III. Situation Compliquée
PDV Danielle
Je me réveillai avec... allez, je vous laisse deviner, vous pouvez le faire... Bingo. Un mal de tête et un gout amer dans la bouche. Encore.
J'espère que ça ne va pas devenir une habitude. En attendant, je me sens encore pire que l'autre fois, dans la chambre que m'avait attribuée WICKED. Une douleur lancinante me transperce le crâne, je sens une lourde pression sur ma poitrine. J'essaye d'ouvrir les yeux mais les montagnes russes que semble effectuer mon cerveau donnent une nausée horrible. Surement ce produit que cette salope de chancelière m'a refilé (si vous pensiez que les princesses ne juraient jamais, vous vous trompez lourdement).
Mais malgré la douleur, il est hors de question que je reste branlée à ne rien faire. J'essaye de faire abstraction de mon envie de rendre mes tripes et mes boyaux et rassemble mes forces. Je roule sur le côté et m'appuie sur un coude. Après plusieurs efforts, je parviens à ma redresser à moitié. Voire à quart. C'est déjà un progrès. Je sens sous mes mains une espèce de grillage. Et un courant d'air chaud, portant une odeur de renfermé.
Une main tirant sans douceur mes cheveux (ça m'aide à me calmer, allez savoir pourquoi), j'ouvre peu à peu les paupières. Il fait très sombre ici. Des néons éclairent l'endroit. La première chose que j'aperçois cependant est le grillage qui semble m'entourer. La panique me redonne de l'adrénaline. Je me retourne, encore et encore. Qu'est-ce que...
Je suis dans une espèce de croisement entre une cage et un ascenseur. Je suis sérieuse. C'est un ascenseur dont toutes les façades sont en grillage. Et il monte drôlement vite, si vite que mon vertige revient. Autour de moi, plusieurs caisses sont posées. A quatre pattes, je les examine. Certaines contiennent des fruits, légumes, conserves et autres produits alimentaires. D'autres des grains, des ustensiles de jardinage, de bricolage, quelques outils médicaux très basiques etc. Et même, attention... des animaux. Certaines de ces caisses contiennent des poulets et des sangliers qui piaillent et grognent sans arrêt, créant un boucan infernal me martelant le crane.
Une seule question : c'est quoi ce délire ? Je rampe et me presse contre le grillage. Je cherche une trappe, n'importe quoi qui pourrait me permettre de m'enfuir. Nada, que dalle. De toute manière, que pourrais-je faire après ? Sauter ? Descendre à la corde ? D'ailleurs, je n'en n'aperçois aucune. Étrange.
Si c'est une blague d'oncle Daemos, je le tue, je le jure.
Je baisse soudain les yeux et passe sans arrêt les mains sur mon corps. J'ai toujours les mêmes vêtements que WICKED m'a donnés. Mais comme je m'y attendais, je n'ai aucune arme. Ils ont même osé m'ôter ma chevalière. Chaque membre de notre famille en a une dont il ne se sépare jamais, elles sont aux armoiries des T'el Assario. Kidnapping, espionnage, traitrise, meurtres, mensonges... Si l'Atlantide met la main sur WICKED, ils sont tous morts. Lever simplement la main sur un membre de la famille impériale est passible de mort.
Un grand choc me projette soudainement au sol, face la première. Comme si je n'avais pas déjà assez mal à la tête comme ça, bande de cons ! De plus en plus énervée, je me retourne avec rage pour voir la cage s'ouvrir dans un fracas mécanique. La lueur blanche du jour s'infiltre, m'obligeant à placer ma main devant les yeux. Allons bon, une tentative d'aveuglement maintenant ?
Quand mes yeux s'habituent à la lumière au pied de la cage, je vois une horde de personnes se presser. Tous m'ont l'air d'être des garçons. Il y en a tellement que je n'arrive pas à les compter, surement plusieurs dizaines. Tous se penchent vers moi, des chuchotements vifs s'échangeant entre eux. L'un d'eux lance soudain :
- C'est une fille !
- Sans blague Winston, on n'avait pas remarqué ! raille une voix puissante.
- Teresa ne devait pas être la dernière ? s'écrie une autre.
- Va savoir, avec ces tarés de Créateurs...
- Comment est la nouvelle ?
- Ça ne me dit rien qui vaille, cette histoire.
- Tu dis ça tout le temps, Gally.
- Vous croyez qu'elle connait Thomas ?
