Partie 26
Au petit matin j'étais déjà debout que la salle de bain était occupée. Je patiente devant la porte afin de pouvoir effectuer mes ablutions lorsque Fatima ouvra la porte et me dit :
- "Mes excuses Monsieur, je ne vous ai pas entendu"
-"Il n'y a pas de souci, je vous en prie Fatima"
Je sens qu'elle a envie de me parler, mais comme si elle était gênée, elle me dit avec un demi sourire :
- " Merci pour tout Monsieur, pour votre enveloppe ... , je n'oublierais jamais votre geste! Votre bonté et votre compassion ... Vous êtes quelqu'un de bon qu'Allah vous rétribue pour cette sincérité du cœur qui est la votre..."
-" Ce n'est pas grand chose je vous en prie, si je pouvais faire plus j'aurais donné plus, c'est Sarah qu'il faut remercier... "
- " Oui, je serais éternellement reconnaissant envers Madame Sarah, même si je vous avoue j'ai une interrogation intérieur qu'Allah me pardonne mais je n'arrive pas à écarter ce murmure intérieur ..."
- " Je ne comprends pas Fatima ? Soyez plus clair "
- " Non laissez tomber Monsieur, je suis désolée je n'ai rien dit ...."
- " Exprimez vous Fatima, si vous avez confiance en moi "
Après quelques hésitations Fatima d'un air très gêné se livre enfin et m'avoue son ressenti :
- " Vous savez Monsieur, je ne suis pas habituée à autant de générosité, le fait que Madame Sarah prenne tout à sa charge; voyage, avocat ... Je suis tellement émue que j'en ai pleuré toute la nuit, je me suis mis à douter sur le fait qu'elle m'offre tout cela ... Est ce pour m'éloigner de vous?! Je sais que de penser cela c'est mal, mais je suis désolée c'est plus fort que moi, je n'ai pas dormi de la nuit ... Est ce que je suis médisante, mal intentionnée et mauvaise à ce point de penser ainsi alors qu'elle fait ce que personne ne m'a jamais fait par son geste incroyable et inestimable ...? "
Je comprends son interrogation mais je ne peux pas laisser penser cela de Sarah, je lui réponds :
-" Vous savez Fatima, enlevez vous cela de l'esprit, cela est l'œuvre du sheytan qui vous murmure de mauvaises pensées... , j'ai connu Sarah dans les pires conditions et je peux vous assurez que je n'ai pas vu beaucoup de personne arrivant à cheville en terme de générosité et de bonté ... "
À ces mots, Fatima pris un air confus, comme si elle venez de se rendre compte de mon estime pour Sarah... je me demande même si je n'ai pas été maladroit dans le choix de mes mots ...
- " Vous avez sûrement raison, mes excuses Monsieur, j'espère que cette discussion restera entre nous"
Son visage empreint de tristesse et de regret, je tente de la rassurer du mieux que je peux ...
- " Ne vous inquiétez pas, Kheir Inchallah , dans deux jours vous allez être près de votre fille , vous allez pouvoir la serrer dans vos bras et qui sait Inchallah peut être la ramener avec vous ici, c'est le plus important ..."
Je sens le malaise grandir chez Fatima comme si elle s'en veut déjà d'avoir dévoilé son ressenti et son cœur :
- " Encore une fois, je suis désolée, je compte sur vous pour garder ce sentiment que je vous ai dévoilé "
Je lui souris :
- " Ne vous inquiétez pas, allez prier le waqt va passer, je penses que vous venez de faire vos ablutions si je ne me trompe ..."
- "Oui vous avez raison, je vous remercie pour votre compréhension"
Je m'empresse de faire mes ablutions afin de pouvoir effectuer ma prière du Fajr. Je ne peux me sentir plus en paix avec moi même que lorsque je suis en prière dans cette Douceur Matinale qui me rappel mes prières dehors sur la terrasse de notre maison à Herat avant sa destruction... Ces champs à perte de vue... Durant ma prière le ressenti était si fort que mes souvenirs m'envahirent au point que j'ai eu besoin de sortir mon carnet de note et de m'empresser de décrire ces émotions qui me sont remontées comme si j'étais à nouveau à Herat chez moi :
- " Loin des tumultes de la vie,
Me voilà dans la brume matinale pour une pause en épris,
Un silence apaisant envahi mon esprit s'élevant,
Mon être s'illumine de ces premiers rayons levant,
Debout, mon cœur se dirige vers sa direction de prédilection,
Tout mon être est mobilisé, à cet instant hors du commun,
Mes mains se rejoignent pour un recueillement de circonstance,
Me voilà en communion avec la raison d'être de mon existence,
Conscient de sa présence éphémère, mon corps s'incline...,
Puis, se redresse, plein de sérénité pour davantage de louange...,
Et se prosterne, humblement devant son Créateur,
Lui témoignant sa soumission totale dans cet instant de pur bonheur...
