14/ Ce qui est inévitable
Les semaines s'écoulèrent encore dans cette même routine qu'Hermione avait enfin réalisé mais pourtant elle ne pouvait se résoudre à bouleverser cet équilibre qu'ils avaient. Elle avait de la tendresse pour son époux, mais l'aimait elle encore ?!? Et il y avait les enfants, ils s'étaient aimés s'ils avaient eu des enfants ... mais la routine était là, ils étaient heureux, pas de crise. Juste une routine où chacun avait sa place.
Ron avait de plus en plus de responsabilités à la boutique mais il était heureux. Il s'occupait parfaitement de la maison, écoutait patiemment Hermione raconter ses journées toutes aussi intenses. Ils couchaient les enfants, se préparaient chacun leur tour, s'allongeaient dans le lit, s'embrassaient d'un simple baiser avant de s'allonger chacun tournant le dos à l'autre. Cette routine quasi chronométrée était apparue évidente pour Hermione et elle en était écœurée au fil des jours. Ils ne discutaient plus comme avant, ils ne faisaient que parler et s'écouter mais il n'y avait plus d'interactions. Et quand il y en avait, c'était concernant les enfants ou les invitations chez Harry et Ginny, au Terrier ou encore comme cette fois pour le rendez-vous des Black et apparentés.
Ronald avait soupiré d'ennui lorsqu'elle avait ramené l'invitation.
Que veux-tu que j'y fasse là bas ? J'aime bien Andromeda mais de là à participer à cette réunion familiale, je n'ai pas envie.
Mais il y aura Harry, Ginny et les enfants ...
Je pensais plutôt aller voir mes parents ou Georges et Angelina. Mais tu peux y aller si tu veux ! Je garderai les enfants si tu veux !
Tu es sur ?
Mais oui ! Hermione, tu peux y aller. Ça ne m'embête pas !!
Ok. D'accord.
Elle était perplexe : il l'avait appelée Hermione et au lieu de Mione ou chérie. Depuis quand était elle redevenue Hermione ?!? Et il l'autorisait à aller seule à un repas. Leur couple était donc si mal en point pour qu'il ne s'offusque pas de laisser son épouse seule ?!? Et elle, irait-elle quand même seule sans époux et sans enfants ?!!
Après tout, elle avait envie d'y aller pour voir Ginny avec qui elle n'avait pas eu l'occasion de parler depuis un moment. Et Astoria était très agréable. Donc elle décida d'y aller même si elle ne se doutait pas que cet acte signerait le début de beaucoup de choses.
Ce dimanche là, Ron prit les enfants avec lui et allèrent chez oncle Georges alors qu'Hermione revêtait une robe longue, fluide à volants et aux épaules dénudées. Elle avait lâchés ses cheveux qu'elle lissait maintenant pour les discipliner. Elle transplana au domicile d'Andromeda où avait lieu la réception. Elle y retrouva Harry, Ginny avec qui elle discuta longuement sans pour autant aborder le cas de Ron et de son couple. Puis, lors du repas, elle se trouva aux côtés d'Astoria avec qui elle conversa de tout et de rien.
La journée était très agréable et même si Ronald n'était pas avec elle, elle ne pouvait qu'admettre cette terrible vérité : ils ne s'aimaient plus. Hermione alla marcher un peu dans le jardin pour prendre un peu l'air après le déjeuner.
Elle repensait à cette discussion qu'elle avait eu avec Molly Weasley il y a bien des années. Molly avait elle su que son couple ne tiendrait pas ?
Est-ce que les mères peuvent percevoir ces choses là ?
Hermione essayait de comprendre ce qu'elle ressentait mais le seul sentiment qui lui venait en tête était la déception avec un soupçon de colère.
Elle était déçue d'elle-même et en colère contre elle-même : elle n'en voulait même pas à Ronald car il n'était pas capable de décider. Molly lui avait dit : « mon fils se laisse porter par les autres » comment pouvait elle lui en vouloir ? Il était ainsi et jamais il ne prendrait la décision de se séparer. Mais était il heureux ?!? Heureux de cette vie si banale, si routinière ??
Hermione se sentit envahir par la rage. La rage d'avoir échouée là où tout son entourage avait réussi : elle savait qu'elle n'était pas la première sorcière qui vivait ça, mais les divorces de sorciers étaient si rares !! Et quand ils avaient lieu, les couples étaient aussi vieux que celui d'Arthur et Molly. Alors oui, chez les moldus c'était plus courant mais elle, Hermione Granger, connaîtrait ça ?!? Un divorce ?!?
Et les enfants dans tout ça ?!?
