Il faisait froid, nous étions en janvier en période hivernale. Ce matin là, j'étais sortie de mon appartement avec des frissons dans tout le corps et heureusement pour moi, le lycée n'était pas bien loin de mon logis. J'ai facilement repérée le sac Chanel rouge de Cassandra dans ce paysage blanc neige ainsi que l'élu de son cœur depuis trois semaines, Mathis. Le meilleur ami à cet hypocrite de Ethan Howart, ce brun était arrogant, imbu de lui même et fêtard. Il connaissait l'étendu de sa beauté et en gagnait profit sur la plupart des filles du lycée.

- June ! Ma chérie, regarde moi ce sac, alors alors ?

Le visage de ma meilleure amie était éclairé et ses dents parfaitement alignés était bordés d'un rouge à lèvre de la même couleur que le sac, ce qui donnait un bon style à la Cassandra Devrot.

- J'en dis qu'il a du coûter une blinde ! N'est-ce pas Mathis ? Dis-je amusé.

Le principal concerné prit la main de celle qu'il aimait en arborant un sourire franc et fière, puis il se pencha vers moi pour me saluer et me chuchoter ce que je croyais le prix:

- J'ai gagné la course de samedi dernier, donc j'ai gagné beaucoup d'argent Wallace !

Je lui frappa gentiment l'épaule en souriant faiblement. Mathis avait beau être le meilleur ami d'un connard, il était un bon ami et le fait qu'il risque sa vie pour des courses illégales ne m'enchantait guère. Je savais qu'il encourait le risque avec certains de ses amis mais sans savoir lesquelles.
Au moment où la cloche retentit, le rire rauque et frustrant d'Ethan résonna dans mon dos tandis qu'il saluait un de ses amis.

- Mathis, on bouge j'ai philo et je déteste cette matière, surtout le trou du cul de M.Boulot, désolé Cass' je te l'empreinte, avait-il dit en lui faisant un clin d'œil et en m'ignorant royalement.

Moi qui pensait qu'ils allaient s'en aller, et me laisser tranquille avec ma meilleure amie, celle-ci se tourna vers moi avant de me demander ce qu'on avait comme cours.

- Mathématiques.

Elle soupira et releva son visage vers moi avec un sourire malicieux tandis que Ethan me remarqua pour la première fois en fronçant les sourcils pour je ne sais quelle raison.

- Non, c'est hors de question. Cassandra Devrait tu ne séchera pas les mathématiques aujourd'hui ! Tu oserait me laisser seule ?

J'ai dit ça en arquant les sourcils et en croisant les bras sous ma poitrine.

- Tu peux venir avec nous si tu veux ! Lança Mathis avec un sourire qui voulait tout dire tout en pointant Ethan du regard.

Je leva les yeux au ciel.

- Voilà c'est réglé, on va où ? scanda Cassandra.

- Encore faut il ne pas se faire repéré pour sortir ! Railla Ethan en faisant une mine boudeuse, assez...mignonne.
Je ne pus m'empêcher de pouffer se qui attira six paires de yeux étonnés sur moi, je me calma et haussa les épaules mais cette scène me semblait familière,  trop familière. Je restais dans l'ombre du couple quand Ethan se joignit à moi, je me permis de détailler son visage de plus près. Ces cheveux couleur chocolat était ébouriffés, exprès ou pas je ne sais pas mais ce n'était pas affreux. Ces yeux gris clairs me regardait aussi et ce n'était pas non plus désagréable. Mais qu'est-ce que je dis moi ?

- Ta fini toi ? Rallais-je

Il haussa les épaules sans pour autant être innocent, deux fossettes se placèrent sur le côté de ses deux joues qui le rendait encore plus craquant... Comment un garçon aussi beau pouvait être en même temps un crétin fini ?! Après avoir longuement scruté le sol, mon regard se tourna automatiquement vers le couple devant moi. Cassandra tenait fermement la main de Mathis se qui me fit sourire.

- Me dit pas que tu rêves du prince charmant toi ? chuchota le crétin à côté de moi.

- Non, ça n'existe pas. Les mecs sont tous les mêmes, stupide, arrogant, narcissique et j'en passe... Je ne suis pas intêréssée par les garçons, dis-je en vitesse.

Ethan s'arrêta et esquissa un sourire narquois comme à son habitude.

- Oh, tu es attirée par le sexe opposé ! Je comprends mieux pourquoi tu n'as pas de copain. 