De cette harmonie du corps et de l'esprit, naît une sensation d'accompli,
Se clôturant par un salut de révérence par-dessus l'épaule à travers ce décorum d'inspiration.
Mon esprit apaisé se met à contempler, ce paysage plein de splendeur,
Mon regard se perd dans ce tableau d'une nature en exposition,
Mon âme désireuse de liberté rêve d'évasions,
Devant moi, ces champs de coquelicots d'une beauté en couleur,
Entre sensualité et frisson mes yeux abreuvent mon cœur en émoi.
Cette composition florale des couleurs est une merveille en soi,
Entre les pâquerettes et les coquelicots en éveilles,
Mon corps hume un bien être sans pareil,
C'est une invitation à la méditation repoussant l'horizon de l'esprit sans toit,
D'une parfaite harmonie, ce paysage nous interpelle,
Écoute le battement du cœur de cette nature qui vie,
Admire la symbiose de ce bouquet de vie,
Sens la fraîcheur de cette nature pleine de douceur en aquarelle,
Le bonheur n'est il pas à la porté de tous dans la simplicité?
Tout ceci n'est il pas une miséricorde d'Allah pour nos âmes essoufflées ?
N'est ce pas un vrai remède pour le corps et l'esprit enquêtes de sérénité ?
Il faut juste savoir observer et admirer avec la sincérité,
D'un cœur humble s'inclinant par amour pour Allah.
Seules les graines semées par amour d'Allah,
Permettent une récolte d'abondance sur les terres de nos cœurs.
Ô Allah fait en sorte que mes actes soient toujours à ton service au-delà des leurres.
Pardonne-moi mes manquements et couvre mes erreurs par Ta miséricorde,
Mon cœur te suppliant, en raison de sa faiblesse avérer, ne réclame que Ta mansuétude. "
Je comprends mieux ce hadith que mon ami Fahmi répétait souvent comme pour m'inviter à la réflexion :
Le Prophète (S A W) a dit: "Quand la douceur est dans quelque chose, elle ne peut que l'embellir et quand elle est retirée, elle ne peut que l'enlaidir".
La prière et mon dhikr fini, la maison s'était réveillée, un à un tout le monde se retrouva dans la cuisine, pour le petit déjeuner que Fatima avait comme à son habitude préparait avec amour ...
Sarah avait dès le matin pris contact avec son amie avocate et avait réservé les billets d'avion pour Fatima afin qu'elle puisse se rendre à Marrakech et rejoindre sa fille et son ex mari au plus vite ... Dans deux jours son vole est programmé, elle est dans un état second à l'idée de revoir sa fille...
Au petit déjeuner Moshe de bonne humeur lance un sujet qui me mis mal à l'aise... Il dit:
Avez vous vu et entendu le nombre de migrant sur les routes en direction de l'Europe ? C'est incroyable pourquoi veulent ils tous venir chez nous ? Pourquoi les hommes ne restent pas là bas pour ce battre ? La France comme la plus part des pays européens ne peuvent contenir et accueillir toute la misère du monde ? Ils ne comprennent pas qu'il n'y a plus de place ici ? Vous êtes pas d'accord avec moi ?
La réaction de Sarah fût direct, le bol de céréale suspendu, elle s'arrête de boire, son regard glacé me croise avant de s'abattre et de fixer son Père:
- "Papa ! Tu es sérieux ?!"
Même Yanis malgré son jeune âge comprit la question gênante et me fixait des yeux, comme pour attendre ma réaction ...
Moshe, étonné par le ton et la réaction de Sarah se retourne vers moi, comme pour chercher une réaction, un soutien ? une provocation ? je ne sais pas trop ...avant de poursuivre avec une posture presque naïve :
- " Quoi ? J'ai dit ce que beaucoup dans ce pays pense , j'ai juste donné mon avis, vous avez le droit de me contredire mais n'est ce pas la réalité ?"
