20. "Well...Good Morning June."
Ils m'avaient tous mentis, sauf Ethan qui n'était pas sur ce terrain. Je me sentais si trahis et perdus que je n'ai pas vu la voiture noire ce garer près de moi, assise sur le trottoir froid, j'étais désemparée.
- June ?
Cette voix m'était si familière.
- Ethan ? dis-je en relevant le visage vers cette personne.
Il était sorti de sa voiture à la vitesse de l'éclair pour m'aider à me relever alors que je fondais littéralement en larme. Une fois dans la voiture, on entendait seulement mes pleurs et mes reniflements. Classe June, vraiment classe.
La main d'Ethan vint se poser sur ma cuisse en signe de réconfort.
- Tu vas bien ? me demanda t-il dans un souffle en se concentrant sur la route qui était devenue noire. Il faisait nuit noire, depuis combien de temps était-je assise sur ce trottoir bordel ?
- Comment ça se fait que tu sois venu ? dis-je d'une voix plus tranchante que j'aurais voulu.
- Mathis m'a appelé.
Silence.
- Mathis m'a appelé en disant qu'Alexandre et toi vous étiez vu lors de la course et que tu étais bouleversée alors j'ai rappliqué aussi vite que j'ai pu.
Silence.
Ethan n'insista pas mais au lieu de me ramener chez moi, dans mon appartement, il en avait décidé autrement, me ramener chez lui. Je l'interrogea du regard.
- Tu ne resteras pas seule ce soir, c'est hors de question.
Je n'ai pas prit la peine de lui répondre en posant mon front contre la vitre gelée regardant avec des yeux vides, le paysage défilant devant moi. Comment devais-je réagir ? Les pardonner sans aucune explication, les bras grand ouverts ? Qu'ils aillent ce faire foutre !
Ethan s'était garé dans une petite impasse uniquement éclairée d'un lampadaire qui allait bientôt griller pourtant ce n'était pas si effrayant ni glauque. Il me conduisit vers une maison identique aux autres seulement la couleur de la porte d'entrée et des volets n'étaient pas de la même couleur. Ils étaient gris anthracite et c'était plutôt dommage pour une aussi belle et petite maison.
- Entres, mais ne fait pas attention au bordel... Je ne m'attendais pas à avoir de la visite, dit-il en se grattant l'arrière de la tête et en allumant la lumière.
Contrairement à ce que j'aurais pu penser, l'intérieur était beaucoup plus beau que l'extérieur. Tout était design et presque neuf seulement, il n'y avait aucune trace de « vie de famille » et je trouvais ça bien dommage.
- Tu ne vis pas avec tes parents, c'est ça ?
- Exactement.
Je voyais bien à son ton que la discussion s'arrêtait là. Je promenais mes doigts sur la surface des meubles légèrement poussiéreux en l'imaginant plus petit comme sur la photo de lui, aux alentours de six-sept ans. Je voyais bien que c'était Ethan avec ses yeux profondément clairs, ses cheveux bouclés retombant sur son front avec légèreté et son sourire espiègle.
- Euh... tu est fatiguée ? Tu as faim ? demanda timidement Ethan, visiblement mal à l'aise.
- Non, c'est bon. Je vais juste me reposer, mais c'est gentil, dis-je avec un brin de tristesse dans la voix.
Je ne voulais pas perdre mes amis, je ne voulais pas non plus qu'ils me refassent ce coup là.
- Si tu as besoins, je serais dans ma chambre. Je te laisse le canapé, ce n'est pas contre toi mais je n'aime pas laisser les gens même mes amis dans mon lit.
Super, moi qui pensait qu'on avait dépassés le stade de l'amitié, j'avais apparemment tout faux.
- Attends, tu es sûr que je ne peux pas dormir avec toi ? dis-je d'une voix tremblante, je ne voulais pas rester seule ce soir et ça serait revenu au même si je dormais dans mon appartement ou si je dormais dans le canapé sans vie de chez lui.
Il soupira.
- D'accord mais ne te découvre pas, ça va déjà être difficile de se contrôler avec toi dans mon lit alors si tu commences à te découvrir, je risquerais de te sauter littéralement dessus.
Oh, je vois. Il ne voulait pas parce qu'il pensait ne pas se contrôler alors que je savais qu'il en était capable.
Sa chambre était le contraire même du reste de sa maison, elle était sans couleurs vives et simple. Il n'y avait aucune poussière, ni un seul vêtement qui traîne. Même le lit était fait, je rêvais ou bien Ethan était une vraie fille ?
Une fois dans le lit, je n'avais rien enlevé. Ni mon pantalon, ni mon sweat alors imaginez ma réaction quand il a retiré son tee-shirt me donnant une vue intégrale sur son torse et ses muscles saillants ! Je n'avais aucune idée de comment je faisais pour ne pas baver, croyez moi...
