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Le corps nu de Chayyim sous le mien, les ombres dansant sur sa peau pâle, ses muscles crispés d'anticipation, son regard brûlant. Et ses doigts, à la fois timides et téméraires, qui parcourent inlassablement mes membres en laissant parfois des traces derrière eux.

— Vous êtes beau, murmuré-je contre son cou pour la énième fois de la soirée.

Un soupir amusé me répond et je manque de sursauter lorsque sa main attrape délicatement mon sexe tendu.

— Et si vous cessiez un peu de parler ? me provoque mon partenaire en écartant davantage les jambes.

Mon cerveau vrille immédiatement et je m'empresse de dévaler son torse de mes lèvres pour venir taquiner son bas-ventre. J'entends l'inspiration un peu trop brusque qu'il prend lorsque mon menton entre en contact avec le bout de son sexe, et je mentirais en disant que cela ne me satisfait pas.

L'une de ses mains vient s'enfouir dans mes mèches argentées, vaine illusion d'un contrôle qu'il a perdu depuis déjà un bon moment. Amusé, j'embrasse son aine tout en caressant l'arrière de ses cuisses, retardant le moment fatidique où je pourrai enfin le prendre en bouche. Ses jambes tremblent légèrement entre mes mains, ses abdos se contractent spasmodiquement sous l'attente et ses doigts s'enfoncent dans mon cuir chevelu.

Finalement, je cède à la sensation et dépose mes lèvres sur son gland, en appréciant la douceur et l'odeur entêtante qui s'en dégage. Afin de le laisser s'habituer à mes caresses, je me contente d'abord de l'embrasser et le lécher lentement, en profitant pour découvrir un peu mieux cette partie de son corps. Moins bien membré que la plupart des bêtas, il s'en diffère également par la présence peu importante de poils à un endroit où il aurait dû y en avoir bien plus. Sa peau est douce, son odeur bien plus agréable que tous les partenaires que j'ai eus dans ma vie, sa sensibilité anormalement élevée.

Parce que je le vois bien : il a beau essayé d'étouffer ses gémissements, le moindre de mes effleurements sur son épiderme lui arrache un violent frisson et j'aperçois parfois ses orteils se recroqueviller sous le plaisir que j'ai pourtant à peine commencé à lui procurer. Et tout cela me comble de joie.

Impatient, je me mets cette fois à le sucer plus franchement, attrapant ses cuisses pour mieux les écarter, satisfait de sa souplesse qui rend ses membres malléables à loisir. Sa queue est raidie à l'extrême contre ma langue et les phéromones qu'il dégage deviennent plus suffocantes au fil des secondes.

Chamboulé par ces dernières, je suis obligé de m'arrêter dans ma tâche pour reprendre mon souffle, l'esprit tellement embrouillé que ma tête se met à tourner. Une chaleur comme je n'en ai jamais connu commence à prendre possession de mon corps, accélérant les battements de mon cœur et rendant ma respiration erratique. Alors que mes mains se mettent à trembler contre les cuisses de Chayyim, mon appétit de lui devient soudainement insatiable et je replonge entre ses jambes que je relève brusquement pour atteindre cette fois son petit trou si désirable.

Sans hésiter, je plonge ma langue à l'intérieur et suis surpris de le découvrir si humide. Ne comprenant pas ce qu'il se passe, je me recule en fronçant les sourcils, observant avec une certaine fascination le liquide transparent qui s'écoule le long de ses fesses. Ce temps de battement suffit à Chayyim pour refermer une main impérieuse dans mes cheveux et me redresser brutalement vers le haut.

Mes yeux déconcertés se posent sur son visage et mon sexe tressaute en lui voyant une telle expression d'indignation, le regard noir et les joues écarlates.

— Que croyez-vous faire ? aboie-t-il avec une agressivité nouvelle. Vous n'avez pas besoin de... Vous n'avez pas à faire ça !

Ses lèvres se pincent davantage après ces mots et je comprends finalement que sa colère n'est due qu'à une profonde gêne. A-t-il interprété mon mouvement de recul comme de la répulsion ?

A la fois amusé et tremblant de désir, j'apporte deux doigts contre son trou serré et le caresse lentement, me familiarisant avec cette humidité incongrue.

— Vous êtes trempé, murmuré-je, fasciné.

— Cela suffit ! rugit Chayyim en tentant de refermer les jambes. Je ne suis pas comme tous ces hommes qui ont partagé votre couche ! Si cela vous répugne, je...

Je le fais taire d'un baiser puis force l'entrée de ses lèvres avec ma langue. Son gémissement meurt dans ma gorge et je m'attelle aussitôt à lui faire ressentir tout mon désir à travers cette caresse, en profitant pour enfoncer délicatement le bout de mes doigts dans son cul.

