Chapitre 2 : Une escapade enrichissante

Izuku retombe sur ses deux pattes, un immense sourire peint sur son visage tandis qu'il se rue vers ses deux amis qui l'attendent en contre-bas. 

- Alors ? Demande immédiatement Denki, l'elfe au tempérament électrique, qui court en sa direction, inquiet.

- Il a dit oui ! Se réjouit le vert en brandissant un bras, conquérant. 

- Je suis tellement content pour toi ! Il le prend dans ses bras, le serrant aussi fort que son corps le lui permet. Il sait à quel point Izuku rêve de cette escapade, et cela depuis si longtemps. Cela n'a jamais été pour lui qu'il tannait autant le vieux Yagi, mais bien pour son ami. Tu sais par où commencer ? Où aller ? Demande t-il en reculant, marchant à son rythme pour rejoindre Yuga qui les attend un peu plus loin. 

- Absolument pas, je suis même encore un peu sous le choc. J'ai tellement d'idée en tête, mais surtout, tellement de possibilité. Il se frotte l'arrière du crâne, rabattant ses ailes pour ne gêner personne sur les sentiers.

- Le mieux c'est de commencer par le début. Rigole Denki en se frottant les mains. 

- Je te vois venir toi. Ne lui met pas de pression, et encore moins de mauvaises idées dans la tête. Yuga apparait derrière eux, et ne manque pas d'asséner une tape sur la nuque de Denki en signe d'avertissement. 

- Je n'ai encore rien dit ! Se défend t-il en levant les bras, en signe de complète innocence.

- Justement, c'est ce que je te reproche, de mijoter quelque chose. 

Izuku rit en regardant ses deux fidèles amis se chamailler comme ils le font depuis tant d'années maintenant. Ils sont un trio inséparable depuis leur enfance. Encore aujourd'hui ils ont des habitudes qui ont la vie dures. 

- Vous avez tout ce qu'il vous faut ? Demande le jeune Phoenix en prenant la tête du petit groupe.

- On part maintenant ? S'étonne Yuga, une main sur la joue, les sourcils froncés.

- Pourquoi pas ? Mon père m'a donné l'autorisation alors autant en profiter avant qu'il ne change d'avis. 

- Izuku n'a pas tord. Il fait encore jour pour quatre bonnes heures, de quoi avoir le temps de faire pas mal d'activité. 

Ils regardent Yuga, l'elfe à l'élégance inégalé, avec un immense sourire et des yeux de merlan frit, de quoi faire craquer le plus jeune des trois. Il pousse un long soupire, les bras ballants, avant d'agiter la main vers eux. 

- Allons-y avant que moi aussi je ne change d'avis. 

Ils finissent donc par prendre la route en direction de la forêt, ne manquant pas de saluer les autres sur leur passage. Ils sont connus pour se fourrer dans des bêtises aussi grosse qu'eux, Yuga étant toujours celui qui cède par amitié, tandis que Izuku est toujours friand de nouvelles expériences et que Denki est celui qui coordonne ces expériences. Ils n'ont jamais eu l'autorisation de quitter le village, encore moins de s'éloigner trop loin de la porte. Une porte banale, légèrement fortifié et faite en bois d'acacia, mais elle marque l'entrée sur leur territoire. Les arbres sont les murs qui les protègent et la flore s'est parfaitement adaptée à eux. C'est un échange de bon procédé entre la nature et les vivants qui savent respecter les lois. 

Il n'aura pas fallut longtemps avant que l'entièreté de la communauté n'apprenne pour leur sortie, au grand damne de Yagi qui devra justifier cela par un acte de pur amour pour son fils, si tenté que les autres comprennent un jour qu'il ne peut pas indéfiniment tout interdire à Izuku. L'enfermer dans une prison verdoyante ne lui brisera jamais ses rêves, et encore moins ses ailes, au plus grand bonheur de son père qui ne se lasse pas de voir les étoiles dans les yeux de son fils. Il se souvient encore, à chaque fois qui lui racontait une histoire, il voyait dans les yeux d'Izuku à quel point le jeune garçon avait soif d'aventure. Cette autorisation lui offre une première expérience en extérieur, où est le mal dans tout ça ?

____

Partit depuis maintenant une bonne heure, le trio comprenait maintenant pourquoi l'ont surnomme cette forêt : La forêt impénétrable. Du moins, c'est ainsi que les plus jeunes l'ont renommés car aucun ne parvient à retenir son nom.

- Je n'avais jamais remarqué à quel point les arbres sont denses et l'humidité étouffante. Essayant pitoyablement de faire un appel d'air avec son col, Yuga constate malgré lui à quel point sa sueur ne fait plus qu'un avec sa chemise. 

- Il ne manquerait plus que nous tombions sur un marécage et ce serait le comble. Bougonne Denki en grimaçant, ses souliers se retrouvant recouvert de mousse. 

- C'est vrai que c'est bien loin de notre confort habituel mais ce n'est pas pour me déplaire. Sourit le meneur en serrant sa petite sacoche. 

