Chapitre 1 : Une trahison impardonnable
Il existe très peu d'êtres qui peuvent prétendre être uniques. Chaque créature sur cette terre possèdent une capacité qui lui est propre, une particularité qui fait sa différence ou une personnalité qui la rend différente, mais aucune ne peut prétendre être unique.
Izuku, prénommé ainsi par l'homme qui l'a recueillis, est et sera à jamais un être unique en ce monde. Il n'existe pas, et n'existera jamais deux entités comme lui. Il n'est pas un simple être vivant, il est le dernier Phoenix né d'un œuf cendré. Certains connaissent cette histoire, passée de génération en génération, gravissant les frontières et franchissant les maisons.
La prophétie commence ainsi : Il est né de l'œuf cendré l'être de feu et de sang. De sa bravoure naîtra les plus grandes batailles, de sa sagesse naîtra les plus belles alliances et de ses flammes naîtra t-il encore et toujours. Il est symbole de paix et de terreur. Sa flamme devra être entretenu à des biens collectifs afin qu'il réchauffe les cœurs et nourrisse son prochain. Sa vie n'a d'égale que celle qu'il vivra à la fin de son règne. Seul le cœur pure et digne d'un roi peut prétendre à dompter la bête qui sommeil en lui. Tel est le destin du Phoenix.
Bien que ces mots sonnent comme une sentence que l'on ne peut dérober, beaucoup croient encore et toujours à l'impact de cet écrit qui figure encore dans les textes sacrées. Cette prophétie s'est rapidement transformé en conte pour émerveiller les enfants, et au final plus personnes dans la contrée n'a eu l'envie d'y croire. Posséder un Phoenix est impossible, non pas parce qu'ils sont féroces, mais parce que leur existence même s'est éteinte. Liés depuis des siècles au sang royale, sans que l'on ne comprenne encore aujourd'hui pourquoi un roi en serait plus digne qu'un autre, les Phoenix se comptaient au nombre de trois. Plus personne ne saurait dire leur nom, ni même auprès de qui ils régnaient, mais ces ententes bénis des dieux étaient vues comme des lueurs d'espoir. Les elfs, les hommes et les orcs avaient tous en leur possession, car c'est ainsi que le décrit les textes, un Phoenix d'une grande beauté au pouvoir dévastateur. Tous aux côtés d'un roi qui en était digne de par son cœur et son sang. Pourtant, certaines pages ont disparus, rayant à jamais le destin qu'ont connu ces êtres. Ils étaient uniques au monde.
Une malédiction s'est ensuite abattu sur Daleär, prenant d'assaut chaque créature, chaque être vivant foulant la terre. Famine, sécheresse, trahison, guerre civile, l'entièreté du monde s'est levé pour se battre comme si chacun était poussé par une raison qui lui était propre. Beaucoup pensèrent alors au résultat de la disparition des Phoenix, mais aucun des rois ne délia sa langue pour donner les faits. Ce que peu de personnes savent, si tenté qu'elles soient encore en vie, c'est que ce n'est pas la disparition de ces êtres qui créa une telle calomnie. C'est l'abandon d'un roi à son devoir envers les Phoenix.
Né des cendres, du dernier œuf cendré, Izuku est venu au monde il y a maintenant plusieurs décennies. Son prédécesseur lui a légué une place qui respirait la sécheresse et l'amertume. Aux premiers coups contre sa coquille, le jeune Phoenix a tout de suite su que l'homme qui l'attendait, était corrompu jusqu'aux os. Il ne s'attendait pas à un tel accueil lors de sa venue au monde, et n'en possède désormais que de vague souvenir, à peine de quoi écrire une page.
C'est pourtant le roi des hommes, Mardor, qui trahit le cœur d'un Phoenix, plongeant le monde dans un chaos des plus totales. Trahir un Phoenix n'est absolument pas conseillé, encore moins quand vos cœurs sont liés. Répugnés par un physique auquel l'homme ne s'attendait pas, il a rejeté l'oisillon de tout son être, l'abandonnant dans la forêt Drielsa. Un tel acte souleva la faune et rongea la flore. La nature se rebella pour contester une telle déloyauté. La nature avait fait cadeau du Phoenix aux hommes, et peu importait leur physique, ils se devaient de l'accepter.
Il fallut attendre la mort de roi Mardor pour que tout se calme, du moins en apparence. Durant la guerre les trahisons avaient fait loi, et la seule chose qui importait le roi des hommes avait été d'éradiquer la race du Phoenix. S'il ne pouvait en posséder un qui n'est d'égal sa grandeur, alors personne ne le pouvait. Il n'est pourtant écrit nulle part que les deux Phoenix restant sont morts de sa main, ni même de ce qu'ils sont devenus. Une grande partie de ce passé est enterré et caché au plus profond des textes, à l'abri des regards. Néanmoins, malgré les deux siècles d'écoulés, il existe bien un peuple qui garde en mémoire cet acte et ce qui en a découlé : les elfes.
