𝒫𝓇𝑜𝓁𝑜𝑔𝓊𝑒


An 304 de l'Ere Viciée


Je ne me souviens pas bien de mon enfance, juste de quelques brides. Des rires, des gamins qui courent le long des ruisseaux, des montagnes qui touchent le ciel. La voix de ma mère, plus douce que les étoffes qu'elle tisse, ses grands yeux argentés, sa patience.

Puis un bruit, énorme, sourd. La terre qui tremble, les oiseaux qui s'envolent, les montagnes qui s'effondrent. Cette affreuse odeur de souffre, suivie de la nuée ardente obscurcissant l'atmosphère.

Je me rappelle être tombé à la renverse sous le choc, les fesses dans une flaque, les yeux rivés vers le ciel plus sombre que la nuit. Autour de moi, les adultes criaient, se bousculaient, tentaient de s'échapper par tous les moyens possibles. Au milieu de la cacophonie de leurs pas martelant le sol et de leurs hurlements ricochant sur les murs, j'entendais ces mots : « La nature nous punit », « C'est la fin », « Le volcan s'est réveillé ».

Les gens semblaient être devenus des bêtes. Projeté contre l'échoppe d'un marchand, je ne parvenais pas à me relever, l'épaule gauche déboîtée, la bouche pleine de terre, le corps martyrisé par les centaines de personnes qui le piétinaient. Les larmes ruisselaient le long de mes joues et mon nez cassé me lançait terriblement. Je tentais d'appeler ma mère mais ne faisais que m'étouffer avec le sang qui dégoulinait de mes blessures. La douleur ne connaissait aucune fin, la folie des hommes non plus.

Je ne sais pas quand je perdis connaissance, mais lorsque je me réveillai, une main gigantesque me tirait par les jambes. Mon visage raclait le sol et mes lèvres se déchiraient sur les pierres parsemant le chemin. Je voulus me dégager, je n'obtins qu'un violent coup dans la mâchoire. Et avant de sombrer de nouveau dans l'inconscience, j'entendis ces quelques mots :

- Garde celui-ci, c'est un alpha. Avec un peu de chance, on tirera un bon prix de cette raclure !

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