Non, je ne connais aucun Thomas, désolée. Et j'aimerai bien, par contre, qu'on m'explique ce qui se passe. Me mettant à genoux, je me relève tout en m'agrippant au grillage. Une fois sur pieds, je me retourne et lance en haut :
- Est-ce que l'un de vous va faire preuve de galanterie et m'aider à sortir de là, ou je dois me débrouiller toute seule ?
Ma remarque a lancé un froid sur l'assemblée. Un d'entre eux déclare quand même :
- Elle a du cran, la nouvelle.
Un garçon descend habilement, comme s'il avait fait ça toute sa vie. Il me fait face en se dressant de toute sa hauteur et en me toisant durement, une pointe de mépris dans ses yeux. Je hausse un sourcil pour toute réponse.
- Tu essayes de m'intimider ou quoi, là ?
Surpris, il écarquille les yeux, lui faisant perdre toute crédibilité. Ces jeunes hommes, qui n'en perdent pas une miette, se fendent en rires. L'un d'eux s'exclame :
- Eh bah Gally, c'est pas aujourd'hui que t'auras le dessus sur une fille !
Il grogne tout en l'insultant et j'en profite pour mieux le voir. Il est grand de taille et a une carrure très développée : épaules carrées, musclé en niveau des bras et des jambes, tout le tralala, quoi. Ses cheveux châtains sont en brosse sur sa tête et ses sourcils ont une étrange forme que je ne saurais définir. Mais loin de moi de faire des commentaires sur le physique des gens. J'attends plutôt qu'il ait fini de pester contre son camarade. Cela fait, il m'attrape violemment sans même me regarder et me tire hors de cet endroit... pour me jeter vulgairement par terre. Il n'a pas intérêt à ce que le général Xel même la main sur lui, ce Gally.
Je sens de l'herbe sous mes mains et de la fraicheur autour de moi. Respirant à pleins poumons, je dédaigne la main que me tend un garçon et me relève toute seule... tout ça pour faire face à des dizaines de garçons, me regardant curieusement, avec méfiance aussi.
Okay... J'ai déjà parlé devant d'immenses audiences de politiciens, de militaires, d'hommes et de femmes d'affaires. Alors des ados, ça ne devrait pas être compliqué à gérer. J'inspire profondément, remet mon dos droit et redresse la tête.
- Pourriez-vous vous pousser, je vous prie ? demandai-je d'une voix forte mais polie.
Ils échangent des regards intrigués et des paroles sans bouger d'un pouce, jusqu'à ce qu'un blond ne lance :
- Soyez sympas, les gars. Laissez-lui de l'espace.
Ils s'exécutent enfin, atténuant mon impression de claustrophobie... qui revient au galop quand je constate où l'on est.
Au loin, j'aperçois de grands murs de pierre ou de béton gris, je ne saurais le dire. Toujours est-il qu'ils sont immenses, au point de me couper le souffle. Ils encadrent un large carré de verdure, d'habitations de bois et de forêt. De là où je me trouve, je peux distinguer des ouvertures dans chacun des quatre murs, mais l'obscurité totale qui s'en dégage ne me mets absolument pas confiance. Cet endroit en lui-même ne me mets pas en confiance.
De plus en plus apeurée – bien que je le cache avec habileté – je me retourne vivement vers le blond, celui qui a demandé aux autres de s'écarter. Il a les yeux bruns, est plutôt petit de taille, mince mais l'air solide. Sa jambe droite m'a l'air légèrement tordue, bizarrement.
Voyant ma confusion, il s'approche doucement et me sourit :
- Hé ! fit-il. ça va aller, ne t'en fais pas. On est tous passés par là. Je m'appelle Newt.
Comme Newton ? Je vois.
- Danielle, me présentai-je.
- Pardon ?
- Je m'appelle Danielle.
Il a l'air surpris. Un grand gaillard à la peau noire et aux cheveux ras vient vers nous, plus imposant que son camarade.
- Tu te souviens de ton prénom ? demande-t-il durement.
