25. Coups sur coups


Durant les minutes qui suivirent, le Chasseur Santo nous demanda de nous placer par binômes, face à face, un bâton à la main. Le but de l'exercice étant de faire chuter son adversaire sans le toucher avec notre corps. Charly se positionna devant moi, un sourire idiot sur le visage. On aurait vraiment dit un enfant... Après le signal de notre mentor, l'un des membres de chaque paire se jeta sur l'autre. Mon Chaperon tenta une attaque en me chargeant, arme tendue. Je me décalai sans problème, il était trop lent. Je profitai de mon élan pour frapper de toutes mes forces sur son bâton à l'aide du mien. Le blondinet s'écroula avec un cri de surprise. Je l'aidais à se relever en souriant, avant de me mettre en position.

- A mon tour. Prêt ? lançais-je.

- Oui !

Il avait à peine ouvert la bouche que ma barre de nos fendait l'air. Je frappais fort, visant derrière son genou. Il hoqueta et fut forcé de s'agenouiller. Je bondis souplement derrière lui et il me suffit de le pousser avec le bâton, entre les deux omoplates, pour qu'il s'étale sur le tapis. Il resta par terre quelques secondes avant de s'assoir. Il leva les yeux vers moi en faisant une moue dépité. Il bougonna :

- Comment tu as fais pour être aussi rapide ?

- Je ne l'ai pas vraiment été, en fait... Je me suis servis de ton élan lors de la chute, j'ai retourné ta force contre toi si on veut. Si tu es tombé à genoux, c'est autant à cause de mon attaque que à cause de la gravité. Ton corps a été déséquilibré. Ce n'est pas sorcier, si je l'ai appris, tu peux l'apprendre aussi !

Je lui tendis la main et je le relevais. Il enleva la poussière de ses vêtements avant de me demander, plein d'espoir :

- Alors tu m'apprendras, hein ?

- Si tu veux.

Je n'y pouvais rien, son enthousiasme était contagieux ! Je regardais autour de nous. Les autres s'entraînaient encore. Il n'était pas difficile de déterminé d'où ils venaient, il n'y avait qu'à regarder leurs façons de se battre.

Les quatre Apprentis d'Amérique étaient fourbes, dans leurs attaques. Ils utilisaient beaucoup de feintes et ne frappaient jamais là où il le laissait penser. Hanna, la blonde aux airs prétentieux, ne faisait clairement pas le poids contre son Chasseur italien. Ce dernier s'amusait à la retourner comme une crêpe alors qu'elle arrivait à peine à l'effleurer de son bâton.

Les cinq anglais étaient plus raffinés, ils ne faisaient pas de coups en traitres. Enfin, pas tous... Michael me semblait être le plus agressif de tous les Apprentis. Il se battait contre Raïna, la Grecque qui avait sans nul doute une dent contre moi. Leur combat n'avait rien d'un entraînement. Ils enchaînaient les coups de bâtons, se tournaient autour comme des lions avant de se bondir dessus. Je les observais en fronçant les sourcils. Je me demandais vraiment sur quels points ils étaient compatibles. Ils se ressemblaient trop brutaux dans leurs attaques, visiblement stratèges. Michael n'avait rien d'un Chaperon inoffensif et je doutais qu'il ai un jour confié sa vie à quelqu'un...

Le Chasseur Santo frappa dans ses mains et certains s'arrêtèrent alors que d'autres continuèrent. Notre mentor plissa les yeux, se pencha, ramassa un bâton, et s'approcha du binôme récalcitrant. D'un geste vif et ample, il frappa les chevilles de Stefen, apprenti chasseur italien, qui chuta en arrière avec un cri de surprise. Son chaperon, une italienne également du nom d'Aurora, fit un bond en arrière, les yeux ronds. Notre entraineur déclara d'une voix calme :

- Lorsque je dis stop, c'est stop. On s'arrête. Sinon il arriverait ce genre de choses. Et puis si vous avez remarquez, nous avions deux fautifs et je n'en ai réprimandé qu'un. Je n'ai pas fais ce choix au hasard. Il faut avant toute chose que vous compreniez pourquoi.

Il jeta un regard appuyé a Stefen qui baissa la tête d'un geste coupable. Hanna leva la main et lança d'une voix moqueuse :

- Je sais pourquoi vous avez choisis de ne mettre que l'Anglais au sol. Parce que vous savez que le père d'Aurora est un riche italien avec de l'influence.

