-4 : MAJOR TOM, Peter Schilling
4 mois plus tôt
Niklas est au téléphone alors qu'il se rend à l'entrainement ce jour-là. Il a son coéquipier Maximilian au téléphone. En tant que capitaine, c'est également son rôle de rassurer le blond sur son temps de jeu faible mais aussi de s'assurer qu'il reste concerné. Car à la moindre blessure, celui qui n'a le droit qu'à quelques minutes éparpillées sur les différents matchs peut se retrouver indispensable pour deux mi-temps complètes. C'est d'ailleurs ce qu'il souhaite au défenseur, même si cela signifie qu'il serait alors triste pour un des autres joueurs de l'équipe.
Il passe devant le KDR quand un éclat roux retient son attention. Celui-ci lui adresse d'ailleurs un geste vigoureux de la main et il rend l'immense sourire qu'elle lui fait à la professeur de sport attablée en terrasse. En ce mois d'octobre, les températures sont encore douces et permettent de continuer de s'installer en extérieur. Si le vent est parfois frais, ce n'est pas le cas dans cette rue où il ne peut pas s'engouffrer. Profitant de la présence de la jeune femme qu'il n'a pas vue depuis longtemps, il raccroche avec son ami, lui disant qu'ils continueraient leur conversation à la fin de l'entrainement.
— Salut Hannah, t'es pas en cours ?
Ses lèvres s'étirant dévoilent ses dents parfaitement blanches. Il note qu'elle a un café allongé posé devant elle ainsi qu'une pâtisserie qu'il reconnait comme issue de sa boutique préférée. Il regrette presque de ne pas s'y être arrêté avant que la raison et surtout son corps le reprenne. Il finissait toujours l'estomac au bord du vide quand il mangeait ce genre de chose avant l'entrainement lorsque venait le temps de faire des efforts un peu trop importants.
— Je commence que dans une heure ! Et toi ? Pas d'entrainement ?
Il est certain d'entendre le pourtant y en aurait bien besoin haché et mal articulé. Ses prunelles s'agrandissent quand il comprend la signification de la phrase et la jeune femme semble s'apercevoir de ce qu'elle vient de dire. Elle porte ses deux mains à sa bouche alors qu'elle retient un petit hoquet de stupéfaction.
— Désolée, c'était pas ce que je...
Il hausse les épaules. S'il n'était pas persuadé que le problème venait d'un manque d'entrainement, elle ne se trompait pas quant à l'état pitoyable dans lequel se trouvait son club. Chaque nuit du vendredi au samedi était peuplée de défaites alors qu'il espérait enfin inverser le cycle noir dans lequel ils s'étaient enfoncés. Après plusieurs mois de championnat, leur première victoire tardait à se manifester. Ils étaient réduits à se demander qui était les plus nuls entre eux, Schalke et Cologne et à être les témoins malheureux de l'enchainement de victoires de leur rival principal. Alors que leur président criait sur tous les toits qu'ils étaient le Big city club et le club de tout Berlin, il était évident que celui situé dans le quartier Köpenick était le maitre de la ville d'un point de vue sportif. Berlin n'avait plus rien de bleu et blanc et cela brisait le cœur de Niklas à chaque fois qu'il y songeait.
— C'est pas comme si c'était faux. Mais il commence également dans une heure.
Un petit sourire désolé lui est adressé dans lequel il lit de la compréhension. S'il savait qu'elle ne soutenait pas son club, il est heureux qu'elle ne soit pas heureuse de la situation dans lequel le club adverse se trouvait. Mais était-on vraiment un adversaire lorsque l'on a rien à jouer en commun ? L'Union se battait pour l'Europe quand ils se battaient pour leur survie.
— Je te paye un truc ?
Il se laisse convaincre par le ton sympathique et accueillant de celle dont il ignore toujours le sport de prédilection. Il allait s'assoir quand il pense au fait qu'il faut certainement qu'il aille passer sa commande au comptoir.
— J'irai pas si j'étais toi. Sauf si t'as vraiment un bon estomac.
Il la regarde d'un air étrange mais se stoppe dans ses mouvements et se laisse tomber sur sa petite chaise en métal peu confortable. La réponse vient avant même qu'il ne pose la question.
— Ça pue la bière et le pastis et je suis pas certains que les étudiants encore en train de festoyer te laisseraient ressortir en vie !
Son rire éclate et il est bientôt rejoint par celui cristallin de la jeune femme. Il se penche pour essayer de voir à travers les vitres ce qui se déroule à l'intérieur. Bientôt, il peut entendre des cris résonner accompagnés de forts éclats de rire. Il décide donc qu'elle est très gentille de lui épargner cette épreuve quand elle aurait pu l'envoyer au milieu de ce qui semblent être des supporters du club adverse aux chants résonnant en cet instant pour se moquer un peu de lui.
— Merci de m'épargner ça !
— Mais de rien !
