[Le Démon Du Ciel]

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Avant que vous ne commenciez la lecture, je tiens à placer un petit Trigger Warning. Car certains passages de ce récit peuvent être un peu trop violent et/ou dégoûtant pour certaines personnes.
Voilà c'était une simple mise en garde afin que votre lecture se passe dans les meilleures conditions.

♡Bonne lecture ♡

__________________

I.

L'alarme heurtait les parois du vaisseau de son bruit tranchant et menaçant. Sa lumière rouge clignotait de plus en plus vite, tandis que la vitesse grimpait en puissance. Il n'y avait guère de paysage dans les hublots. Seulement des traits vague qui se confondaient comme une tempête agitant la mer. La température était drastiquement montée, il faisait aussi chaud que dans un sauna. Pourtant les corps étaient glacés. Les cinq passagers se cramponnaient à leur siège avec force, si bien que leurs ongles s'enfonçaient dans le cuir, alors que le vaisseau tournait et se retournait sur lui-même. Ils tentaient d'ignorer le mal qui les habitait, la tête qui les faisait souffrir, le sang qui s'écoulait de leur nez, et les auréoles de transpiration qui maculaient leurs corps. L'un d'eux ne put, malgré sa bonne volonté, se retenir de dégobiller son déjeuné. Malgré la panique qui le hantait, il songea, durant une courte seconde, que le temps où il avait mangé lui semblait bien loin et qu'il n'était pas sûr de connaître un prochain repas.
A l'avant de l'appareil, les deux pilotes s'efforçaient à se maintenir droit pour un atterrissage forcé mais doux. Ils se voilaient la face, car cette peine était déjà perdue depuis longtemps. Les commandes répondaient lentement, le vaisseau était au bord de la défaillance. Ils puisèrent dans leur dernier espoir en constatant qu'ils allaient bel et bien  s'écraser sur une planète et non dériver dans l'espace jusqu'à ce que leurs cadavres, ainsi que ceux de leurs passagers, ne deviennent gelés et ne soient engloutit dans le néant.
L'alarme sonnait toujours, et des cris s'y mélangèrent tandis que l'appareil déclarait forfait. Le vaisseau n'avait plus foi en lui-même. Ils étaient désormais en chute libre. Sans doute était-ce parce qu'ils avaient pénétré dans l'atmosphère de cette planète inconnue, et que le sol les attirait désormais à lui. Leur appareil avait lutté jusqu'à cet instant. Car, comme entré dans un vortex, les commandes se brouillèrent et s'éteignirent complètement. Pilotes ou passagers, n'eurent guère le temps de soupirer ou de songer à un plan de survie, que des branches d'arbres vinrent frapper et percer la coque du vaisseau. Un grand souffle pénétra dans le cockpit. Dangereux et ravageur, il rafla les choses les plus fragile sur son passage. Des feuilles volèrent, les passagers et les pilotes se heurtaient à tout un tas de matériaux qu'ils n'avaient guère le temps d'identifier. Leurs casques d'oxygène leurs faisaient autant de mal que de bien, de même que leurs harnais de sécurité. Mais tout allait très, trop vite pour comprendre. Leurs pensées ne pouvaient trouver une idée mère. La tête en haut, en bas, à droite, à gauche. Puis la souffrance, la peur, le tournis. Ce vis invivable se termina dans un grand choc qui les frappa de plein fouet, faisant craquer plus d'un os. Il n'y avait que le noir et le pesant silence qui les enveloppaient à présent.

Une petite caméra solitaire, servant aux explorations, s'était allumée. Il était impossible d'imaginer par quel miracle elle avait put survivre à un tel crash. Mais elle était là, et se trouvait spectatrice d'un grand massacre. Des lambeaux de vaisseaux tapissaient le sol. Le paysage n'était fait que de braises et de cendres virevoltantes. Un âtre de mort dans une nature bien vivante et une planète inconnue. Il n'y avait pas un son, pas un bruit, pas un souffle ou un gémissement plaintif de souffrance. Même la planète semblait avoir fait vœux au silence. Un instant aussi apaisant, qu'oppressant. Les mouvements étaient inexistants eux aussi. Du moins dans l'angle que filmait la caméra. Elle, qui était censée être bien rangée dans une trousse de protection, et qui se trouvait au grand jour. Le choc avait dû être des plus brutal. La coque du vaisseau s'était sans doute fendue en deux, avant d'entraîner ses habitants dans une danse mortuaire jusqu'à l'explosion finale. Pour qu'il n'y ait pas d'oiseaux curieux ou de charognards désireux de trouver de la nouvelle chair à se mettre sans la dent, leur atterrissage avait dû être bien bruyant. Faune et flores avaient décidé de se taire pour l'instant.
Et sans doute était-elle en train de se réveiller, et d'envoyer ses premiers animaux, les plus courageux, dans les fouilles de ce vaisseaux en ruines, car l'image de la caméra se mit à trembler légèrement. Comme si un frisson de fraîcheur l'avait parcouru. Puis elle fut rudement bousculée. Tant, qu'aucune image n'était descriptible, tout était flou dans le mouvement puis tout devint noir.
Un essoufflement saccadé. C'était là tout ce qui se distinguait du moment. Et cela dura longtemps, avant qu'une toux maladive n'en prenne la place. L'image revint. Pas nette, mais tremblante. Un visage maculé de sang et gonflé d'hématomes bleuté se distingua.

