-1 : DU HAST DEN FARBFILM VERGESSEN, Automobil
1 mois plus tôt
Quand il rentre de l'entrainement et passe devant le KDR, c'est l'affiche placardée sur le mur qui arrête Niklas dans sa marche. Il reste plusieurs secondes interdit devant l'invitation à la soirée d'adieux, le quatorze février suivant. S'il n'est pas un fan inconditionnel du lieu, savoir que le bar à peu près potable de Berlin ferme lui met quand même un coup. Où va-t-il se rendre pour avoir des soirées supportables désormais ? Il ne peut pas non plus nier que les soirées à thèmes auxquelles il a participé lui ont toujours plu. Bon courage à ses coéquipiers pour trouver un autre lieu où il se sentira aussi bien et où il ne passera pas la soirée à bouder comme ils le lui font souvent remarquer.
— Oh ben merde.
La voix qui résonne à côté de lui est une qu'il sait reconnaitre même s'il ne l'entend pas régulièrement. Mais quand il tourne la tête dans sa direction, il est heureux de reconnaitre le visage de la rouquine qu'il n'a pas vue depuis plusieurs semaines. Elle lui avait alors à cette occasion promis de lui rendre son pull, mais ils ne s'étaient pas recroisés. Et même si c'était le cas, il doute fortement qu'elle se balade avec son vêtement dans ses affaires à longueur de semaine.
— Tu savais pas non plus ?
Elle semble sortir de ses pensées. Un large sourire étire son visage lorsqu'elle le reconnait, remplissant de joie Niklas à l'idée qu'elle est contente de le croiser. La tête est secouée de la droite vers la gauche alors qu'une légère moue se peint sur son visage.
— Non, pas du tout. On y a été avec une amie la semaine dernière, ils nous en ont pas parlé du tout.
Le silence s'installe pendant quelques petites secondes, bien rapidement de nouveau brisé.
— Bon après, c'était en soirée donc... Mais y avait pas de rumeur de fermeture, rien. C'est trop bizarre.
Il hausse les épaules ne sachant pas trop quoi répondre à ça.
— T'as du temps ? Je te paye un truc ?
Ce n'est que lorsque des yeux arrondis et étonnés l'observent qu'il se dit qu'il aurait peut-être dû réfléchir avant de parler. Ou pas. Parce qu'il serait très heureux de passer un peu de temps en sa compagnie, surtout que c'est peut-être la dernière occasion. C'était donc une parfaite occasion.
— C'est peut-être la dernière fois que tu auras l'occasion de renverser ton verre sur moi tu te rends compte ?
Le rire éclate en réponse et la main qui n'est plus ornée de pansements cette fois se pose sur la porte qu'elle pousse rapidement. La chaleur du lieu le réchauffe alors que ce début du mois de janvier sans être particulièrement froid est dans les températures de saison. Il enlève d'ailleurs son écharpe puis son bonnet et l'observe faire de même. Ses mèches flamboyantes sont désordonnées et elle les replaque sans trop y parvenir.
— Tu as raison, je n'aurais pas pu passer à côté d'une telle occasion.
Alors qu'ils s'avancent et s'installent à une table, une musique résonne doucement dans les enceintes du bar. Il n'en connait pas les paroles, mais cela ne semble pas être le cas de celles qui les murmure en face de lui alors qu'elle observe la carte. Bientôt Monika est là, tout sourire à prendre leur commande de boissons chaudes. Les notes s'éteignent quelques secondes plus tard. Il pose donc la question qu'il n'a pas voulu poser pour ne pas déranger celle qui tapoter des doigts sur la table tout au long des quelques minutes à réfléchir à ce qu'elle voulait et à chantonner ce morceau qu'elle semblait apprécier.
— Je connaissais pas, c'est une nouvelle chanson ?
Un éclat de rire lui répond. Les yeux verdâtres sont amusés quand ils plongent dans les siens alors qu'il y traine une légère moquerie.
— Pas du tout, ça date de l'Allemagne de l'est. C'est Tritt ein in den Dom d'Electra. Ça me fait toujours rire de savoir que la chanson a pas passé la censure à l'époque. Parce que y a rien contre le gouvernement et à côté de ça, y en a d'autres...
