Chapitre 15 -Lié-

Voila le deuxième chapitre comme promis ! J'aurai du vous le poster en début de semaine, mais comme je l'ai fini plus tôt, je vous le poste aujourd'hui. Bonne lecture !


Sinon, je voulais dédier ce chapitre à @Sinadana pour la couverture qu'elle m'a faite !


Bisouus !

Elena



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          Se tournant et se retournant, Anastasia finit par soupirer avant de regarder ce qu'elle pensait être le plafond. La bombe que lui avait lâchée Adanedhel voilà quelques heures maintenant la perturbait énormément. Pour autant, elle n'en avait rien montré, continuant de sourire quand il le fallait, même si le cœur n'y était pas.

Plusieurs fois, elle avait croisé le regard du guerrier, plusieurs fois elle avait failli s'y perdre. Et à chaque fois, son expression la faisait sortir de sa léthargie. Cette lueur qui avait animé ses yeux lui avait fait comprendre qu'il n'était pas dupe, et qu'il savait probablement tout du tourment de la jeune femme.


Son griffon, puisqu'il était lié au guerrier, semblait avoir compris également. Quelques lueurs de compassion animaient son regard de temps à autre. Mais elle n'en disait rien. Comme celui qu'elle s'amusait à appeler Fantur, son maître.

Mais elle avait tenu bon. Jusqu'à ce qu'ils s'en aillent en réalité. Puis une fois la porte franchie, elle s'était ruée sur son lit, s'enfouissant profondément dans les chaudes couvertures.


Depuis, elle passait son temps à gesticuler, incapable de dormir. Dans quelques heures, son sort serait déterminé par le souverain. Ils allaient décider si oui ou non elle allait vivre.

Et elle trouvait cela profondément injuste. Bien sûr, elle comprenait qu'ils ne désiraient que se protéger. Mais elle était arrivée dans un monde qu'elle ne connaissait pas, avec des personnes qui lui étaient inconnues pas et privé du seul qu'elle voulait à ses côtés, Nathaniel. Cet homme qu'elle ne connaissait pas et dont elle était pieds et mains liées. Cet homme qui avait su égayer la seule journée qu'elle avait pu passer en sa compagnie.


Il lui manquait atrocement. Et là non plus elle ne comprenait pas. La connexion entre eux était si grande qu'elle l'effrayait. Pourtant, elle essayait de se faire une raison. Celle que tout était décidé par la déesse mère. Qu'elle régnait sur l'équilibre du monde et qu'elle faisait toujours en sorte de réunir deux personnes destinées à être ensemble. Qu'ils soient amis ou ennemis, lui avait un jour compté Azëra, même s'il était rare voire exceptionnel de trouver son lié.

Refoulant ses larmes, Ana se raccrocha aux paroles de son frère, qui lui manquait atrocement. Il ne savait rien de ses tourments, mais il n'aurait jamais aimé la voir aussi vulnérable. Alors elle essaierait de se construire un masque, comme le guerrier. Un de ceux qui ne se fissurent pas et qui ne laisse rien entrevoir s'il ne le désire pas.


Pendant plusieurs heures, elle essaya de mettre en place ce double visage. Elle réussit à oublier momentanément sa famille et sa planète. Plus rien d'autre ne comptait que le présent. Elle n'était pas plus solide qu'auparavant, mais s'aidant de la déesse, elle réussit progressivement à faire abstraction du passé. Seule une personne demeurait. Nathaniel.


Lorsque les premières lueurs de l'aube apparurent, le guerrier entra dans sa chambre. S'il fut surpris de voir la jeune femme déjà levée, où son visage empreint de détermination, il n'en montra rien. Seul un léger froncement de sourcils témoignait de son humeur. S'approchant d'elle sans la quitter des yeux, il lui prit la main, l'ouvrit et y glissa un objet avant de la refermer, ses mains chaudes encore sur les siennes.


    -Qu'est-ce que c'est ? Demandant la jeune femme sans le quitter des yeux.

    -Bois-là, elle te sera utile.

    -Mais...

    -Bois.


