Chapitre 12
Eldon
Est-ce que je peux encore la raisonner ? Y a-t-il une seule chose que je pourrais lui dire pour la convaincre de ne pas pousser plus loin sa folie ?
Ses yeux sont habitées par une rage intense, une flamme capable de consumer ce qu'il reste de ce monde. Cette jeune femme n'a plus rien à perdre et n'abandonnera pas tant que je n'aurais pas sombré aussi bas qu'elle. Je ne voulais plus prendre la vie d'innocents, du moins pas de mes mains, mais si elle refuse de m'écouter et souhaite briser mes projets, est-ce que j'ai le choix ? C'est soit ça, soit je la laisse ruiner ce pour quoi j'ai autant travailler.
J'inspire profondément pour détendre mon corps. Oui, elle est jeune, mais ça ne veut pas dire que je peux me permettre de la prendre à la légère. J'ai vu ses oreilles, je sais qu'elle n'est qu'à moitié humaine, ce qui signifie qu'elle possède de meilleures capacités physiques qu'une personne ordinaire. De toute façon, sa seule présence ici devant moi témoigne de son talent au combat, une personne lambda serait morte bien avant d'atteindre le palais.
Je repense à ces histoires que j'avais entendues, relatant d'un village caché loin dans les forêts d'une autre nation, où de formidables guerriers, mi-hommes, mi-loups, s'entraînaient sans relâche pour louer leurs services pour traquer les pires cauchemars que l'on pouvait imaginer. Viendrait-elle de ce clan ? Je commence à regretter de ne pas avoir plus prêté attention aux longs discours de Claria, j'avais tendance à changer le sujet quand elle commençait à s'emporter.
La guerrière bouge, elle essaye de me contourner pour attaquer mon flanc. Elle a dû comprendre que tant qu'elle ne m'aura pas neutralisé, je continuerais de protéger la sphère. Elle ne voulait pas juste me tuer, elle désire me briser et elle a trouvé le moyen de me forcer à l'affronter.
Je pivote sur mes appuis pour ne pas la perdre de vue, mais dès que je commence à me tourner, elle s'arrête et saute dans les airs au dessus de moi.J'ai d'abord peur qu'elle va cibler le globe, mais quand elle arrive juste au-dessus de moi, ses lames décrivent des courbes vers mes épaules, fendant les airs en s'embrasant. Le lève ma lance pour parer l'attaque qui secoue mon vieux corps affaibli. Mais elle ne me laisse pas le temps de souffler et j'ai à peine le tempos de dresser un mur de vent pour la repousser quand elle se jette sur moi avant de toucher le sol, se propulsant vers moi en générant du feu dans son dos.
Je tente une riposte, mais ma lance ne rencontre que de l'air. Elle s'est déjà remise en mouvement, me courant autours en guettant une ouverture à exploiter. Elle a peut-être deviné que je ne suis plus assez vif pour suivre efficacement quelqu'un d'aussi agile, mais elle ne se risque pas non plus à m'attaquer de front. Je reconnais facilement sa tactique, aucune de ses première attaques n'avaient vraiment pour but de m'atteindre. Tout ce qu'elle désire, c'est évaluer mes réactions, voir ce dont je suis capable pour élaborer la meilleure stratégie. Malheureusement pour elle, je maîtrise ce petit jeu depuis bien plus longtemps...
Je claque des doigts pour invoquer des tourbillons qu'il s'élèvent jusqu'au plafonds. Ils commencent à se déplacer dans toute la salle, déchiquetant tout sur leur passage. Ces obstacles n'ont peut-être que peu de chances la toucher, vive comme elle est, mais ses mouvements vont en être affectés.J'ai souvent fait ça pour contrôler les déplacements de mes adversaires, les contraindre à aller où je le voulais pour plus aisément les abattre. La petit louve court de partout, je vois dans son regard qu'elle essaye de discerner un rythme dans les, mouvements des tornades, mais c'est inutile. J'ai créé ce sort pour que leurs mouvements répondent à ma volonté, elles ne bougent pas d'elles-mêmes.
La guerrière tente de trancher un tourbillon mais son épée est repoussée et elle perd temporairement l'équilibre sous la violence du choc. En voyant la faille dans sa garde, je balaye l'espace qui nous sépare avec ma lance, projetant une rafale tranchante vers ses jambes. Mon attaque se heurte à un mur de flammes qui n'arrivent pas à complètement l'absorber, mais je suis déçu de voir que je n'ai pas fait plus qu'entailler ses bottes.