" A l'aide ! Je suis Erani, je suis..."

De nouveaux essoufflements saccadés firent surface.

"Vaisseau...crash...vaisseau...ne peux plus respirer..."

La caméra tomba un peu plus bas. Elle se figea dans des brins d'herbes. Fixant son objectif droit devant, elle filma la verdure puis, semblable à la lave d'un volcan, une cascade de cheveux roux se mêlait au sol. Ceux-ci couvraient le visage gonflé, ensanglanté, et amoché de la personnage qui avait parlé. On pouvait avec aisance dessiner tous les beaux traits de son visage malgré l'horreur qu'il avait rencontré. Abandonnée à son sort, la caméra continua d'enregistrer ce tableau digne d'une nature morte. Elle tiendrait ce film jusqu'à ce que sa batterie soit épuisée et qu'elle aussi sombre dans le néant. Et ce ne fut qu'à la fin de la journée, lorsque la nuit pointait, que la caméra rendit son dernier souffle.

II.

D'une grande inspiration, comme sortant d'une apnée qui, depuis trop longtemps avait durée, Erani s'éveilla. Tremblante, elle porta la main à son visage avant toute chose. Son masque d'oxygène était là, posé sur son nez et sa bouche. Elle respirait pleinement cet air pur. Emplissant ses poumons et recrachant, puis réitéra plusieurs fois pour être certaines d'être pleinement rassasiée en oxygène. Ses pupilles verte étaient tournées sur le ciel qui brillait d'une vive clarté. C'était le jour. Et c'était beau. Jamais elle n'aurait cru, un jour, observer un ciel si pur. Une larme glissa même le long de sa tempe. Et il y avait des arbres, des tas d'arbres d'un vert si exaltant qu'il en devenait irréel. Était-elle morte ? Etait-ce le paradis qui venait de frapper à sa porte?
Mais un cauchemar dans un rêve, ramène tout de suite à la réalité. Car bien qu'elle contemplait les arbres, l'une des branches attira son regard. L'un des pilotes du vaisseau était embroché sur celle-ci. Les membres ballants, le teint blême. Il y avait longtemps qu'il avait quitté ce monde. Une vague de panique s'empara alors d'Erani qui se mit à réaliser que ce n'était pas d'une simple sieste qu'elle s'était réveillée. Non, tous les morceaux de l'incident lui revinrent en mémoire. L'alarme qui sonnait, les doigts qui se cramponnaient au siège, les têtes qui tournaient, les envies de vomir, les saignements de nez, les violents chocs, le crahs, l'explosion. Tout ces malheureux souvenirs lui firent avoir un hoquet de sanglot, qui se mêla à sa panique.

Ce fut là qu'elle prit conscience qu'elle ne ressentait plus son corps et que la douleur se réveilla. Était-il brisé entièrement ? Ou en était-ce que la désagréable sensation? Affolée, elle jeta des regards autour d'elle. A gauche, un bras sans corps se tenait. La plaie était encore vive et sanguinolante. Plusieurs tâches écarlate montraient que ce n'était guère le seul membre qui ait put se retrouver ainsi. Erani sentit son cœur battre plus vite encore, par la peur et le dégoût. Tournant son regard à droite, elle eut un bref hurlement de stupeur, en rencontrant l'un des passagers allongé sur le sol, tout comme elle. A la seule différence, que l'une des barres de fer du vaisseau traversait sa gorge. Malgré sa résistance, elle ne put que plonger ses yeux dans le regard vitreux de l'homme. C'était le professeur Itvan. Un génie, brillant, aux milles idées. Il était la tête de cette opération, et voilà où tout cela l'avait mené.

