J'observe Sarah s'éloigner pour répondre au téléphone.

Je suis très confus, pris entre un bonheur au goût de miel et une gêne indescriptible. Que c'est il passé ? Je suis saisi d'un sentiment d'angoisse brutal, accompagné de douleurs, de difficultés à respirer, une sensation de manquer d'air, de sueurs, de palpitations et de fourmillements. J'ai l'impression d'avoir des troubles de la vision, l'apparition d'un voile noir devant mes yeux, comme des vertiges, un sentiment de faiblesse généralisé. Je suis plongé dans un malaise...

Je ne veux pas faire transparaître mon état à Sarah. J'ai le sentiment d'avoir trahi mes principes, mes convictions, ma foi ... d'avoir trahi Sorayah ... j'ai comme le sentiment que Yanis était là, qu'il me regardait comme pour me dire, comment tu peux faire cela à Maman ! Tu l'as si vite oublié !?

Je n'en reviens pas, je viens d'embrasser une femme en public sur la bouche devant une foule applaudissant un acte blâmable qui m'aurait coûté cher de là d'où je viens.... Mais que puis je faire contre l'amour ? Que puis je faire contre le destin ? Que puis je faire contre cette vague incontrôlable que Sarah insuffle ...

- " Süleyman, c'était Frederic, il a un empêchement, il s'excuse et propose de nous rencontrer ce week-end"

Je lui souris malgré mon esprit très confus.

- " Très bien Sarah, je suis à votre disposition vous le savez."

Elle me dit aussitôt:

- " Cela tombe bien, j'ai envie de vous faire découvrir Paris, nous avons tout notre temps si cela vous dit bien-sûr?"

- " C'est très gentil Sarah, mais je n'ai pas envie que Yanis se fasse du soucis, il serait préférable que l'on rentre pas trop tard ..."

- "J'ai une idée, je vais appeler Fatima et lui demander d'emmener Yanis au cinéma ... "

Les yeux de Sarah brille, à chaque fois qu'elle me regarde, le bonheur se lit sur son visage resplendissant. Comment lui expliquer mes sentiments et mes principes. Comment lui dire que malgré mon admiration pour elle, il y a des étapes et des règles qu'un homme comme moi ne peut outre passer ?

Devant cette état de bonheur de Sarah, je ne sais pas ou je n'ai pas la force de dire non. Je me dis qu'il serait indécent de lui briser ce moment de joie après tout ce qu'elle a fait pour Yanis et moi... Je lui réponds :

- " C'est une bonne idée, il sera ravi ..."

Sarah est excitée, tout, dans son regard exprime l'amour, le désire et la joie de vivre. Elle veut me faire découvrir Paris dans les moindres détails ...

Nous voilà partis pour une promenade sans fin, une visite de Paris.

- " Süleyman vous savez, je l'ai toujours dit, Paris est l'une des villes les plus romantiques au monde à condition d'y vivre et venir avec une âme sœur ... "

Je lui souri avec un regard approbateur avant de lui répondre :

- " Oui je vous crois volontiers Sarah, si l'on dit de Paris que c'est la ville par excellence de l'amour alors il est évident que l'amour ne peut se concevoir seul, il faut être deux ..."

Tel un couple découvrant l'ivresse de l'amour et vivant la Saint-Valentin, Sarah me fait découvrir un lieu magnifique et apaisant où la romance prend tout son sens. Le Jardin du Luxembourg situé au cœur du 6ème arrondissement, ce dernier est une invitation à la détente complice et à la rêverie.

Loin de la foule qui vient d'épier notre instant de folie, je me sens plus détendu, les détails de ce lieu me laisse songeur ...

Je n'arrive pas à y croire, me voilà dans un moment de béatitude, comme si mon passé voulait enfin laisser le droit au présent d'exister.

Se promener main dans la main dans les allées du parc et s'échanger un « Je t'aime » du côté de la Fontaine de Medicis, un instant magique que Sarah me fait vivre. Elle ne me lâche plus la main, les doigts enlacés, je ressens la moiteur de sa main. A chaque pose, elle pose sa tête sur mon épaule.

Face à un plan d'eau décoré d'une statue représentant Galatée et Acis, j'ai l'impression que ce couple mythologique de jeunes amoureux son à l'image de notre histoire. je ne pouvais rêver mieux pour atténuer la folie des sentiments.

Elle m'avoue combien de fois elle a rêvé de cet instant magique.

Je me perds dans le regard lumineux de Sarah qui vous emporte dans la douceur de la soie. Elle est une bouffée d'oxygène qui m'offre le droit de rêver à nouveau malgré mon vécu...

Les arbres qui entourent la fontaine donnent au lieu beaucoup de charme. Sarah m'invite à regarder les petits poisons rouges et nous voilà les yeux dans les yeux dans ce miroir que nous offre le reflet de l'eau. Nous nous penchons légèrement le désir de l'embrasser me gagne. Mais je ne peux faire ce pas, c'est contraire à mes coutumes et ma tradition. Sarah m'offre un bisous volé, comme pour dire "je sais que ce désir est partagé " .

Sarah se redresse et me tire par la main:

-"Venez Suleyman, j'ai une surprise pour vous"

Elle m'invite à prendre un verre, elle me regarde et souris en disant :

- " Alors Süleyman peut on fêter notre Amour par un verre de Champagne ?"

Je lui souris, elle rigole et me dit aussi tôt:

-" Bien-sûr sans alcool" Je lui dit :

- " Avec plaisir Sarah "

Fou de joie elle me dit : 

- " Regardez Süleyman vous voyez cette tour, là-haut, ce trouve un bar qui se nomme au Ciel de Paris, au 56ème étage. C'est la Tour Montparnasse. Elle offre une vue imprenable sur Paris et la Tour Eiffel. C'est la haut que je veux rendre notre journée mémorable à jamais."

