Chapitre 2
Lune Rousse se réveilla alors que tous ses camarades dormaient encore. Elle se leva, sortit discrètement dehors et regarda la Toison Argentée. Il était presque minuit.
Étoile m'attend.
La rouquine passa par le tunnel secondaire et se dirigea vers le logement de l'élu de son cœur.
Elle arriva quelques instants plus tard. Étoile descendit de la clôture (c'est là qu'il attend sa compagne tous les soirs) et se frotta contre la guerrière en ronronnant. Lune Rousse se força à ronronner elle aussi.
— Étoile, j'ai quelque chose à te dire, annonça la jeune chatte une fois la séance de ronrons terminée.
Étoile recula brusquement.
- Tu veux plus me voir ? s'inquiéta le chat domestique.
- Hein ? Non, non, ce n'est pas ça, le rassura-t-elle.
- Ouf, c'est quoi alors ? demanda le noiraud, soulagé.
- Je... je vais être un peu brusque et directe, mais bon... voilà... je porte nos chatons.
Le mâle resta un instant gueule bée.
- C'est... c'est incroyable ! s'exclama joyeusement Étoile en sautillant comme un chaton surexcité. Non ? demanda-t-il en voyant le visage triste de sa compagne.
— Étoile, on ne pourra pas les élever ensemble, marmonna la chatte. Je suis une guerrière et toi, un chat domestique...
- Tu peux venir habiter avec moi, gémit Étoile. Ou moi, je viens vivre dans ton clan.
- On ne peut pas, soupira tristement la jeune reine. Mon clan ne t'accepterait jamais, et tu ne saurais bien vivre dans mon clan. Et moi, je ne pourrais pas habiter avec des Bipèdes dans un espace clos, à manger de petites boulettes sèches et à boire de l'eau au goût bizarre.
Étoile gémit à nouveau.
— Tu es conscient que je ne pourrai plus venir te voir jusqu'à la naissance des chatons, miaula Lune Rousse.
Étoile écarquilla les yeux.
- Hein ? Quoi ?
- Je serai trop fatiguée pour venir te voir et, surtout, mes camarades sauront que je suis enceinte ; ils veilleront encore plus sur moi et il me sera donc impossible de m'éclipser en douce, expliqua Lune Rousse en songeant à Plume Volante.
— Mais tu vas me manquer..., marmonna tristement le chat domestique en baissant la tête.
— Tu vas me manquer aussi, miaula doucement la chatte en frôlant la truffe de son compagnon avec la sienne. Tu ne m'en veux pas ?
- Mais non, la rassura-t-il en lui donnant un affectueux coup de langue sur l'épaule. Il faut d'abord penser à ta santé et à celle des chatons.
- Profitons de cette dernière soirée avant quelques lunes, miaula la rouquine en prenant un air joyeux
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Lune Rousse retourna vers le camp, triste car elle ne pourra pas voir son compagnon avant de longues lunes.
- Lune Rousse ? appela soudain une voix familière.
Plume Volante !
Ce dernier sortit alors des buissons et s'approcha d'elle. Il avait l'air triste.
- Tu sens le chat domestique..., marmonna-t-il.
- Ah... ah oui ?, bredouilla la guerrière, mal à l'aise.
- Ne mens pas... Je voyais bien qu'il y avait un truc qui coinçait entre nous, mais je pensais pas que c'était à cause... d'un chat domestique. Dire que je croyais que tu m'aimais au fond de toi... Je suis tellement naïf...
- Plume Volante... s'étonna Lune Rousse, tu m'aimes ?
— Bah oui, tu ne l'avais pas remarqué ?
Lune Rousse baissa la tête, honteuse de ne rien avoir remarqué. Mais quand elle y réfléchissait... C'est vrai que le guerrier traînait souvent avec elle, et, quand elle y repensait, il avait parfois eu des gestes doux.
Je suis une cervelle de souris, se lamenta Lune Rousse. Je pensais tellement à Étoile que je n'avais pas remarqué qu'il était amoureux...
— Je... je suis désolée...
— Et en plus, tu es enceinte...