Ne jetant plus que de bref regards pour constater les alentours, Erani ne vit guère d'autres corps, et elle comprit qu'elle était à l'orée d'une forêt grande et épaisse. Mais ce qui l'intéressait pour l'instant, était de parvenir à ce qui restait du vaisseau. Se rappelant qu'elle avait levé la main droite pour vérifié si son masque d'oxygène était toujours sur son nez, elle sût que son bras droit n'était que peu endommagé. En revanche le gauche était impossible à remuer. Son buste semblait en bon état, malgré les griffures sanguinolante et les hématomes qui la faisaient atrocement souffrir. Elle se mit à craindre d'avoir des côtes brisées. Sa vision était des plus normale, sa tête était sans doute celle qui s'en sortait le mieux. Quand à ses jambes, celle de droite étaient brisée ou peut-être tordue. Elle n'aurait sût le dire car elle n'était pas médecin. Bien que cette observation fut faite avec minutie, elle fut toutefois embué de sanglots qui ne se calmaient pas.

Pleurant comme un nourrisson, laissant sa morve couler le long de son nez, Erani prit tout son courage pour traîner sa misérable carcasse jusqu'à ce qu'il restait du vaisseau. S'aidant uniquement de ses membres les moins endommagés, elle y mit toute sa force et tentait d'ignorer la souffrance qui la percutait comme si des millions d'aiguilles lui tailladaient le corps. Cela lui donnait de grande bouffée de chaleur, et ce fut tel qu'elle eut tout juste le temps de relever son masque d'oxygène pour dégobiller à mit chemin. N'ayant rien mangé depuis un temps qu'elle ignorait, ce ne fut que l'acide bile qui sortit de son estomac, lui donnant davantage envie de vomir. Erani ne pouvait pas même s'essuyer le visage, et c'était bien le dernier de ses soucies. Ainsi, son vomi se mêla à sa morve, à ses larmes et aux croûtes de sang qui étaient fraîche et menaçaient de s'ouvrir à tout moment.

Son corps retomba de tout son long dans le sol. Elle ne parvenait à se traîner davantage, pourtant elle était si proche de son but. Si elle tendait les doigts, elle pouvait toucher le métal froid du vaisseau. Elle n'y arriverait guère avec un seul bras. Roulant dos contre le sol, Erani effleura de ses doigts son membres gauche. L'évidente bosse à son épaule, lui prouva que celle-ci était disloquée. Elle pria pour que ce ne soit là, son seul mal. Roulant dans l'autre sens, pour que son ventre soit contre la terre, Erani attrapa son bras gauche avec sa main droite. Et d'un coup sec, sans crier gare, sans une inspiration, tira. Un hurlement de souffrance sortit du plus profond de sa gorge. Pleurant à chaude larmes, elle laissa tout son corps reposer sur le sol.

Ce ne fut que lorsque les hoquets de pleurs cessèrent que Erani reprit la route de son but. Sa gorge était sèche, et ses lèvres gersées de déshydratation, il lui fallait de l'eau à tout prix. Ayant, désormais, le loisir de se servir de ses deux bras (bien que son épaule restait douloureuse) elle se traînait avec plus de rapidité jusqu'au creux du cockpit. La moitié du corps à l'intérieur et l'autre traînant sur le sol de l'extérieur, elle se mit à fouiller parmi ce qu'il restait. Mais l'eau semblait manquer. Poussant un gémissement de désespoir, Erani se laissa retomber dans l'herbe de l'extérieur. Elle était épuisée, assoiffée, affamée, et seule. Ses épaules tremblèrent de chagrin. D'un revers de la main, elle essuya sa morve et son vomis avant que ceux-ci ne soient remplacés par d'autres pleurs mouillés et incessant. Son cœur était lourd de tristesse, de peur et de deuil. Le pilote embroché lui faisait toujours face, le bras solitaire et le professeur égorgé étaient encore en sa compagnie. Erani était au milieu d'un cimetière sur une planète inconnue. Il n'y avait pas d'espoir, pas d'échappatoire, bientôt elle mourrait de soif et faim.
La tête baissée par cet évident échec, elle fit la seule chose qu'elle était en mesure de faire, sangloter. Parfois l'une de ses larmes roulaient jusqu'à ses lèvres et elle s'en délectait comme de l'eau. Bien que leur goût salé n'étanchait pas sa soif. Erani sentit d'autres gouttes s'écraser sur ses bras nus. Plus fraîche, plus ardentes, plus nombreuses. Elle eut un sursaut. Ce n'était pas ses pleurs à elle, mais bien ceux du ciel. Il pleuvait ! Alors même qu'elle avait perdue tout espoir de survie, la nature de cette planète lui offrait un réconfort. La tête en arrière, le casque d'oxygène relevé et la bouche ouverte, Erani se désaltérait.

