-12 : NUR NACH HAUSE, Frank Zander
12 jours plus tôt
Grischa a le sourire peint sur les lèvres quand il pénètre au KDR en cette fin d'après-midi. Son frère et sa sœur l'accompagnent alors qu'il vient de quitter le stade et qu'ils vont prendre une bière dans le bar voisin avant de rentrer chez eux pour passer la soirée en famille. C'est rare qu'ils soient tous deux présents pour un de ses matchs et c'est donc un moment particulièrement heureux pour le blond. En plus, ils ont pu assister à une de ses victoires. L'ambiance est donc au beau fixe quand ils s'installent à une petite table.
À cette heure-ci de la journée, la piste de danse est vide mais les musiques d'un groupe de rock allemand résonnent dans les enceintes faiblement. Il en reconnait l'air pour l'entendre régulièrement dans ce lieu à défaut de l'entendre à la radio. Cela suffit à emplir l'atmosphère tout en permettant de s'entendre dans les discussions des nombreuses personnes présentes.
Le KDR est le lieu préféré de Grischa pour ses sorties entre amis. En journée, il est convivial et les soirées y sont agréables tout en ne tournant pas à une immense beuverie. Des personnes de nombreux âges s'y croisent alors que certains s'y rendent uniquement pour le côté danse que l'on ne retrouve pas dans beaucoup de lieux de la capitale.
— Oh, y a des soirées dansantes ?
La voix de sa sœur le sort de ses pensées et il n'est pas étonné qu'elle remarque cet élément. Il se demande si ce sera le cas ce soir-là. Car avec l'artiste lui servant d'ainée, nul doute qu'elle voudrait revenir après le repas pour participer.
— Pas à chaque fois, mais y a toujours un dance-floor et parfois des choses à thèmes.
— Cool, y en a pas à Francfort.
Une moue s'esquisse sur son visage. Il allait répliquer quelque chose quand ils sont interrompus par l'arrivée de la serveuse. Contrairement aux soirées, les commandes sont passées à table au cours de l'après-midi. Il relève la tête et se perd dans les yeux de la jeune femme qu'il admire tant soirée après soirée. Il sent ses joues se mettre à rougir alors qu'il commande une simple bière locale.
Quand il reporte ses yeux clairs vers ses deux accompagnateurs, il lit immédiatement la malice dans leurs yeux si semblables aux siens. Il déteste alors ses joues rougissant si facilement héritées de son père.
— Alors raconte !
Il soupire et roule ostensiblement des yeux alors qu'ils s'échangent des regards malicieux. En cet instant précis, il regrette de les avoir invités s'il doit faire face à ce qu'ils ont concocté.
— Y a pas grand-chose à raconter.
Il y avait même rien du tout d'intéressant à dire sur cette situation où la blonde lui plaisait mais il ne savait pas comment l'aborder. Sa timidité était parfois un réel souci et c'était le cas encore dans ce cas-là.
— Il s'est passé quelque chose avec elle ?
Il hoche négativement la tête avant qu'un léger soupir lui échappe. Il sait qu'il ne parviendra pas à éviter le sujet. Parce que son frère et sa sœur adoraient plus que tout le cuisiner et le mettre mal à l'aise quand il était question de sa vie privée. C'était quelque chose qui les amusait depuis qu'ils étaient enfants. Les sourcils font plusieurs mouvements avant que les deux personnes lui faisant face se mettent à rire, fiers de leurs actions. Grischa sait parfaitement ce qu'ils pensent.
— Non, non. Elle me plait juste.
— Mooooh.
— On avait remarqué !
— Elle est mignonne.
— Et qu'est-ce que t'attends si elle te plait ?
Il les fait taire d'un geste de la main alors qu'il voit leurs bouches s'ouvrir pour continuer quand elle se rapproche avec les boissons. Il les fusille de ses yeux bleutés quand ils continuent. Il a envie de disparaitre quand il sent les iris bicolores se poser sur lui. Il présente un léger sourire désolé, espérant qu'elle n'ait pas saisi la conversation qui se déroule à leur table.