Sarah , le sourire matinal perdu, s'invective avec force :
- " Papa! C'est pas possible !! Comment tu peux penser ou soutenir ce genre de propos ?! , nous avons à table avec nous des invités qui sont directement concernés par tes réflexions que je trouve pour le coup blessantes, humiliantes et déplacées ! "
Sentant que l'ambiance est mal partie, je décide d'intervenir pour calmer le jeux où plutôt voir ou comprendre les intentions de Moshe ... Je demande à Yanis de rejoindre Fatima dans la cuisine pour lui épargner ce dialogue très mal engagé . Moi qui pensais que leurs discutions d'hier soir avait permis un nouveau départ ...
Je comprends de suite où il veut en venir avec ses pensées inappropriées au vu de ma situation avec Yanis et de ma relation privilégié avec Sarah, je suppose que Sarah lui a confié ses sentiments à mon égard ... Entre agacement et souci de la mesure, je lui réponds dans une réplique assez forte :
- " Me voilà chez vous en France,
Contre votre gré si j'en crois vos interrogations aussi limpides que franches, c'est vrai nous ne sommes pas en règle,
Mais simplement en quête d'une vie plus digne,
Pensez vous que la misère laisse le choix ?
Me voilà chez vous,
Sans votre accord, c'est vrai, nous sommes devenus des fardeaux, des indésirables , des mendiants du bonheur probablement utopique certes ...
Vous aimeriez tant me renvoyer,
Pensez vous que la guerre laisse le choix ?
Me voilà chez vous,
Je vous dégoûte sûrement, je n'ai pas la classe, je n'ai pas les moyens, je ne côtoie pas les cercles vertueux de la bienpensance ... je suis devenu un esclave du bon vouloir de ceux que je croise ...
Votre petit paradis est sali par notre présence, encombré ou bien peut être envahi par une horde de réfugiés musulmans en tout genre qui fuient les démons chez eux, pour réaliser le grand remplacement comme certains le pense très fort ou le prédisent aujourd'hui ...
Pensez vous que l'enfer laisse le choix ?
Savez vous pourquoi je suis ici ? Avez vous la moindre idée de ce que nous avons vécu ou subi ?
J'avais une famille! un Père , une Mère, une Femme et des Amis,
J'avais un travail, des loisirs, des passions et des rêves,
Vous avez raison, qu'est ce que je fais ici ?
Je suis devenu, pour vous, comme ces rats qui lorsque les égouts sont inondés n'ont d'autre choix que de sortir en surface pour ne pas mourir noyer ...
Mais vous savez, chez moi, là bas d'où je viens, nous avons subi des torrents de bombes, nous avons tout perdu ou presque... Vous savez, ces bombes lâchées par la coalition au nom de la démocratie, ce sont vos bombes fabriquées ici, larguées par vos drones que des soldats déshumanisés pilotent à des milliers de kilomètres comme si nos vies étaient des bonus, nous sommes assimilés à ces méchants que l'on doit dégommer dans les jeux vidéos ... avez vous une idée de combien de famille complétement décimée à cause de vos dommages collatéraux!
Pensez vous que les bombes laissent le choix ? "
Sarah intervient, je fais un geste de la main comme pour lui dire je n'ai pas fini... je continue :
- " Grâce à vos dirigeants mon pays, comme les pays voisins dans la région ... sont dévastés, meurtris! Mon rêve est de vivre en paix chez moi si possible ! Mais chez moi c'est l'enfer ! Une fois partie, vos armées et vos politiques laissent derrière eux tellement de démons que nous sommes en train de nous entretuer! Chez nous, la vie est devenue moins chère qu'une balle... La mort nous sourit à chaque coin de rue, lorsque les éclaires et feux d'artifices nous tombent pas sur la tête en provenance du ciel... nos villes jadis célèbres pour la route de la soie sont devenues des cimetières à ciel ouvert, on peut la renommée en parlant de la route de la mort ou de l'enfer ...
La plus part de mes amis et de ma famille sont décimés, j'ai perdu ceux qui m'étaient le plus chers au monde ...