Lorsque nos lèvres se décollent, ses joues sont encore plus rouges, ses yeux luisants, son air perdu.

— Votre corps est incroyable, le rassuré-je en souriant. Ne vous braquez pas autant, j'apprends simplement à le découvrir.

J'ai à peine le temps de finir ma phrase que ses chairs palpitent brusquement autour de mes doigts, permettant à ces derniers de pénétrer plus loin en lui. Subjugué par la facilité avec laquelle son corps m'accepte, je me mords la lèvre inférieure pour réprimer un grognement satisfait.

— Magnifique, commenté-je plus pour moi-même que pour mon compagnon.

Son cul se resserre une nouvelle fois en réponse et je ne peux m'empêcher de vouloir y replonger ma langue. Alors que je m'empresse de replacer ma tête entre ses jambes, sa main se referme une nouvelle fois dans mes cheveux et son visage se redresse vers moi, crispé d'inconfort.

— Pourquoi faites-vous cela ? demande-t-il d'un ton gêné. Vous n'avez pas besoin de... Est-ce quelque chose de normal lors d'un rapport ?

Mon cœur loupe un battement face à tant de naïveté et j'embrasse l'intérieur de ses cuisses pour contenir le raz-de-marée d'émotions qui vient de me submerger.

— Je ne ferai rien que vous ne souhaitez pas, souris-je contre sa peau. En revanche, si vous me faites confiance, je peux vous faire découvrir de nombreuses façons de ressentir du plaisir.

— Mais, je... N'est-ce pas... désagréable pour vous ? bégaye mon partenaire en grimaçant.

Mes doigts se courbent en lui à la recherche de son point de plaisir tandis que mon visage recouvre un air carnassier.

— Aucunement, assuré-je d'une voix lourde de désir.

Alors, la poigne sur mes cheveux se relâche et je comprends que j'ai son consentement. Je ne perds pas une seconde et enfonce aussitôt mon visage entre ses fesses, léchant d'abord le contour de son trou distendu, reprenant de plein fouet ses phéromones capiteuses. Enfin, j'écarte légèrement les doigts et enfonce ma langue en lui, le bas-ventre si contracté de désir que j'ai l'impression que ma queue va exploser.

Très vite, des soupirs et des gémissements retentissent dans la cabane, couvrant le bruit de la tempête qui commence à se lever à l'extérieur. Sans réfléchir, Chayyim attrape l'arrière de ses genoux pour m'offrir un meilleur accès mais je sens instantanément que ce réflexe l'embarrasse au plus haut point. Pour ne pas lui laisser le temps de réfléchir, j'accentue mes caresses, massant sa prostate du bout des doigts tandis que j'enfonce ma langue plus profondément en lui. Immédiatement, ses gémissements se font plus lascifs et je comprends qu'il perd progressivement contrôle, s'abandonnant à notre étreinte comme je l'ai tant souhaité.

Pendant un long moment, je ne fais que m'occuper de lui, me repaissant de son corps comme un affamé, le corps plongé dans un brasier. Mais progressivement, toute douceur déserte mes gestes. Le besoin de le faire mien refait surface et je me surprends à laisser des traces de morsures à l'intérieur de ses cuisses, à accentuer plus que nécessaire mes caresses afin de le mener au bord de l'orgasme sans jamais le lui accorder, à me consumer d'un désir tel qu'il en devient irraisonnable.

Et soudain, la chaleur devient dévorante, insupportable. Inquiet, je me redresse et, à travers ma vision troublée, j'examine mes mains qui tremblent de façon incontrôlable, se refermant parfois spasmodiquement pour tenter d'extérioriser ce surplus de sensations. Tout me semble affreusement sursollicitant : le contact de la peau de Chayyim contre la mienne, l'odeur de ses phéromones, la vision de son corps offert à mon bon vouloir, l'ampleur de mon désir, tout prend des proportions anormales.

Décontenancé, je tente de prendre une profonde inspiration pour me calmer mais cela ne me fait que ressentir d'autant plus fort les phéromones de mon partenaire. Avant même de comprendre ce qui m'arrive, je saisis ce dernier par la nuque puis dévie de justesse ma trajectoire pour planter mes crocs dans son épaule. Horrifié par mon comportement, je tente de refouler au plus profond de moi cette envie de le posséder à tout prix pour retrouver un semblant de raison.

— Je... Je suis désolé, haleté-je en plantant mes ongles dans mes paumes jusqu'à me faire saigner. Je ne sais pas ce que j'ai, je...

Au lieu de la colère ou de la frayeur qui auraient normalement dû déformer les traits de mon partenaire, ce dernier m'adresse seulement un léger sourire avant de m'attirer de nouveau contre lui.

