toujours et à jamais.
Je lui ai ordonné d'arrêter de pleurer, qu'Ethan n'aurait pas aimé ça pour nous, que nous devions rentrer et que la nuit tombait. Par miracle, il m'écouta et j'en était soulagée.
- Mais où étiez vous bordel ? nous agressa Cassandra en rentrant.
Malheureusement pour elle, je n'étais pas de très bonne humeur. Il me fallait tout de suite dormir pour le retrouver.
- Répond ! m'agressa Cass' en m'agrippant le bras.
- Chez Jimmy, appelle le si tu en doutes.
Je pouvais voir de loin Mathis étonné de voir mon comportement avec elle mais s'en était trop, on allait tous perdre Mathis s'il ne s'en remettait pas.
Je leur ai dit que je ne mangerais pas avec eux, que j'étais fatiguée mais au dernier moment avant de m'endormir, la porte de ma chambre s'ouvrit sur Mathis.
- Oui ? Tu voulais ?
- Demain, j'irais avec toi à la maison.
Quand nous disions "maison" on savait tous de laquelle on parlait, celle où on a tous vécu des choses extraordinaires. J'acquiesca en souriant.
- J'en ai besoin, me disait-il avec entrain mais je voyais bien qu'il essayait de ce convaincre lui même.
- Tu en a besoin, dis-je avec un grand sourire.
Il referma la porte et mon téléphone vibra: "Si tu ne me reponds pas c'est que tu ne vas pas bien. Ethan est parti, je ne veux pas être méchante mon coeur mais tu dois l'admettre. Si tu as besoin de parler, prend une feuille, écrit ce que tu veux pour te défouler et brûle la." - Tania
C'était la première fois depuis que j'étais partie qu'elle m'envoyais un message censé et différent des autres. Peut être bien que j'en avais besoin ou pas mais je devais essayer. Je me leva une fois encore de mon lit et fouilla dans les tiroirs du bureau en chêne qui était en face de mon lit. J'y trouva un stylo et une feuille jaunis, ça me suffisais amplement.
"C'est la première fois que je fais ça, alors soyez indulgent. Cher journal, nous sommes le 22 mars, il est 20h25 et j'ai surement besoin d'écrire ce que j'ai sur le coeur. Mon petit ami est parti il y a un an et deux mois et dix huit jours, je devrais utiliser le terme "mort" ou "décédé" mais je suppose que je ne suis pas prête pour le laisser vraiment partir. il s'appelait Ethan et il était juste trop jeune pour disparaître... Il me manque énormement, beaucoup trop. J'aurais aimé partir avec lui mais non, il a fallu qu'une amie frappe à ma porte en pleine nuit pour me l'annoncer. Je n'étais même pas là quand il est parti, j'aurais dû lui tenir la main une dernière fois ou l'embrasser et lui dire je t'aime une dernière fois mais je dormais sans me demander s'il reviendra ou non. J'aimerais tellement revenir en arrière. Je t'embrasse fort Ethan d'où tu es, Je t'aime XoXo." Une fois fini, je prit les allumettes qui était dans le coin et je brûla le papier. En brûlant le papier, je me sentais plus legère mais j'avais aussi une idée en tête, mettre le feu à la maison et ainsi brûler tout les souvenirs nostalgiques qui s'y trouvait.
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