Je fulminais, littéralement. Comment ce mec ingrat osait-il me juger alors qu'il ne me connaissais pas, je ne suis pas lesbienne, je n'ai rien contre elles mais je ne le suis pas.

- Ta gueule abruti, soufflais-je avec humeur.

Pourtant, je ne savais pas à cette époque qu'il allait changer ma vie, pour toujours. D'ailleurs je savais que c'était un rêve ou plutôt un flashback, j'allais me réveiller dans mon lit en Angleterre et j'irais travailler avec ma tante Tania dans son Starbuck seulement ça aussi c'était faux. La réalité était que j'allais me réveiller dans la chambre d'amis de Cassandra et Mathis mais le plus dure c'était l'absence d'Ethan, il m'hantait jour et nuit...

- Ma chérie, il est onze heures... Tu veux un cachet ? murmurra Cass' près de mon lit.

Ah oui c'est vrai, j'avais surement trop bu la veille. 

- Je veux bien un doliprane, merci.

Elle s'en alla et j'en profita pour ouvrir les yeux. Les volets bleu n'étaient pas fermés et la lumière du jour brillait dans toute la pièce, mais je fixais le plafond blanc en pensant à cette journée que je devais affronter...encore. Pourquoi je n'arrivais pas à faire le deuil d'Ethan, pourquoi je ne l'oubliais pas ? Même s'il a disparu, il est toujours présent dans mon coeur, j'entend encore son rire, je vois encore ses yeux me fixer, sa peau me toucher. Je rêve de l'avoir une dernière fois mais il est parti.

La maison ne changeait pas, comme si elle était ensorcelé pour rester jeune et entretenu sauf peut être les mauvaises herbes qui montait le long des murs en pierre. Le portail grinçait en entrant comme le parquet quand on marchait à l'intérieur. L'intérieur était intacte, si je montait à la chambre je pourrais surement retrouver nos affaires à moi et Ethan mais ses affaires, je devrais les brûler et ça j'en serais incapable. 

- Tu tiens le coup June ?

June ? En étant dans cette maison j'en oubliais mon propre prénom, qui j'étais. Je ne savais pas qui j'étais. Je ne savais pas qui j'étais devenue. Je me souviens juste quand nous avions emmenagés ici, Ethan m'avait inscrit à l'université de lettres à Darson pour que j'étudie la littérature comme j'ai toujours aimé pendant que lui, ne ferrait rien. Il m'avait dit que je passait avant tout pourtant c'est la mort qui nous a éloigné, logique non ?

- June, tu veux sortir ? Tu es toute pâle ! scanda Cassandra à son habitude.

La rage montait en moi comme une flèche, je devais faire mon deuil. Cela faisait une semaine que cet enfer durait et je devais y mettre un terme. Une semaine que je pouvais pas aller plus loin que le hall d'entrée. Chaque pas que je faisais sur le parquet grinçait me valait un énorme effort, c'était comme si des ronces s'enfonçait dans ma chaire, je voulait d'ailleurs crier mais on m'avait coupé la voix.

La douleur de mon coeur ce consumma dans tout mon corps, je ferma les yeux et devint immobile.

- June ! Tu as reussi, tu es dans le salon ma puce ! s'étonna Cassandra en me regardant.

Malgré mes yeux fermés, je sentais le regard fier et stupéfait de ma meilleure amie sur moi, alors je me motiva à les ouvrir et les larmes traversèrent mon visage avec pressement. Tout était pareil, le canapé était toujours aussi blanc, les cadres était à la même place. Il y avait deux bières sur la table basse et j'en rigola.

- June ? Tu rigoles ou tu pleures ? s'inquiéta Cassandra.

- Non c'est juste que même les bières de tu sais qui- sont posées à la même place, comme s'il était toujours là, toujours ici avec moi, dis-je avec nostalgie.

Mon rire se transforma vite en sanglots, devoir vider cette maison allait me valoir un gros effort, et imaginer d'autres familles heureuses vivre ici me déchirait le coeur, ça devait être Ethan et moi, avec nos enfants plus tard et des générations après...

- Je ne veux pas la vendre.

Cassandra me prit dans ses bras en me caressant le dos.

- Ethan aurait voulu que tu sois plus forte, que tu refasse ta vie et surtout que tu sois heureuse.

Je ne disais rien, mais mon coeur parla à ma place:

- Je préfèrerais mourir que de refaire ma vie Cassandra.