- Bonne nuit Ethan, soufflais-je alors que nos visages n'étaient qu'à quelques centimètres l'un de l'autre.
En fermant les yeux, je sentais le souffle de celui que j'aimais contre ma peau.
- Tu sais June, il ne faut les en vouloir... Ils faisaient ça pour te protéger, pour garder ton innocence loin de toute cette merde, pour te préserver.
Je savais qu'il disait ça pour me rassurer mais je me sentais encore plus conne, je n'étais plus une petite fille qui avait besoin qu'on lui ment quand c'était trop insupportable à vivre. J'étais bientôt majeure et vaccinée et ils devaient tous me faire confiance pour ce que j'étais.
- Tu ne comprends pas Ethan, je comptais sur eux. Je comptais sur leur confiance en moi de ne pas les dénoncer, ni de les décevoir alors qu'ils m'ont mis de côté, ils nous on mis de côté. Tu sais, si je t'avais vu là-bas, à la place du mec entouré de filles pratiquement nues ou à la place de ce pauvre suicidaire qui était dans la Ferrari nommé "le roi" , je ne l'aurais pas supporté. Je n'aurais pas pu le supporter. Merci de rester en dehors de ça, et c'est d'ailleurs pour ça que je t'apprécie tellement, tu n'est pas le genre de garçon à risquer sa vie pour des conneries pareilles ou même pour de l'argent sale.
Silence.
Pourquoi ne disait-il pas que s'était vrai ? Pourquoi ne me confirmait-il pas ça ?
- June, il faut que je te dises quelque chose.
Il avait l'air tellement faible à cet instant que je ne me retint pas à l'embrasser.
Je savais qu'elle mentait, ce n'était pas possible. Cassandra ne pouvait pas aimer Ethan, elle avait toujours été avec Mathis et je ne la voyais avec personne d'autre alors pourquoi paraissait-elle si calme ? Et puis, il fallait absolument que ce genre de flash-back me revienne en pleine figure maintenant ?
J'avais beau pincer la peau de mon avant bras jusqu'au sang, ce n'étais définitivement pas un rêve. Jimmy ne disait plus rien jusqu'à ce qu'il bondisse sur Cassandra, plus aussi tranquillement installée dans le canapé.
- Sale pute, je le savais, gueulait-il en essayant d'atteindre mon ancienne meilleure amie mais Mathis servait de bouclier, les yeux complètement vidés d'émotions.
- Je l'ai toujours su Cassandra, au départ j'avais pas compris pourquoi tu t'étais soudainement intéressée à Mathis et puis j'ai vu ton petit jeu de salope. Tu faisais ça pour attirer l'attention d'Ethan sur toi mais tu t'es plantée n'est-ce pas ? Finalement, c'est June qui l'intéressait alors tu as décidé de les pourrir ? Putain de merde, pourquoi je ne l'ai pas remarqué avant ?! grognait Jimmy les larmes aux yeux.
Je n'avais jamais vu Jim' pleurer, je ne l'avais jamais vu sans son sourire et cette vision était digne d'un cauchemar, Cassandra nous avait tous détruit mais moi qui pensait être la plus détruite... J'avais tord. Mathis était terriblement mal.
- Il n'a jamais aimé June, railla Cassandra en foudroyant Jimmy du regard et en ignorant totalement Mathis, au bord de l'effondrement.
Je m'étais glissée à côté de Mathis et avait cherché sa main sans le regarder. Ses doigts s'agrippèrent à moi avec la force d'un naufragé s'agrippant à sa bouée et plusieurs larmes perlèrent le long de mon visage pas à cause de la douleur de ses doigts brisant les miens, mais de la douleur de mon cœur se fissurant au fil des heures. Je ne voyais plus rien autour à part Cassandra, assise tranquillement, Jimmy à la limite de pleurer et Mathis, complètement absent.
- Cassandra, pourquoi ? dis-je en brisant le silence.
Elle se tourna vers moi et me jaugea du regard.
- Il ne voulait plus de toi June, il ne cessait de se lamenter en culpabilisant parce qu'il avait cru t'aimer et il ne savait comment te le dire. Tu débordais tellement d'amour pour lui qu'il lui avait suffit de penser que cela servirait pour deux, que ton amour était assez grand pour vous comblez mais il a eu tord et un soir, il est venu complètement bourré à la maison pendant que Mathis dormait. Il m'a supplié de l'aider alors je lui ai proposé de le faire passer pour mort. Aujourd'hui, il vit beaucoup mieux sans toi, il est redevenu heureux et ça, je suis sûre que ça te fais chier Wallace.