Si il existe bien un être qui n'a d'égal que sa mémoire, c'est bien l'elfe. Ils n'ont pas besoin de page et d'encre pour connaitre leur passé et écrire leur futur. Ils gardent tout en eux, et cela sur plusieurs générations. Il est dit qu'un elfe choisi sa mort quand il sait le moment venu, et leur longévité prouve à quel point ils possèdent énormément d'avance sur les autres. Chaque Phoenix ayant foulé leur forêt ne pouvait nier cette évidence, ils avaient plus de point commun avec eux qu'avec tant d'autre créature en ce monde. Vivre tant d'années en voyant ceux que l'on côtoie périr, ne sentir la fin arriver uniquement si notre destin a été accomplie. Il n'y avait là que de bénédiction de nom.
C'est heureusement à leurs côtés que le jeune Izuku a entamé sa course contre le temps. Il était nouveau-né et sans aucune certitude que sa vie allait être longue. Le bébé était différent, sur bien des aspects. Ses ailes, qui devaient normalement prendre place à ses épaules, trônaient dans son dos. Deux petits os bien distinct encore recouvert de cendre et de duvet. Il possédait des bras là où normalement ses ailes auraient dû être. Il avait bel et bien de petite patte avec des serres encore juvéniles, et dans le bas de son dos une petite croupe encore nu. Pourtant, il n'y avait pas énormément de duvet sur le reste du corps. Le Phoenix que cet elfe avait trouvé, alerté par des pleurs, ressemblait si fortement à un bébé humain qu'il aurait pu s'y méprendre. L'homme avait longuement hésité, car il n'y avait aucune logique à ce qu'il se retrouve dans ces bois, mais quand le bébé a saisit son doigts, le serrant aussi fort qu'il le pu, et que leurs yeux se sont accrochés, il a su que ce petit était destiné à être son fils. Les elfes sont connus pour leur mépris envers les êtres inférieurs, mais cet homme était si humble, si bon, que le petit Izuku sentie son cœur meurtri revivre à nouveau. Ce n'était pas ce dont il avait besoin pour vivre, mais c'était assez pour le maintenir en vie.
Les années défilèrent à grande vitesse. Entouré d'une petite famille à l'écart des autres, Izuku grandissait très lentement. Son âge ne reflétait pas l'enfant qu'il était, et très vite l'homme qui l'avait recueillis comprit qu'il devait l'élever d'égal à égal. L'elfe n'avait pas de compagne mais il savait qu'il ne pouvait pas garder le secret de l'existence d'Izuku. Il en parla à ceux avec qui il vivait, une dizaine de famille recomposée. Les batailles faisant rages depuis peu ils avaient fuis le cœur de la forêt pour vivre aux abords. Ils furent d'abord surpris, puis intrigués, mais très vite l'enfant fut accueillis et considérer comme l'un des leurs. Le jeune Phoenix se fit même deux amis, ce qui lui permis de développer un peu plus ses capacités. Le temps passa encore, et les années devinrent des décennies, et les décennies se transformèrent en siècle.
De nos jours, Izuku n'est plus le jeune enfant frêle qu'il était autrefois. Vivre en forêt lui a permis de développer un corps légèrement plus musclé qu'un Phoenix à coutume d'avoir. Ses pattes se sont fortifiées, lui permettant de courir et sauter aussi loin, aussi haut qu'un cerf. Malgré sa nature il reste assez petit, et pour bientôt deux cents ans il fait encore très jeune. On dit du Phoenix que l'âge n'accable pas son corps, et c'est bien vrai. Son père, Yagi, a prit grand soin de lui apprendre tout ce qu'il sait : herbes, chasse, coutumes, bienséance. Le vieil elfe a beau savoir que son fils est maintenant assez grand pour quitter la forêt, il est difficile pour lui de le laisser quitter les arbres où ils habitent. La petite famille s'est approprié la forêt de séquoia et a construit un petit village de fortune qui est aujourd'hui beaucoup plus prospère. Cabane dans les arbres, pontons entre les troncs et nichoir dans les feuilles, l'endroit parfait pour élever un Phoenix. Ils ne savent pas si son existence s'est ébruiter à travers la forêt, mais chacun garde sa langue. Les elfes sont loyaux, et ceux qui vivent aux côtés de Yagi lui doivent la vie, alors ils mourraient avec ce secret dans la tombe.
- Tu vas tomber. Une aiguille dans la main, et le fil dans l'autre, le vieil elfe continue son travail tandis que son fils, Izuku, boude allègrement dans son dos. La tête pendue vers le bas, les serres fixés à une branches qui traversent la cabane, il croise les bras, déçu de ne jamais parvenir à le surprendre. Ce n'est pas digne d'un...-
- Ce n'est pas digne d'un Phoenix, je sais. Soupir t-il en descendant de son perchoir, rejoignant Yagi sur une chaise près de lui. Tu me le dis à chaque fois que j'essaie de m'amuser.
- Se mettre en danger est considéré comme de l'amusement ? Demande t-il en haussant un sourcil, le regardant du coin de l'œil.
- Je ne risquais pas grande chose de si haut. S'offusque t-il en croisant les bras.
- C'est certain que se fendre le crâne ou se tordre le cou n'a rien d'alarmant.