Le sourire est malicieux alors qu'il lui fait face. Il prend le temps de la détailler et ses yeux sombres parcourent son doux visage toujours souriant. Ses cheveux flamboyants l'encadrent et Niklas avait pendant quelques temps oublié à quel point le roux de ceux-ci faisait qu'elle attirait tous les regards. Ses yeux sombres finissent par glisser jusqu'à ses doigts entourant sa tasse en ce début de journée. Plusieurs d'entre eux sont recouverts de pansements.
— Qu'est-ce que t'as fait ?
Il lui faut quelques secondes et un geste de la main du défenseur pour qu'elle comprenne qu'il parle de l'état de ses mains.
— Ah ça. C'est juste que je les ai abimés en grimpant en falaise le week-end dernier.
Une grimace se peint sur le visage du footballeur alors qu'elle dit ça d'un ton impassible, comme si c'était une situation à laquelle elle était habituée. Niklas se dit qu'il ne pourrait jamais s'habituer à ce type de douleur sur les doigts. Il déteste y avoir mal ou avoir des cloques comme elle en a certainement sur ses différentes phalanges. Il n'a pas le temps de creuser sur ce qui devait donc être le sport qu'elle faisait – cela collait aux quelques éléments donnés des mois plus tôt et que Niklas avait parfaitement retenus – que le propriétaire arrive pour lui demander ce qu'il veut. Un sourire amusé se dessine sur le visage de sa camarade de tablée quand il répond un chocolat chaud. Il se demande s'il regrettera quelques heures plus tard quand il sera en train de cracher ses poumons sur le terrain d'entrainement.
« Völlig losgelöst von der Erde
Schwebt das Raumschiff schwerelos
Völlig losgelöst von der Erde
Schwebt das Raumschiff völlig schwerelos »
Un éclat de rire résonne alors que la musique résonne avec force dans le bar et que les chants l'accompagne.
— Ah ouais, ils sont vraiiiiment en forme.
En face de lui, Hannah pouffe une nouvelle fois de rire tandis que Major Tom continue encore et encore de résonner et que chaque refrain est repris en cœur. Niklas a l'impression de se retrouver à la fête de la bière de Munich, où il s'est rendu une fois. Ou en fin de soirée particulièrement arrosée quand ils fêtaient une victoire importante entre coéquipiers. Il est alors tout sauf neuf heures trente du matin dans ces moments-là. Mais pour eux, il semblait évident que c'était une fin de soirée et non un début de journée.
Avant que le brun soit servi, la porte s'ouvre à la volée et deux grands blonds sortent l'un après l'autre, ou plutôt l'un pourchassant l'autre. Dans leurs mains, on trouve des verres en plastique réutilisables remplis de bière. Alors que le premier souffle sa gorgée au visage du second, celui-ci réplique en envoyant le contenu de son gobelet en direction de son adversaire et de la table où Hannah se met à crier quand le liquide froid, collant et poisseux l'atteint en plein visage, et sur son pull, et dans son cou.
Les deux jeunes hommes se retournent vers elle et un semblant de sourire d'excuses se peint sur leurs visages aux regards brumeux. Ils restent silencieux alors que la boisson recouvre leurs deux têtes et que la bière y glisse lentement. L'odeur répugne le footballeur à l'estomac sensible en début de journée. Cela semble également être le cas de la rouquine doit les cheveux sont désormais également mouillés. Il peut voir sa grimace de dégoût.
Malgré la situation, il ne peut s'empêcher d'être légèrement amusé. Pour une fois qu'ils ne font pas l'un ou l'autre une maladresse, le destin semble s'acharner contre eux avec Hannah se retrouvant encore une fois dans une situation improbable.
— Dis-toi que ça se nettoie mieux que du jus de tomate !
Les yeux verts sont levés au ciel mais Niklas peut voir les lèvres se relevant de façon amusée suite à cette remarque.
— Oui, mais toi tu rentrais chez toi, t'avais pas une journée de cours à faire avec un sweat dégueu et qui pue l'alcool !
Il est admiratif de la voir prendre la chose avec philosophie et de ne pas s'énerver contre les deux jeunes complètement éméchés qui continuent de chahuter sur le trottoir, gênant tous les passants leur lançant de nombreux regards mauvais. Il est bien obligé d'admettre qu'entre leur rencontre chaotique en soirée et la douche de bière de bon matin, les situations sont diamétralement opposées. Son regard se baisse alors vers le manteau qu'il porte, puis le sac posé à ses pieds. Les rouages de son cerveau se mettent en marche alors qu'il trouve facilement une solution à la problématique de la grimpeuse. Il se penche, ouvrant sans cérémonie la fermeture éclair de son sac de sport et y fouillant, mélangeant ses habits pourtant bien pliés la veille au soir quand il l'avait préparé. Il sort de façon triomphale ce qu'il cherchait et le brandit fièrement à la jeune femme.
— Oui et ?
Une grimace de dégoût est présente sur son visage et il arque un sourcil avant de remercier le barman lui apportant sa boisson chaude qu'il fait bien attention de ne pas renverser.