Tout mes sens étaient en éveil, je ne pouvais la croire. J'allais répliquer quand Mathis parla pour la première fois depuis de nombreuses minutes:
- Depuis quand l'aimes-tu Cassandra ? Depuis quand aimes-tu mon meilleur ami ? demanda t-il avec sérieux.
- Toujours. Je l'ai toujours aimé d'une force illégale alors que toi, je t'aimais en tant qu'ami. Je ne m'excuserais pas de t'avoir brisé le cœur Mathis, parce que j'ai aimé. J'ai aimé jouer avec toi. C'était une expérience enrichissante.
Elle allait trop loin. Je devais agir alors quand elle s'excusa et s'était dite "fatiguée" de toute cette mascarade en se dirigeant prestement vers sa chambre, j'ai pratiquement couru jusqu'à la cuisine pour y prendre sans réfléchir trois couteaux.
- CASSANDRA, hurlais-je dans toute la baraque.
J'avais gravis les escaliers en un rien de temps et était déterminée à le lui faire payer les horreurs qu'elle avait dit. La scène tournait au ralenti, elle s'était retournée sur moi à l'entrée de sa chambre mais en voyant ce que je m'apprêtais à faire, elle s'était dépêchée de fermer la porte sur elle au moment où les couteaux se plantèrent dans le bois de la porte en un bruit tranchant.
- Non mais tu es malade ma pauvre fille ?! Deux tentatives de meurtres en moins d'une heure, je vais porter plainte, hurlait-elle à travers la porte.
Je ne pouvais pas m'empêcher de rire comme une psychopathe, elle m'avait mise à bout. Il ne fallait pas qu'elle se retrouve sur mon chemin à ses risques et périls.
Jimmy déboula dans le couloir, alerté par les cris de Cassandra et mes rires. Son regard allait des couteaux plantés dans la porte à moi avec un demi-sourire qui me rassurait.
- Waouh, dois-je faire la connaissance de la nouvelle June ou tu es toujours toi-même en plus sauvage ? dit-il avec un rictus.
- Tu ne m'as jamais connu au lit Jimmy, dis-je pour essayer d'apaiser les tensions.
Silence.
- Mathis va bien ? demandais-je en grimaçant.
Jimmy baissa les yeux.
- Le temps que j'aille aux toilettes, il a disparu June. Il est parti mais il va revenir, tu le connais.
- Oui, justement je le connais et tu sais très bien que malgré sa colère envers Cassandra, il l'aime plus que tout. Elle lui a brisé le cœur alors oui je le connais, et je sais qu'il risquerait de faire des conneries, dis-je affolée.
La panique s'était emparée de moi à une vitesse incalculable, je me suis munie d'une veste et je suis sortie. Je devais absolument le retrouver avant qu'il ne fasse une connerie. Je serrais ma veste contre moi pour éviter de me prendre le vent et la fine pluie orageuse dans la figure sans grand résultat jusqu'à ce que j'arrive au Café Iné, pleins à craquer à cause des réfugiés de la pluie et de l'orage qui menaçait dehors. J'allais me poser prendre un chocolat chaud quand je l'aperçu. La frustration était à son paroxysme et la colère refaisait surface foudroyant tout au passage. Je me suis même surprise à être déçue qu'il ne soit pas vraiment mort. Je n'allais pas tarder à sortir mes griffes.
Quand son regard croisa le miens, j'ai failli. Il avait toujours la même emprise sur moi, il était toujours aussi important dans mon cœur. Je ne voulais pas tout ça, je n'ai jamais voulu vivre cet enfer alors pourquoi ? Pourquoi d'une certaine manière, je croyais Cassandra ? Était-je la seule à l'aimer ? Est-ce qu'un jour, Ethan m'avait aimé comme je l'aimais ?
Je voulais mes réponses mais pour le moment, je voulais juste exercer ma colère alors que je déplaça entre les personnes me séparant de lui, je poussais les gens qui m'empêchait de le voir, j'avais comme l'impression que plus je m'approchait de lui, plus il m'échappait et s'éloignait.
- ETHAN ! ETHAN HOWART ! criais-je les larmes aux yeux.
Je ne pensais plus à sa mort, je ne pensais plus à mes parents disparus, je ne pensais plus à Mathis qui s'était enfui, je ne pensais plus aux mots tranchants de Cassandra, je ne pensais plus aux blagues de Jimmy, je ne pensais plus aux gens que je poussait sans m'excuser. Il n'y avait que lui. Je voulais l'atteindre alors qu'au lieu de ça, je venais de percuter mon pire cauchemar: Allan.
- Ma belle, ça fait longtemps, dit-il avec un rictus malsain au coin des lèvres.
- Allan ? Je... je suis désolée mais ce n'est pas le moment là. Je cherche Ethan, dis-je plus perdue que jamais.