— Faites pas ça, le supplié-je avec inquiétude, j'ai l'impression que je pourrais vous faire mal, je... je me contrôle plus, j'ai si chaud...

— Kahn, chuchote Chayyim contre mon oreille, calmez-vous.

Et aussi bêtement que cela, mon corps s'abandonne contre le sien, les membres un peu plus déliés. Mais mon cœur continue à battre la chamade, ma tête à tourner et ma peau à brûler atrocement.

— Je ne sais pas pourquoi je suis comme ça, répété-je, terrifié à l'idée qu'il ne me croie pas.

— Kahn, tout va bien, je vous assure. Détendez-vous. Il semblerait simplement que votre corps d'alpha réponde au mien. Notre étreinte a dû éveiller en vous des instincts jusqu'alors endormis, mais rien qui ne soit dangereux. Je pense que vous expérimentez actuellement une sorte de rut. Mais ne vous en faites pas, votre corps n'est pas prêt pour cela donc vous ne devriez pas être entièrement submergé. N'ayez pas peur des réactions de votre corps, elles sont tout à fait naturelles.

— Mais je ne veux pas vous faire mal, répliqué-je en serrant les dents sous la nouvelle vague de chaleur qui m'envahit de toute part.

— Vous ne me ferez pas mal, me rassure Chayyim en caressant mon dos. Mon corps est fait pour supporter les assauts d'un alpha, vous ne pourrez pas me blesser. Et surtout, je vous fais confiance.

Cette dernière confession, plus que tous ses mots encourageants, me bouleverse au plus haut point et me permet de reprendre momentanément le contrôle de mon corps. Mon regard croise le sien, et j'y vois tant de sincérité que mon cœur en loupe un battement.

— Est-ce que vous voulez que j'aille plus loin ? demandé-je en frôlant ses lèvres des miennes.

Un soupir voluptueux lui échappe avant que ses bras ne s'enroulent autour de ma nuque.

— Je vous l'ai dit, assure-t-il en déposant des baisers le long de mon cou, je veux que vous m'aimiez entièrement.

Et cette fois, je n'hésite plus une seconde.

Fébrile, j'approche mon sexe plus dur qu'un roc contre son petit trou trempé et tente doucement d'en forcer l'entrée. Il me faut m'y reprendre plusieurs fois tant il est serré, trahissant son manque récurrent de relations charnelles, mais son corps s'ouvre avec une aisance déconcertante pour m'accueillir, comme s'il était fait pour cela. Sa lubrification naturelle facilite également la pénétration et, à peine trois minutes plus tard, je suis enfoncé au plus profond de lui.

Le même gémissement nous échappe lorsque nos deux corps s'unissent enfin pour la première fois, et l'émotion est telle que je le serre de toutes mes forces contre moi. Je voudrais rester ainsi pour l'éternité, ne jamais le lâcher, m'enivrer de ses phéromones et de la sueur qu'exhale sa peau, dévorer chaque parcelle de son épiderme, le marquer de mon passage pour que plus personne ne puisse un jour le réclamer comme sien.

Et quand j'entame mes va-et-vient, mes lèvres brûlent de cette confession superflue qui agite mon cœur. Dès lors, tout n'est plus que chaleur et volupté. Nos corps s'aiment avec l'urgence d'une envie trop longtemps réprimée, dans un silence assourdissant et une cacophonie muette. Étourdi par le tourbillon d'émotions qui malmène mon cerveau, je cesse de réfléchir et ne me fie plus qu'à mon instinct avec l'étrange certitude que celui-ci connaît parfaitement Chayyim.

De fait, nos corps se répondent avec un naturel déconcertant, ondulant et se retournant sans cesse pour mieux se fondre ensemble, nos esprits se comprennent sans avoir besoin de parler, nos bouches cajolent chaque point sensible de l'autre. Les gémissements qui s'échappent des lèvres de mon compagnon me semblent être la plus douce et la plus enivrante des mélodies, celle dont je pourrais me repaître jusqu'à la fin de mes jours.

Son visage rougi, crispé par le plaisir, me bouleverse par sa franchise brute. J'apprécie le fait qu'il ne cherche pas à me dissimuler ce qu'il ressent, me le présentant au contraire de façon crue afin que je prenne conscience de l'ampleur de ce qu'il a sur le cœur.

Nos peaux luisantes de sueur glissent l'une sur l'autre, son cul trempé aspire délicieusement mon sexe et ses ongles griffent inlassablement mon dos.

Même lorsque la chaleur devient trop forte, que ma conscience s'évapore et qu'alors, mes crocs se referment dans son cou, il n'en gémit que plus fort, décalant sa tête sur le côté et repoussant ses cheveux pour me dévoiler sa nuque.