Niklas se dit à ce moment-là qu'il n'a aucune idée de chanson qui aurait pu ou non passer la censure. Ni même de chanson qui parlerait de l'Allemagne de l'Est. Il connait les noms de groupe, vite fait de noms, mais leurs chansons de l'époque, très peu. Et surtout pas au point de savoir ce dont elles parlaient. Mais peut-être que les textes étaient trop subtils pour qu'il saisisse au premier abord s'il ne le savait pas.
Les boissons arrivent alors et tandis qu'il s'en saisit, la porte s'ouvre et des jeunes d'environ son âge font leur arrivée. Parmi eux, il reconnait Grischa à qui il adresse un petit signe de la main. Ses prunelles se mettent à pétiller alors qu'un sourire malicieux nait sur ses lèvres.
— Te retourne pas si tu veux pas faire une syncope.
Un léger rire lui échappe suite à ses mots. Évidemment Hannah fait ce qu'il lui avait dit de ne pas faire. Mais comment les choses auraient-elles pu être différentes ? La tête revient aussi vite qu'elle s'était tournée vers l'arrière.
— Dis-moi que c'est pas lui. Niklas, dis-moi que c'est pas Prömel !
Il ne peut pas s'empêcher d'éclater de rire. Une moue dramatique prend possession du visage de la professeur de sports.
—C'est vraiment pas drôle. En plus je suis toute décoiffée, il va penser quoi de moi s'il m'a vue.
Il se fait pousser sur le bras pour qu'il ne rigole plus mais il ne peut pas s'arrêter alors qu'elle se retourne une seconde fois avec les mêmes conséquences quelques secondes plus tard, comme pour vérifier qu'il n'avait pas menti. Elle parait encore plus paniquée lorsque ses iris verts replongent avec inquiétude dans les siens.
—Ne t'inquiète pas, ta coiffure est très bien. Et puis ça va bien à des cheveux roux comme ça d'être un peu ébouriffés. Ça fait lion. Ça te va bien, j'aime beaucoup.
Quand les mots franchissent la barrière de ses lèvres, il voit sur le champ le changement de réaction chez la grimpeuse. Ses joues se mettent à flamboyer et elle baisse aussitôt les yeux en direction de la carte. Il sent aussi le feu qui le prend au visage alors qu'il réalise les compliments faits. Le silence s'installe donc pendant quelques secondes où ni l'un ni l'autre ne sait quoi dire. Grischa Prömel et sa peur de le savoir dans la même pièce qu'elle soudainement oubliée.
— J'ai pas ton sweat.
Ce sont les premiers mots qui s'élèvent suite à cela. Niklas observe avec timidité cette fois la jeune femme qui lui adresse un sourire légèrement désolé.
— C'est pas grave, tu me le rendras une autre fois, c'est pas l'urgence, j'en ai d'autres tu sais, on est pas très riches mais pas au point de pas avoir de vêtements aux couleurs du club.
Le rire éclate faiblement à sa table. La situation économique de son club était compliquée. Les millions étaient tombés mais avaient été si mal investis que parfois le défenseur se demandait vraiment à quoi ils servaient. Il trempe ses lèvres dans la boisson chocolatée qu'il aime tant avant d'avoir un murmure approbateur. Il sait qu'il va bien mieux la déguster à cette heure-ci, les mains encore un peu congelées, qu'avant un entrainement. Le silence se réinstalle, bien différent de lors de toutes leurs précédentes rencontres. Le brun regrette alors un peu les mots qu'il a prononcé, même s'ils reflétaient le fin fond de sa pensée.
— Va falloir qu'on trouve un moyen de se recroiser avant que ça ferme...
Un éclair semble le transpercer lorsqu'il entend les mots prononcés. L'évidence lui tombe dessus.
— Le quatorze. On se donne rendez-vous le quatorze, on fête la fermeture du bar et tu me rends ma veste.
En face de lui, la rousse a les yeux qui s'écartillent. Il se demande bien ce qu'il a pu dire pour qu'elle réagisse ainsi. Et puis il réalise. La date, la date faisait qu'elle ne pouvait pas être là évidemment. Une moue se dessine alors sur ses fines lèvres à l'idée qu'elle était certainement occupée à d'autres choses ce jour-là, en compagnie de quelqu'un d'autre que lui. Car comment pourrait-elle ne pas l'être ?