- C'est sans doute l'appel de l'aventure qui te fait voir la vie en rose. Grimace Denki en esquivant une énième racine.

- J'aurais plutôt dit la vie en vert. Ricane Yuga en regardant autour de lui. 

Izuku secoue la tête en comprenant parfaitement le sentiment de ses amis. Après tant d'années à savourer le confort d'une terre meuble et travaillé par les elfes, ce n'est pas de tout repos de voyager à même la mousse et les racines. Ses serres lui sont bien utiles pour marcher car elles adhèrent parfaitement à la forme des troncs et du sol, et il n'est pas à plaindre. Il commence de plus en plus à prendre goût à cette sortie alors qu'ils n'ont pas vu énormément de vie autre que la leur. 

- Izuku... Denki est en appuie sur un arbre, le souffle court. Ce n'est pas que je m'ennuie mais ça fait plus d'une heure qu'on marche et il n'y a toujours rien. 

- Je compatis, le rejoint Yuga essoufflé comme jamais. Nous n'en pouvons plus. 

- Oh... Regardant ses pattes, le visage déconfis, le jeune Phoenix se sent subitement très nul. Prit de frénésie il n'a pas pensé aux capacités physiques de ses amis qui n'ont absolument pas la même aisance que lui. Je suis désolé, je n'ai pas pensé que cela prendrait autant de temps pour sortir d'ici. Si l'on compte le temps de trajet de retour, ils auront une chance de rentrer avant la nuit si ils rebroussent chemin maintenant. Par ailleurs, à cette idée de retourner dans le village, coupant court à cette liberté soudaine, le cœur du vert se sert un peu. 

- Tu sais ce n'est que partie remise. Le console Yuga en souriant piteusement. Le pauvre est en transe tellement il meurt de chaud. 

- On se rattrapera une prochaine. Le rassure Denki. De toute manière nous n'étions pas bien équipés.

- Une prochaine fois ? Demande t-il en fronçant les sourcils. Et ce sera quand ? L'année prochaine ? Celle d'après ? 

- Voyons ne soit pas bête. Je suis certain que ton père acceptera plus facilement si l'on rentre maintenant et surtout, si l'on rentre sans égratignure. 

Un temps passe durant lequel le jeune Phoenix serre de plus en plus la lanière de sa besace, son visage devenant plus dur. 

- Je refuse. Dit-il, catégorique.

- Ne dit pas de bêtise. S'énerve légèrement Denki. On ne va pas continuer, Yuga et moi sommes à bout de force. Nous n'avons pas l'habitude de marcher autant. Comprend nous.

- Dans ce cas vous n'avez qu'à rester là et rentrer sans moi ! 

Ne leur laissant pas le temps de s'interposer, Izuku se met à courir droit devant lui, à l'opposé de ses amis. Il les entend crier, hurler de revenir vers eux, mais c'est trop tard. Dans sa tête tout est déjà enclenché, il veut continuer. Encore quelques heures, juste quelques heures de plus et il rentrera, il leur en fait la promesse. Il n'arrive pas à faire demi-tour, il sent son cœur palpiter et tout ce qu'il désire c'est avancer vers l'inconnu, encore et encore.

____

Izuku a un léger regret quand le soleil tombe et que la lune prend place dans le ciel. Il parvient difficilement à la distinguer à travers les feuillages et le silence pesant autour de lui n'aide pas à le rassurer. Il n'avait pas prévu de marcher de nuit, mais ce sentiment de liberté, cet élan de courage qui l'habite soudainement lui fait faire des choses inédites. 

Il se sent un peu soulagé quand il aperçoit enfin la pleine lumière de la lune à travers les arbres. En s'approchant il s'arrête en bordure de forêt et contemple la clairière sous ses yeux. Un grand espace d'herbe et de pâquerette sur une étendue qui va bien plus loin que ses yeux lui permettent de voir. Enfin soulagé de voir de l'eau il ne réfléchit pas et sort à découvert dans l'espoir de se désaltérer. Le petit point d'eau n'est pas profond, et ne possède comme compagnie que deux buissons dégarnie. Il se met à croupi près d'eux et dépose ses mains dans l'eau pour les amener à sa bouche. Dans la précipitation il n'a absolument pas pensé à prendre une gourde. 

Alors qu'il reprend une énième gorgée, il entend un bruit en contre-bas sur sa droite, là où continue la clairière et qui se termine par une longue pente. D'où il est, il ne peut rien voir mais son ouïe est parfaite. Il se stoppe, essuie ses mains sur son gilet et se relève, en alerte. C'est à ce moment précis que tout bascule. 