- Ethan ? Il est mort ma belle. M-o-r-t, dit sévèrement Allan en serrant les poings.
Je devais jouer le jeu, jusqu'au bout.
- Parce que tu crois que je l'aime encore ? En disparaissant, cet enfoiré est parti avec le seul amour que j'ai donné, alors maintenant, laisse moi lui foutre une bonne raclée.
Allan paraissait satisfait de ma réponse et me laissa passer en faisant une révérence ignoble, je me fraya une chemin jusqu'à lui et m'immobilisa. Ethan n'avait pas vraiment changé, il avait d'immenses cernes sous les yeux, une barbe étonnamment plus longues qu'avant mais ce qui me blessait, c'était son air avachi.
- Et bien...Bonjour June, dit Ethan en évitant mon regard.
- Regarde moi Ethan, regarde moi dans les yeux et dis moi que tout ça, est une grosse plaisanterie, dis-je sévèrement.
- Je ne peux pas, dit-il s'une voix rauque.
Oh bordel, Cassandra ne m'avait alors pas mentis. Tout était vrai. Tout était douloureux.
- Je te hais Ethan, tu ne sais pas à quel point je te hais, dis-je en craquant et en pleurant à chaudes larmes.
Nous avions atterris dans l'arrière cuisine alors je pris ce qui me passait sous la main et lui balança en plein visage. Le verre se brisa à quelques centimètre de son oreille gauche alors qu'il écarquilla les yeux de stupeurs et je continuais. Il se prit des éclats de verres sur le visages, alors qu'il courrait pour m'échapper. Je ne cessait pas de crier après lui dans tout le café.
- ETHAN, TU N'EST QU'UN SALE TYPE, UN BÂTARD, UN CONNARD. JE TE HAIS SALOPARD, continuais-je à crier en lui lançant toutes sortes de projectiles et volatiles dangereux.
Quant il a réussit à m'échapper, il m'a lancé un dernier regard estomaqué et ensanglanté. Et je savais que c'était réciproque, je savais que quant il a claqué la porte du café Iné derrière lui, la ville s'était éteinte comme notre amour.
| Jimmy: Bordel June, où est-tu ? Mathis est rentré, il est encore dans un état pitoyable. Il est saoul et il a besoin de toi. S'il te plais, rentre. |
J'aurais bien voulu rentrer mais la serveuse ne me laissa pas partir, elle réclamait dommages et intérêts pour la vaisselle que j'avais explosée sur l'ensemble du Café.
- Mademoiselle, je ne vous le demanderais pas une nouvelle fois. Remboursez la somme due.
- C'est réglé. Allez voir la note, j'ai laissé beaucoup plus qu'il ne vous faut.
Je me retourna sur Allan, il avait tellement changé. Il n'était plus le même garçon que j'ai connue au lycée. Il avait plusieurs tatouages sur les bras, et quelques bouts dépassaient de son tee-shirt montant jusque dans le cou. Ses cheveux étaient plus clairs tirant vers le blond même si ses fossettes étaient intactes.
- Ma belle, je ne te croyais pas aussi sauvage, rit-il.
- La preuve que tout le monde change Allan, dis-je en crachant presque.
- Range tes griffes June, je ne suis pas Ethan, dit-il en fronçant les sourcils.
- Non, tu as raison. Tu es bien pire.
J'allais pour sortir, mais la main de mon ex petit copain m'obligea à me stopper.
- Fait attention June, tu ne sais pas que le loup aime bien jouer avec le petit chaperon rouge ? N'oublie pas que tu as toujours été ma proie ma belle.
Il avait dit ça avec tellement de sérieux que j'aurais pu croire que c'était une menace si je n'étais pas aussi bornée et téméraire. Qu'il me menace, je n'en avais rien à faire mais j'avais plus peur pour mes amis, alors j'appela directement Jimmy:
« Allô ? »
« Jimmy, on a un problème... »
« Quoi June ? Accouche ! » demanda nerveusement mon ami dans le combiné.
« Allan est de retour » dis-je dans un souffle comme si quelqu'un allait nous entendre.
Si ma vie n'étais pas fameuse jusqu'à aujourd'hui, je savais qu'elle n'allait pas s'arranger avec ce monstre dans les parages. Je n'étais pas stupide, je savais qu'il sortait de prison pour meurtre.
*****
Chapitre 20 publié !
Je vous le publie aujourd'hui parce que demain, je serais trop occupée. Chapitre plus court que d'habitude, désolé mais je dois couper là pour la suite des événements.
- Que pensez vous de Cassandra ?
- Les réactions de June ? Légitimes ou non ?
- Le retour d'Allan ? Surprise !
Prochain chapitre avec le point de vue d'Ethan, heureux ? :)
Bon Weekend et Bonne fête des mères !
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