Perplexe, je ne sais quoi répondre. Ils me prennent pour une amnésique ou une imbécile ? Soudain, cela me revient en tête :
Flashback
La chancelière se penche vers moi tout en me tirant par le col. Mon visage a une distance très rapprochée du sien. Un peu trop rapprochée à mon gout... je devrais peut-être l'informer que je ne suis pas attirée par les filles. Mais je m'en garde bien. Ava siffle dangereusement :
- Et souviens-toi, princesse : ta protectrice et ton loup sont entre mes mains. Tout comme ton cher ami d'enfance. De plus, n'oublie pas que nous avons un complice... très proche de ta famille. Si tu tiens réellement à ta mère, ton oncle et les habitants de ton palais, en plus d'Artemis, Saphir et Minho, tu te tiendras tranquille. Lorsqu'on t'enverra... là où on doit t'envoyer, fais semblant de ne te souvenir de rien à part ton prénom. C'est très important : tu dois être totalement amnésique. Ne commets aucune gaffe, ou sinon...
Elle s'approche encore plus et souffle à mon oreille :
- ... Minho sera le premier à en payer le prix.
Je me mords l'intérieur de la bouche. Trop de vies sont en jeu. Artemis, ma chère amie. Saphir, celui qui semble me comprendre mieux que personne, sans avoir besoin de parler. Ma mère, même si elle est sévère avec moi, et mon taré d'oncle. Tous les courtisans et les résidants du palais, les professeurs, les étudiants, les serviteurs... les enfants. Sans oublier Minho, celui pour qui j'étais prête à absolument tout, à l'époque.
Non, je ne peux pas prendre ce risque.
- Oui, je me souviens de mon prénom, dis-je d'une voix tremblante. Mais... c'est la seule chose dont je peux me rappeler. J'ai tout oublié, tout !
Pitié, faites que je sois convaincante... Mon apostropheur échange un regard entendu avec le blond, avant de revenir vers moi.
- C'est normal. Nous sommes tous dans le même cas. Ne t'affole pas.
- C'est comme si tu me disais : arrête d'être malade. Je suis dans un endroit inconnu, entourée par des personnes inconnues, dans une situation inconnue et je ne peux me rappeler de rien pour une raison INCONNUE ! Alors pardon d'être UN PEU inquiète !
Je n'ai même pas besoin de trop forcer sur la comédie. Les grands murs qui nous entourent m'effrayent vraiment, j'ai l'impression d'être prisonnière. Et cette foule d'ados me compresse, bon sang ! J'ignore où sont Artemis et Saphir, la taupe de WICKED pourrait faire n'importe quoi au palais et depuis que j'ai appris que Minho était vivant, mon esprit est accaparé par lui. Je suis affolée.
Le blond, à l'entente de ma mini crise de terreur/sarcasme, éclate de rire pendant que son ami lui lance un regard courroucé.
- Newt, puisque la bleue semble tellement t'amuser, et si tu te chargeais d'elle ?
- Je fais tout le temps ça avec les nouveaux, de toute manière ! réplique-t-il d'un ton joyeux. Allez viens, la bleue !
- Je viens de dire que je m'appelle Danielle.
- Je sais.
Clairement agacée, je suis le blondinet pendant que les autres s'éloignent et vaquent à leurs occupations.
- Au cas où tu aurais oublié, je me représente : Newt. Le charmant gars qui m'a refilé avec toi est Alby, notre chef. Bienvenue au Bloc.
Le chef ? Je m'arrête un moment et l'observe de loin. Il est toujours au pied de la cage, discutant avec le garçon qui m'a faite sortir. Il a l'air imposant et ferme, extrêmement sérieux. Néanmoins, ses bras sont constamment croisés : signe de fermeture d'esprit et refus de communication.
Robin Delvinë, chef de nos services secrets, m'a donné plusieurs cours sur le langage corporel. Je tourne à nouveau la tête vers Newt, qui continue de me parler.
- Cette espèce d'ascenseur par lequel tu arrivée est ce qu'on appelle la Boite. C'est par là qu'arrive toutes nos provisions une fois par semaine et chaque mois, un nouveau. Enfin, elle avait arrêté de descendre après l'arrivée de Teresa, mais on dirait bien que les Créateurs ont changé de plan. C'est cool, on commençait sérieusement à manquer de matos.
- Teresa ? demandai-je.
- La seule fille de ce trou à rats. Plutôt étrange comme nana. Elle ne parle pas souvent, mais si tu la fais chier, à tes risques et périls.
- Ça, ça vaut pour toutes les filles, lâchai-je.
- Sauve qui peut alors, plaisante-t-il.
Il m'a l'air assez sympathique.
- Sinon, c'est plutôt grand ici et tu es arrivée assez tard. On n'aura pas le temps de faire une visite tout de suite. Demain matin, ça te va ? Tu n'as pas de problèmes pour te lever tôt ?