Un ton ferme et menaçant. Ses yeux se voilèrent, vidés de toute lumière. Le regardant une dernière fois, elle se saisit de la fiole et but son contenu avant de s'essuyer la bouche peu gracieusement. Pendant un instant, elle n'avait été que spectatrice de son corps. Elle n'avait rien pu faire face à cet ordre à peine voilé de menace. Comme si on l'avait obligé. Et par la déesse, elle lui en voulait. Il était de mauvaise humeur, soit. Mais elle n'était pas son défouloir ! Ni un jouet qu'il pouvait manipuler à sa guise !


Alors qu'il allait ouvrir la bouche pour lui parler, le regard rempli de sous-entendu et de rage non contenu de la jeune femme l'en dissuada. Ouvrant et refermant ses lèvres à la manière d'une carpe, il la regarda passer devant lui sans mot dire. S'élançant silencieusement à sa suite, il rencontra le regard désapprobateur de son griffon, qui lui montra également son dos dans un geste de dédain.

Satanée solidarité féminine ! Ces maudites femelles allaient avoir sa peau un jour.

Enfouissant ses mains dans ses poches tout en grognant quelques mots incompréhensibles, il s'élança à leur suite.


Toujours en colère, la jeune femme ne se rendit pas compte de suite qu'elle rapetissait, de la même manière que Miriel. Ce fut seulement lorsque Adanedhel arriva à sa hauteur, la dépassant d'une bonne tête qu'elle commença à s'interroger. Et c'est en regardant les murs et les portes démesurément grande qu'elle comprit. La fiole.

Ce que lui avait fait boire le guerrier contenait certainement de quoi la faire rapetisser.


    -Ne t'inquiète pas, les effets peuvent être annulés assez rapidement. Ada en contrôle le contenu.


Hochant la tête à l'encontre du griffon, la jeune femme continua de marcher, le visage relevé et le regard fier. Elle ne voulait pas que le guerrier se rende compte d'à quel point cela l'angoissait. Elle ne voulait en aucun cas lui donner cette satisfaction. Alors elle continua de marcher, sans jamais le regarder alors qu'il ne faisait que chercher ses yeux.


Après avoir franchie la porte la plus massive, Anastasia découvrit de multitude de maisons, toutes faites de bois, qui semblaient avoir été construites sans organisation, hormis un cercle, où toutes les maisons convergeaient. Sûrement la place principale du village. Seules quelques lucioles illuminaient cet endroit de leurs lueurs, voguant entre le vert et le jaune. Epoustouflée, la jeune femme tourna sur elle-même, dans le but d'en découvrir.

Mais bien vite la voix d'Adanedhel la fit revenir à elle.


    -Ne traînes pas, le roi nous attend.


Que de sympathie ! Soufflant fortement, afin qu'il comprenne oh combien il l'énervait, elle consentie néanmoins à le suivre.

Suivant les lignes musclées de son dos, Ana se demandait comment un homme pouvait être aussi antipathique. Depuis qu'elle l'avait vu, elle n'avait jamais vu un sourire illuminé son visage, sauf quelques rictus qu'il lui accordait par-ci par-là.

Quant à son humeur... Mon dieu elle ne préférait pas en parler. Il ne faisait que balancer des jurons à qui voulait l'entendre ! Un grogneur machiste, voilà tout ce qu'il était.


Comme s'il l'avait entendu, il se retourna vers elle, ses yeux aussi noirs que l'onyx. Pour toute réponse, Anastasia lui sourit de manière parfaitement hypocrite, afin de soupirer lorsqu'il se retourna. Ça n'allait pas être facile.


Rapidement, ils arrivèrent devant la salle du trône, où le roi ainsi que quelques hauts placés les attendaient.

Ils la regardaient, la jaugeait, la détaillait comme on le ferait avec une vulgaire bête de foire. D'ici, la jeune femme pouvait deviner les pensées de chacun. Oui, elle était une étrangère, oui, elle avait les yeux bleus électriques, couleur qui ne semblait pas exister ici. Non, elle n'avait pas les oreilles légèrement pointues. Et non, elle était loin d'être petite.

Seules ses épaules légèrement crispées traduisaient son angoisse.


    -Bien asseyez-vous.