— Enfin, si t'as rien évidemment parce que voilà. Mais c'est pas un rendez-vous comme ça. C'est vraiment juste pour rendre la veste. Et puis se recroiser une fois ici. Tu m'as pas renversé ta boisson dessus aujourd'hui. Ni l'inverse d'ailleurs. Ni même marché sur le pied. Alors il faudrait pas que...
Le rire cristallin s'élève et résonne dans tout le bar. Les prunelles vertes sont amusées et malicieuses alors qu'elles se posent sur lui.
— Panique pas Niklas, bien sûr que je serai là le quatorze pour te rendre ton sweat et t'écraser les pieds une dernière fois.
1 jour plus tôt
Grischa quitte l'entrainement et se décide à faire une pause sur le chemin du retour. À une journée de la fermeture du KDR, il se dit que c'est l'occasion ou jamais de discuter avec Monika. Devant la porte en cette fin d'après-midi, il n'hésite donc pas une seule seconde à la pousser dans l'espoir d'aller clamer tout ce qu'il ressent depuis des semaines à la jeune serveuse dès qu'il la croise.
— C'est la bonne cette fois-ci ?
Le rire de András résonne et il peut lire toute la moquerie qui transperce également dans sa voix dans ses prunelles claires. Il se contente de lever les yeux au ciel sans lui répondre alors qu'il le sent sur ses talons alors qu'il rentre dans le bar. Il se dirige immédiatement vers le comptoir dans l'espoir de s'y faire servir.
Une moue de déception prend possession de son visage lorsqu'il ne voit la blonde nulle part. Il comprend qu'elle ne doit pas être là et ne peut s'empêcher de se dire qu'il vient de laisser passer sa dernière occasion. Il attend plusieurs minutes et ils ont le temps de se faire servir un chocolat chaud sans qu'elle n'apparaisse. Dans la boisson, il n'y a aucun chamallows qui flottent et elle parait tout de suite beaucoup moins bonne.
— Désolé mon pote.
Pour une fois, il ne semble pas y avoir de malice dans la voix du hongrois. Peut-être parce que s'il se moque de son incapacité à entamer une conversation, il a compris que ce qu'il ressentait était suffisamment sérieux pour venir plusieurs fois par semaine dans ce lieu.
Il tente malgré tout de profiter de la boisson qui, si elle lui semble moins bonne qu'à l'ordinaire, est plus qu'agréable alors que les températures sont dans le négatif.
« Er will anders sein,
Er will ganz anders sein. »
Alors que leur conversation ne s'engage pas trop, le sympathique milieu de terrain semblant plus calme qu'à l'accoutumée où il aurait déjà fait une vingtaine de remarque, il prend le temps d'écouter les paroles. Il ne peut pas s'empêcher de penser que lui aussi aimerait être différent. Parce que s'il l'était, peut-être qu'il aurait osé inviter Monika à boire un verre en sa compagnie ou à aller voir un de ses matchs au Stadion an die alte Fösterei. Peut-être que c'était ce qu'il aurait fait si elle avait été présente. Parce qu'après tout, le Berlinerstadtderby avait lieu le surlendemain et c'était un match auquel on avait envie de participer, qu'on supporte les blancs et rouges ou les blancs et bleus. Elle aurait certainement aimé le cadeau.
— Elle est partie faire des courses pour la soirée de demain. Mais elle sera là.
Grischa sursaute. Il tourne la tête en direction du comptoir et reconnait le propriétaire des lieux qui vient de s'adresser à lui. Il se contente d'un petit hochement de tête alors qu'il sent ses joues se mettre à brûler comme elles l'ont rarement fait. Et pourtant, elles chauffaient plus que régulièrement ces derniers temps !
Rien n'est ajouté. Du moins, pas par le patron du KDR qui se dirige directement vers un autre client. Non, le son qui suit est l'immense éclat de rire du blond qui l'accompagne et qui est plus qu'amusé par la situation.