- Non, ça devrait aller.
- Bah il faudrait mieux ! Parce qu'ici, tu vois, nous avons trois règles. Numéro 1 : faire son boulot, pas de glandeur ici. Numéro 2 : ne jamais frapper un autre blocard. Nos relations sont basées sur la confiance et le respect.
- Blocard ?
- Nous sommes au Bloc et nous sommes de blocards.
Non assez enfantin, mais pourquoi pas. Newt devient soudain bien plus sérieux en énonçant la troisième règle :
- Numéro 3 : ne jamais, JAMAIS, pénétrer dans ces murs. Compris ?
Je me retourne vers ces fameuses ouvertures obscures. Dire qu'elles attisent ma curiosité est un euphémisme. Je n'ai jamais rien vu de tel, et mon intuition me dit que ça ne va pas me plaire. Pourtant, je dois savoir. Nous en sommes assez proches, je peux mieux voir. Après les avoir longuement contemplant, je déclare :
- C'est un labyrinthe ?
Newt sursauta à mes mots et me regarda, stupéfait.
- Co... Comment tu sais ?
Je roule des yeux avant de me pencher vers lui et de désigner du doigt l'ouverture large.
- Au fond, on peut voir un mur qui produit une séparation en branche de deux couloirs. Lorsqu'on est passés tout à l'heure devant l'autre ouverture, j'ai remarqué une intersection entre trois chemins. Rajoutons à ça votre interdiction : ne pas y aller... C'est évident.
Il m'adresse un long regard impressionné.
- Waouh. On peut dire que tu es intelligente. Personne avant n'avait jamais... Enfin, oui. C'est un labyrinthe. Immense, si tu veux tout savoir.
- Vous ne voulez pas que les gens s'y perdent, c'est ça ?
- Oui et... Il y a d'autres raisons. Tu les apprendras plus tard. Sinon, à part ça, on est plutôt cools sur la discipline. Nous avons un petit paquet de jobs à faire pas mal d'endroits pour les exécuter, fit-il en me montrant les constructions de bois.
- C'est vous qui les avaient construites ?
- La Ferme était déjà là en partie, tout comme les douches et la salle de bains. Mais on a amélioré et on a bâti le reste, en effet.
Waouh. Je hausse les sourcils, impressionnée. Que des ados aient réussi à faire tenir cela tout seuls et sans mémoire... c'est vraiment bluffant. L'ingénierie et l'architecture ne sont pas simplistes. Je le sais parce que je suis nulle dans ces matières.
- Mais dis-moi, réalisai-je enfin. Tout ce qui était déjà là... qui l'a construit ? Et qui vous envoie... la Boîte ? Qui nous a mis ici ?
- Doucement ! fit-il en levant une main, paume tournée vers moi. Figure-toi qu'on se pose les mêmes questions. On ne sait pas. On les appelle les Créateurs.
- Les Créateurs... murmurai-je. Ça fait un peu secte, sans vouloir offenser personne.
Il hausse un sourcil et réprime un rire.
- Dans le fond, tu n'as pas tort, en fait. Enfin ! Tu n'as pas à t'en faire... Danielle, c'est ça ? Maintenant, tu es une blocarde, tu es des nôtres ! C'est pas marrant tous les jours, mais on s'y fait. Souviens-toi qu'on est tous dans le même bateau. Ça va aller.
J'en doute. Mais pour donner constance, j'hoche timidement la tête. Je dois m'intégrer dans cet endroit au plus vite, comprendre qui ils sont et leurs modes de vie. Ensuite... je trouverai un moyen pour tout arranger. Il le faut. Avec cet espion de WICKED qui se balade impunément dans le palais, ce n'est pas seulement ma mère et mon oncle qui sont en danger. Mon peuple aussi court un grave risque. De plus, si WICKED a autrefois organisé une explosion, tué des soldats et fait croire à la mort d'un citoyen atlante... Je n'ose imaginer ce qu'ils pourraient faire, à présent.
Newt me tire soudain et m'emmène jusqu'à l'une des ouvertures, d'où émergent quelques garçons, ce qui me fait froncer les sourcils. Il ne venait pas de dire qu'on n'avait pas le droit d'y aller ? D'eux d'entre eux nous aperçoivent et viennent à notre rencontre.
- Salut Newt ! le salue l'un d'eux. Qui est-ce ? s'intrigue-t-il en me désignant.
