𝟥𝟧. 𝑅𝑒𝓉𝓇𝑜𝓊𝓋𝒶𝒾𝓁𝓁𝑒𝓈 𝓈𝑒𝒸𝓇è𝓉𝑒𝓈


J'hallucine. J'hallucine complètement. J'hallucine tellement que même les litres de bière que j'ai engloutis ne parviennent pas à me remettre les idées en place. Et pourtant, j'y mets de la bonne volonté !

Assis à mes côtés sur le banc défoncé de l'auberge, juché sur une pile de coussins qu'il a déniché je-ne-sais-où, Nez-qui-pointe finit d'une traite sa chope de bière avant d'émettre l'un de ses sempiternels caquètements.

— Et on t'a foutu à la porte comme ça ? ricane-t-il d'un air ravi. Magnifique ! M'enfin bon, mon p'tit Kahn, tu t'attendais point à c'qu'on t'accueille comme un roi, quand même ? C'déjà fou qu'un putain d'alpha ait pu entrer dans l'antre de ce bon vieux Nask, t'as d'la chance qu'il t'ait pas coupé les couilles avant d'te foutre à la porte !

— Dix gardes, grogné-je en observant le fond de ma chope, dix putain de gardes pour me foutre dehors.

Mon ami s'esclaffe de plus belle avant de faire signe à l'aubergiste de nous resservir abondamment.

— D'jà, ils t'ont pas foutu hors de la ville, tempère-t-il sans se départir de son sourire moqueur, tu d'vrais être content. R'garde, on l'voit très bien l'palais d'où on est !

— J'm'en branle de ça ! Ça fait des semaines que je marche pour atteindre cette foutue ville, je mériterais au moins une chambre confortable ! Pas ce putain de trou à rats puant !

— Dis plutôt que t'es vexé d'avoir été foutu à la porte d'vant ton bel oméga.

Je lui lance un regard noir par-dessus ma chope, mais cela ne fait qu'accentuer son rictus narquois. En réalité, je sais très bien que mes malheurs l'amusent. Non seulement l'empathie est un mot qui lui est totalement étranger, mais en plus de cela, je suis complètement ridicule à me plaindre d'événements qui étaient évidents. Lorsque les gardes sont venus me foutre dehors, quelques heures plus tôt, il aurait été grotesque de dire que je ne m'y attendais pas. Par contre, ce que je n'avais réellement pas anticipé, c'est ce sentiment de honte intense qui m'a envahi dès que j'ai compris que j'allais de nouveau être humilié devant Chayyim. Il m'a pourtant vu être considéré comme la pire des vermines aux Pleureuses, mais cet affront était celui de trop.

A peine les gardes m'ont-ils saisi qu'il s'est précipité vers eux pour leur ordonner de me relâcher, assurant que j'étais son compagnon de route et que j'avais tout autant droit que lui à un traitement respectable. Insensibles, les gardes se sont contentés d'affirmer que je pourrai revenir le lendemain, lors de l'audience accordée par le roi Nask, mais qu'en aucun cas ce dernier ne tolérerait ma présence souiller son sommeil. Quel fils de pute...

— Tu t'es pris pour c'que t'étais pas à force de côtoyer c'gars-là, continue Nez-qui-pointe en remplissant abondamment ma chope. T'étais pas aussi sentimental avant, t'vas finir par t'faire bouffer.

Je ne prends pas la peine de lui répondre et avale d'une traite ma bière. Autour de moi, les clients me jettent des regards méfiants, parfois franchement réprobateurs, et je sais déjà que je ne finirai pas la soirée sans en cogner quelques uns. Cela fait bien longtemps que je n'ai pas participé à ce genre de combats qui ne manquent jamais d'éclater dans les auberges, lorsque l'alcool a imbibé les corps et les esprits. Et tout de suite, il n'y a rien qui ne me paraît plus enviable.

— Putain de nobles, marmonné-je dans ma chope avant de la finir d'une traite. Puisse le Vice tous les emporter !