— Hein, mais comment tu sais ?!
- Lune Rousse, soupira le guerrier, je t'observe plus que tu ne le crois. Je suis le seul à avoir remarqué que tu étais pâteuse pendant la chasse. Je me souviens également que Cœur Scintillant avait eu les mêmes symptômes avant qu'Aile Noire ne lui dise qu'elle était enceinte. En plus, quand tu dormais, je t'ai renifler : tu ne sentais pas le remède, et je sais qu'il est déconseillé de donner des remèdes à une reine enceinte. Mais malgré cela, je n'étais pas tout à fait sûr, donc, quand je t'ai vu t'éclipser tout à l'heure, je t'ai suivi, je t'ai vu aller vers ce Nid de Bipèdes et je t'ai attendu là... Et voilà que j'avais raison. Dire que je pensais vraiment que tu m'aimais, au fond...
— Oh, Plume Volante...
Elle voulut poser sa queue sur l'épaule du matou, mais il esquiva.
- Mais tu as préféré ce chat domestique...
— Plume Volante, je... je suis désolée ! Je ne sais pas quoi dire...
— Alors, ne dis rien.
Plume Volante s'assit tristement.
— Tu me détestes maintenant, pas vrai ? — demanda la jeune reine.
— Que vas-tu dire au Clan ? interrogea le guerrier en ignorant la question.
- Je... je ne sais pas...
Il y eut un blanc qui parut durer une éternité.
— Tu vas le dire à Étoile Tombante ? demanda soudain Lune Rousse, la tête basse.
- Non, répondit lentement Plume Volante. Je ne veux pas que tu te fasses sévèrement punir, en plus, cela se répercutera sur ces pauvres chatons qui n'ont rien demandé. Je t'aime trop pour te gâcher la vie...
- Je ne savais pas que tes sentiments pour moi étaient aussi forts.
— Eh si.
Encore un blanc.
— Comment vas-tu faire pour leur père ? Le Clan va demander qui est leur père, non ? Et puis, tous les chatons ont besoin d'un père...
- Je ne sais pas.
Cette phrase est ma phrase fétiche, ce soir...
Plume Volante pencha la tête sur le côté, pensif.
« Et si... », commença le jeune guerrier, hésitant.
Intriguée, la guerrière rousse fixa son ami en attendant qu'il continue.
-... je me faisais passer pour leur père ?
Surprise, Lune Rousse resta gueule bée.
- Qu... quoi ? Tu veux vraiment faire ça pour moi alors que...
- Oui, Lune Rousse, l'interrompit-il. Je tiens trop à toi. Je ne veux pas que tu aies des problèmes.
« Oh, merci beaucoup ! » s'exclama Lune Rousse en se retenant de sauter à son camarade par bonheur. Je...
- Ne te réjouis pas si vite, la coupa-t-il. Il y a un mais. Je le ferai seulement si... tu quittes ce chat domestique.
Lune Rousse avait envisagé de le faire, c'est vrai, mais l'entendre de vive voix lui brisa le cœur.
- Ce n'est pas par jalousie, poursuivit Plume Volante, même si je le suis. C'est pour ton bien. De toute façon, avec la naissance des chatons, tu n'auras plus vraiment le temps de sortir du camp. Et même nos camarades et peut-être même tes propres chatons finiront par remarquer quelque chose. Tu n'es pas obligé de répondre tout de suite.
- Non, c'est bon, je marche, déclara rapidement Lune Rousse. J'irai juste le voir une dernière fois quand ils auront l'âge pour lui dire que ses chatons vont bien et... et pour lui annoncer que je le quitte.
Lune Rousse avait l'impression que son cœur allait exploser en mille morceaux.
- Bien sûr, je ne suis pas non plus insensible, miaula Plume Volante en prenant un air joyeux. Je ne suis pas un guerrier du Clan de l'Ombre... Et si on allait annoncer la bonne nouvelle au Clan ?
Ils avancèrent vers le camp d'un bon pas.
- Je traiterai ces chatons comme les miens, promit Plume Volante en donnant un coup de langue derrière l'oreille de son amie.
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