- Figurez vous que ces enfoirés de Créateurs ont à ce qu'il parait changé d'avis. La Boîte est remontée avec du matos à nouveau et cette fille ! Elle s'appelle Danielle.
- C'est une bonne nouvelle ! s'exclame le premier, avant de se tourner vers moi. Je m'appelle Thomas.
Il est grand et élancé. Quelques mèches de ses cheveux bruns retombent sur son front, ses yeux sont sombres et vifs. Ses joues sont rouges et sa respiration est saccadée, comme s'il venait de courir. Après l'avoir salué, je me tourne vers l'autre et manque de m'étrangler.
Légèrement plus court que son camarade, il est lui aussi de haute stature et athlétique. De type asiatique, ses cheveux noirs sont redressés sur sa tête et ses yeux de la même couleur bridés, évidemment. Il ressemble tellement à...
- Moi, c'est Minho.
Bam. Une explosion causée par tonton Daemos ne m'aurait pas fait autant d'effet. C'est lui... Il a... tellement changé. Il est bien plus musclé, plus basané aussi, lui qui avait autrefois la peau assez pale. Son regard a changé, est devenu plus sérieux, lui qui était un crétin hyperactif incorrigible 24h/24. Mais malgré tout, je le reconnais. C'est bien lui. Mon meilleur ami.
Je meurs d'envie de le prendre dans mes bras, le gifler pour m'avoir fait pleurer des nuits entières, m'avoir foutue la peur de ma vie, lui sortir un « Tiens, salut Min ! Alors, comment ça va depuis le temps ? Faut que je te raconte la dernière réunion des conseillers ! ». A l'époque, le sarcasme était notre langage principal. Ça n'en finissait pas, au point d'énerver tout le monde autour de nous. Artemis avait parfois envie de nous étrangler. Les gardes du palais n'en pouvaient plus de nous courir après, alors que nous sortions en douce la nuit pour aller faire n'importe quoi et répandre la merde sur notre passage.
Je me rends compte avec quelques secondes de retard que : 1) j'ai retenu ma respiration, 2) je le fixe depuis un peu trop longtemps, ce qui fait que les autres me regardent bizarrement. Bravo pour la discrétion. Pitié, qu'il ne croit que j'ai le béguin pour lui ou une connerie de ce genre. Même si je dois avouer qu'il n'est pas mal du tout. Alors comme ça, je m'absente quatre ans et Monsieur se transforme en une gravure de mode ? Il ne m'avait jamais dit qu'il avait ça en lui...
- Enchantée, soufflai-je enfin en inspirant un bon coup. Danielle.
S'il a l'air déconcerté par mon attitude étrange, il ne m'en fait pas la remarque. C'est gentil, merci mon ami ! Pour chasser la gêne qui s'est soudain installée, je me tourne vers Newt.
- Mais dis moi... tu n'avais pas dit qu'on n'avait pas le droit d'y mettre les pieds, dans ce labyrinthe ?
- Si. Mais les coureurs ont une exception.
- Les coureurs ?
Thomas a soudain un air amusé pendant que Minho me sourit en coin.
- Eh bien, miss, on dirait que tu as encore beaucoup à apprendre sur cet endroit.
Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai le sentiment que ça ne va pas me plaire...
Ça ne me plait pas. Pas du tout.
Un labyrinthe peuplé de créatures mécaniques meurtrières la nuit et qui se modifie chaque jour ? Ne me dites pas que c'est ÇA l'idée génialissime de WICKED pour nous dégoter un vaccin contre la Braise ! C'est... c'est totalement tordu !! Même Daemos n'est pas allé aussi loin dans ses délires !
Évidemment que tonton essaye aussi de trouver un remède ! Lui et les scientifiques du pays travaillent jour après jour pour ça ! Vous ne pensiez quand même pas que l'Atlantide se laisserait distancer par une... association de barjos ?!
Par Poséidon, Athena et tous les dieux de l'Olympe... Je songe sérieusement à commencer à les vénérer, peut-être que l'un d'entre eux pourrait nous aider à sortir de cette merde. Hein ? Non, aucun ? Pas même Hadès ? Ok...
En attendant, cette situation est vraiment... je n'ai même pas d'adjectif. je suis coincée ici, avec une bande d'ados et une fille qui n'ont pas la MOINDRE idée du bordel dans lequel le monde est plongé. Je n'ai aucun moyen de contacter le palais ou Artemis et en ce moment, mon peuple pourrait être sous une grande menace que j'en n'en n'aurais pas la moindre nouvelle. Absolument génial.
