-10 : REGENBOGENFARBEN, Kerstin Ott

10 mois plus tôt

Niklas rentre tôt au KDR ce jour-là. Il a rendez-vous pour un repas avant de profiter de la soirée musiques orientales. Il a pour l'occasion trouvé un costume dans le thème et a demandé à ses amis de venir également habillés de la sorte. Quitte à venir à une telle soirée, autant être dans l'ambiance. Pourtant, alors qu'il se retrouve tout seul à sa table en ce printemps, il se trouve un peu ridicule. Autour de lui, les présents sont habillés aux couleurs du club adverse de la ville et le regardent avec des visages amusés. Il sent ses joues se mettre à le brûler alors que quelques rires résonnent au sein d'un groupe qui semble l'avoir parfaitement identifié.

— Bonjour, vous voulez quelque chose ?

Il est heureux quand la serveuse se retrouve à côté de lui et lui adresse un immense sourire non moqueur. Elle le regarde de la tête aux pieds et a un sourire qui parait satisfait de la tenue qu'il porte.

— J'attends des amis, je passerai commande quand ils seront arrivés.

— D'accord, je reviendrai plus tard. Belle tenue en tout cas !

Il n'y a pas la moindre trace de moquerie dans la voix de la blonde qui fait demi-tour et disparait de l'autre côté du bar alors que les premières notes de l'hymne de l'Union Berlin résonnent dans les lieux, remplaçant Regenbogenfarben de Kerstin Ott qui s'élevait quelques secondes plus tôt. Les phrases sont reprises en cœur par les quelques présents qui se sont retrouvés dans le lieu pour regarder leur équipe préférée jouer son match à l'extérieur. La fierté traine dans leurs voix et Niklas la comprend. Il aimerait que les supporters de son club soient aussi fiers d'eux que ça. Mais pour cela, il faudrait qu'ils ne se battent pas avec la zone rouge et flirtent avec la relégation.

Une petite minute plus tard, un bol rempli de gâteaux est déposé devant lui par la serveuse qu'il croise de temps en temps et qui est toujours aussi sympathique.

— Pour attendre.

Il lui adresse un immense sourire alors qu'elle retourne derrière son comptoir. Ses yeux se posent alors sur l'écran où le match commence alors que le sifflet de l'arbitre résonne. Il voit le joueur vêtu de blanc et rouge frapper dans la balle et le ballon commencer à rouler entre les différents membres de l'équipe alors que les adversaires tentent pour l'instant sans succès de l'attraper.

Un visage se retrouve alors dans son champ de vision. Il grogne légèrement alors que la balle s'approchait dangereusement du but. Il râle réellement quand il entend les cris de joie à l'autre bout du bar et qu'il n'a pas vu le ballon pénétrer dans le but et s'écraser dans les filets alors que le corps lui cachant la vue est tourné de telle façon à voir l'écran, lui.

— Désolée de revenir à ma table !

La voix est malicieuse alors que jeune femme qu'il reconnait sur le champ se laisse tomber sur la chaise qui lui fait face quelques secondes plus tard. Alors qu'il fait beaucoup plus jour que lors de leurs rencontres précédentes, il peut détailler son fin visage et ses mèches rousses qui ont des éclats de feu alors qu'elle a un léger mouvement de tête, ses boucles s'agitant autour d'elle. Sur ses épaules, les couleurs du club en train de jouer sont portées et une petite moue étire ses lèvres alors qu'il comprend qu'elle ne supporte pas le Hertha.

— Euh. Je crois que c'est plutôt ma table. T'as dû te tromper.

Un rire éclate alors qu'il vient de se rendre compte qu'il a tutoyé cette quasi inconnue. Il ne sait pas s'il doit la vouvoyer ou la tutoyer et autant il n'est pas certain de s'être posé la question en soirée, autant la situation est différente en cet instant. Mais la rouquine au regard pétillant ne semble pas lui en tenir rigueur alors qu'elle se met à rire en réponse. 