— Ben c'est pour toi ! Je peux même te prêter un t-shirt si tu veux, je dois en avoir un qui traine.
— Tu ne penses quand même pas que je vais porter des couleurs bleues et blanches là Niklas ?
L'intégralité des traits de son visage s'affaissent quand la réponse lui est donnée. C'est la première fois que la rousse prononce son prénom et il semble entaché de l'air pris pour lui répondre. Il en baisse même les yeux, déçu du retour sur son idée qu'il trouvait pourtant bonne. Il ne voit donc pas les prunelles pétillant de malice et les lèvres se relevant de façon amusée avant qu'un léger rire ne s'élève de l'autre côté de la table.
— Je rigole, j'en veux bien de ton pull. Merci beaucoup.
Il tend lentement l'objet qui est pris avec délicatesse, un franc sourire de remerciements lui étant adressé.
— En plus, vos vêtements sont beaucoup plus beaux que ceux de l'Union. À chaque fois je me fais la réflexion qu'à part le mauvais logo, ils donnent carrément plus envie d'être achetés.
— C'est les couleurs ça, ou bien les modèles.
Le rire éclate.
— Ouais ouais, ça doit certainement être ça !
Les yeux pétillent et le brun se dit qu'il pourrait bien la laisser gentiment se moquer de lui toute la journée.
— Tu veux aussi un t-shirt ? Le tien est mouillé ?
— Merci mais le sweat a eu l'air de tout absorber.
Quand Niklas la regarde retirer celui-ci pour le remplacer par un de ses habits d'entrainement, il se perd pendant quelques longues secondes dans ses pensées. La voir avec ses vêtements est une vue à laquelle il ne serait pas contre s'habituer.
— Ça a l'air de bonne qualité en tout cas. Il est trop agréable. Un peu géant pour moi, mais agréable.
Alors qu'elle lève les bras, il voit les manches qui tombent lamentablement et se met à rire à cette vue. Puis elle les relève et se saisit de sa tasse qu'elle porte à ses lèvres.
— Tu feras attention de pas le salir à faire trainer mes manches partout et de pas renverser ton assiette dessus.
— Je croyais qu'on avait acté que de nous deux, c'était toi le maladroit Niklas !
Son prénom prononcé par la jeune femme aux beaux yeux verts lui plait fortement. Il a l'impression qu'il est fait pour être prononcé par la voix douce d'Hannah même s'il ne lui dit évidemment pas. Et pendant toute la fin de leur petite entrevue, même les cris et rires des étudiants plus qu'éméchés ne peuvent le détourner de la petite professeur d'EPS qu'il ne se lasse pas d'admirer.
on repart bientôt sur des posts nouveaux puisque c'était le dernier chap de la réécriture. le suivant est d'ailleurs bien entamé et j'ai à peu près toutes mes musiques faut juste que j'ajuste pour en rajouter 2-3 & citer à peu près tous les principaux groupes d'ex rda. donc on approche du bouclage de l'affaire (grosse galère pour gérer mon couple de timides maladifs - mims' mais bien relou pour conclure qqc avec eux contrairement aux autres pour qui les fins étaient "simples" à gérer...)
je souligne que pour une fois, j'avais pas galéré à trouver ma musique au moment. parce que j'avais été bien aidée par les allemands qui étaient devenus complétement dinguo depuis que la fédé a utilisé Major Tom dans les vidéos de présentation des maillots (qui sont assez folles il faut le dire - pour une fois que leur fédé faisait un bon coup marketing !). depuis Major Tom est devenu l'hymne de but (suite à une pétition & une réaction hyper rapide de la fédé) et ils se sont battu pour la mettre officiellement pendant l'euro. ça a foiré à cause de l'uefa mais hymne non officiel et musique officielle de but depuis dans tous les cas. (ils sont passés au printemps dernier de "notre équipe est trop nulle, on la boycotte" à "ohlala l'euro va être trop bien, trop hâte, on peut aller loin, völlig aufgelöst qui résonne dans le stade olympique de berlin en finale" en une victoire en amical face à la france, c'était trop drôle). à la suite de ce match, ils avaient fait record d'audiences des 5 dernières années pour l'équipe sur la chaine qui diffusait le match face aux pays-bas haha - bref immense pays de foot/sport (parce qu'on parle d'un pays qui a des audiences tellement puissantes en biathlon par ex, qu'ils ont eu le pouvoir de changer un horaire d'une course (en italie) pour que tout le monde puisse assister à la course & à l'hommage rendu à benckenbauer quand il était décédé, voilà quoi).
et pour ceux qui se posent la question, oui la chanson est bien en hommage à major tom, le perso créé par david bowie notamment dans space oddity (dont on retrouve fortement des sonorités & le thème puisque le refrain est "complétement détaché de la terre, le vaisseau spatial flotte en apesanteur"). et la chanson a une version anglaise.
la veste en question (je crois que le fait qu'elle soit portée par le président du club à chaque match/sortie ajoutait un peu de trucs à sa légende) :
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