***


Je titube tant bien que mal vers la chambre crasseuse que l'aubergiste nous a louée, à Nez-qui-pointe et moi, lorsque nous sommes arrivés. La porte se situe au fond d'un couloir empestant l'urine et l'humidité, aux murs lézardés de moisissure et au sol recouvert de planches à travers lesquelles je manque de passer tous les trois pas. Mes phalanges me picotent encore de les avoir trop écrasées contre des os tout au long de la soirée et je suis obligé d'essuyer régulièrement le sang qui coule de mon nez. J'ignore dans quel état je suis, sûrement ai-je une gueule à faire peur, mais dans tous les cas, l'alcool anesthésie la douleur. Je ne ressens rien. Rien à part cette adrénaline qui continue à couler dans mes veines, faisant trembler mes doigts et tressauter le coin de mes lèvres. Si j'avais pu, j'aurais passé la soirée à enchaîner les adversaires jusqu'à ne plus pouvoir me relever.

Mais je dois me présenter au palais demain. Du moins, c'est ce que Nez-qui-pointe m'a rappelé. C'est également lui qui m'a tiré en arrière alors que j'écrasais mes poings sur le visage d'un marin qui avait un peu trop ouvert sa gueule, croyant qu'il pouvait m'insulter de bon cœur sans que je ne réagisse. Peut-être l'aurais-je tué si mon ami ne m'avait pas arrêté. Dans les Combats Aveugles, aucune règle n'est de mise et l'issue dépend des participants. Vu mon état, je ne suis pas certain que j'aurais pu m'arrêter à temps.

Pestant une nouvelle fois contre cette journée de merde, je m'acharne à tourner une dizaine de fois la poignée de ma porte avant qu'elle ne consente à céder. Vu l'air gourmand de la prostituée dans les bras de laquelle Nez-qui-pointe s'est enfoui lorsque je suis parti, je ne suis pas prêt de le voir !

La flamme d'une bougie vacille dans l'obscurité, près du lit. J'ai à peine le temps de réaliser que sa présence n'est pas normale qu'une voix retentit dans mon dos.

— Vous en avez mis du temps.

Surpris et déjà prêt à en découdre, je me retourne d'un bond, les poings levés au niveau de mon visage, pour tomber face à une silhouette encapuchonnée, assise sur la couverture crasseuse sûrement pleine de vermine. En une seconde, je reconnais l'odeur suave qui flotte dans l'air et mon cœur en loupe un battement.

— Qu'est-ce que vous foutez ici ? grogné-je en rangeant mes mains le long de mon corps.

— Je voulais m'assurer qu'on vous traitait bien. Qu'est-il arrivé à votre visage ?

Chayyim se lève puis s'approche de moi. La luminosité quasi inexistante qui règne dans la pièce me permet à peine de distinguer ses traits, mais je remarque au col de sa tunique, rehaussé de dorures, qu'il s'est changé et lavé. Aussitôt, le contraste entre nous n'en devient que plus prégnant et je songe à quel point je dois être repoussant et sentir mauvais.

— J'avais besoin de décompresser, éludé-je en repoussant la main qu'il a posée sur mon visage.

Lui tournant le dos, je me laisse tomber sur le lit puis m'empresse de retirer mes bottes.

— Vous feriez mieux de retourner au palais. Vous n'avez rien à faire ici.

Un soupir résonne dans la pièce avant qu'un poids ne s'échoue à mes côtés.

— Laissez un peu votre fierté de côté, voulez-vous ? J'ai dû faire preuve de patience et d'ingéniosité pour parvenir à sortir de ce foutu palais.

Son langage familier me surprend plus que je ne voudrais l'admettre, me forçant à tourner la tête vers lui pour lui lancer un regard déconcerté.

— Vous moquez pas de moi, bougonné-je en grattant le sang coagulé sur mes tempes. Vous avez eu droit à un putain de bain parfumé, à des habits tout propre et à une chambre luxueuse. On vous a traité avec tous les honneurs et j'suis sûr que vous avez un putain de serviteur prêt à vous essuyer le cul si vous claquez des doigts. Me dites pas qu'on vous mène la vie dure.

