4. Souvenirs douloureux


Je fracassais presque la porte en entrant dans la maison de ma Grand-mère. Même si j'avais eu le temps de me calmer, je tremblais encore de rage. Je m'en voulais plus encore d'avoir de nouveau réagit si violemment à l'évocation de mes parents. Ce n'était pas la première fois, et je doutais que ce soit la dernière. Pourquoi avait-il fallait que je perde ainsi le contrôle que j'avais su installer ? Et pourquoi devant Rick !? Je détestais faire de pareilles scènes devant les autres. Je préférais cent fois être invisible. Malheureusement, ce n'était jamais le cas. Les gens me regardaient sans cesse, après tout, j'aurais du m'en douter. Mes parents avaient autrefois attirer l'attention sur notre famille. J'en subissais juste les conséquences. La voix de ma Grand-mère me parvint depuis la cuisine, pleine d'inquiétude :

- Moïra ? Tout va bien ?

Je tentais de me calmer en serrant les poings. Ma Grand-mère apparut devant moi, portant encore son tablier plein de farine. Elle me dévisagea avec attention, cherchant toute trace de blessure. Elle faisait tout le temps ça. Comprenant que la douleur venait d'ailleurs, elle me demanda d'une voix douce :

- Que c'est-il passé ?

Je la suivis d'un pas lent jusqu'au salon où je me laissais lourdement tomber sur une chaise. J'hésitais à lui en parler, je ne voulais pas ouvrir de nouveau les blessures du passé. Mais je savais au fond de moi que j'avais besoin de lui en parler. Car son avis comptait plus que tous les autres à mes yeux. Je poussais un soupir et elle s'assit en face de moi en attrapant ma main qu'elle serra avec amour. Ce simple geste suffit à me rassurer et je levais les yeux. Son regard gris s'encra au mien alors qu'elle insistait :

- Racontes-moi. Il n'y a qu'une chose qui puisse te mettre dans un tel état. Qui as osé en parler devant toi ?

J'esquissais un sourire triste. Ma Grand-mère lisait toujours en moi comme dans un livre ouvert. Mais je doutais encore. Devais-je évoquer Rick ? Je serrais un peu plus encore la main de ma Grand-mère, ayant besoin de son réconfort. Je finis par soupirer :

- Je me suis encore disputée avec Rick. Et, comme toujours, il a frappé là où ça fait le plus mal.

- Qu'a-t'il dit ? s'enquit-elle en m'encourageant du regard.

Ma gorge se serra et je refoulais mes larmes. Pourquoi étais-je toujours aussi dur d'en parler !? Pourtant, ça faisait déjà cinq ans ! Je soupirais de nouveau et lui expliquais :

- Rick a évoqué la possibilité qu'on ne m'accordes mon Examen que pour se débarrasser de moi. Pour que le Village soit débarrassé de quelqu'un ressemblant à ... à mes parents. Que les Villageois ont peur que je leur succède. Mais qu'ils savent aussi que je pourrais leur être utile, en tous cas plus à l'Extérieur qu'ici.

J'avais parlé si vite que je dus me taire, le souffle court. Ma Grand-mère poussa un long soupir et me caressa les cheveux d'un geste rassurant. Elle déclara d'une voix triste :

- Chérie, si tu as ton Examen, ce dont je ne doutes pas une seconde, ce sera parce que tu es faites pour ça. Je suis sûre qu'ils ne pensent pas que tu feras les mêmes mauvais choix que tes parents.

- Mais, Grand-mère ! m'écriais-je, d'une voix éraillée. C'est exactement ce que je fais ! Je veux devenir Chasseresse car c'est ce que je fais de mieux. Me battre pour mes convictions. Et ça, je l'ai appris avec eux ! Ils étaient tous les deux Chasseurs. Et c'est aussi pour ça que je veux en être...

