Le lendemain elle attendit impatiemment la fin des cours, le moment où son bien-aimé sonnerai à la porte. Chaque minute lui semblait durer des heures. Mais le moment se rapprochait.

Quand Nathan arriva, elle était dans sa chambre. A la première sonnerie, écoutant de la musique, elle ne réagit pas. A la seconde, elle tressaillit et enleva son casque. Pourtant lesilence demeura complet. Elle se précipita à la fenêtre et le vit s'en aller. Karen se précipita en bas.

Elle ouvrit brusquement la porte et resta là, paralyzée sur le perron. A quelques mètres, Nathan la regardait avec un soulagement evident. Ils restèrent là, à se dévorer des yeux. Et tou se remit en place.

La jeune fille se jeta dans ses bras. Il l'enlaça et l'embrassa avec fougue. Il riait et pleurait en même temps. Mais c'était des larmes de joie. Il avait cru qu'elle ne le pardonnerait jamais. Elle lui rendit son baiser, comme la première fois où ils s'étaient embrassés.

Elle descela ses lèvres des siennes et plongea son regard dans le sien. Il ne la lâcha pas, la maintenant contre lui, comme si, à tout instant, elle pouvait prendre peur et retourner s'enfermer.

Il la reposa. Dans sa joie et son soulagement, il l'avait soulevée. Ils entrèrent dans la maison, se tenant par la main, sous un bruissement de feuilles.

Nathan s'installa sur le canapé et elle se blottit dans ses bras. Ils restèrent là, silencieux, profitant de la présence de l'autre, échangeant de temps en temps une caresse insignifiante.

- Ca va ? demanda le jeune homme à l'oreille de Karen.

- Mieux, maintenant que tu es là, répondit-elle en se blottissant encore plus contre lui.

Ils redevinrent silenieux.

- Je suis désolé de t'avoir fait mal, s'excusa-t-il sans la regarder.

- J'ai eu le coeur brisé quand je t'ai ... quand je vous ai vu. Mais maintenant que je sais ... De quoi t'as-t-elle menacé, demanda la jeune fille de but en blanc.

Il fixa la fenêtre qui donnait sur la rue sans rien répondre.

- Je sais que tu ne veux pas me le dire, mais s'il-te-plaît ...

- Non, décréta-t-il d'une voix dure.

- Pardon !?

Karen s'était dégagée et le regardait, de la fureur plein les yeux.

- Alors comme ça je n'ai pas le droit de savoir de quoi elle t'a menacé sous prétexte qu'elle pourrait passer à l'acte ? Et comment pourrait-elle savoir que je suis au courant, hein ? s'emporta-t-elle en voyant qu'il ouvrait la bouche pour ajouter quelque chose.

- Ce ... tu n'as pas idée de ... tu es en ... je ne veux pas ... balbutia-t-il dans une vaine tentative pour lui expliquer.

- Non ! hurla Karen. N'essaie pas de te justifier ! cria-t-elle en se levant et lui tourant le dos. Je n'arrive pas à y croire, continua à voix basse la jeune fille pour elle-même, et si ... non ... m'auraient menti ? ... Ce n'est pas ...

- Ce n'est pas ce que tu crois ! s'exclama son petit ami en se levant bruquement et comprenant ce qu'elle baragouinait.

- Alors en quoi je me trompe !? cria-t-elle en se retourna comme une furie.

Nathan se rassit et prit sa tête dans ses mains, les coudes sur les cuisses.

- Elle a dit qu'elle te tuerait, finit-il par lâcher dans le silence.

La jeune fille eut un hoquet d'incompréhension.

- Quoi ? demanda-t-elle doucement.

- Zoey a dit qu'elle te tuerait si je ne lui obéissait pas.

Elle en resta sans voix. Son - ancienne - meilleure amie serait prête à la tuer pour pouvoir sortir avec Nathan ? Cela lui paraissait improbable et pourtant ...

La voyant paralysée de stupeur, il se leva et se tint devant elle. Karen le remarqua et glissa une main dans ses cheveux de jais et posa l'autre sur sa joue. Il l'enlaca et se fixèrent du regard. Ils se remirent à s'embrasser.