La fraîcheur de cette eau lui donna un nouvel espoir, et une force jusqu'alors insoupçonnée. Baissant le regard sur ses jambes, laissant la pluie ruisseller sur son visage, essuyant ses larmes, elle remarqua que son membre douloureux était perforé d'une tige de fer rouillé. Sans même laisser le temps à ses pensées d'agir, Erani enferma l'objet entre ses doigts et tira d'un coup aussi sec que possible, lui arrachant un cri de douleur. Cependant, la tige n'était pas entièrement ressortit. Serrant les dents, elle s'en empara à nouveau avec fermeté et la glissa lentement hors de sa jambe. Des gouttes de sueurs se mirent à couler le long de son visage, se confondant avec la pluie. Son corps était froid de dégoût, et tremblait comme une feuille dans un grand vent. Se retournant sur le côté, elle retira en hâte son masque, et dégobilla à nouveau de la bile, après que le fer ensanglanté fut entièrement sortit. Plusieurs spasmes se firent ressentir jusqu'à ce qu'elle ne ressente plus l'envie de régurgiter quoi que ce soit. Relevant les yeux tout en se redressant, elle aperçu la radio de secours. Endommagée mais bien là et presque intacte. Le vomi sur ses lèvres, Erani se mit à rire et pleurer. Confondant ses sentiments. Elle était seule, sur une planète inconnue, mais elle riait à gorge déployée.

III.

" Est-ce que la caméra marche ? Je crois que oui. J'espère que je vais pas parler dans le vide, j'aimerais garder une trace de moi-même. Au cas où si je meurs. J'anticipe déjà ma mort à vrai dire. J'ai rien trouvé à manger, toutes les plantes qui se trouvent ici, n'ont jamais été dans un livre d'histoire sur Terre. Rien ne ressemble de près ou de loin à une orange, ou une pomme. Je crois que je vais me mettre à manger de l'herbe, ça a l'air d'être le plus comestible. Et encore, elle est peut-être mauvaise. J'ai retrouvé une gourde dans les débris, j'ai pu la remplir quand il s'est mit à pleuvoir l'autre jour. Mais à part cette gourde et cette caméra, je n'ai rien trouvé d'autre. Le professeur Itvan est mort, la gorge tranchée par un bout du vaisseau. L'un des pilotes, Harvey, est embroché à une branche juste au dessus de moi. Et il y a ce bras humain aussi. (Erani marqua une pause dans ses mots car le dégoût et le chagrin lui serra la gorge.) Je sais pas ce que les autres sont devenus. Je sais pas si ils sont en vie, blessés, ou mort par l'accident...A moins qu'ils aient été tués par une créature qui vit ici. Je n'ai croisé personne, mais je doute être seule sur cette planète. Je sais même pas quelle planète c'est. (Sa voix se brisa dans un sanglot). C'est pas une vie pour une fille de 16 ans, c'est pas possible...c'est pas possible...(Elle marqua une nouvelle pause afin de reprendre ses esprits.) J'ai vu que la radio était encore presque intacte, je crois que je peux la réparer, c'est mon seul espoir. Hmm..Je suis blessée. J'avais l'épaule disloquée, j'ai pu la remettre en place mais elle reste douloureuse quand je bouge le bras. J'ai retiré la tige de fer que j'avais dans le tibias gauche. Je crois que ma jambe est cassée, je peux pas m'appuyer dessus. Je me suis fais une attelle avec deux bouts de fer du vaisseau, et un rouleau de Scotch qui traînait dans le cockpit. J'ai...j'ai pas la force de creuser un trou pour enterrer le professeur, et encore moins pour aller décrocher Harvey. Je vois leur corps se décomposer petit à petit. Je sens leur odeur...(Nouvelle pause.) J'ai la tête qui tourne tout le temps, je suis sans cesse essoufflée. Je crois qu'il faut que je mange, je vais essayé d'aller dans la forêt qui est juste face à moi. Mais je vais pas trop m'éloigner. Voilà, pour le moment. C'était Erani Augustine, et je peux même pas dater parce que j'ignore quel jour on est. Mais on verra si je suis encore là demain."

