12. Courir plus vite que le Temps


Note de l'Auteur : Je préviens d'avance les lecteurs, ce chapitre ne serait constituer que des pensées intérieures de Moïra. Pas d'actions, malheureusement ! Ce sera pour bientôt. Mais pour le moment, je vais essayer de vous faire partager ses doutes et ses craintes, pour que vous cerniez plus son état d'esprit ! ^^

Je passais la journée à la maison, dans mon lit ou sur le canapé, à ruminer. A propos d'Ambre dont j'ignorais volontairement les appels, mais surtout à propos de l'avenir. Des tonnes de questions se bousculaient dans ma tête et je passais mon temps à tenter de leur donner une réponse. Ma Grand-mère me tournait autour, guettant chaque opportunité pour ajouter son grain de sel. Plus le temps passait, et plus la boule dans ma gorge grandissait. Car je commençais à prendre conscience des conséquences de l'obtention de mon Examen, en imaginant que je puisse l'obtenir.

Si je réussissais, je serais envoyée dans un endroit où on m'enseignerait à être une Chasseresse à part entière. Je savais que je quitterais le Village avec ceux qui avaient réussis l'Examen et qui se rendraient dans le même lieu que moi. Je savais aussi que je n'irais pas immédiatement dans le Grand Nord car c'était une Terre sauvage, où les Mères-Grands n'avaient pas d'influence, et où être Chasseur ou Chaperon était signe de danger. Je serais surement envoyé auprès de la Mère Grand de la Grande Rome. Il s'agissait de l'Italie du Monde. J'en avais entendu parler et j'avais toujours voulus la visiter. Mais, pour faire tous ça, pour réaliser tous mes rêves et mes espoirs... Je devais partir de chez moi. Quitter ce Village où ma famille avait toujours vécu, où j'avais grandis. Mais surtout, je quitterais ma Grand-mère. Je la reverrais, je n'en doutais pas, mais j'avais peur de ne pas la revoir avant très longtemps. Car les Elèves ayant reçus leurs Examens n'avaient pas le droit de revenir au Village durant minimum un an, à la fin de leur Apprentissage dans le Monde réel. C'était cette réalité et cet éloignement brutal qui me faisait peur.

Ce n'était pas une simple crainte, comme on aurait peur du vide ou alors d'une araignée, ou d'un serpent dans mon cas. Non, c'était une peur viscérale, quelque chose qui me tordait les entrailles. Une envie constante de fuir l'avenir à toute jambes. De me blottir sous mon lit en position fœtale et d'y rester jusqu'à ce que la Terre tourne à l'envers, jusqu'à ce que le sable remonte dans le sablier au lieu de s'y écouler ... Oui, ça me terrifiait. Mais je ne voulais pas en parler à ma Grand-mère. Car je savais qu'elle avait peur, elle aussi. Elle avait peur de me perdre comme elle avait autrefois perdu mon père. Je savais qu'elle priait pour que je change d'avis et que je décide de rester à la maison. Sincèrement, parfois j'en avais envie. Surtout lorsque je surprenais ma Grand-mère qui me dévisageait avec les larmes aux yeux, l'air attristée. Là, l'envie de renoncer à tous ce que j'avais toujours voulu pour rester à ses côtés était encore plus fort. Mais je luttais. Je luttais contre mes peurs car je savais que c'était mes rêves qui m'avaient tenu en vie toutes ces années. La mort de mes parents avaient été un choc brutal et après ça, j'avais été forcée de me rattacher à autre chose pour garder la tête hors de l'eau. Car, dès que je baissais ma garde, j'avais l'impression de me noyer. Et ça, c'était hors de question. Jamais la peur ne me détruirait. La seule chose qui pouvait encore me détruire, c'était moi-même !

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Le soir même, je me préparais à me coucher avec l'estomac dans les talons. Le lendemain, je devais me rendre à l'Arène pour le Dernier Entrainement proposé par le Village avant LE grand saut dans la vraie vie. Et le jour suivant, les Résultats de l'Examen seraient affichés sur la Grande Place du Village. La peur m'écrasait et je devais rassembler toutes mes forces pour ne pas fondre en larmes tant la pression était grande. Je devais réussir. Je devais obtenir mon Examen. Ma Grand-mère me suivit dans ma chambre, à ma plus grande surprise. Elle commença alors à me border, comme lorsque j'étais enfant. Je me mordis la langue pour ne pas pleurer en voyant l'expression triste sur son visage. Elle s'assit près de moi et je demandais d'une petite voix :

- Grand-mère... Est-ce que ça va aller ?

- Bien sûr, me répondit-elle. Je suis juste un peu triste que tu t'en ailles à ton tour...

- Moi, je reviendrais ! promis-je aussitôt, tremblante. Je reviendrais te voir le plus vite possible.

Elle me sourit en me caressant les cheveux d'un geste tendre, mais je savais que ce sourire n'était pas vraiment sincère. J'eus énormément de mal à faire semblant d'y croire. Si je ne faisais pas ça, j'allais céder à la tentation. Je déglutis péniblement et déclarais :

- Grand-mère... Quoi qu'il se passe, que j'obtienne mon Examen ou non... Tu resteras toujours celle qui m'a élevée, celle qui m'a enseignée tous ce que je sais aujourd'hui. Tu m'as appris à être forte et à savoir me laisser aller. Si j'en suis là aujourd'hui, c'est uniquement grâce à toi. Tu as été bien plus que ma Grand-mère. Tu as sus être protectrice comme un père, aimante comme une mère, tout en restant aussi ouverte à mes lamentations qu'une amie. Je te promets que je reviendrais. Tu serais toujours ma Grand-mère et... et... Je t'aime.

Je me tus, ravalant un sanglot. Je ne lui avais jamais parlé aussi franchement. Mais j'en avais besoin et elle aussi. C'était en quelque sorte ma façon à moi de défaire le lien qui nous unissait tout en le rendant plus fort. Je me mordis la langue pour ne pas céder aux larmes, alors que ma Grand-mère laissait couler les siennes. Elle se leva et me serra dans ses bras avec tout l'amour qu'elle possédait. Je l'entourais de mes bras et la serrais fort, comme si je n'en aurais plus jamais l'occasion. Puis elle déposa un baiser sur mon front et me dit d'une voix douce :

- J'ai confiance en toi, mon ange. Je t'aime aussi. Je prierais pour toi.

Lorsqu'elle quitta la chambre, je me roulais en boule et laissais couler. Je ne souhaitais qu'une chose : que les prochains jours passent rapidement. Je sombrais dans le sommeil, blottie dans ma couverture en espérant qu'elle me protègerait des cauchemars...

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