— Marquez-moi, exige-t-il d'un ton désespéré.

Et je lui obéis. Parce que mon corps tout entier rugit son besoin de possession pourtant impossible à assouvir. Alors je le mords, encore et encore, plantant illusoirement mes crocs dans sa nuque pour imprimer une marque qui appartient à un autre. Et il crie, me repoussant en arrière pour me chevaucher avec une merveilleuse assurance.

Progressivement, l'orgasme enfle dans mon bas-ventre, et quand le sien l'emporte violemment, l'obligeant à rejeter la tête en arrière tandis qu'il se déverse sur mon torse, je ne tiens pas plus de cinq secondes avant de l'imiter.

Pourtant, au lieu du plaisir rapide qui marque habituellement la fin de mes ébats, une drôle de sensation agite soudainement mon estomac, comme si du plomb fondu coulait lentement vers mon aine. Haletant, je plante mes ongles dans les hanches de Chayyim tandis que la sensation d'être au bord de l'orgasme dure de longues secondes, sans jamais éclater en apothéose.

— Qu'est-ce que... hoqueté-je en sentant la chaleur envahir mon bas-ventre puis remonter le long de mon sexe.

Et d'un coup, l'orgasme me frappe comme la foudre, m'arrachant un cri dont j'aurais pu avoir honte si mon cerveau n'était pas perdu dans des limbes de plaisir. Ce dernier dure une éternité, me faisant tourner la tête et trembler les mains alors que je me déverse dans le corps de mon partenaire. Le gémissement satisfait que pousse celui-ci ne m'aide en rien à me calmer, et je réalise soudainement que quelque chose ne va pas. Affolé, j'ai la brusque impression que ma queue va exploser tant elle est dure, gonflant anormalement vite quand elle devrait commencer à ramollir, m'arrachant même une grimace d'inconfort.

Alors que je tente de me retirer de Chayyim par peur de le blesser, ce dernier appuie ses mains sur mes épaules pour m'inciter à rester allongé.

— Ne bougez pas, m'intime-t-il d'une voix douce, vous allez nous blesser tous les deux si vous tentez de vous retirer maintenant.

— Mais qu'est-ce qu'il se passe ? m'inquiété-je en réalisant qu'en effet, nos deux corps semblent avoir fusionné.

— Ce n'est qu'un autre réflexe de votre corps. Après avoir couché avec un oméga, notamment en période de rut, les alphas nouent leur partenaire afin d'accentuer leurs chances de le féconder.

A ces mots, un éclat douloureux passe dans ses yeux et mon cœur se sert affreusement en réalisant que nos deux corps ne sont pas conscients de leurs limites ni de leurs incapacités. Par instinct, le mien cherche à s'unir éternellement à Chayyim, à le faire sien, que ce soit en le marquant ou en déposant sa semence en lui, sans savoir que ni l'un ni l'autre ne pourront aboutir. Et ce constat est d'une cruauté sans nom.

Je comprends rapidement, en contemplant les traits crispés de mon partenaire, que cette incapacité à enfanter lui pèse aujourd'hui plus qu'auparavant, et j'ignore si cela me remplit plus de joie ou de désespoir. Dans un sens, cela signifie que ce qu'il y a entre nous est assez puissant pour lui donner envie de porter mon enfant et garder au moins ce lien avec moi, mais d'un autre, cela ne rappelle que plus amèrement la fatalité de nos destins, cette impossibilité de s'unir à l'autre malgré notre envie mutuelle.

Alors, la gorge nouée, j'attrape Chayyim par la taille et l'incite à se coucher contre moi. A l'instant où son torse épouse le mien, mes bras s'enroulent autour de lui pour le serrer de toutes leurs forces, presque au point de l'étouffer. Mais il ne se dégage pas. Au contraire, son visage s'échoue dans mon cou et ses mains s'enfouissent dans mes cheveux tandis que mon corps continue à nouer le sien, insensible à la tempête d'émotions qui agite nos cœurs.

— Je ne vous lâcherai pas, murmuré-je contre sa peau moite. Plus jamais.



NDA : Bon... J'espère que ce chapitre vous aura plu ! Peut-être qu'il vous semble soudain, mais vu la situation dans laquelle ils se trouvent et le désespoir qui les étreint, je le trouve plutôt logique en fait. Et j'ai adoré l'écrire !

Je pense que vous l'aurez compris, mais l'univers étant d'inspiration médiévale, il ne se prête pas vraiment à l'utilisation de moyens contraceptifs. Dans la vie de tous les jours, sortez couverts ✌️

Des bisous !

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