En pensant à Hugo et Rose elle ne put empêcher les larmes de monter dans ses yeux. Pile au moment où une main se posa sur son épaule :
Hermione tout va bien ?
Cette voix. Drago Malefoy était dans son dos, une main posée sur son épaule. Pourquoi lui ? Pourquoi maintenant ? Elle aurait tellement souhaité que ce soit Harry ou quelqu'un d'autre que lui qui vienne à sa rencontre. Mais non c'était lui.
Cela faisait un moment qu'il l'observait depuis le salon. Quand elle était arrivée le midi, seule, mais resplendissante, Drago avait senti que le cadenas qui maintenait enfermé son secret depuis plus de 15 ans, avait cédé et qu'il ne suffirait que d'un rien pour laisser échapper ce qu'il s'était promis d'enterrer pour se consacrer à Astoria.
Pourquoi cela devait il arriver maintenant ? Il était vraiment heureux de la vie qu'il avait avec son épouse. Pour rien au monde il ne changerait un seul moment de ces 15 ans. Rien sauf la maladie inconnue d'Astoria. A tout moment, tout pouvait s'arrêter et même s'il essayait de ne pas y penser et de se concentrer sur le moment présent, parfois il n'y arrivait pas : perdre Astoria c'était tout perdre. Alors pourquoi sa boîte à secrets faisait elle surface de nouveau ?!?
Alors quand il la vit dehors, le dos tourné à la maison, sa robe et ses cheveux légèrement balancés par le vent, il n'avait eu qu'une envie, la serrer dans ses bras. Il avait oublié l'espace d'une seconde qu'Astoria était là, sa mère et tous les invités. Il s'était alors dirigé d'un pas décidé vers la Gryffondor pour se confronter à ses sentiments pour elle. Mais toute sa détermination virile s'envola lorsque sa main rencontra la peau dénudée d'Hermione et quand il rencontra ses yeux noisettes remplis de larmes. Il ne sût quoi dire à part :
Hermione tout va bien ?
Phrase stupide parce que les gens n'ont pas les yeux remplis de larmes quand ils sont heureux ! Et elle ne souriait pas. Donc il était logique que cela ne soit pas des larmes de joie.
Hermione ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Demanda -t-il doucement
Rien , ce n'est rien ... tenta-t-elle en ravalant ses larmes.
Ne me la fais pas à l'envers Granger !! Je pensais que nous étions amis ?
Bien sûr Drago. Mais... tu ne pourrais pas comprendre. Je... j'ai loupé la seule chose que tout le monde autour de moi semble avoir réussi...
Hein ? Tu es la plus brillante sorcière que je connaisse. Qu'as-tu pu loupé au point de te mettre dans tous tes états ?
Mon mariage. Répondit elle sobrement. Elle l'avouait enfin à haute voix. Et même si cela était à Drago, elle se sentit un peu soulagée de le dire. De mettre des mots sur ses sentiments.
Hermione ça ne doit pas être si terrible que ça entre la belette et toi ! C'est pas moi qui vais t'apprendre qu'il y a des hauts et des bas dans un couple...
Bien évidemment que je sais tout ça ... mais mon mariage est fini. Je l'ai réalisé il y a un moment...dit elle d'une voix lasse et résignée.
C'est pour ça qu'il est absent aujourd'hui ?
Non. Je ne suis même pas sure qu'il se rende compte que nous sommes dans une telle routine que nous nous sommes perdus en chemin. Je m'excuse Drago. Retourne auprès d'Astoria. Je ne suis pas la seule sorcière à vivre un tel moment.
Ne fais pas ça Hermione.
Ne fais pas quoi ?
Ne fais pas celle qui est forte et qui refuse de l'aide. Je ne suis peut-être pas un proche mais je pensais qu'on était plus que des collègues vu tout le temps qu'on passe ensemble...
Elle s'apprêtait à lui répondre quand Scorpius arriva en courant et Hurlant :
Papaaaa !! Maman ... maman ....
Hermione vit Drago pâlir et se précipiter vers la maison, elle le suivit immédiatement, oubliant son chagrin momentanément. Astoria était allongée dans un canapé, Narcissa à ses côtés. L'épouse de Drago semblait avoir eu un étourdissement et elle était à présent tout à fait consciente et tentait de rassurer les invités. Quand elle vit Drago arriver, elle lui sourit timidement mais il n'était pas aussi calme. Il chassa sa mère et prit la main de son épouse et transplana sans un mot. Tout le monde fut choqué, ne comprenant pas ce qu'il se passait, sauf Scorpius qui semblait perdu et triste. Hermione s'approcha de lui et s'accroupit à sa hauteur :
Scorpius, mon petit. Sais-tu où ton papa aurait emmené ta maman ?