- Je sais parfaitement les utiliser ! Dit-il en levant une jambes et en agitant ses griffes sous le nez de son père. Ce dernier les regarde puis regarde son fils.
- J'en doute fort. Il reprend son activité, en grande concentration pour faire passer le fil dans cette tête d'aiguille beaucoup trop petite pour ses yeux fatigués. Tu comptes m'observer encore longtemps où vas-tu me dire ce que tu as à l'esprit ?
- Comment tu sais ? Demande t-il en se penchant vers lui.
- Comment je sais quoi ? Répond t-il en se penchant lui aussi vers son fils.
- Que j'ai quelque chose à te demander. Il prend une de ses plumes entre ses doigts et commence à jouer avec.
- Tu suis toujours le même schéma. Tu entre en faisant le pitre, tu me déconcentre pour tenter de me faire avaler ce que tu as à dire, je conteste et ensuite tu fais l'enfant gâté.
- Je ne fais pas l'enfant ! Il se lève, sourcils froncés, mais se ravise en voyant son père, les deux sourcils haussés en sa direction.
- Donc, reprenons, veux-tu ? Izuku hoche la tête. Que veux-tu ?
- Tu promet de ne pas te fâcher ?
- Quand tu commences ta phrase avec ces termes, ce n'est jamais bon signe. Soupire t-il en parvenant enfin à faire rentrer le fil.
- Papa ! Peste Izuku en faisant une moue absolument pas digne à son âge.
- D'accord, d'accord. Tu peux reprendre.
Le jeune Phoenix commence à triturer ses doigts tout en jouant avec ses serres sur le sol.
- Et bien, vois-tu, c'est bientôt mon anniversaire alors je voulais savoir si... Si tu voulais bien me laisser quitter la forêt de séquoia pour une journée ?
Un silence se fait, un silence lourd où le vieil elfe regarde ce satané fil qui est parvenu à ressortir avant qu'il ne parvienne à le nouer. Il dépose le tout sur la table, frotte un peu le bois et décide de regarder son fils droit dans les yeux.
- Ne me dis pas que c'est encore Denki qui t'as convaincu d'essayer de me convaincre uniquement parce que tu es mon fils ?
Izuku ouvre la bouffe puis la referme pour la ré-ouvrir une seconde fois, absolument pas rassuré par le ton employé par son père.
- Pas exactement... C'est moi qui souhaite te convaincre. L'elfe s'apprête à dire quelque chose mais il est coupé dans sa lancée par son fils. Attend avant de me dire non. Je me suis énormément entraîné, tu sais. Je ne sais peut-être pas encore utiliser mes ailes mais je cours très bien, j'ai de bon réflexe et en plus je ne serais pas seul ce jour là.
Yagi tape des doigts sur la table, croisant les jambes tout en écoutant son fils.
- Dis quelque chose...
- Hum... Tu sais très bien ce que je pense de l'influence de Denki. Yuga est beaucoup plus sage et posé, je ne comprend pas pourquoi ce n'est pas de lui dont ton caractère s'est imprégné. Il frotte son menton. Je serais d'avis de te dire non. Il existe plus d'un danger au delà de la forêt et je ne te parle pas de ce qui vit à l'extérieur des arbres. Il soupire un peu, souriant tendrement. Tu as passé l'âge de mes remontrances, je le sais bien, mais une piqûre de rappel n'a jamais tué personne. Il se penche et attrape les joues pleines d'Izuku entre ses mains. Tu es mon fils, il est normal que je m'inquiète pour toi. Tu es unique à mes yeux et je veux simplement que tu fasses attention, d'accord ? Les yeux du vert s'illuminent.
- C'est donc oui ?
- Ne t'emballe pas. Dit-il en le tapant légèrement sur le crâne.
- C'est ce que tu appelle une piqûre de rappel ? Se moque Izuku en se frottant le haut du crâne. Yagi lève la main, la bouche pincé fortement. Je rigole ! Hurle le jeune Phoenix, main vers le ciel, le sourire aux lèvres.
- Ne me fais pas regretter d'avoir dit oui.
- Je ne t'ai pas entendu le dire. Dit-il la main sur l'oreille, penché vers son père.
- Izuku. Commence le vieil elfe en saisissant l'aiguille.
- Promis, j'arrête ! Il recule, toujours les mains en l'air, mais parvient à se faufiler derrière son père pour l'enlacer. Tu ne le regrettas pas, promis. Il lui dépose un bisou sur la joue et s'envole hors de la cabane à coup de voltige.
Yagi se rassoit, regrettant déjà ses paroles. Que les dieux de la nature l'entendent, faite qu'Izuku revienne en un seul morceau. Ce garçon lui en fait, littéralement, voir de toutes les couleurs.
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J'espère que ce premier chapitre, qui pose les bases et les premiers personnages, vous aura plu ! Je suis déjà en pleine rédaction du second et j'aime bien le contraste avec le caractère d'Izuku, plus désinvolte. Je ne sais pas si il restera comme ça mais pour l'instant j'ai envie d'un brocoli sûr de lui, trop sûr de lui... hehehe
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