— Comment tu es cramé. Oh non mais sérieux ! Tu devais tellement être pas discret pour que même ton futur beau-père ait tout vu en même temps qu'il sert !
— Tais toi ! Tais toi András.
Mais s'il se tait, ses rires continuent de résonner et le blond finit par enfouir sa tête dans sa main. Il ne peut donc pas être témoin du sourire amusé se peignant sur le visage de l'ancien habitant de Berlin Est.
— Donne lui des places.
L'allemand relève la tête vers son coéquipier qui l'observe avec un regard entre inquiétude et désillusion.
— Quelles places ?
— Ben des places pour après-demain ! Il les donnera à sa fille.
Grischa le regarde comme s'il venait de lui pousser une seconde tête. Donner des billets à son père ? Il n'a pas le temps d'ajouter la moindre chose son coéquipier le laissant soudainement en plan.
— Ohlala, il faut vraiment que je fasse tout moins même.
Quelques secondes plus tard, Grischa a envie de disparaitre de la surface de la Terre, maintenant, tout de suite. Encore plus quand il entend l'échange entre le patron et son ami qui ne semble pas voir où est le problème dans le fait de lui donner des places pour leur match le lendemain. Mais c'est certainement le Mon ami est très heureux de vous offrir ces places pour le derby et le regard porté dans sa direction par la suite qui lui donne le plus envie de prendre ses jambes à son cou.
Il ne le fait pas, se contentant de regarder ses pieds en espérant qu'ainsi, vu qu'il ne les voit pas, l'inverse soit également vrai. Malheureusement, cela fait bien longtemps que le blond a appris que ce n'est pas parce qu'on a sa tête cachée derrière un rideau et qu'on ne peut pas voir celui qui nous cherche que l'inverse n'est pas vrai. Et après tout ça, il est loin d'être certain de vouloir se rendre à cette dernière soirée où il espérait pourtant proposer à Monika il ne sait pas vraiment quoi. Mais il faut qu'il soit là, parce que même si elle se moquera peut-être de lui, c'est sa toute dernière chance après en avoir tant laissé passer.
1 heure plus tôt
Lukas revient du bar deux verres à la main. Il dépose le second devant Janina qui lui adresse un immense sourire avant de lever son verre pour venir le faire claquer contre celui de son ami. Au fur et à mesure de la soirée, le groupe a joué aux chaises musicales et c'est désormais l'un à côté de l'autre qu'ils se retrouvent. Cette idée ne déplait pas à l'institutrice qui est curieuse de la vie de celui qui avait un temps partagé son existence.
Elle se demande comment était sa vie à l'Ouest. Elle ne devait pas être si mal pour qu'il ne revienne pas. Elle a mille et une questions à lui poser mais elle ne sait pas par où commencer. Il y a tant de choses qu'elle aimerait savoir, mais tant de temps est passé. Elle se demande s'il est possible de rattraper des années ou non. Avec les réseaux sociaux, elle était au courant des péripéties de certains de ses proches même sans les voir, mais elle n'avait jamais trouvé Lukas dessus. Elle avait d'ailleurs été déçue de s'en rendre compte, parce que cela aurait peut-être été l'occasion de reprendre contact même à distance à une époque où plus personne n'envoyait de lettres et où les téléphones fixes disparaissaient au profit de numéros qu'elle n'avait pas.
— T'es de passage ou ?
Un hochement négatif de la tête lui répond et la surprise doit se lire sur son visage parce que celui dont elle a compris le métier aux discussions plus tôt dans la soirée enchaine directement avec l'information qu'elle voulait.
— J'avais une opportunité de mutation sur Berlin et avec mes parents qui vieillissent et dont il faut un peu s'occuper...
Le silence se fait pendant quelques secondes. Janina aimerait être dans la même situation que lui, avoir des parents dont elle devrait s'occuper, qu'elle pourrait aider. Elle n'est malheureusement plus dans cette situation là, à son plus grand regret. Mais si elle est encore triste quand elle y pense, les années ont passé et elle a eu le temps de faire son deuil.
— Et puis, mes enfants font aussi leurs études dans le coin. Alors je me suis dit que le moment était peut-être venu.