La nuit s'était emparée du ciel, et donnait une toute autre dimension au paysage de cette planète inconnue. Pas effrayante ou dangereuse, mais Erani restait sur ses gardes. Qui pouvait savoir ce qui se cachait dans cette forêt à l'orée de laquelle elle était. La fraîcheur fut plus aigre cette nuit là. Munit que d'un débardeur souillé par son sang et son vomis, les frissons lui parcouraient le corps. En titubant et en serrant les dents face à la douleur de sa jambe, elle s'approcha du cadavre du professeur. Portant ses mains hésitante sur la veste militaire de celui-ci, elle les recula brusquement. Peu certaine d'avoir la force de dépouiller un mort. Mais un vent froid lui rappela qu'elle aurait besoin d'un tissus supplémentaire. Retenant sa respiration, elle retira soigneusement les bras flasques de Itvan hors de ses manches. La texture de la peau était des plus dégoûtante, s'apparentait à un gel froid. Lorsque les deux bras furent retiré, elle tira la veste pour la faire glisser sous le dos du professeur. Comme un pantin desarticulé, celui-ci roula, sur le côté et sa bouche s'ouvrit, laissant échapper un insecte. Erani retint un haut le cœur, et enferma la veste militaire dans ses bras.

"Pardonnez-moi professeur, vous aurez une belle tombe, dés que je serai plus en forme, je vous le promet, murmura t-elle."

Sans un mot davantage, elle tituba pour se fondre dans les ruines du vaisseau. La jeune fille s'emmitouffla dans la veste où, malgré l'odeur de putréfaction, y trouva un certain réconfort. Cependant, elle n'avait guère sommeil car peu tranquille dans ce lieu inconnu. Du bout de ses frêles doigts, elle attrapa la caméra. Quel miracle qu'elle soit encore intacte, et qu'une batterie supplémentaire se soit trouvée scotché à elle. Rabattant ses boucles rousses, Erani se mit à parcourir les fichiers. Désireuse de trouver des vidéos du crash qui lui donnerait peut-être des indices sur la position des autres membres du vaisseaux. Elle en trouva une. Or, comme la jeune fille le craignait, l'image était floue, saccadée, et tremblante. On ne distinguait rien. Du moins jusqu'à un certain moment. La caméra avait survécu au crash et n'avait cessé de filmer. Erani put y voir l'appareil en ruines. Des lambeaux de fer s'éparpillant partout. Puis, l'image trembla, fut bousculée et devint noir. La jeune fille porta la chose à son oreille. Elle pouvait distinguer un essoufflement saccadé. Puis une toux. L'image revint, bien qu'elle n'était pas nette, Erani se reconnu aisément devant l'objectif. Son visage était gonflé par endroit et se multipliait en ecchymoses. Son nez était rouge de sang séché, de même que ses arcades et le haut de son front. Son aspect faisait peur à voir. Et elle devina qu'elle arborait le même en cet instant, car elle n'avait pas encore eut le loisir de se laver.

" A l'aide ! Je suis Erani, je suis...Vaisseau...crash...vaisseau...ne peux plus respirer..."

L'image tomba et se figea dans des brins d'herbes. Fixant son objectif droit devant, filmant la jeune fille allongé sur le sol, inconsciente. Erani eut un sursaut de stupeur en portant ses doigts sur l'écran. Car sur ces images, elle ne portait pas son masque à oxygène. Combien de temps l'avait t-elle perdue? Pouvait-elle respirer sans ? S'était elle évanouie par manque d'air? Tout se bousculait dans sa tête. Cependant, ses songes cessèrent tandis qu'elle se figea devant les images que la caméra avait filmée. Sa gorge se serra comme jamais, des sueurs froides naquirent en elle, son cœur battu à tout rompre. Là, sur l'écran, une grande main bleue était en train de replacer son masque à oxygène sur son nez. Ce fut tout ce qu'elle vit. Croyant à une hallucination à cause de la fatigue ou de la faim, elle rejoua les images encore et encore. Jusqu'à réaliser.

"Je ne suis pas seule.."

Cela aurait put la réconforter, lui donner de l'espoir mais ce fut tout le contraire. Car ce n'était pas des humains qui vivaient là. C'était des êtres avec de gigantesques mains bleutées. Ce soir là, Erani lutta de toute ses forces contre le sommeil, parce qu'elle craignait désormais ces êtres à la peau bleue. Mais sa fatigue eut raison d'elle, et elle sendormit après avoir luttée deux bonnes heures.

IV.