Elle perdit rapidement ses manières et ses airs hautains lorsqu'elle reçut un regard outré et légèrement dégoûté. Vexée, elle fit la moue. Je levais les yeux au ciel. Comment pouvait elle être aussi prétentieuse devant des gens qu'elle connaissait depuis la veille !? Personnellement, c'était déjà un exploit que je leur souris... Le Chasseur fit glissé son regard brun sur chacun d'entre nous en s'arrêtant le plus souvent sur les Appentis Américains, les plus maniérés. Il lâcha d'une voix ferme :

- Il est visiblement tant que j'aborde un sujet important. Ici, pour le moment, vous n'êtes que des Apprentis. Comprenez-le bien. Si je décide de vous virée, je vos vire. Personne ne m'en empêchera. Vous n'êtes plus des gosses. Votre cher Papa n'est plus derrière vous, à effacer les traces de vos bourdes. Il ne peut rien pour vous. Vous échouez, on vous jette. C'est simple.

J'echangeais un regard avec Paul. On savait maintenant à quoi s'attendre. Ce n'était pas le moment de faire sa crise existentielle. Nous étions là pour apprendre et pour réussir. Je tournais la tête en sentant un regard pesant sur moi. Raïna me fixait avec un mépris à peine contenu. Je soutins un instant son regard, déstabilisée, avant de reporter mon attention sur notre mentor qui reprit :

- Où en étions nous ? Ah oui. Le prochain exercice sera de savoir parer les coups de son adversaire. Entrainez vous d'abord sans, puis avec le bâton.

Je pivotai vers Charly lorsque l'exercice commença. Je fus soulagée de voir que, s'il avait eu précédemment du mal à me toucher avec son bâton, il arrivait parfaitement à parer toutes mes attaques. Il avait de bons réflexes et il était rapide. Nous nous agitions sans y réfléchir, frappant de façon désordonnée. Pendant les deux heures qui suivit, les exercices s'enchaînèrent, s'intensifiant au fur et à mesure. Mon chaperon tenait à peine sur ses jambes et mes muscles me tiraient douloureusement. Et nous n'étions visiblement pas les seuls. Épuisée, je me laissais presque tomber au sol lorsque le Chasseur Santo déclara :

- Bon, les entrainements sont finis pour aujourd'hui. Vous pouvez vous assoir, je vais vous expliquer quelque chose.

Charly s'installa à côté de moi. Il avait du mal à garder les yeux ouverts, ce qui m'arracha un sourire. Notre mentor toussotta pour obtenir le silence avant de commencer :

- Comme vous l'avez sûrement compris, la qualité d'un binôme de dépend pas d'un seul membre. Les rôles sont partagés. Le Chaperon doit être rapide et savoir se faire entendre, mais il doit aussi être courageux car les Missions ne sont pas toujours simples. Et puis, même s'il est censé avoir sans arrêt son Chasseur avec lui, il doit être capable de contrer une attaque. Quant à son partenaire, il représente les muscles du groupe. Savoir parfaitement se battre. Être courageux et penser à l'autre avant de penser à lui. Si vous pensez avoir ces qualités, alors vous avez votre place ici. Sinon... Venez à moi.

Bien entendu, personne ne bougea. Le Chasseur sourit avant d'ajouter :

- Je m'en doutais. Bien, j'en ai finis avec vous pour aujourd'hui. Le déjeuner ne va pas tarder a être servi alors aller vous préparez. Vous serez libre de sortir du QG cette après-midi. Profitez en, ce sera une rare occasion.

Je relevais la tête, toute ouïe. J'allais enfin voir le Monde, visiter la ville. L'Italie ! Enfin du moins une partie... Notre mentor nous congédia et je bondis sur mes pieds, saisie d'une énergie nouvelle. J'aidais Charly à se lever avant de suivre le groupe en direction du dortoir. Tous semblaient déjà se connaître et bavardaient. Je filais sous la douche en rentrant et je laissais l'eau froide délier mes muscles échauffés. Je souriais. Ce n'était pas si mal la vie au QG, du moins à ce que j'en avais vu pour le moment... Je me sentais bien. A ma place. Je priais seulement pour ce que ça dure !

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