Prologue Naelly

- Mademoiselle Pilapate, si mon cours ne vous intéresse pas je vous prierai de me le faire savoir !

Je sursaute en entendant la voix de mon professeur de maths.
Je redresse la tête et vois mon professeur, le visage rouge, les sourcils froncés, qui me regarde comme si j'étais une ordure. Mes camarades chuchotent entre eux, me lançant des coups d'oeil et rigolant.

- Pourriez-vous me dire ce que j'étais en train d'expliquer à vos camarades de classe, qui eux, s'intéressent à leurs études ?

Je soupire. Ça ne changera jamais.

- La formule pour calculer l'hypothénus d'un triangle rectangle est C² = a² + b², où C est l'hypothénus, c'est-à-dire le côté le plus long, celui qui est perpendiculaire à l'angle droit. a est le côté le plus petit et b, le moyen.

Il reste interloqué. Je viens de répéter mot pour mot ce qu'il a expliqué il y a à peine quelques secondes.
Marmonnant dans sa barbe grise, il reprend son cours, tout en me regardant furieusement.
Je retourne à mon occupation qui est de dessiner dans la marge de mon cahier.
Depuis mon plus jeune âge, j'ai une capacité d'attention de moins de trente secondes, mais ma mémoire est plus utile que celle d'un éléphant. Je pourrais vous dire ce que j'ai mangé il y a une semaine si je le souhaitais, mais je ne pourrais jamais écouter les cours sans faire autre chose.
J'ai été diagnostiquée TDAH à mes quatre ans, lorsque ma mère, fatiguée d'avoir à me reprendre lorsqu'elle recevait un mail de mes enseignements qui disait que je n'écoutais rien, m'a emmené voir un médecin.

Le cours se finit et je me dépêche de sortir et de prendre mes affaires pour rentrer chez moi.
Mon appartement se trouve à cinq minutes à pied du collège et dès que j'y suis, je vais directement faire mes devoirs pour le lendemain.
Je passe devant le miroir accroché au mur, et m'observe.
Mes yeux verts scintillent avec me reflet du soleil, mes cheveux roux semblent être de feu, et mes taches de rousseur sont plus que voyantes sur ma peau pâle. Élancée et fine mais petite, je suis assez bien formée et j'ai hérité de la bouche et des lèvres de ma mère, du menton arrondi de mon père.
Je m'installe à mon bureau, mes écouteurs dans les oreilles, mettant une musique au hasard.
Malheureusement, comme je pouvais m'y attendre, je décroche vite des exercices ennuyeux que l'enseignante d'anglais nous a donné à faire. À la place, je dessine.
Mes dessins sont souvent pleins de magie, d'iréel.
J'aime dessiner par-dessus tout, c'est ma passion. Dessiner me permet de donner vie à mes rêves, à mes envies, à tout ce que je veux. Je n'ai de limite que mon imagination. Et elle s'étend à l'infini.
Mais j'aime aussi la mythologie. Ça me maintient éveillée, je ne sais pas pourquoi. En ce moment, en histoire, on aborde ce sujet, et c'est le seul cours où j'arrive à rester concentré sur la professeur et à répondre aux questions sans avoir besoin qu'on me réveille. Je ne saurais dire si j'imagine cela ou bien si c'est réel, mais j'ai parfois l'impression que l'enseignante est différente. Elle paraît avoir une lumière qui s'allume dans ses yeux, sa voix est plus profonde et il y a une sorte de petite brise invisible qui soulève ses longs cheveux châtains.
La nuit, je ne fantasme pas sur les garçons, comme toutes ses filles qui espèrent tant attirer leur regard. Non, moi, ce dont je rêve c'est que je suis une déesse. Une fille de dieu. J'aimerais tant que cela soit réel. Vivre à l'Olympe, entourée de ses confrères et consœurs, avoir des pouvoirs, tels que l'invisibilité, la téléportation,... Je sais que c'est impossible, car ce n'est pas réel. Les grecs ont inventé la mythologie pour expliquer des phénomènes qu'ils ne comprenaient pas à l'époque, comme la météo, la naissance de la Terre et de l'Univers,...
Par exemple, ils ont dit que Zeus est le dieu du ciel, qu'il contrôle le tonnerre. Aphrodite est, quant à elle, la déesse de l'amour et ce serait grace à elle qu'on tombe amoureux de quelqu'un.
Mais tout cela est faux. Et tout le monde le sait. Pourtant, mon cerveau divague dans ses pensées-là, et je ne peux m'empêcher d'y penser.
Cette nuit encore, je m'endors, une image de moi parmi les douze dieux de l'Olympe, assis sur nos trônes. Je suis entre Hermès et Aphrodite, ma chevelure resplendissante, baignée dans une aura de lumière dorée.
Cette image, je l'aime. Elle me fait me sentir importante.
Mes rêves me transportent dans un monde impossible, un idéal, un endroit qui n'existera jamais.

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