𝟧. 𝒫𝓁𝒶𝒾𝓈𝒾𝓇𝓈 𝑒𝓍𝓉𝒶𝓉𝒾𝓆𝓊𝑒𝓈
Le corps d'Aylan s'écroule contre le mien tandis que je me déverse en lui dans un ultime coup de rein. Sa tête roule pitoyablement sur mon épaule et je l'entoure de mes bras le temps que les tremblements de ses membres s'amenuisent.
— Oh putain, répète-t-il pour la énième fois de la soirée.
Un petit ricanement s'échappe de mes lèvres et je me redresse de sorte à appuyer mon dos contre le mur. Aylan roule péniblement sur lui-même et plaque le sien contre mon torse avant de fermer les yeux.
— Putain de merde, je crois que je ne me relèverai plus jamais, gémit-il en portant une main à son front.
Mes doigts s'égarent sur son ventre parsemé de morsures puis glissent entre ses jambes vers son trou encore détendu.
— Mauvaise nouvelle pour un capitaine des gardes, souris-je en enfonçant mon index et mon majeur en lui.
Alors qu'il s'esclaffe et se laisse faire sans broncher, je masse doucement ses parois internes pour retirer le reste de mon sperme qui les macule.
— Comment t'as deviné ? s'enquit-il d'une voix curieuse.
— Ta peau est plus bronzée que celles des habitants de Ma'la, les muscles de tes bras ont été façonnés par la pratique de l'épée, tu portes des cicatrices un peu partout sur ton corps et tu as l'aura d'un commandant, énuméré-je d'un ton neutre. Tu es forcément un gradé.
— Bien vu, reconnaît-il en souriant.
— En revanche, je me demande ce que fout un capitaine des gardes dans un endroit pareil. C'est ta façon de protéger le roi ?
Un éclat de rire secoue le corps d'Aylan et je suis pris d'une violente envie de le malmener à nouveau.
— On peut voir ça comme ça... Je supervise le bon épanouissement de ses désirs.
— Est-ce comme cela que tu es monté en grade ?
— Malheureusement, non. Tu as bien vu mes cicatrices ; j'ai dû me battre pour gagner ma place.
— Et les autres ?
— Tu veux parler des ministres et des courtisans ? Bien sûr que cajoler Sa Majesté les a aidés. Toute la noblesse de cette ville est un immense entre-soi. Moi, je viens de Beln, une petite ville au sud de Lem'ha, et je peux te dire que me faire une place parmi ces requins a été une véritable épreuve !
Je hoche la tête et tends le bras pour attraper la coupe de vin échouée près de notre tapis. Aylan m'imite.
— Et que dit L'Oméga ? je reprends d'un ton que je m'efforce de rendre détaché.
— L'Oméga ? s'étonne franchement mon partenaire. Que pourrait-il dire ?
— Je l'ignore, mais vous avez l'air de l'ériger au rang de dieu, je me suis donc dit que sa parole valait de l'or.
Aylan se retourne pour pouvoir plonger son regard dans le mien et me dévisage de longues secondes. Je hausse un sourcil interrogateur.
— Tu ne connais donc pas la rumeur ? demande-t-il sérieusement.
— Quelle rumeur ?
Mon interlocuteur prend le temps de reposer son dos contre mon torse et d'apporter son verre à ses lèvres avant de reprendre la parole.
— Lorsqu'on a découvert qu'il existait un oméga sur Lem'ha, les espoirs se sont emballés et la nouvelle s'est précipitée au palais. Imagine un peu, il suffisait de le marier au roi pour pouvoir asseoir l'autorité de ce dernier et assurer sa dynastie ! Tu ne peux concevoir l'onde de choc que cette nouvelle a causé sur l'île. L'existence d'un oméga était en elle-même miraculeuse, mais l'annonce de son mariage avec le roi le plus aimé de Na'voah était formidable. A eux deux, ils allaient forcément réussir à inverser le mal qui ronge la nature et rétablir l'harmonie du monde. Leurs descendants seraient des demi-dieux !
— Mais ?
Aylan baisse la tête et fait tourner son verre entre ses mains.
— L'Oméga ne peut avoir d'enfants.
L'information me fait froncer les sourcils.
— Et ?