« Freunde, wir tun vieles, und noch viel mehr
Aber eins tun wir heute bestimmt nicht mehr, hahahaha
Nur nach Hause, nur nach Hause, nur nach Hause gehn wir nicht »
La musique se met à résonner remplaçant les morceaux passant encore quelques secondes plus tôt. Il tourne la tête vers la télévision où il reconnait le stade olympique où évolue le second club de la ville. L'ambiance y est intense et l'intégralité du bar se tait alors que l'hymne continue encore et encore de résonner.
« Ich sitze da, am runden Tresen und der Wirt zapft noch ein Bier
Hier treff ich die alten Freunde und dann diskutieren wir
Über all die krummen Dinge, die passiert sind, irgendwo
Sowieso, woho, woho
Und sowieso, woho, woho
Nur nach Hause, nur nach Hause, nur nach Hause gehn wir nicht
Nur nach Hause, nur nach Hause, nur nach Hause gehn wir nicht »
Grischa sent son estomac se tendre alors que les visages des supporters et joueurs sont marqués. Il reconnait des anciens coéquipiers et amis, la douleur présente dans les prunelles. Il se demande comment ils vont, tout en sachant que cela doit être bien difficile pour eux. L'hymne du Hertha colle bien à la journée, car il semble évident que tous les supporters préfèrent certainement être ensemble au cœur du stade que face à la solitude de leurs maisons. Sur l'écran, les yeux sombres du capitaine des bleus et blancs qu'il a à de nombreuses reprises croisé de près ou de loin dans le lieu sont marqués par la tristesse.
Le silence s'installe pendant quelques minutes au KDR. Les hommes et femmes portant des écharpes aux couleurs rouges et blanches cessent pendant quelques temps de parler, pensant à l'autre côté de la ville, aux rivaux touchés au plus profond de leurs cœurs. Et puis, alors que la balle commence à rouler, les conversations des berlinois présents reprennent doucement.
— Et donc, parce que tu t'es arrêté en plein milieu de tes explications !
Il roule des yeux avant de gentiment pousser son grand frère.
— Tout le monde est pas doué comme toi !
— Eh, dis tout de suite que je drague tout ce qui bouge.
— C'est toi qui l'as dit !
Leurs rires éclatent et la conversation prend une autre direction, pour son plus grand soulagement. Ce n'est que lorsqu'il se lève pour aller commander une nouvelle tournée, le bar se remplissant au fur et à mesure du temps, que son regard est attiré par la petite affichette collée sur un des poteaux encadrant le comptoir.
Son sourire disparait sur le champ et il se force à cacher son désarroi quand la serveuse qui lui plait tant lui demande ce qu'il désire boire. Pour une fois, ses joues ne rougissent pas et il ne se met pas à bêtement bégayer. Dans son esprit toutes ses pensées sont embrouillées alors qu'il comprend que d'ici douze jours, peut-être qu'il ne la verrait plus jamais. S'il ne montre rien en reprenant place à sa table avec sa famille, il ne comprend pas comment ce lieu qu'il aime tant peut fermer tant il est important pour une partie de la ville.
trad de la chanson en commentaire sur chaque passage (et ce sera comme ça sur chaque chapitre)
y a une légère référence au décès du président du hertha qui s'était déroulé en plein pendant l'écriture de la 1ère version du chapitre. une situation qui a laissé tout le foot allemand sous le choc tant il représentait un espoir de renouveau avec des positions très différentes de celles des autres présidents de clubs du fait de son passé d'ancien ultra (créateur du 1er groupe du hertha, ancien capo de ce groupe, très impliqué dans les actions nationales avec plusieurs conférences et choses organisées en partenariat avec d'autres clubs). et surtout un impact immense sur le club du hertha qui était à l'agonie il y a 2 ans et qu'il avait complètement ressoudé. la minute de silence en son honneur avait été très impressionnante, on entendait les corbeaux et le bruit de l'unique fumigène craqué en tribune supporters sifflant tant elle avait été respectée.
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