Elle se décale légèrement alors que le regard du joueur s'attarde quelques secondes sur l'écran qui montre une rediffusion de l'action ayant mené au but et capte toute son attention. Il ne peut qu'admettre que la situation avait une fois de plus été parfaitement menée par les joueurs de l'Union Berlin. Son sourire tombe quand il pense au fait que s'ils proposaient ce genre de mouvement, il se solderait certainement par un tir à quelques centimètres des cages comme cela se produisait bien trop régulièrement, comme s'ils étaient maudits par une force leur étant supérieure à tous.

— Certainement pour ça que mon manteau était sur ce siège et attendait sagement mon retour des toilettes.

Il note la veste rose flash et sent ses joues se mettre à rougir de s'être installé à une table déjà prise. Il n'en revient pas qu'il ait été aussi aveugle alors qu'on ne voyait que l'objet tant il était coloré. Comment avait-il pu ne pas le voir en s'installant à cette table ?

— Désolé, je vais changer, surtout que j'attends des amis.

Les épaules de celle lui faisant place s'haussent fortement alors qu'elle secoue légèrement la tête.

— Rien de grave. J'attends aussi des gens, on peut peut-être les attendre ensemble ? Tu veux quelque chose ?

Il hoche la tête, alors que l'idée d'avoir un verre maintenant qu'il n'est plus seul est plus intéressante, et quelques dizaines secondes plus tard, leur commande est prise et la carte de la jeune femme posée sur le terminal de payement avant même qu'il n'ait eu le temps de proposer de payer leurs consommations.

— Euh. Merci.

— Allez, à notre santé de personnes maladroites, étourdies et dans la Lune.

— Je suis pas dans la L...

Le verre vient claquer contre le sien avant qu'il ait le temps de terminer sa phrase et les prunelles sont complètement amusées. Bon, peut-être qu'il était dans la Lune, ou tout du moins pas observateur quand il était perdu dans ses pensées.

— Du coup, t'es souvent par ici ?

— Oui, c'est un lieu que j'aime bien. J'y viens parfois même prendre un café le matin sur le chemin du boulot.

— Tu fais quoi ?

— Je suis prof de sports.

Il lui sourit, heureux qu'ils aient une passion en commun. À voir comment elle est speed et tonique dans ses mouvements, paroles et actions, il se dit qu'elle doit certainement être cool comme prof, bien loin de ceux qui paraissent mous et non motivants.

— Et toi ?

La surprise s'étale sur son visage alors qu'il ne s'attendait pas à cette question. Avec sa figure bien trop souvent collée aux quatre coins de la ville, il n'est pas le plus discret des habitants de la capitale. Le rire éclate après que le silence se soit installé quelques secondes où il s'était senti un peu perdu.

— Je sais qui tu es, même si tu as choisi les mauvaises couleurs.

— Hannah, tu fous quoi avec l'ennemi ?

— Eh ben, je vois qu'on démarre en notre absence !

Deux voix brisent coup sur coup le silence et les deux relèvent les têtes pour voir apparaitre celles d'une partie de leurs amis venant d'arriver. Niklas finit par se lever, laissant sa place. C'est au moment où la rouquine se lève pour saluer ses amis venant d'arriver qu'il remarque pour la première fois qu'elle ainsi que sa bande portent tous des vêtements dans le thème de la soirée proposée. Les siens sont cachés sous le sweat rouge et blanc recouvrant son torse, mais la jupe colorée aux petits bijoux dorés est visible une fois la table ne cachant plus ses jambes. Et il se sent moins ridicule que quelques minutes plus tôt ainsi entouré.

— Merci... Pour la boisson. Passe une bonne soirée.

— Toi aussi. On se voit sur la piste de danse ?

Il hoche légèrement la tête avant de se faire entrainer par ses amis à une autre table plus loin, récupérant son verre à la volée avant de l'oublier.

— Sans s'écraser les pieds cette fois !

Le rire résonne derrière lui et il croise le regard taquin quand il tourne ses iris vers l'endroit d'où la voix s'est élevée alors qu'il était déjà en train de partir. Les connaissant, il doute qu'ils réussissent à faire sans !

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