En voyant mon air serieux, elle se tu et me fis sortir de cette maison qui d'après elle, me faisais dire des choses dont je ne pensais pas mais elle avait tord, que je sois dans cette maison, où dans la sienne, je pensais la même chose. Directement après le trajet silencieux de mon ancienne maison à celle de Cassandra, elle s'en alla travailler pendant que je me jeta pas très délicatement dans le sofa à côté de Mathis qui jouait aux jeux vidéos.

- Alors ? me demanda t-il froidement.

- J'ai réussi, j'étais dans le salon, dis-je d'un air absent

Il laissa échapper sa manette des mains tourna son regard vers moi, la bouche grande ouverte. Son nez droit était retroussé comme un chat et son expression était vraiment drôle mais je savais déjà que ce qu'il allait dire allait être moins drôle.

- Tu as vraiment réussi à aller dans le salon ? 

J'acquiesça avec un faible sourire mais tout ce que je voyais c'était de la tristesse dans son regard, si je ne le connaissais pas je dirais qu'il m'en voulait mais non, quelque chose d'autre le tracassait.

- Mathis, dit quelque chose.

Il me fuyait du regard et j'en avais mal au ventre. Mathis et moi, on se connaît depuis l'école primaire. Je le connaissais avant Cassandra, il aurait pu être mon meilleur ami mais on a fini par ce disputer au collège parce qu'il avait changé et je suppose que c'est Cass' qui nous à rapprochés au lycée. 

- Mathis, je te connais. Je sais qu'il y a quelque chose qui te tracasse, dis-je en hésitant sur mes mots.

- D'après toi, pourquoi je ne viens pas avec vous à la maison, pourquoi je ne te soutiens pas comme je le devrais, pourquoi je te fuis, dis le moi.

Tout devenais clair dans mon esprit, Mathis ne venais pas avec nous car lui non plus il ne peut y aller, il ne me soutiens pas parce qu'il est aussi effrayé que moi, parce que je lui rappelle Ethan, parce qu'il n'a pas fait son deuil lui non plus. 

- Tu as peur.

Ses yeux marrons étaient beaucoup trop humidifiés et dilatés. Il se pinça la lèvre inférieur car il refusait de pleurer devant moi, il me prenait peut être pour une fille trop fragile mais je devais l'aider, on devait s'aider tout les deux.

- J'ai peur, j'ai peur de l'oublier et de refaire ma vie. J'ai peur de ne jamais plus être heureuse, de ne jamais plus aimer, moi aussi j'ai peur Mathias, lui confessais-je.

Ma main se faisait un maladroit chemin vers la main de mon ami et quand elle trouva la main chaude de Mathis, elle ou plutôt je m'accrocha à lui comme si j'allais tomber alors que j'étais assise. Son visage fixait nos deux mains maladroitement étroites et il fit quelque chose qui me déconcerta au plus au point, il sourit.

- Tu m'as manqué June, décréta t-il

En guise de réponse, je l'enlaça avec force. Je ne voulais plus jamais perdre cet ami mais son téléphone vibra et cela rompu notre étreinte.

- Allô ?

...

- Oh d'accord, elle est à côté de moi et effectivement elle n'a pas son téléphone.

...

- Oui on se reparle et alors ? ... Oui sans sarcasme !

Mathis ria chaleureusement et raccrocha, j'en déduisis que c'était Cassandra et j'ai gagné. Elle lui disait qu'elle allait arriver plus tard à cause du nombre de client relativement élevé et que l'on devait manger sans elle. 

Nous avons passé la soirée ensemble à rire et à se remémorer nos années étudiantes qui semblait bien loin après le drame qui a eu lieu, j'ai appris qu'il voulait faire des études d'enseignement en psychologie mais que l'université était trop loin et que Cassandra ne voulait en aucun cas quitter Warlington et que celle-ci travaillait au café Ivy pour amasser de l'argent pour ouvrir son salon de coiffure dans le coin mais quand il m'a demandé ce que moi je voulais, j'ai pêché. Je lui ai simplement dit qu'avec l'argent de la maison quand je l'aurais malgré moi vendu, j'irais faire le tour du monde et oublier cette petite ville. Pour moi c'était le début d'un projet qui mettrait fin à ma tristesse et peut être fin à cette absence mal vécu.

- Bonne nuit Wallace, me lança Mathis

Je ne lui ai pas répondu, je l'ai simplement regardé avec espoir qu'un jour nous soyons libre de cette emprise qu'est le deuil et j'ai sourit, Ah Ethan même de là haut, tu fais en sorte de rester dans les mémoires ! Et puis j'ai fermé la porte pour dormir, mais surtout pour retrouver Ethan dans mon esprit.