Janina a l'impression qu'on vient de lui mettre un coup. C'est le même que celui qu'elle avait reçu quand elle avait appris la déchéance de nationalité de Wolf Biermann. Elle s'était préparée à cette éventualité mais lorsqu'elle s'était produite, elle n'était pas vraiment prête à accueillir la réalité. Évidemment que Lukas avait également refait sa vie, qu'elle n'avais pas été la seule à le faire. C'était normal. C'était logique. C'était ce qu'elle lui avait souhaité. Mais l'entendre dire qu'il avait fondé une famille avec quelqu'un d'autre qu'elle alors qu'elle en avait jadis rêvé n'en faisait pas moins mal. Elle se force à répondre pour ne pas montrer sa légère détresse passagère.
— T'as des enfants ?
— Oui, un garçon et une fille. Ils ont dix-neuf et vingt-et-un an.
Quand elle voit le sourire rêveur qui s'installe sur son visage alors qu'il en parle, elle oublie tout ce qu'elle a pu ressentir quelques instants plus tôt. Parce qu'elle voit le bonheur sur ses traits et au final, le savoir heureux avait toujours été ce qui lui importait. Elle aurait juste préféré qu'il le soit avec elle pendant un temps. Mais rien ne disait que leur histoire aurait duré. Ils n'étaient que des jeunes adultes quand ils dansaient sur les musiques en train de résonner dans le KDR comme elles le faisaient aussi parfois à l'époque, juste pas toujours au même volume.
— Et toi ? Tu es devenue quoi ? T'as des enfants ?
Elle hoche la tête du bas vers le haut alors qu'elle pense à sa fille certainement en train de terminer ses devoirs alors qu'elle était chez son père pour la soirée. Elle lui avait d'ailleurs mis un message pour lui dire qu'elle pensait bien à elle quand elle avait appris par elle ne savait quels moyens que le KDR allait fermé. Ayant entendu grand nombre de ses histoires de jeunesse alors qu'elle lui contait la vie à l'Est et lui expliquait ce qu'était la vie dans un tel pays, chose que personne n'aurait pu imaginer à l'Ouest, elle savait à quel point ce lieu avait accompagné ses jeunes années.
— J'ai une fille et je suis institutrice.
— J'avais compris à vos discussions de tout à l'heure que t'étais dans l'enseignement, j'arrivais juste pas à savoir de quoi. Elle a quel âge ?
— Elle va avoir dix-sept ans la semaine prochaine.
Un léger silence s'installe. Il n'est pas pesant car pendant celui-ci Janina repense aux jeunes années de sa fille. Et elle était heureuse, même si elle n'avait pas créée avec Lukas, à l'époque, elle était heureuse avec Frederik. Leurs sentiments avaient certes disparu avec le temps, mais elle n'avait pas regretté un instant qu'il soit le père de son enfant.
Son visage s'éclaire soudain alors qu'elle reconnait une collègue dans le fond de la pièce. Si la rousse n'est pas institutrice, elles se croisent parfois aux grandes réunions de l'établissement qu'elles partagent. Celle-ci semble profiter alors qu'elle est déchainée sur la piste de danse, ce qui arrache un petit rire à la mère de famille.
— Quoi ?
— Rien, c'est juste une de mes collègues qui parait bien profiter de la soirée.
La tête de son ami se retourne en direction de la zone où les danseurs sont présents. Il laisse ses yeux clairs y trainer une dizaine de secondes, observant également une partie de leurs amis en train de se déhancher sur une musique qui ne passe plus jamais en soirée désormais. Mais ce soir était l'occasion ou jamais de toutes les faire résonner.
— Elle n'est pas la seule.
Elle rit de la petite remarque alors qu'une tentative de rock semble sur le point d'être avortée au sein de la bande. Son regard retraîne une petite seconde sur la professeur de sport en train d'être relevée après qu'elle soit apparemment tombée. Elle identifie alors avec étonnement son compère de soirée. Si Janina n'était plus une fan inconditionnelle de football, elle avait suivi avec attention l'Union Berlin à l'époque. C'était plus par envie de défi que pour l'amour du sport, elle l'avouait bien désormais. Mais elle était malgré tout capable de reconnaitre le brun qui officiait en tant que capitaine dans le second club de la ville, celui dont elle avait sympathisé avec les supporters dès lors qu'ils venaient de leur côté du mur.