Je n'ai plus de travail, je n'ai plus de rêve,
Je ne suis pas ici pour vous déposséder où vous nuire, non je ne suis pas là pour vous envahir avec ma culture, mes croyances où mes coutumes ... J'ai bien trop de respect pour l'identité de chacun et de son histoire pour m'imposer d'une quelconque manière ...
Non malgré la misère et le destin,
Je suis encore debout pour me reconstruire, faire en sorte que mon fils ne devienne pas un terroriste fanatique où une bombe à retardement contre des vies innocentes ici ou là bas ...
Loin de vos bombes, de vos crimes sans images et sans son, votre rhétorique est si facile, si clair et si défendable sans témoin direct ...
Non je ne quémande pas votre pitié !
Pas plus de la France que de celle de l'Europe.
Non je ne suis pas là pour vos allocations, ni pour voler votre pain où votre travail ! Je ne suis pas là pour violer vos filles ou vos femmes !
Car vous pensez que parce que nous sommes des immigrés réfugiés vivant dans la misère que nous sommes devenues des bêtes sauvages sans valeur sans moral ? Lorsque je vivais il y a peu dans les camps nous avions droit à tous les préjugés ! Il n'y a rien de plus blessant que de se sentir déshumanisé ... Avez vous déjà ressenti ce sentiment ?
Oui je suis chez vous, je cherche le souffle de l'espoir, un peu de répit pour mieux partir ...
Je veux rebâtir une dignité sur les ruines de mon âme, donner de l'espoir à mon fils au-delà de la haine qu'il pourrait cultiver lorsqu'il sera en age de comprendre qu'au nom des mensonges inqualifiables, son pays, sa famille et ses amis ont été décimé ... faute de bouc émissaires nous avons payés et avons été sacrifié par notre sang par pure vengeance en réponse aux victimes du 11 septembre 2001!
Rassuré vous, je n'ai pas de haine, je ne suis pas un "islamiste" comme vous aimez si bien nous qualifier, je ne suis pas programmer pour devenir un terroriste, je ne risque pas la radicalisation expresse !Ma religion et l'éducation de mes parents m'ont permis de planter les graines de l'amour dans mon cœur, dans ma foi et ma religion la vie, oui toutes les vie sont sacrées ...
Je pensais hier, en me battant pour vous donner le droit et l'occasion de parler avec Sarah que vous auriez un peu d'estime et de reconnaissance ... Et surtout, vu vos origines si je ne me trompe pas, je suis désolé d'évoquer cela mais je pense que personne d'autre que vous est mieux placé pour comprendre ce que nous subissons ... Avez vous oubliez comment l'empire Ottoman vous a ouvert ses bras lorsqu'en Europe les juifs ont subi expulsions et purges massives... Mais bon l'histoire et les consciences sélectives sont devenues la norme dans les sociétés dites modernes ...
Je vais arrêter là, car par respect pour Sarah je ne veux pas allez plus loin dans ma démonstration mais sachez que vous êtes aux antipodes des valeurs et des principes de votre fille pour qui je donnerai mon cœur même si nos religions sont différentes ...
Le regard de Moshe qui brillait de bon matin s'était assombri, on pouvait lire une certaine honte et une pointe de regret mais le mal était fait ... Il cherchait ses mots lorsque Sarah lui dit :
- " Tu es fier de toi ?! C'est cela que tu voulais entendre ? je croyais que tu voulais changer!!! ..."
Moshe tente de se justifier, mais je n'en peux plus, je lui dis :
- " Je vous laisse, je dois me reposer, je vais dans la bibliothèque si vous me chercher Sarah"
En quittant la table, il y a comme un calme précurseur d'une tempête qui s'installe...
Fatigué de cette situation, je me retire dans la bibliothèque, je sens le besoin d'écrire, j'ai besoin d'écouter les mots de mon âme, sa solitude... je compose cette missive La solitude dans l'Âme que je vis ... Ma plume accompagne les larmes de mon cœur face aux abysses d'incompréhension que je viens d'entendre, mes mots se baignent dans l'encre de l'amertume que mon âme ne finit plus de consumer tel un buvard rompu aux maux .... j'écris, laissant ma plume poser les mots des maux ...