Ils ont fait une petite fête ce soir, pour mon arrivée, parait-il. J'ai fais la connaissance d'un peu près tout le monde. Ils sont tous sympathiques, dans l'ensemble. Minho ne m'a pas parlé. Je ne peux pas lui en vouloir, il ne sait plus qui je suis. Je ne suis pas étonné de savoir qu'il est devenu le maton des coureurs. Ila toujours été comme ça : incapable de tenir en place. Il doit faire quelque chose, se rendre utile, sinon il va exploser. Ça me faisait souvent rire et me moquer. Les larmes me montent aux yeux, mais je les chasse rapidement. Ce n'est pas le moment.
Allongée dans mon hamac, tout le monde dort autour de moi. Pas moi : je suis bien trop stressée. J'essaye d'organiser mes pensées. Il y a les ordres que j'ai donné pour la frontière est, j'espère qu'ils seront respectés à la lettre. Je devais aussi assister à une réunion des ministres et une conférence de la ligue scientifique du pays, présidée par mon oncle. Sans compter ma dissertation d'histoire et mes devoirs d'économie. Je ne les rendrai sans doute jamais aux professeurs.
Ils doivent surement être avertis de ma disparition maintenant, sauf si WICKED a fait croire à ma mort. J'espère que non. Maman a besoin de rester concentrée, les choses se corsent de plus en plus ces derniers temps. Dans tous les cas, Xel va s'en vouloir à mort. Il se sent extrêmement responsable de la sécurité de la famille impériale. Le conseiller Jordan va être au bord des nerfs, sans oublier la secrétaire de ma mère et l'agent Delvinë. Je me demande si ses espionnages sur WICKED lui permettront de me retrouver. Je l'espère. Et Natsuko ? Si elle l'apprend, elle va être morte d'inquiétude. Sans compter qu'il y aura forcément une fuite d'information. Il y en a toujours. Si la CNS l'apprend, tout le monde va être en état de nerfs maximal 24h/24. Et vu l'influence de la famille impériale, ça créera de nombreux remuement en Atlantide. Qui s'occupera des affaires dans ma mère est trop occupée pour ? Je sais que les conseillers et les ministres sont là, mais je ne peux m'empêcher de m'inquiéter. J'aime tout prendre en main moi-même, ça me rassure.
Je réfléchis à cette taupe. Qui pourrait-elle bien être ? Voyons, WICKED, par son aide, a réussi à infiltrer les convois, à les faire exploser. Ils ont également réussi à savoir où je me trouvais, à poster des soldats sans se faire repérer. Le traitre serait-il un général ? Un officier militaire ? Il doit être influent, pour arriver à faire de telles choses en passant sous le nez des services secrets ! Celui qui aurait un tel pouvoir est le second d'Erik, voire... Erik lui-même. Mais je ne suis pas convaincue. Dès qu'il est question de ma mère ou de moi, c'est une véritable mère poule. Il a trop d'honneur, il est incapable de mentir.
Un des conseillers ? Le ministre des transports ? Des affaires intérieures ? Un ambassadeur ? Un membre des services secrets ? Robin lui-même ? Il est au service de l'Atlantide, mais c'est un agent. Mentir et jouer la comédie est sa nature. Mais il nous a aidés tellement de fois...
Je n'en sais rien. Je suis épuisée, en colère, j'ai peur. Les idées se bousculent dans ma tête, je ne peux pas penser clairement. Pas maintenant.
Une bonne nuit de sommeil m'aidera à me remettre les idées en place. J'y penserai plus calmement demain. Une chose est certaine néanmoins : si je mets la main sur ce fameux traitre... je le tue. De mes propres mains.
--oOo--
Personne : Hier, j'ai dû sortir en vitesse, donc je n'ai pas eu le temps de poster la chanson thème et rajouter la petite discussion habituelle Personne/Jules. Enfin, je le fais maintenant ! Donc, la chanson du jour est Nightmare, d'Arshad.
Jules : C'est de la triche. Nightmare est de toute manière la chanson du film The Maze Runner.
Personne : Ecoute, on fait ce qu'on peut, hein ! Et puis, la video est super ! regardez là !
Jules : Sinon, pour en savoir plus sur cette histoire de traitre...
Personne : vous verrez...
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