— Et pourtant, me voici.

Effectivement, le voici. Comme si je réalisais soudainement dans quelle situation nous nous trouvions, je le dévisage intensément, m'approchant si près de lui que je peux voir les reflets de la bougie s'accrocher à ses cils. Ses épaules se crispent lorsque j'apporte une main écorchée à sa joue, effleurant sa peau si douce, récemment rasée. Que fait-il ici ? La question ne cesse de tourner dans mon esprit et toutes les réponses que j'imagine bloquent mon souffle dans ma gorge.

Doucement, je remonte mes doigts vers sa capuche que je fais glisser en arrière, révélant enfin son visage aux traits si purs, si élégants. Ses yeux étoilés ne quittent pas les miens tout au long de mon inspection. Sans un mot, je rabats l'une de ses mèches ébènes derrière son oreille, le cœur battant si fort que je suis certain que Chayyim peut l'entendre.

— Vous êtes beau, soufflé-je sans m'en rendre compte.

Le concerné esquisse un sourire avant de prendre ma main dans la sienne pour l'écarter de son visage.

— Et vous, vous êtes saoul, répond-il patiemment, comme s'il parlait à un gamin.

— Pas tant que ça, contré-je en fronçant les sourcils. Je pourrais boire le triple de ce que j'ai englouti là-dessous !

— Cela tombe bien parce que je vous ai ramené une petite surprise du château.

A ces mots, il brandit devant mes yeux ébahis une outre en peau neuve qu'il agite d'un air complice.

— Ce n'est pas grand-chose, mais je me suis dis que ça vous remonterait le moral.

Désormais ravi, j'attrape l'outre dont je porte le goulot à mes lèvres, savourant l'explosion de saveurs qui coule dans mon œsophage.

— Bordel, que Krast m'emporte si je mens, je pense que c'est le meilleur vin que j'ai bu de ma vie ! m'exclamé-je, un grand sourire au bord des lèvres.

Une expression amusée traverse le visage de Chayyim avant qu'il ne se réinstalle sur le lit, me faisant signe de le rejoindre.

— Laissez-moi guérir vos blessures, intime-t-il calmement.

Mais à l'instant où il pose ses mains sur moi, je retire ces dernières en secouant la tête.

— Inutile, ce n'est rien.

— Vous êtes blessé, s'entête mon compagnon en fronçant les sourcils.

— Je vais très bien. Pas besoin d'éprouver votre corps pour si peu.

Les yeux étoilés jaugent les miens de longues secondes avant que leur propriétaire n'abandonne la partie.

— Jouons plutôt à un jeu ! m'écrié-je soudainement. A tour de rôle, on doit boire une gorgée et poser une question à l'autre. Et ainsi de suite. Le premier qui s'écroule a perdu !

— Vous êtes sûr que c'est un vrai jeu ? relève Chayyim en coulant un regard amusé vers moi. Cela me semble plutôt être une façon de vous immiscer un peu plus dans ma vie.

— Gagné ! ponctué-je en lui adressant un clin d'œil. Pour la peine, je bois une gorgée de plus !

Alors que je m'exécute, mon compagnon se cale contre le mur, ses pieds déchaussés posés sur la fourrure miteuse qui couvre le lit. J'avale une deuxième gorgée puis viens m'asseoir à ses côtés.

— Alors... Si vous ne vous étiez pas marié au roi, qu'est-ce que vous auriez aimé faire de votre vie ? commencé-je en inclinant ma tête sur mon épaule.

— Tout cela est bien vague, sourit le concerné.

— Répondez quand même.

— En réalité, je l'ignore... Lorsque je vivais à Klan, avant de m'éveiller en tant qu'oméga, j'étais fasciné par les marins que je voyais dans les auberges. Je crois que j'idéalisais leur vie et que j'aspirais surtout à leur liberté, mais j'ai toujours voulu embarquer sur un bateau.

Son regard croise le mien et il hausse un sourcil moqueur en ma direction.

— Enfin, c'était avant de partager une traversée à vos côtés, raille-t-il avant d'esquiver en riant le coup que j'essaie de lui asséner.