Elle n'a pas le temps de se poser plus de questions que ça sur comment elle aurait pu entrer en contact avec un joueur professionnel, même s'ils étaient dans le même domaine. En effet, elle identifie en quelques notes la chanson qui s'élève désormais. C'est également le cas de son voisin déjà en train de se lever. Il lui tend sa main qu'elle attrape avant qu'il la traine sur la piste. Sur celle-ci, ses amis sont déjà en train d'hurler à tue-tête les phrases de la chanson d'Automobil. Les mots qui étaient à l'époque chantés par Nina Hagen avant qu'elle ne fuit lorsque son beau-père avait été déchu de sa nationalité et n'avait jamais pu rentrer chez lui après un concert à l'Ouest sont repris en cœur et un grand sourire barre tous leurs visages.
« Du hast den Farbfilm vergessen, mein Michael
Nun glaubt uns kein Mensch, wie schön's hier war ha ha
Du hast den Farbfilm vergessen, bei meiner Seel'
Alles blau und weiß und grün und später nicht mehr wahr »
Tous les regards se tournent vers Lukas qui éclate de rire alors que le refrain s'élève. Il fallait dire qu'il aurait pu parfaitement jouer le rôle de Micha à l'époque en oubliant de son côté carrément la caméra pendant leurs vacances. Aujourd'hui, tous auraient eu un téléphone pour prendre de magnifiques photos couleurs quand c'était pratiquement impossible d'avoir ce type de technologie à l'époque. Comme un oubli de pellicule couleur aurait vraiment pu gâcher des vacances comme le racontait la chanson, tant les boutiques n'avaient rien à proposer à la vente. Ce jour-là, ils en avaient donc tous beaucoup voulu au fautif.
Alors que les paroles retentissent, elle se demande à quel point cette époque et ce pays étaient gris comme le double-sens de la chanson cherchait à le montrer. Parce que quand elle était entourée de tous ses amis, comme elle l'était de nouveau ce soir, la vie - même dans des conditions compliquées - lui avait toujours paru particulièrement vive.
épilogue tout bientôt owi ! J'ai rien foutu pendant des mois et je viens de tout enchainer, je suis grave grave fière ^^ manque plus que l'épilogue, il arrive tout bientôt (quand je saurai quoi faire de mes deux timides en gros haha)
La musique du titre, c'est l'une des 3 sur lesquelles angela merkel a pris sa retraite & ça avait particulièrement surpris tout le monde & ravi les anciens habitants de l'est. parce que comme ils disaient dans les articles « En choisissant cette chanson, certes connue dans tout le pays, mais considérée comme un trésor culturel par seulement une partie de la population, elle prouve aux Allemands de l'ex-RDA qu'elle est bien des leurs. » & « Si la culture pop d'un pays est aussi importante pour l'identité de sa population qu'on le prétend, jeudi prochain devrait être un jour historique pour 16 millions d'Allemands. », ceux de l'est. (ma citation préférée sur le sujet reste celle-là : « En choisissant une chanson que beaucoup beuglent à la table de la cuisine lors des anniversaires de l'oncle de la famille, la chancelière témoigne une fois de plus de la finesse de son humour ») & y a des gens qui ont lu dans le choix une critique des hommes avec qui elle avait été forcée de bosser et sur qui on ne peut pas compter haha.
La chanteuse du groupe c'est la fameuse Nina Hagen -la même que celle de l'hymne de l'union berlin- qui avait ensuite fuit le pays puisque son beau-père le fameux Wolf Biermann avait été banni. Ca avait fait bcp de bruit à l'époque dans tous les milieux artistiques (mais pas que). Elle était donc partie à l'ouest et a par la suite fait carrière solo. C'est très punk ahah.
la chanson de la partie de niklas. le titre c'est "entrez dans la cathédrale" et la chanson a été censurée (et personne comprenait trop pourquoi surtout vu ce qui sortait à côté)
https://youtu.be/T9L8Z65ZPo8
et la chanson de la partie de grisha
https://youtu.be/0XnflbETwJE
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