La louve se recule d'avantage de moi, inspectant l'état de son équipement dont elle arrache la partie endommagée pour éviter d'être gênée dans ses mouvements. Ses jambes sont cependant plus découvertes qu'avant, ce qui va la rendre plus vulnérable à une attaque à cet endroit.
Restreindre les déplacements de l'adversaire a toujours été une stratégie efficace, et c'est d'autant plus vrai ici. Si elle désire me tuer, moi, je souhaite seulement l'empêcher d'agir, ce qui ne m'oblige pas forcément à lui prendre la vie. Aussi cruel que ce soir, simplement lui trancher les jambes la priverait de sa mobilité et elle deviendrait incapable de me menacer. Et ça, je pense qu'elle commence à le comprendre.
D'un geste de la main, je dirige mes tornades autour d'elle pour l'encercler et la priver d'issue. Elle a tenté de s'échapper avant qu'il ne soit trop tard, mais l'étau s'est resserré trop vite sur elle. Il n'y pas pas assez d'espace entre les tourbillons pour qu'elle puisse se faufiler sans se faire déchiqueter, armure ou non.
Du peu d'espace qui me permet de la discerner, je la vois chercher une issue. Soudain, elle change la prise sur ses lames qui brûlent de plus belle et elle les plonge dans le sol et tourne sur elle même, tranchant la pierre comme du beurre. Elle disparaît à l'étage d'en-dessous et échappe à ma vision, la pire des situations possibles pour moi. Si je ne retrouve pas sa trace au plus vite, qui sait par où sa prochaine attaque pourrait venir ?
Par précaution, je prends mon envol. Si elle est capable de fendre la pierre aussi aisément, je ne suis pas à l'abri d'une attaque venant du bas. Je flotte près de la sphère au cas où elle serait sa cible et je vois l'éclat de la pierre d'aube faiblir d'avantage, me rappelant que le temps jouait en ma faveur, pas la sienne.
Avec un pincement au cœur, je brise la pierre d'aube, le dernier rempart contre le néant qui va vite gagner du terrain. Si je précipite la disparition du monde, transformant nos dernières heures en minutes, je vais finir par la forcer à sortir de sa cachette.
La luminosité à énormément baissé, mais la douce lueur que dégage la sphère me permet quand même de discerner mon entourage. Je sais que je me mets dans une position vulnérable, en restant ainsi à côté de la seule source de lumière en existence alors que mon adversaire peut encore compter sur le refuge des ombres, mais mes options sont limitées.
Soudain, je vois deux flammes bleues apparaître à la limite de mon champ de vision. J'abats ma lance dans leur direction, déchaînant un ouragan sur elles qui dévaste la salle du trône. Les vents brisent la pierre, éventrant la pièce et exposant le néant qui gagne du terrain sur nous. Mon attaque a été rapide et implacable, la louve n'a pas pu avoir le temps de s'échapper ou la puissance de se protéger. Même si elle a survécu, elle ne doit plus être capable de bouger après un tel assaut.
C'est alors que je sens quelque chose d'incandescent s'enfoncer dans mon dos, traversant mon armure de plaque pour s'enfouir dans mon corps. La douleur est intense et je perds le contrôle de ma magie. Je tombe au sol en sentant un poids supplémentaire derrière moi qui me cloue au sol.
Péniblement, je tourne la tête en crachant du sang et je distingue la figure de la louve qui se redresse en extrayant son poing de mon dos. Je vois que sa main gauche a été consumée par les flammes, sa chair brûlée jusqu'à l'os qui a noirci sous l'intensité des flammes qui l'ont recouverte. Tel un animal prise dans un piège, elle n'a pas hésité à sacrifier une patte pour atteindre son but. Malgré la pénombre, je peux voir sa souffrance déformer ses traits, mais ses yeux continuent de luire d'un éclat plus flamboyant que ses flammes.
– Ne perds pas ton temps, je n'ai pas fait que perforer ton poumon... elle me déclare froidement. Mes flammes ont aussi atteint tes autres organes, tu ne vas pas tenir bien longtemps, encore moins tenir debout. Alors reste sagement allongé là et admire pendant que je détruits ta précieuse sphère.
– Non... je me force à articuler malgré ma blessure. Tu ne peux pas... Tu ignores ce qu'elle symbolise...
– Oh que si... Elle représente le dernier espoir d'un vieux fou que je vais me faire un plaisir d'éteindre...
– Ce n'est pas... que mon espoir... C'est... l'œuf... d'un nouveau monde...
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