— J'suis pas un putain de poisson, grommelé-je de mauvaise foi, j'ai rien à foutre sur la mer.

— J'ai vu ça, pouffe-t-il.

Il m'arrache l'outre des mains et en bois une longue gorgée. Fasciné, je contemple le mouvement que fait sa glotte lorsqu'il déglutit, songeant à quel point j'aimerais y faire glisser ma langue.

— A vous ! Qu'auriez-vous fait si vous n'étiez pas obligé d'être mercenaire pour gagner votre vie ?

Parce que je ne me suis jamais autorisé à me poser cette question, je prends le temps de réfléchir quelques secondes.

— Je serais devenu roi, assuré-je subitement avec un grand sourire. Et j'aurais créé un royaume basé sur la fête et la débauche ! Tout le monde passerait son temps à boire et à danser ! Il n'y aurait pas de différence de classe, pas de ces foutues questions d'alpha, de bêta et d'oméga, chacun aimerait qui il veut et baiserait qui il veut ! Et tous ceux qui chercheraient à nous raisonner ou à instaurer des lois seraient les seuls condamnés aux travaux des champs !

Perdu dans mon monde idéal, je porte une nouvelle fois l'outre à mes lèvres, apercevant à peine le regard amusé que Chayyim pose sur moi.

— Je voyagerais tout le temps pour découvrir mon royaume, continué-je en gloussant comme un idiot, j'aurais tous mes amis à mes côtés, on goûterait les spécialités de chaque coin et on aurait le choix de dormir n'importe où !

Cette fois, mon regard capte le sien et je ne peux m'empêcher de refermer mes doigts autour de sa mâchoire.

— Et puis, vous savez quoi ? J'vous épouserai ! lancé-je en éclatant de rire.

Chayyim secoue la tête d'un air faussement exaspéré, mais je vois bien le sourire qui étire ses lèvres.

— Je ne suis pas sûr que vous soyez fait pour la vie maritale, s'esclaffe-t-il doucement.

— Parce que vous l'êtes, vous ? rétorqué-je en agitant l'outre son nez. Tenez, nouvelle question !

J'avale une grande rasade de vin puis délaisse à contrecœur la mâchoire de mon compagnon.

— Vous n'avez jamais été voir ailleurs ? demandé-je en plissant les yeux d'un air inquisiteur.

— Vous vous rendez compte que vous me demandez des informations qui pourraient m'être très compromettantes...

— Donc vous l'avez fait ! m'écrié-je d'un ton ravi.

— Hélas, je vais devoir vous décevoir, mais non, je n'ai jamais été voir ailleurs.

— Et vous n'avez jamais eu envie ?

— Ce n'est pas une nouvelle question, ça ? relève Chayyim en haussant un sourcil.

— Rooh allez ! Répondez ! J'ai rien eu de croustillant là.

Alors que je m'attends à ce qu'il close le sujet ou m'offre une réponse nébuleuse, le silence s'installe soudainement dans la pièce. Aussitôt, je sens tous mes poils se dresser et un frisson dévaler la pente de mon dos. Le souffle court, je plonge mon regard dans le sien, osant à peine respirer de peur de troubler cette quiétude inattendue.

Comme tout à l'heure, mon cœur se met à battre la chamade tandis que les yeux étoilés ne cillent pas, intenses, bouleversants. Ma peau se met à picoter et une émotion que je ne connais pas commence à gonfler dans ma poitrine, prenant tant de place qu'elle m'étouffe. J'ignore ce qu'il se passe, mais je sais qu'à cet instant, il me suffirait de me pencher en avant pour ravir les lèvres de Chayyim et le faire mien.

— Oui, cela m'est arrivé, finit par répondre ce dernier d'une voix éraillée.

Notre jeu de regards s'éternise encore une ou deux minutes avant qu'il ne se racle la gorge et détourne les yeux, les traits tendus.

Pour calmer les battements effrénés de mon cœur ainsi que le désir brûlant qui crépite dans mon bas-ventre, je finis d'une traite le vin puis balance l'outre dans un coin de la pièce.

