11. Réveil difficile


Ah, l'alcool ! Plus jamais. PLUS JAMAIS ! Je me réveillais le lendemain avec une migraine atroce, peinant même à ouvrir les yeux. Je gémis en portant une main à mon front brulant. Putain. Combien de verres avais-je bu la veille ? 5 ? 10 ? Trop surement, vu que j'étais incapable de m'en souvenir. Je serrais les dents en me redressant dans mon lit. Je refermais les yeux lorsque ma tête se mit à tourner. Je me maudis intérieurement. Je n'aurais pas dû aller à cette fichue soirée. Pourquoi y étais-je aller, d'abord ? Ah, oui. Ambre m'y avait invitée. Toute la soirée me revint brusquement, comme un coup de poing. Je m'agrippais à ma couverture en gémissant de plus belle, essayant de ne pas vomir. Ambre. Elle m'avait menti pour ne pas venir à la soirée avec moi. Pour y aller avec Rick. Rick... J'allais le tuer... Puis une autre pensée remplaça mes plans de vengeance. La dernière chose dont je me souvenais, c'était de me disputer avec ma meilleure amie. J'avais dû m'évanouir. Mais j'étais ici, dans ma chambre, dans mon lit. Merde, comment j'étais arrivé là ? Ambre m'avait sûrement ramené mais elle n'aurait pas pu me trainer jusque là seule. Ma Grand-mère encore moins. Justement, celle-ci se manifesta en frappant doucement à ma porte. Je pris une profonde inspiration, me préparant à subir son regard déçu et méprisant. Ici, au Village, l'alcool était mal-vu. Très mal-vu. Car il assombrissait l'esprit et perturbait les sens, deux choses essentielles à un bon Villageois. Je répondis d'une voix pâteuse :

- Entre, Grand-mère...

J'avais la gorge sèche et une horrible goût dans la bouche. Je me sentais bouffie mais surtout, je culpabilisais d'avoir bu autant. Ma Grand-mère entra et s'assit calmement près de moi, sans rien dire. Je sondais son visage, inquiète d'y lire du mépris. Mais ce n'était pas le cas. Le regard de la vieille femme était compatissant et elle affichait un sourire affectueux. Elle me tendit un grand verre d'eau et une aspirine, que j'avalais aussitôt. Le liquide froid me redonna un peu de courage. La Villageoise me demanda d'une voix douce :

- Comment te sens-tu, ma chérie ?

- Bien mieux que je ne le mériterais, soupirais-je. Tu m'en veux, Grand-mère ?

- Non, bien sur que non ! s'exclama-t'elle en riant, amusée. Après son Examen, ton père était dans un tel état qu'il a du rester au lit pendant ces Trois jours de temps libres avant les Résultats ! Ta mère n'était guère mieux, à ce que j'ai pu constater... Ils avaient fais la fête, comme toi. Mais eux n'avaient pas la chance d'avoir une amie comme Ambre.

Ma gorge se serra et je regardais mes mains, perturbée au plus haut point. J'en voulais à Ambre, c'était évident. Elle m'avait menti ! Mais le côté lucide de mon cerveau encore embué me répétait que j'avais réagis excessivement. Comme je ne saisissais pas la perche qu'elle me tendait, ma Grand-mère continua sur sa lancée :

- Ambre a vraiment été une bonne amie, sur ce coup là. Tu étais presque inconsciente lorsqu'elle t'a ramenée ici ! Je me suis inquiété. Mais elle a su me rassurer et m'a expliqué que vous vous étiez disputée... A propos de cette fête. Moïra, pourquoi tu n'y es pas allé avec elle ?

Mes yeux me piquaient, signe d'une crise de larmes imminente. Mais je serrais les dents. Je ne pleurerais pas pour ça ! Pour cette dispute idiote. Je plantais mes yeux dans ceux de ma Grand-mère, sentant la colère remontant à la surface. Celle qui me connaissait si bien soupira. J'étais rancunière. Tous le monde le savait. Je répondis d'une voix où perçait ma rancœur :

- Elle m'a dit qu'elle était "souffrante". Alors j'y suis allé seule.

- Au regard que tu as je comprend qu'elle ne l'était pas.

- Non. J'ai fais la fête sans elle. Mais elle était là. Avec Rick.

Un frisson de dégoût me parcourut la colonne vertébrale et mon estomac se retourna. Rick. Mais comment Ambre avait pu en arrivé là !? Elle savait à quel point je le haïssais. Le fait qu'il se soit excusé n'y changeait rien. Ma Grand-mère attrapa ma main et je me détendis. Je séchais d'un geste rageur les larmes qui coulaient malgré moi. Je n'étais qu'une idiote. Pourquoi je m'énervais comme ça pour si peu !? Le ton calme de ma Grand-mère me rassura quelque peu :

- Moïra. Je te connais comme si je t'avais faite. Je sais que tu en veux à Ambre parce qu'elle t'a menti et que tu te sens trahie. Tu t'es sentie abandonnée en la voyant avec Rick. Ta relation avec lui a toujours été compliquée, je le sais... Mais ...

- Mais quoi ? risquais-je, sachant pertinemment que la suite ne me plairait pas.

- J'ai parlé avec Ambre. Je connais son point de vue et je connais le tien. Elle regrette de t'avoir menti mais elle ne pensait pas que tu le prendrais si mal. Elle s'en veut beaucoup. Mais elle l'a fait pour une raison. Et je sais que tu la connais, même si tu n'es pas prête à te l'avouer.

Je déglutis péniblement. L'idée qu'Ambre puisse souffrir à cause de ma réaction me serrait le cœur. Elle était ma meilleure amie, après tout. Les disputes, nous en avions déjà eu. Mais je savais que celle-ci était différente. Elle était plus sérieuse que les petits conflits que nous avions eu auparavant... Je savais que si je ne résolvais pas celui-ci, je risquais de perdre Ambre. Cette idée m'arracha un gémissement. Ma Grand-mère se leva, déposais un baiser affectueux sur mon front et me laissais seule avec mes réflexions. Je soupirais et me recouchais, le cerveau en ébullition.

Je devais arrêter de ne penser qu'à moi, pour une fois ! Ambre était la personne la plus importante dans ma vie, après ma Grand-mère. Je devais apprendre à lui faire confiance et la laisser faire ses propres choix, même s'ils ne me plaisaient pas. Je devais accepter qu'elle s'éloigne un peu de moi, pour se rapprocher de quelqu'un d'autre. Même si cette personne, c'était Rick...

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