Dans ce brouillard des codes sociaux, je m'aventure dans les chemins de travers, je cherche un comptoir pour trouver oreille attentionnée à ma détresse. L'ivresse de la vie n'a de sens que dans l'exaltation d'une foi apaisée. Je cherche les liqueurs de l'amour pour mieux résister aux épreuves de la vie qui s'abattent sur ma vie de misère. Les sages me disent qu'il faut faire preuve de patience, chose que je n'ai jamais réellement su pratiquer en ces temps bousculés.
Mon désir est simple, trouver une sérénité afin de patienter jusqu'à mon tour dans cette vie de passage où les êtres sont damnés pour leur insolence à la finalité de la vie. Roder dans les ruelles de mes pensées qui ne connaissent ni limite ni obstacle, se perdre dans les croissements des opinions sur les conditions du bonheur, tel est mon destin en ces lieux propices à la dérive. Porté par un phonème que je ne saurais ni décrire ni identifier, je suis à la merci de ce guide intérieur dont je doute de sa bienséance à mon égard.
Détresse de la vie ou angoisse passagère, déprime de circonstance ou dépression prononcée, je ne sais quoi penser de mon état dans ces instants de solitude totale en plein cœur de ces foules que je croise dans tous les instants de la vie. Aucun regard ne peut voir ma détresse, aucun cœur ne peut sentir ma douleur viscérale, aucun esprit ne peut imaginer l'obscurité qui aspire mon âme dans les abimes de la vie. Je cherche les sagesses d'amour chez les philosophes que l'on présente comme les lumières de la vie pour tout esprit indomptable, je n'ai trouvé que plaisir linguistique dans une rhétorique des jouissances éphémères. Avec le temps ces jouissances de contingences deviennent misère et fardeau pour mon âme qui ne peut se satisfaire des pré-requis de ces postulats sans fins.
Marcher en direction de mes contemporains, pour mieux les comprendre et trouver mes réponses à mes états d'âmes sont mes passes temps pour consommer du temps à cette vie hostile à toute âme affaiblie et fragilisée par l'érosion des déceptions rencontrées. Ma tristesse est à la hauteur de ma déception, ma solitude incomprise dans cette vie n'a de réceptacle dimensionné à sa taille. J'avance chaque jour avec des larmes intérieurs que nul ne peut voir, je crie de douleur sans que personne ne puisse m'entendre et comprendre ma détresse. La solitude est devenue ma compagne de route sur ce long voyage de la vie dont je perds régulièrement le sens, tant les épreuves deviennent et paraissent insurmontables.
J'appréhende chaque instant à venir, je regrette chaque instant passé tout en ne sachant, que faire de l'instant présent que je ne sais saisir et rendre utile à ma condition. La solitude est devenue plus fidèle que mon ombre, je n'ai su la briser ni la répudier. Carapace d'un jour, tranquillité d'un instant, elle a toujours su se présenter à moi sous sa plus belle apparence, comme jalouse qu'elle ne soit trompée par un autre. Devenue amante d'une vie complexée par les explosions de contradiction interne, je n'ai plus de force pour contenir cette haine que je lui voue. Fatigué par les tourments de mon âme dans cette solitude sans faille, je me résigne à prendre la vie avec sagesse et humilité. Nonobstant mes envies de tuer cette condition d'état de mon être façonné par cette solitude, je dois lui reconnaitre sa présence à défaut de confident pour mon âme qui se réconcilie avec sa meilleure amie.
Trouver une note d'optimisme dans cette solitude immuable, voilà une étrange manière de rendre les amertumes de la vie plus supportables. Jouissance et souffrance sont les fruits de cette solitude que l'on fini par prendre comme amie malgré nous. Seul ma foi en Allah me permet dans l'intimité de mon cœur de briser cette solitude. Si mon être vie la solitude de la compréhension des autres, mon âme a trouvée gîte et couvert dans l'espoir, la grâce et la miséricorde qu'Allah accorde à ceux qui font preuve de patience et de constance dans leur adoration en ces lieux inhospitaliers à l'apaisement des âmes essoufflées par les aléas de la vie.
Pris dans les filets de mes maux que je tisse de mots en mots, la porte s'ouvre, je perçois Sarah en larme qui referme la porte derrière elle et me dit :
- " Je suis vraiment désolé Süleyman, je vous l'avez dit ! vous m'avez pas écouté hier soir ! Je vous dois des explications sur ma relation compliqué avec mon père ... "
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