— Pourquoi êtes-vous réellement ici, ce soir ? questionné-je d'une voix rauque.

— Je vous l'ai dit, je voulais vérifier que l'on vous traitait bien...

— Et ?

Chayyim me lance un de ses regards sévères dont il a le secret, mais qui ne me font plus rien. Parce que désormais, je sais qu'ils lui servent seulement à dissimuler ses émotions.

Quand il s'aperçoit que je ne baisse pas les yeux, il soupire en passant une main nerveuse dans ses cheveux.

— Me retrouver à nouveau dans un palais, seul, avec toutes ces étiquettes et ces faux-semblants... Je n'ai pas supporté. Je vous l'avais dit, à force de vivre avec vous comme un mercenaire, je ne parviens plus à évoluer au sein d'une Cour.

Il me jette cette fois un regard accusateur auquel je répond par un haussement de sourcils. Je sais qu'il n'est pas réellement furieux contre moi, plutôt contre son incapacité à faire semblant plus longtemps. Secrètement, cela me ravit.

— Tout m'a semblé si faux, si étouffant, si... trop. Le roi a obligé deux gardes à me surveiller chaque seconde, j'ai dû passer par la fenêtre et sauter dans un arbre pour m'enfuir !

L'information, si drôle et surprenante par sa spontanéité, me fait éclater de rire. La simple image de Chayyim s'enfuyant du palais me divertit tellement que je peine à réprimer mes gloussements. Dire qu'il y a quelques mois, il se baladait comme une putain de divinité intouchable, refusant obstinément de sortir de son rôle et de se mêler aux autres ! Le voilà bien changé !

— De plus, continue-t-il d'un ton plus incertain, je... Je ne parvenais pas à dormir.

Il me semble voir un soupçon de gêne traverser son beau visage et mon cœur loupe immédiatement un battement.

— Je... Je me sentais bien seul sans votre présence à mes côtés, marmonne-t-il en fixant ses mains croisées sur ses genoux. Votre chaleur me manquait.

Il a peine le temps de finir sa phrase qu'un raz-de-marée d'émotions me submerge, assez puissant pour que Chayyim relève la tête, choqué, les yeux écarquillés sous la quantité de phéromones qui doit s'échapper de mon corps. Les joues brûlantes, je tente de réprimer ces dernières, pestant contre mon incapacité à me contrôler dès que ce foutu oméga est dans les parages.

D'un geste brusque - et pour tenter de cacher mon embarras -, j'attrape mon compagnon par la cheville et le tire vers moi pour qu'il puisse s'allonger complètement sur le lit. Ses sourcils se froncent brièvement sous la surprise, mais très vite, je l'entends soupirer de contentement lorsque je plaque mon corps contre le sien, réalisant alors à quel point lui aussi m'a manqué. Tout ceci est pitoyable, nous n'avons été séparés que quelques heures et pourtant, j'ai l'impression que cela fait une éternité.

Sans un mot, j'enroule mes bras autour de sa nuque puis plonge une main dans ses mèches si douces tandis qu'il blottit son visage contre mon torse. L'odeur d'alcool, de sueur et de sang séché qu'exhale mon corps doit être terrible, et pourtant, je l'entends en prendre de grandes bouffées.

Ses mains viennent agripper maladroitement le dos de ma tunique et j'en profite pour rabattre un peu plus sa cape sur lui, histoire de le réchauffer. Profondément bouleversé par cette étreinte, j'ai toutefois le temps de remarquer que cette dernière me semble d'une justesse époustouflante, comme si nous étions destinés à nous retrouver ainsi et que mon cœur avait récupéré sa partie manquante.

Et c'est sur cette pensée, qui me tord désagréablement l'estomac, que je m'endors, l'esprit torturé par l'alcool et les émotions.



NDA : Chapitre un peu long, je l'admets, mais aaaah enfin ! Encore du rapprochement !

J'espère que vous aurez pris plaisir à le lire comme j'ai pris plaisir à l'écrire et je vous dis à très bientôt pour la suite !

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