quelques mots pas forcément cohérents balancés dans les notes de mon téléphone hier soir

Les autres ne voient pas la différence, ils ne comprennent pas. Car ce n'est pas que je ne ressens rien du tout ; je ris, j'aime, je m'emporte comme d'habitude. Simplement ces émotions ne font que me traverser fugacement, telles des comètes, et trop tôt déjà elles sont parties, leur lumière est partie, et je me retrouve dans un noir absolu et glacial.

Je suis comme un tonneau percé, à peine rempli qu'il faut y verser quelque chose à nouveau.

Je n'aime rien, ni personne. En ces moments, il me semble qu'on pourrait tout m'ôter, même la vie, même les êtres qui me sont en temps normal le plus chers ; et que je n'en éprouverais qu'une éperdue indifférence.

Je n'arrive pas non plus, vraiment, à penser. À raisonner. À apprendre. Je n'arrive donc même pas à me pencher sur mon propre mal pour déceler ses causes et ses cures ; prostrée dans l'inaction, je ne peux que passivement observer les volutes sombres m'envelopper et les décrire - avec maladresse qui plus est.

* * *

J'ai réalisé aujourd'hui qu'il y a bien longtemps que je n'ai pas eu une journée sans 'to do list'. Sans me dire : il faut que je fasse ceci, il y a cela à faire urgemment.

Des obligations plus ou moins obligatoires ; je me crée moi-même bon nombre d'entre elles.

Toujours est-il que je n'ai pas eu de journée vraiment libre depuis bien longtemps. Assez longtemps pour que je ne parvienne pas à déterminer quand.

Est-ce cela, être adulte ?

Si oui, voilà un énième argument que mon syndrome de Peter Pan se fera un plaisir de réutiliser pour m'angoisser dans les prochains mois.

Et puis, je me dis : est-ce que mon vide émotionnel, c'est surtout de la fatigue ? Est-ce que la vie a drainé mon énergie ?

Et comment la recouvrer, dans ce cas ? 

Peut-on reprendre à la vie ce qu'elle nous a pris ?

Peut-on créer quelque chose de neuf en dépit d'elle ?

Peut-on vivre malgré la vie ?

07.04.2018