La vieille femme se tenant devant moi me dévisagea sans répondre, réfléchissant à ma réponse. La confiance que j'entendis dans la voix de ma Grand-mère me rassura un peu :

- Tous les Chasseurs ne prennent pas le chemin qu'on empreintés tes parents. Ils étaient spéciaux. Leur courage les poussaient à tenter l'impossible.

Je hochais lentement la tête. Elle avait raison. Mes parents étaient différents. Ils n'aimaient pas être dirigés et méprisaient le fonctionnement de nos Villages. Ils étaient tous deux des Chasseurs aguerris et craints. Malheureusement, la peur qu'ils inspiraient à certains n'était pas de si bonne augure qu'ils l'espéraient. Car cette peur ne leur a pas sauvée la vie, elle a même causée leur mort. Mon cœur se serra douloureusement et ma Grand-mère me dit d'une voix douce :

- Leurs expériences les a marqués bien plus qu'ils ne l'auraient avoués. Ils ont été marqués par la mort brutale de leurs Chaperons. Les autres l'oublient, le plus souvent. Mais je le sais et toi aussi. C'est tous ce qui compte. Car nous savons tous les deux que ce qu'ils ont pus faire par la suite n'était que dus à la tristesse.

Je serrais les dents. Oui, les gens oubliaient. Ils oubliaient à quel point mes parents avaient soufferts de ce traquenard qu'ils avaient subits et qui leur avaient arrachés leurs deux Chaperons. Ils étaient peut-être mariés, mais ils avaient chacun un Chaperon qui comptaient énormément pour eux. C'étaient leurs coéquipiers. Leurs meilleurs amis. Ils avaient vécus tous les quatre pendant 13 ans, ce n'était pas rien.

Mais je me souvenais très bien du jour où mes parents étaient rentrés, gravement blessés. Le petit groupe avait été prit dans un guet append, piégés par des Loups. Mon père avait faillit perdre sa jambe. Ma mère s'était à moitié vidée de son sang à la suite d'un coup de poignard. Mais eux au moins, ils étaient en vie. Les deux autres femmes avaient été tuées, on avait même jamais retrouvés leurs corps. Mes parents en avaient été marqués à vie. Et, après ça, ils avaient fais des choix compliqués.

- Je me demande chaque jour pourquoi ils n'ont pas pu se contenter de faire leurs deuils, soupira ma Grand-mère.

Je me contentais de hocher la tête. Je me demandais aussi pourquoi ils avaient choisis de se venger. Pourquoi ils avaient attaqués ce groupe de Loups, pourquoi ils les avaient tous tués. Et pourquoi ils n'avaient pas pu s'en contenter. Habituellement, lorsqu'un Chasseur perd son Chaperon, ont lui en attribue un nouveau, ou alors il est placé à un poste différent. Mais mes parents faisaient preuve d'un tel esprit de vengeance, que le Village les a laissé se lancer dans une Mission spéciale. Une Mission ayant pour but de détruire la résistance chez les Loups de nos forêts. Ici, les Villageois avaient prit l'habitude de les appeler les "Vengeurs".

- Ils auraient pu s'arrêter après avoir tués les Loups d'ici... murmurais-je pour moi-même.

- Je sais, souffla ma Grand-mère. Mais ils ne l'ont pas fais.

Non. Ils n'ont pas su écouter les conseils qu'on leur donnait. Ils n'ont pas écoutés lorsque je les suppliais de rester auprès de moi à la maison. Déjà, je ne les voyais presque plus. Alors, lorsqu'ils sont partis dans le Grand Nord à la recherche d'un Maitre des Loups en particulier, le plus dangereux, je n'avais que 7 ans. Un peu plus tard dans l'année, on nous a rapporté leur mort. Et ma vie à basculé. Depuis, je vis avec ma Grand-mère, sous sa protection.

Je me redressais et offris un sourire triste à celle-ci qui me le rendit. J'espérais avoir mon Examen. Et ce, pour pouvoir prouver à tous que j'avais plus de contrôle que mes parents. Car, à mon tour, je comptais les venger.

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