C'était un brillant soleil qui l'avait réveillée le lendemain matin. Emmitouflée dans la veste militaire du professeur, Erani songea qu'elle ne devait guère perdre de temps. La faim finirait par la ronger jusqu'à la moelle. Maladroitement, elle prit la tige qu'elle avait délogée de sa jambe, non sans douleur. Ce serait son arme de fortune. Une bien maigre défense, mais elle n'avait guère d'autres choix. La seule personne en ces lieux susceptible d'avoir des armes était Harvey, le pilote, qui était toujours embroché dans l'arbre.

Titubant, les dents serrées par la douleur, Erani fit ses premiers pas dans la forêt qui lui faisait face depuis son arrivée. Toute la végétation lui était inconnue, mais elle ne put nier la beauté et l'harmonie qui s'en dégageait. Ce lieu était un paradis. Les feuilles étaient les plus vertes, les fleurs les plus colorées. Chaque forme semblait exister. Il n'y avait pas un seul endroit colonisé par l'humain. Ce n'était que végétation à perte de vue. Si elle venait à mourir, elle s'estima d'ores et déjà chanceuse d'avoir cet endroit comme tombeau. Son pied heurta une racine et la réveilla de sa contemplation. Erani poussa un juron de douleur et continua son chemin. Les sons de la forêt emplissaient ses oreilles. Le bruit d'une rivière, un doux son semblable à des clochettes, des croassements qui n'avaient rien de menaçant. Tout, sans exception, semblait l'appeler à s'enfoncer davantage dans ce lieu. Or, elle n'en fit rien et garda en mémoire la grande main bleutée qu'elle avait aperçue sur la vidéo. S'arrêtant là où elle se trouvait, elle tâta les plantes aux alentours du bout de sa tige métallique. Ce n'était pas des plantes carnivore, ce fut là sa stupide conclusion. Le professeur l'aurait sans doute rossé pour être si ignorante de la flore. Mais elle, s'était la mécanique son domaine, pas les fleurs. Malgré son jeune âge, elle avait réussi à s'enroler dans cette expédition en trafiquant sa date de naissance, et en appuyant sur le fait que sa grand-mère était une brillante scientifique. L'expédition, que beaucoup jugeaient suicidaire, lui ouvrit grand les bras. Car peu étaient les volontaires. C'était ainsi qu'elle s'était envolée, loin de la Terre et loin de son orphelinat de malheur. Prise dans ses songes, Erani cessa soudain ses pensées lorsqu'elle réalisa que tout, autour d'elle, était inanimé. Il n'y avait pas d'animaux, malgré leur cri lointain, pas de vent malgré son sifflement dans les cimes, et pas de rivière malgré la mélodie de son écoulement. Rien ne bougeait. Un soudain malaise s'installa dans le creux de son ventre. Son ventre affamé qui n'avait de cesse de gargouiller. La jeune fille ne pensa et ne s'éparpilla plus. Le cœur tambourinant et les mains moites, elle osa s'approcher d'un buisson touffu et velu. Des boules violette semblable à de petites baies le décoraient. Tremblante, elle y porta les doigts pour écarter les branches et toucher ces fruits inconnus. Le malaise ne l'a quittait pas. Les sueurs froide qui perlaient dans sa nuque ne cessèrent pas. Quelque chose dans l'air n'était pas normal. Un bruissement résonna. D'instinct, Erani leva les yeux et jeta des regards apeurés autour d'elle. Le cœur palpitant, la gorge sèche, elle ne se sentait pas en sécurité. Voyant que rien ne se mouvait dans le paysage, elle tenta de s'apaiser, mais sa respiration demeurait saccadée. Reportant son attention sur les étranges baies, elle se figea. Comme si un poignard lui avait traversé le cœur. Comme si elle était tombée dans un lac gelé. Comme si elle n'était plus que pierre. Ses yeux s'écarquillèrent, et un coup de chaud l'enveloppa brusquement. Là, au creux du buisson, se trouvait deux pupilles jaunâtre dont les orbites étaient enfoncés dans un visage bleuté. Erani resta interdite, comme prise dans du sable mouvant. Les yeux disparurent du buisson pour s'élever. Une grande et imposante silhouette se redressait. Cette chose devait bien mesurer trois mètres. N'attendant plus, la jeune fille tint fermement sa tige de fer, et prit ses jambes à son cou. Elle ne courait pas bien vite, à cause de son attelle, aussi ne faisait-elle que tituber. Mais qu'importe elle fuyait le plus vite qu'il lui était possible. Sans même se retourner pour constater si la chose la suivait ou non. Elle s'essouffla rapidement, mais ne s'arrêtait pas pour autant. Il lui fallait atteindre les ruines du vaisseau, c'était le seul endroit où elle se sentait en sécurité.

