Chapitre 1 Naelly
Je me réveille le lendemain et me prépare pour aller à l'école. C'est vendredi. Enfin, demain, ce sera le weekend et je pourrais me poser, retournant à mes dessins et mes rêves irréalisables.
En arrivant à mon casier, je regarde mon agenda et tout de suite, ma mauvaise humeur du réveil et des cours disparaît, remplacée par une joie intense. Je commence la journée en sport, puis j'ai de l'art plastique et je finis la journée en Histoire. C'est la meilleure journée ! Toutes mes matières préférées réunies ensemble, quoi de mieux pour un dernier jour ?
La matinée se déroule sans incident, mis à part peut-être qu'une fille de ma classe s'est prise un ballon de football en pleine tête et qu'un pot d'acrylique s'est renversé sur un bureau.
En arrivant en histoire, je suis déjà toute excitée: en ce moment, nous étudions la mythologie grecque. D'après le plan de cours noté au tableau, nous commencerons par étudier les dieux et les déesses, avant d'enchaîner sur quelques créatures qui sont connues sur ce sujet.
- S'il vous plait, silence. Nous commencerons plus vite le cours et je peux vous assurer que cela va tous vous passionner, même ceux qui pensent le contraire, dit Mme Didier, la professeure d'histoire.
Elle n'est pas sévère, c'est plutôt une enseignante qui se soucie de la réussite de ses élèves, qui est drôle et anime ses cours afin de les rendre plus intéressants qu'ils ne le sont réellement. C'est pour cela que dans cette matière, je ne dors ni ne dessine dans mes cahiers.
- Cet après-midi, nous allons voir les dieux et les déesses pour commencer. Bien sûr, il y en a une multitude, c'est pourquoi nous n'étudierons que ceux et celles de l'Olympe.
Au fur et à mesure que Mme Didier parle, min imagination s'emporte et je m'imagine fille de dieu. Peut-être que mon père est un dieu, puisque je ne l'ai jamais connu et que ma mère refuse d'en parler ?
Non ! Leïla, tu dérailles totalement!
Nous passons à la partie des créatures et j'apprends que Chiron, un centaure, a aidé de nombreux héros de la mythologie, notamment Achille et Hercule. Les dryades sont des êtres fascinants qui vivent dans certains arbres ou plantes,... J'ai les yeux brillants de joie, ma bonne humeur ne se tarit pas.
À la fin du cours, alors que la cloche sonne, Mme Didier souhaite me parler. Je suis un peu anxieuse, je dois l'avouer: elle est ma professeur principale et j'ai peur que les autres professeurs lui aient dit de mauvaises choses sur moi.
- Leïla, j'aurais besoin de te parler, si tu ne vois pas d'inconvénients à rester, même si c'est la fin des cours ?
- Non, pas du tout.
- Très bien. Je t'en prie, assieds-toi. Ce que j'ai à te dire va sans doute te surprendre et te faire croire que je mens, pourtant c'est la vérité.
Mon cœur tambourine dans ma poitrine et j'ai peur qu'il se décroche. Qu'est-ce qu'ils ont bien pu raconter sur moi? Vais-je être virée pour ne pas écouter en classe, malgré mes bonnes notes ? Devrais-je faire une punition ? Ma mère va-t-elle être convoquée pour discuter avec la direction ?
- Leïla, j'ai remarqué que tu t'intéresses beaucoup aux cours d'histoire, surtout en ce moment.
- Oui, Madame. La mythologie me passionne depuis toujours.
- Il faut que je te dise quelque chose. Tu n'es pas normale.
Je reste figée quelques instants sur ma chaise, puis j'éclate de rire.
- Je le sais. Je suis TDAH, j'ai des hallucinations et je rêve d'être une déesse. Bien sûr que je ne suis pas normale.
- Justement. Ce que tu appelles des hallucinations n'en sont pas. Si tu es TDAH, c'est normal. Ta dyslexie aussi. Et tu rêves d'être une déesse, dis-tu ? Eh bien ton rêve c'est à moitié réalisé.
Mon rire ne s'arrête pas. Qu'est ce qu'elle peut être drole !
- Leïla, je ne plaisante pas !
Cette fois, je m'arrête. Son regard est des plus sérieux et son visage ne mens pas.
- Vous voulez me faire croire que je suis fille de dieu ?
- Écoute moi bien. Il existe, pas très loin d'ici, une colonie, appelée Colonie des Sang-Mêlés. Là-bas, il y a des adolescents comme toi: ils ont des troubles de l'attention, de l'hyperactivité, et ils sont dyslexique. C'est une caractéristique qu'on retrouve chez tous les Sang-Mêlés.
- C'est quoi des Sang-Mêlés ?
- Des personnes qui ont du sang de dieu et d'humain dans les veines. En d'autres termes, ils sont fils ou filles de dieu et d'humain.
- Vous voudriez dire.... Que je suis fille d'un dieu de l'Olympe ?
- Oui. Reste à savoir lequel...
- Comment je peux savoir qui est mon père ?
- Tu verras tout cela à la colonie. En attendant vas-y.
Elle me montre une carte en me disant de suivre l'itinéraire et de ne jamais me retourner. Je ne devrais m'arrêter que lorsque je serais à abri. Mme Didier ne m'a pas expliqué pourquoi je dois y aller, ni pourquoi elle a l'air si inquiète.
Mais j'ai confiance en elle et je prends mon sac en sortant de l'école, en direction de cette colonie.
Je marche pendant ce qui me semble des heures sans rencontrer aucune difficulté, et à force, je me demande même si elle ne m'a pas menti.
Soudain, j'entends un craquement et une respiration saccadée derrière moi. Je me retourne et tombe nez à nez avec une espèce d'oiseaux immense. Ses ailes sont semblables à celles d'une chauve-souris, elle n'a pas de cheveux sur son crâne rasé et son haleine est tellement putride que je m'éloigne de quelques pas inconsciemment.
Une harpie.
On en a parlé pendant le cours.
Je regarde rapidement derrière moi et vois la colline derrière laquelle devrais se trouver ma destination, si je ne me suis pas trompée d'endroit.
Décidée à ne pas me faire manger, ni à mourir bêtement devant un monstre, je m'élance vers la colline. Les battements d'ailes se rapprochent de moi et j'accélère le plus possible.
Malheureusement, un point de côté me prend soudainement et je trébuche sur une branche morte. Je m'étale de tout mon long dans l'herbe humide, et la harpie s'avance doucement vers moi, comme pour me laisser le temps de prendre conscience de ma mort imminente.
Ma respiration est trop bruyante, trop lourde, trop saccadée, je sais que je ne pourrai pas me remettre à courir.
Alors je fais tout ce qui me passe par la tête à cet instant: je hurle.
Ma mère me dit souvent que ma voix est forte et quand je crie, c'est pire, je pourrai casser les tympans de la personne qui serait là à ce moment.
Alors je crie.
Qu'est-ce que j'espère ? Que la harpie devienne sourde à cause de mes hurlements ? Qu'elle s'envole terrifiée par ma voix ? Que quelqu'un m'entende depuis cet endroit mystérieux où je me dirige ?
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