Un bruit aigu lui frôle l'oreille et il a le réflexe miraculeux de se pencher, évitant de justesse une flèche bien aiguisée mais surtout, très imposante. La seconde, à son grand malheur, ne l'épargne pas. Droit dans sa cuisse gauche, là où la peau se mélange avec ses plumes verdoyante. Il hurle de douleur et court aussi vite que sa patte blessée le lui permet, retournant dans la forêt d'acacia. Il entend des aboiements, des grognements derrière lui. Le bruit des sabots se fait assourdissant alors qu'il reconnait sans mal des voix. La peur lui prend le ventre et la douleur lui tord l'estomac. Jamais il n'a ressentie de sentiment aussi fort et dévastateur. Sa patte le fait de plus en plus souffrir à mesure qu'il avance et sa seule option est de se cacher. 

Dans son malheur il aperçoit une grotte ensevelie de mousse avec une entrée cachée par un tronc brisé. Il se réfugie à l'intérieur, et comprend qu'il est pisté par son sang qui dégouline de sa blessure. Il s'enfonce le plus possible à l'intérieur mais elle est peu profonde et sait d'avance qu'il est fichue. Il entend les aboiements des chiens, et les entend passer près de lui, tout près, puis partir au loin en hurlant encore plus fort. C'est ensuite le bruit des sabots qui le surprend mais tout comme les canidés ils ne restent pas et continuent leur cavalcade. Il attend de très longues minutes dans le silence de la nuit, respirant le plus discrètement possible. Il comprend après avoir encore attendu que tout est terminé, en partie. Il est saint et sauf mais sa blessure ne présage rien de bon. La flèche est enfoncée sur au moins dix centimètre dans la chaire et la retirer maintenant ne ferait qu'aggraver sa situation qui n'est pas au mieux.

Il s'assoit, les larmes aux coins des yeux, le corps affaiblie. Il pense immédiatement à son père et à ses amis qui doivent l'attendre, ainsi qu'à ces individus qui lui ont radicalement passé l'envie de quitter son village. Il ne sait pas qui ils sont, ni pourquoi ils l'ont blessés, mais il n'a pas envie de découvrir des créatures aussi barbares. 

Pourtant, c'est bel et bien des bruits de pas qu'il entend dehors. Pas une parole, simplement le son des pas de cet individu qui se rapproche de l'entrée de sa petite grotte. Il se laisse entourer par ses ailes pour se réchauffer, se sentant plus en sécurité en les ayant autour de son corps. Il rapproche ses genoux de son buste et les encercle avec ses bras, et attend en fixant l'entrée de ses yeux perçant. Il voit alors apparaître un homme devant lui, et il prend immédiatement peur. 

Se penchant tout en posant une main sur la pierre, l'homme regarde les gouttes de sang sur le sol et ses yeux sont attirés par cette masse dans le fond. Ce n'est pas facile pour ses yeux humains de distinguer les formes dans la nuit, alors il laisse les rayons de la lune pénétrer les lieux. Il en reste bouche-bée devant cette créature. C'est la première fois que ses yeux observent un être vivant tel que lui et il ne sait absolument pas comment réagir. Sous la surprise il ne peut que continuer à la dévisager, encore sous le choc de cette... Découverte ? Il sait ce qu'il a sous les yeux, mais sait également qu'il ne peut pas en parler aux autres. 

- Tu es blessé ? Est la seule chose que cet humain trouve à dire. 

Izuku observe de nouveau sa blessure dissimulée sous ses ailes, puis le regarde, et hoche simplement la tête. L'humain aux cheveux blonds secoue la sienne et fait claquer sa langue, regardant derrière lui. Le jeune Phoenix se permet alors de l'observer un peu plus. 

L'homme sous ses yeux est un humain, à n'en pas douter. Il est si peu vêtu alors que la nuit est pourtant très fraîche. Un veston marron, un gilet en fourrure sur les épaules et un pantalon en toile qui lui arrive mi-mollet, le tout avec les bras à découvert, n'a-t-il donc pas froid ? Il a les cheveux blonds cendrés, dressés sur sa tête, et il voit des crocs rouges plantés dans ses lobes d'oreilles. Sur son torse légèrement à découvert repose diverse collier de perle et de crocs ainsi que des tatouages recouvert de cicatrice. Quand il se tourne une nouvelle fois pour le regarder leurs yeux s'accrochent, rouge face à vert, et Izuku pourrait presque lui faire confiance. 

- Je n'ai rien pour te soigner. Dit-il en baissant le regard. Mais si tu me fais confiance, je vais revenir. 

L'inconnu disparaît dans l'ombre et il entend des cris ainsi qu'un cheval partir au galop. Va-t-il réellement revenir pour lui ? 

Bizarrement, il n'est pas contre l'idée d'être secouru, et à l'idée de revoir cet homme il en pourrait presque oublier la douleur dans sa patte. 

____

Fufufu pas mal ce second chapitre, non ? Je n'avais pas envie de prendre mon temps pour leur rencontre mais je ne voulais pas non plus mettre trop de description physique. Le petit Izuku a vécu une première sortie mouvementé et peut être que la suite sera meilleur, qui sait !

J'espère que vous appréciez ce début d'histoire et que la suite vous plaira !

(PS : c'est un petit chapitre que je vous offre le jour de mon anniversaire hehehe)

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