Elle plongea dans le cadavre de l'appareil comme elle l'aurait fait dans une piscine, se cognant douloureusement le flanc gauche. Dans un râle de douleur, la jeune fille se redressa d'un bond, et pointa idiotement sa tige vers le paysage. La créature ne l'avait pas suivit. Ou alors elle était très lente et n'était pas encore arrivée. Alors, Erani attendit. Cinq minutes. Dix minutes. Son arme de fortune tendu et ses sens en alerte. A la vingtième minutes, elle baissa sa tige, mais garda son regard fixé sur la forêt. Elle ne l'a quitta pas jusqu'à la nuit tombée.

"Je suis Erani Augustine. Je suis toujours en vie, apparement, ou alors je deviens folle par le manque d'eau et de nourriture. Mais j'ai la preuve sur cette caméra que cette planète est habitée. On dirait des démons bleutés aux grands yeux jaunes. Ils sont effrayants. Je ne sais pas comment j'ai pu m'en sortir. Mais je les sens, je le sais. Ils me surveillent. Ils sont là. Je suis sûr que ce sont eux qui ont dévorés tous les autres. Je suis la prochaine. (Des sanglots incontrôlable s'emparèrent d'elle) Je suis la prochaine...je veux pas mourir, je veux pas mourir ici, je veux pas...c'est pas possible, je suis dans un cauchemar, je vais me réveiller. Je suis pas prête pour mourir, je veux pas ! Qui va se rappeler de moi ? Qui va..."

Erani pleura sans s'arrêter, et ce jusqu'à la nuit tombée. La jeune fille se sentait comme dans un gouffre dont on ne sort pas. Elle s'était faite à l'idée que ses dernières heures sonnaient, mais elle n'était pas prête à dire son dernier mot, elle se battrait même si la mort lui était déjà assurée. Elle avait commencé par trifouiller la radio qui se trouvait dans le cockpit. Brancher et débrancher des fils, tester, puis recommencer. La jeune fille réalisa cela une dizaine de fois en donnant toujours le même message "Je suis Erani, j'ai besoin d'aide, je ne sais pas où je suis, étudiez les données GPS de la radio pour le savoir. S.O.S". Et lorsque la nuit devint trop sombre et qu'elle n'y voyait plus  elle abandonna.
Appuyée sur sa tige de fer, elle observait l'horizon. Ses essouflements devenaient de plus en plus intense alors que les heures s'écoulaient. La jeune fille mettait ça sur le compte de la faim et la fatigue. Elle avait dû resserer sa ceinture car son pantalon tombait. Bientôt il ne lui resterait plus que la peau sur les os. Mais là n'était pas son principal soucis. Sa seule pensée était de rester éveillée toute la nuit et d'attendre les démons bleus. Elle scrutait chaque mouvement, chaque feuille dansante dans le vent, chaque craquement de bois, chaque brin d'herbe qui chantait. Elle ne sombrerait pas. Elle lutterait. Elle ne sendormirait pas. Et ce, malgré ses membres qui devenaient coton, malgré ses rétines qui devenaient sèches, malgré la tête qui lui tournait. Elle ne succomberait. Elle était éveillée et le resterait. Elle tiendrait jusqu'au bout. La nuit était pleine depuis plusieurs heures maintenant. Erani papillonait des paupières, mais elle se battait contre l'endormissement. Elle resta, elle lutta mais la fatigue eut raison d'elle. La jeune fille sombra dans le sommeil.

V.

Le sommeil était délicieux et reposant. C'était comme une étreinte d'un bon ami après une journée éreintante. Rien ne pouvait atteindre le sommeil. Rien ne pouvait le contredire ou le chasser. Erani profitait de cet instant doux, resserrant la veste militaire du professeur autour d'elle. C'était agréable.

"Shhh..tu vas la réveiller Tuk."