— Comment ça, et ? Les omégas sont censés être l'incarnation de la nature, et leur fertilité en est la preuve indéniable. Leur état a toujours été irrémédiablement lié à celui de la nature, alors que révèle l'existence d'un oméga infertile ? C'est une aberration de la nature ! Loin d'être porteuse d'espoir, sa naissance sonne définitivement le glas de notre monde. En nous offrant un oméga infertile, la nature ne fait que nous confirmer sa destruction imminente.
Ce discours eschatologique me tire un long bâillement que je tente de dissimuler pour ne pas froisser mon partenaire. Ce dernier semble sincèrement bouleversé par ce qu'il vient de me révéler et je ne peux m'empêcher de penser que cela ne le rend que plus stupide. Je ne parviens pas à comprendre que des gens comme lui aient pu voir dans la naissance d'un oméga la preuve que le monde guérissait. S'il est vrai que cet être a toujours été la garantie d'une certaine harmonie entre les hommes et la nature, il ne l'est pas moins qu'il reste humain, et qu'un humain seul ne peut rien faire face à un monde qui a décidé de s'auto-détruire.
Malgré moi, je ressens une certaine satisfaction à la pensée que cet être arrogant qui m'a glacé le sang quelques heures plus tôt ne soit pas aussi vénéré qu'on aurait pu le croire.
Soudain, alors que je m'apprête à dévorer Aylan pour la troisième fois, ce dernier se décolle brusquement de moi, s'assoit sur ses genoux et baisse docilement la tête en avant. Surpris, je cherche du regard la cause de sa soumission silencieuse et reconnais les mèches grenat entourées de perles qui se découpent à l'encadrure de la porte par laquelle je suis entré deux heures plus tôt. Le nouvel arrivant couve chaque convive d'un regard appréciateur et gratifie de quelques caresses les hommes qui viennent le saluer. En voyant Aylan, prostré et immobile sur le tapis, je comprends qu'il ne fait pas partie du cercle proche du roi et ne peut donc aspirer à un tel traitement de faveur.
Le souverain se dirige vers une petite estrade aménagée au fond de la pièce, recouverte d'étoffes et de coussins de plumes, puis fait un geste discret de la main en direction de l'assemblée. Aussitôt, les hommes reprennent leurs activités et Aylan s'extirpe de sa posture soumise.
— T'aurais pu faire semblant de t'incliner, grommelle-t-il en me jetant un regard agacé.
— Arrête, tu ressembles à Naya, grimacé-je en appuyant la paume de ma main sur son visage. Continue et je passe toute la frustration qu'elle me procure sur toi.
— Tu tapes aussi dans les filles ?
— Plus depuis que j'ai douze ans !
Aylan ricane puis se relève pour se diriger vers la table recouverte de mets.
— Tu devrais aller saluer Sa Majesté, me lance-t-il derrière son épaule. Il te dévore du regard depuis cinq bonnes minutes.
Intrigué, je tourne la tête vers l'estrade et constate qu'en effet, le concerné darde ses prunelles rouges sur moi. Lorsqu'il se rend compte que je l'observe aussi, il m'adresse un petit sourire complice qui trouve directement écho dans mon bas-ventre.
Amusé, je me lève à mon tour, enfile mon pantalon sans le lacer et me dirige vers Aylan, occupé à dévorer un fruit dont je ne connais pas le nom. Ma main se referme sur l'une de ses fesses musclées et mes lèvres s'échouent dans son cou.
— Reprends des forces tant que tu peux. Je n'en ai pas fini avec toi.
Un sourire licencieux me répond et ses dents se referment avec délice sur ma mâchoire. Satisfait de sa réaction, je m'avance vers l'estrade et l'homme merveilleux qui y trône. Arrivé à la hauteur de ce dernier, je baisse légèrement la tête, peu familier des us et coutumes de la cour, ce qui me vaut un petit rire de sa part.
— Dans d'autres pays, un tel affront suffirait à vous conduire au gibet.
Mes yeux s'accrochent aux siens, pétillants de malice, et je souris doucement en me redressant.
— Excusez ma maladresse, personne n'a jamais pris le temps de m'apprendre comment me comporter devant un roi.
— Je suppose qu'il n'est jamais trop tard pour vous éduquer correctement.