En haut, sur une estrade, les dirigeants avaient pris place, la surplombant de toute sa hauteur. Ana se sentit minuscule, comme écrasé par ses personnes sans aucune pitié. Seul elle, Adanedhel et son griffon se trouvait encore debout. Les deux liés près de la porte. Elle, au centre de la pièce.


    -Cette étrangère est arrivée sur nos terres voilà deux jours, commença le roi. Nous sommes ici réunis afin de déterminer si oui ou non le droit de vivre lui est accordé.


La jeune femme ne dit rien, trop consciente que tout ce qu'elle dirait pourrait être retourné contre elle. Alors elle observait chaque personne ici présente. Le roi, qui venait de prendre la parole avait de longs cheveux argentés et ses maigres épaules le rendait si frêle qu'on peinait à deviner que l'on se trouvait face à un souverain. A sa gauche, Anastasia remarque une jeune femme, qui devait avoir son âge approximativement. Avec ses longues boucles de jais et son sourire mutin, elle ne lui inspirait pas confiance.


    -Nous allons te poser quelques questions, chère Anastasia, continua le roi. Suite à cela, nous déterminerons si oui ou non tu as le droit de rester au sein de notre royaume.


Hochant la tête, la jeune femme resta concentrée sur le roi, pensant qu'il serait le premier à l'interroger. La surprenant, ce fut un homme aux cheveux orangés qui prit la parole.


    -Comment es-tu arrivé à Balmora ?


Son ton ne lui semblait pas antipathique, pourtant cet homme la dérangeait au plus haut point. Comme avec la fille aux boucles de jais, il ne lui inspirait pas confiance.


    -Je l'ignore. Tout ce que je sais, c'est que nous avons traversé une sorte de miroir. Je ne me souviens plus de rien ensuite.

    -Nous ? Le questionna l'homme.

    -Oui, moi et un ami, Nathaniel.

    -Et sais-tu où il est ?

    -Non, je ne sais pas.


Sa voix devenait de plus en plus suspicieuse au fil de questions posées, et les quelques murmures qui lui parvinrent lui disaient qu'il n'était pas le seul à se méfier d'elle.


    -Donc tu vas me faire croire que tu as traversé un miroir avec un ami, dont tu as perdu la localisation, et que tu as atterri dans un monde que tu ne connaissais pas ?


La jeune femme ne flancha pas et acquiesça silencieusement.


    -Foutaise ! Hurla son voisin.

A partir de ce moment, tout se déroula très vite. Bientôt, un énorme brouhaha pris place dans la salle. La fille aux boucles de jais, l'homme aux cheveux orangés ainsi qu'une autre femme criaient qu'on devait l'exécuter, exposant leur plan les plus sordides, allant de la pendaison publique jusqu'à une lente torture. Chacun exposant tous les points positifs de chacune de leurs idées plus horribles les unes que les autres. Deux autres femmes leur faisaient face, les insultant de barbares et prenant sa défense. Le roi, au milieu de tout ce vacarme, essayait de temporiser les choses, ses deux mains de chaque côtés de son corps, pour maintenir les adversaires à l'écart.

Seul un homme la regardait avec curiosité, silencieusement. Dans ses yeux, elle avait l'impression d'être unique. Un phénomène qu'il n'avait encore jamais observé. La fixant toujours, il ne posa qu'une question qu'il fit taire l'ensemble de l'assemblée.


    -Ne sentez-vous donc pas ?


Tous ce figèrent à sa voix, dans un silence des plus respectueux. Tous dardèrent leurs yeux sur cet homme, présent à la droite du souverain, avant qu'ils ne tournent la tête dans la direction de la jeune femme.

Instantanément, la totalité d'entre eux blêmirent, certains devenant livides. Ils se tapirent, au plus profond de la salle. Seul le roi et l'homme de droite restaient, lui faisant face. Comme pour confirmer ce que tous avaient vu, l'homme énonça d'une voix forte et claire.


    -Nous ne pouvons pas la tuer. Elle est liée.


Cette fois, le silence devint pesant, écrasant, enfouissant les membres du conseil sous le poids de leurs erreurs.



Ils avaient voulu tuer une personne liée, une élue des dieux.


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