De ce sommet, la vue est imprenable, j'en ai les larmes au yeux. Paris rayonne de toute sa splendeur. Le soleil caresse les toits grisâtres, l'harmonie est saisissante au point de se dire comment est ce possible?

Vue du ciel, le décor est juste sublime, ces cheminées, ces toits en zinc, ces monuments uniques que la dorure de leurs décorations scintillent en transperçant l'horizon de ce nuage de zinc, comme pour vous interpeller dans une concurrence de charme.

Cette ambiance inimitable et insolite vous projettent dans un monde féérique où le temps s'arrête un instant et vous donne l'occasion de regarder le monde avec les yeux de l'enfance et de l'innocence.

Être sur le toit de Paris est juste surréaliste et magique, la vue panoramique est tout simplement époustouflante. La dame de fer se dévoile comme nul par ailleurs...

Sarah les cheveux au vent, la regarde, fixée sur la tour Eiffel, elle me dévisage  et me dit :

-" Suleyman j'ai froid il y a trop de vent"

Chez nous lorsque qu'une femme vous dit qu'elle a froid, c'est en réalité une manière de dire, venez m'enlacer de vos bras et de votre corps., pour sentir votre chaleur, comme pour dire "mon coeur vous réclame".

Je lui souris pour lui dire j'ai compris. Mais je ne peux aller plus vite que la musique, je lui propose ma veste pour la couvrir.

- " Tenez Sarah, prenez ma veste"

- " C'est gentil, mais vous allez tomber malade Suleyman!"

- " Ne vous inquiétez pas Sarah, j'ai traversé et fait face à tellement de danger pour en arriver là où je suis que ce vent est une douceur pour mon cœur en votre présence. Vous êtes cette chaleur, ce bonheur qui donne vie au cœur meurtri tel que le mien "

Esquivant mon regard comme pour me cacher les larmes de ses émotions, elle se retourne me laissant de dos.

Je dépose la veste sur ses épaules. A cette instant, elle me saisit mes deux mains et les enlaces autours de son cou.

Je suis traversé par un torrent de chaleur qui me remonte. Mon cœur s'emballe, mes mains deviennent moites, mes jambes vacillent, je suis pris dans un tsunami  d'émotions colorées qui bouleverse mon corps, mon cœur et mon esprit. Je sens vibrer chaque cellule qui me compose, je tremble comme à bout de nerf. J'ai l'impression que quelque chose a éclos  transcendant mon être.

Après de longues minutes passées, enlacés les yeux rivés sur la tour Eiffel depuis le toit de Paris, nous avons mélangé nos larmes de bonheurs et d'émotions, comme pour sceller un destin.

Après avoir terminé nos verres de San Pellegrino Sarah me dit :

-" Venez Suleyman, je vous emmène au village "

Je rigole en prenant un air comme pour dire vous n'êtes pas sérieux Sarah.

- " Quel village Sarah? nous sommes à Paris! "

- "Suivez-moi, je vais vous faire découvrir La Place Dauphine et le square du Vert Galant, vous allez aimer"

Je la suis comme un enfant à qui l'on veut tout faire découvrir pour lui donner le goût des choses simples de la vie .

"J'ai envie de vous chanter la chanson « Paris s'éveille » de Jacques Dutronc, c'est grâce à lui que la Place Dauphine a été rendue célèbre. "

- " oh je ne savais pas que Madame avez des talents cachés"

Elle me jette un regard sérieux vite brisé par un sourire et un rire. Elle me donne une petite tape sur l'épaule et me dit :

- " Quoi! Vous doutez de moi Süleyman?!"

Je rigole tout en faisant un geste d'esquive :

- "Non je rigole, comment douter d'une femme aussi parfaite que vous Sarah"

- " Je préfère cette réponse"

Entre rire et bonheur, les distances paraissent inexistantes...

Une fois, sur les lieux, je découvre ce charmant et ce calme qui ressemblent à une place de village, situé à deux pas de la Seine et du Pont Neuf. Ici le temps avance au ralenti.

On s'assied sur ces fameux bancs, on s'y prélasse en amoureux à l'abri des bruits de la ville. Sarah se dévoile un peu plus sur ses rêves, elle me raconte l'histoire de sa mère. Je l'ai jamais vu autant pleurer. Je la console autant par mes mots que par mes étreintes.

Chaque larmes que j'ai pu essuyer sur son visage me dévoile son cœur si généreux et si bon. Comment ne pas aimer une femme pareille ? De son charme, je suis genoux à terre. De sa générosité, j'en suis touché jusque dans mon âme. De sa sensibilité, mon cœur chavire à la moindre de ses vagues d'émotions ... tout chez elle me rappel Sorayah.

J'ai le sentiment d'être dans une bulle de verdure à l'ombre des feuillages, extirpé du cent à l'heure quotidien de la vie parisienne. Ici l'on savoure le temps sous les ombrages de la gaité.

- "Venez Suleyman, j'ai envie de marcher un peu"

Elle se lève du banc, me tire par la main. Je suis ses pas autant que son coeur.

À l'autre bout, je découvre le square Vert Galant, formé par la pointe de l'île de la Cité et entouré d'eau. Sarah me transmet son émerveillement. Je suis fasciné par autant de beauté. Il fait bon s'y détendre, rêver en regardant passer les péniches et autre bateaux-mouches.

Apres un petit repos Sarah se lève et me dit: 

- "Venez Süleyman, j'ai un endroit que j'affectionne particulièrement que je souhaite vous faire découvrir"

-" Très bien Sarah avec plaisir "