Nous échangeons un regard joueur avant que le souverain me fasse signe de prendre place à ses côtés. Ravi, mais toujours méfiant d'être l'objet d'un tel traitement de faveur, je m'exécute en restant sur mes gardes. Il ne manquerait plus que tout cela ne soit qu'un piège visant à m'accuser d'agression sur le roi.
— Alors, que pensez-vous de ma petite cour personnelle ? demande ce dernier en versant du vin dans deux coupes en or.
— Elle est... surprenante.
Un éclat de rire cristallin retentit et le monarque me tend l'une des coupes.
— Vous plaît-elle seulement ?
— Évidemment. Je ne connais pas de meilleure détente que celle-ci après de longues journées de marche.
— Avez-vous rencontré des difficultés lors de votre voyage ?
— Aucune que je ne saurais surmonter, répliqué-je en vidant ma coupe d'une traite.
Le roi sourit en coin et se meut délicatement de sorte à se retrouver allongé sur le flanc. Là, ses doigts s'égarent sur mon torse dénudé et retracent chaque inscription punitive qui y est encrée.
— Je vois en effet que vous avez surmonté bien des épreuves... Dites-moi, quelle est la vie d'un alpha hors de ces murs ?
J'autorise à mon tour mes doigts à effleurer le pan de peau que dévoile la tunique turquoise de ma future proie, et ouvre un peu cette dernière pour exposer ces tétons rosés que je rêve de dévorer.
— Êtes-vous certain que vous voulez parler de choses aussi sombres maintenant ? susurré-je en frottant mon nez contre son cou.
Le concerné penche la tête sur le côté pour m'offrir un plus large accès et enfouit ses longs doigts dans ma tignasse argentée.
— Refuseriez-vous une requête de votre roi ?
— Je n'ai aucun roi, grogné-je en mordant la peau fine sous mes lèvres. Ma place n'est dans aucun royaume.
— Est-ce donc si cruel d'être un alpha ? soupire mon partenaire, les yeux déjà clos sous un plaisir anticipé.
— Un homme comme vous ne saurez le concevoir, rétorqué-je, presque irrité par ses questions intrusives. Connaissez-vous la douleur ? La vraie douleur qui foudroie vos nerfs et vous ronge le cerveau ?
Mon interlocuteur ne répond pas et j'en profite pour plonger mes doigts sous la frontière de son pantalon et saisir sans ménagement son sexe à demi-dressé. Un son étranglé remonte le long de sa gorge.
— La douleur qui détruit jusqu'à la dernière parcelle de votre raison, la douleur qui vous hurle que tout est préférable à elle. Que la mort est une délivrance.
Mes dents saisissent enfin l'un de ces tétons impudiques et je n'hésite pas à le mordre violemment, faisant se cambrer l'homme sous moi.
— Vous a-t-on déjà ouvert la peau pour y verser de l'encre empoisonnée ? continué-je en martyrisant son sexe. A-t-on déjà tenté de briser votre volonté et de vous vendre comme esclave ? Vous a-t-on déjà roué de coups pour le simple fait d'avoir croisé le regard de quelqu'un ? Vous crache-t-on à la gueule à chaque village que vous traversez ? Avez-vous déjà dû tuer pour survivre ?
Alors que mon index glisse entre les fesses de ma victime, cette dernière semble enfin reprendre contenance et enfouit une main impérieuse dans mes cheveux. Ses yeux rouges plongent dans les miens et un petit sourire vient étirer ses lèvres sensuelles.
— Non, je n'ai jamais rien connu de tel, consent-il en attrapant ma mâchoire de son autre main. Mais si cela vous convient, je peux tenter de vous faire oublier tous ces affreux souvenirs.
Ses mots charmeurs m'arrachent un rictus désabusé mais ont le mérite d'attiser mon désir. Il est vrai que je ne suis pas venu ici pour m'ériger contre cette foutue société qui s'obstine à me rejeter depuis ma naissance. Je ne suis pas venu quémander la compassion de quiconque, tout souverain soit-il.
Ce soir, je veux simplement m'enivrer et profiter de tous ces plaisirs extatiques que l'on m'offre sur un plateau. Boire jusqu'à en perdre connaissance, manger jusqu'à en vomir, baiser jusqu'à ne plus pouvoir se relever. L'excès sous toutes ses formes, voilà ce que je recherche.
Et puis, au fond, qui suis-je pour m'élever contre la volonté d'un roi ?
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