Maman est malade ... sanglota le garçon
Hermione était surprise mais elle serra le garçon dans ses bras pour le rassurer, puis elle alla voir Narcissa.
Pardon Mme Malefoy ? Savez-vous ce qu'à Astoria ?
Je suis comme vous, ni Drago ni ma belle-fille m'ont parlé d'un souci de santé quelconque.
Est-ce que vous pouvez vous occuper de Scorpius ? Je vais aller à Ste Mangouste, je pense qu'il doit y être.
Oui bien entendu. Mon fils aura besoin de vous. Plus qu'il ne voudra l'admettre.
Sur ces paroles ambiguës, Hermione salua les autres invités, demanda à Harry de prévenir Ron qu'elle rentrerait tard et qu'elle allait voir les Malefoy à Ste Mangouste.
Quand elle arriva là bas, son cœur se serra alors que l'infirmière lui indiquait le service dans lequel Astoria avait été admise : Sortilège incurable. Hermione n'était pas stupide, elle connaissait la signification du mot incurable mais que faisait Astoria dans ce service ? Elle arriva à l'étage en question et traversa le couloir désert et silencieux jusqu'à ce qu'elle trouve une silhouette qu'elle connaissait : Drago était assis, la tête dans ses mains, il semblait encore plus pâle que d'habitude et ses cheveux d'habitude si plaqués contre son crâne étaient en bataille. Elle s'approcha lentement et le plus silencieusement afin de ne pas le brusquer. Elle posa alors une main sur son épaule ce qui le fit sursauter :
Drago ? Que se passe-t-il ?
Rien qui ne te regarde !! Rentre chez toi !!
Drago ! Il n'y a même pas une heure tu m'as sorti cette même phrase : « Ne fais pas celui qui est fort et qui refuse de l'aide. Je ne suis peut-être pas une amie mais je pensais qu'on était plus que des collègues vu tout le temps qu'on passe ensemble... »
Il soupira. Quelle traîtresse ! Elle lui retournait ses propres arguments !! Il leva sa tête pour la regarder. Elle avait ôté sa main et l'avait posé sur ses genoux. Elle le regardait avec tendresse et Drago se sentit tout d'un coup apaisé qu'elle soit présente.
Merci d'être là Hermione. Je ... j'ai peur ... (elle ne répondit rien, lui laissant le temps de s'exprimer) ils la garde en observation. Ça fait des mois qu'ils cherchent ce qu'elle a ... mais ils ne savent pas... ils ne comprennent pas. Elle s'affaiblit de jour en jour. Parfois tout va bien puis d'autres elle reste allongée et c'est à peine si elle a la force de respirer...
Drago, je ne pensais pas que c'était aussi grave. Tu n'en parles jamais.
Parce que je ne veux pas y penser ... je ne suis pas prêt à la perdre ... Hermione... je ne peux pas m'y préparer... et il éclata en sanglots. Il devait être si bouleversé pour ne plus réussir à contenir toutes ces émotions. Elle était si désemparée d'apprendre que Astoria risquait de mourir plus tôt que prévu. Et écouter Drago se confier avait été si poignant qu'elle ressentait la douleur de cet homme qui savait qu'un jour l'inévitable arriverait. Elle n'écouta que son cœur et enserra l'ancien Serpentard tout contre elle, de sorte qu'il reposait sa tête sur l'épaule de la brune. Machinalement, il la serra en retour, cherchant la chaleur réconfortante qu'elle lui offrait silencieusement. Les sanglots cessèrent, mais ils ne se lâchaient pas comme si chacun avait peur qu'en relâchant l'étreinte le flot de larmes ne reprenne encore plus fort. Elle lui murmurait à intervalles réguliers son prénom. Elle évita toutes les phrases typiques du style : « ça va s'arranger » et autres parce qu'elle avait bien compris que la situation ne s'arrangerait pas.
A un moment, elle finit par desserrer ses bras, légèrement engourdis :
Drago. Je ne suis pas medicomage mais avez-vous essayé la médecine moldue ? Ils ont parfois une approche différente de nous. Je ...
Non. Le medicomage l'avait proposé parce qu'ils travaillent avec un équivalent moldu mais ...
... tu n'as pas voulu ! N'est-ce pas ?
Oui. Répondit il amèrement. Comment pourraient-ils soigner ma femme alors que même nos meilleurs soigneurs n'y arrivent pas ??
Parce que parfois, même les moldus sont de meilleurs personnes que les sorciers ... ne suis-je pas un exemple ? Moi la née moldue, la meilleure sorcière de ma génération, tout pays confondu.
Il encaissa ce qu'elle venait d'énoncer qui n'était pas empli de vanité mais d'un terrible bon sens. Il ouvrit la bouché pour parler mais il n'arrivait pas à formuler quoique ce soit, et comme si elle lisait dans sa tête :
Si tu es d'accord et si Astoria est d'accord bien évidemment, je me propose d'accompagner ton épouse chez le médecin moldu. Effectivement, le département de la médecine a un accord avec une clinique privée située en Écosse.
Hermione ? Tu ferais vraiment ça ? Mais que dira ton mari ? Ton travail ?
Posant la main sur la sienne : c'est ce que les amis font en cas de besoin... et j'espère que tu me considères comme une amie, Drago ? Et concernant Ronald, comme je te l'ai dit tout à l'heure, je pense que notre mariage est au point mort. Vais-je demander le divorce ? Je n'en sais rien, notre routine est équilibrée et les enfants sont petits encore ... et pour le travail, Kingsley me doit des jours suite à notre travail sur ton père et ses acolytes.
Je ne sais pas quoi dire. Tu ferais vraiment ça ?
Oui.
Oui à quoi ? Demande-t-il perdu
Réponds moi oui et oui je ferai ça. J'apprécie énormément ton épouse et même si nous n'avons pas de meilleure nouvelle concernant l'état d'Astoria, nous aurons tout exploré pour trouver une solution.
Il était en admiration devant son calme et même si l'espoir était mince, il était content de pouvoir partager cela avec quelqu'un. La boîte dans laquelle était encore enfermés les anciens sentiments pour la Gryffondor était dangereusement en train de s'ouvrir mais Drago ne le remarqua pas, trop inquiet pour Astoria et Scorpius. Scorpius ?
Ton fils est avec ta mère. Comme si elle avait entendu ses pensées.
Comment ??
Non, je ne suis pas legillimens. Mais comme tu es plus calme je me suis dit que tu pensais sûrement à ton fils ?
Effectivement. Hermione et sa logique. Il était impressionné, même si cela ne l'étonnait pas.
A ce moment-là, le médicomage vint à leur rencontre.
Mr Malefoy. Votre femme va bien. Je sais que nous en avons déjà parlé...
Oui oui, je souhaite à présent que ma femme rencontre ce médecin moldu !! Se précipita Drago
Bien. Je vais m'occuper de lui programmer un rendez-vous. Vous pouvez aller la voir.
Merci !! (Se tournant vers Hermione) tu viens ?
Euh ... tu as peut-être envie de voir ta femme seul à seul ? Hésita -t-elle, d'un seul coup gênée d'être là avec eux.
Non allez viens. S'il te plaît Hermione...
Il lui tendait la main et elle le suivit mais n'attrapa pas la main tendue, comme si ce geste aurait pu être mal interprété.
Ils entrèrent dans la chambre où Astoria était installée. Hermione resta en arrière et observa ce couple d'un œil attendri. Drago semblait aimer profondément Astoria et l'inverse était réciproque. Drago et elle se tenaient la main et il expliqua qu'il avait demandé au médecin de contacter son homologue moldu. Il ajouta :
Hermione venait juste de me proposer de t'accompagner comme elle a l'habitude des moldus ... seras-tu d'accord ma chérie ?
Hermione vous feriez ça ? J'en serai ravie et cela me rassurera. Pouvons-nous nous tutoyer ? Tu es une amie pour nous Hermione ... merci ...
Hermione resta encore un moment puis elle laissa le couple entre eux et elle retourna chez elle, subitement épuisée par toutes ces émotions.
Il était tard, près de 22h, elle alla embrasser ses enfants et alla se doucher et se préparer pour se mettre au lit. Ronald était déjà au lit et lorsqu'elle se glissa dans les draps elle l'entendit :
Comment va Mme Malefoy ?
Ah. Bonsoir. Tu ne dormais pas ?
Tu sais bien que je ne peux pas m'endormir sans toi ... se rapprochant d'elle en la serrant tout contre lui. Ce geste fit éclater le cœur d'Hermione, avant elle aurait eu des papillons dans le ventre, son cœur aurait battu la chamade... mais là, elle ne ressentait rien : ni les mots, ni le geste ne lui procurait du plaisir. Encore heureux ce n'était pas du dégoût, mais ce n'était sûrement plus de l'amour. Mais elle était trop fatiguée pour avoir cette discussion inévitable avec son mari et lui avait l'air toujours amoureux d'elle. Hermione décida que pour ce soir elle ne dirait rien et ferait comme d'habitude.
Bonne nuit.
Bonne nuit à toi aussi Mione.
Ils s'endormirent ainsi, Hermione n'osant plus bouger des bras du roux.
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