La tranquillité dans le cœur de Erani fut alors consummé par l'angoisse, comme le feu consume une feuille de papier. Vivement, elle ouvrit les paupières et dû retenir un cri de stupeur dans sa gorge. Son corps devint froid tandis que sa chaleur montait. Au dessus d'elle, deux visages se tenaient mais ne semblaient guère lui prêter attention. Des démons bleutés aux yeux jaune. La jeune fille profita que ces deux créatures ne la regardent pas pour les observer à son tour. Elles étaient grandes, mais moins que celle rencontrée vers le buisson. Leurs traits semblaient féminin, tout comme leurs voix. Erani conclut que c'était là, des femmes. Leurs cheveux étaient coiffés et tressés. Leurs vêtements ne couvraient que l'essentiel du corps. Ils avaient la carrure élancée, et fine. L'une des deux avaient quatre doigts, l'autre cinq. C'était un détail curieux qui sauta vif dans l'esprit de la jeune fille. Elle referma les yeux, par crainte d'être vu réveillée. Ce fut avec ses songes qu'elle conversa. Où était-elle ? Comment était-elle arrivée au milieu de ces démons bleu ? L'avaient t-ils enlevés? Ou le vaisseau était juste à côté et elle ne s'en était pas encore aperçu. La seule chose dont elle était sûr, de par sa courte observation, fut que les branchages des bois la surplombaient. Elle avait quitté l'orée où se trouvait l'appareil et était désormais sous les arbres. Mais à quelle distance du seul lieu qui lui semblait familier ?

"On a décroché celui qui était embroché à l'arbre, dit une voix masculine.

- Tu as prit le bras ?

- Oui, et l'homme égorgé aussi. Il ne reste plus aucune trace. Aucune, à part elle."

Erani devina que ce "elle" la désignait. Le sang bouillonnant dans ses veines, elle se devait de faire quelque chose. Ces créatures allaient la tuer si elle attendait trop. Il fallait agir maintenant. Discrètement elle entre-ouvrit les paupières. Plus qu'une femme démon bleu se trouvait auprès d'elle. Du moins dans son champ de vision actuel. C'était l'occasion. Elle n'en aurait pas d'autre. Prenant une inspiration, et son courage à plus d'une main, elle ouvrit pleinement les yeux et redressa son buste.

"Hé ! Grand-mère a dit que tu devais rester couché, dit la femme bleuté."

Sa voix s'apparentait davantage à celle d'une petite fille, pourtant elle était à peine plus grande que Erani. Cette dernière, sans mot dire, se mit debout non sans retenir un gémissement de douleur lorsque sa jambe toucha le sol. Elle ne voulait pas attirer l'attention, et fuir le plus vite possible. Car elle ignorait le nombres de démons bleus qui se trouvaient aux alentours. De toutes ses forces, elle poussa la démon bleu qui tomba en arrière dans un cri de stupeur. Ce son avait sans doute alerté les autres démons bleu. Or, la jeune fille ne prit guère le temps de vérifier. Aussi vite que son corps le permettait, elle se mit à courir. Des larmes de douleur roulèrent le long de ses joues. Elle avait l'impression que son membre attelé brûlait vif, ou se décomposait en lambeaux de chair.

"Hé attends toi ! hurla t-on dans son dos."

Elle ignora les appels et continuait. Mais bien vite, elle se trouva essoufflée et sa vitesse déclina par son membre blessé. Mais elle ne lâchait pas et s'enfonca dans la forêt au milieu de laquelle elle venait de se réveiller. Dans ses tympans, elle pouvait entendre les pas lourds de ses chasseurs. Elle n'aurait sut dire combien ils étaient. Fermant ses poings comme pour se donner plus de courage, elle continua. Malgré que sa tête ne se mette à tourner par instant, malgré que des points noir ne viennent perturber la vue de son chemin déjà bien compliqué à pratiquer. Elle sentait sa jambe cassée taper le sol, le choc de ce geste remonta dans tout le membre comme un électrochoc. Une souffrance à implorer la mort. Cependant, Erani poursuivit encore et encore. Une branche lui fouetta le visage, lui entaillant la joue. Puis de grosses feuilles l'engloutirent comme dans un labyrinthe. La jeune fille fonçait tout droit, tandis que la chaleur de son corps devint plus ardente, plus insoutenable, et que ses muscles ne deviennent plus froid. Sa vision se brouillait. Sa tête lui tournait. L'un de ses pieds heurta une branche lui faisant plier les deux jambes. Malgré elle, un hurlement de douleur s’échappa de sa gorge. Mais la jeune fille reprit sa course. Plus lentement à chacun de ses pas. Le paysage se mit à onduler sous son regard. Une envie de vomir lui frappa le palais. Sa cadence ralentit encore, et les démons bleus la rattrapèrent sans mal. Mais elle ne les vit pas, car elle leur tournait le dos. Tout ce qu'Erani vit, en revanche, fut d'autres restes humains des personnes qu'elle connaissait. Elle reconnu la tête de Beca. Les deux jambes au pantalon immonde de Yves. Le buste et la tête de Scott. Tous, ils étaient tous là. N'y tenant plus, Erani, se delaissa à son funeste sort. Son corps ne l'a porta plus. Elle se laissa aller. Et tout ce que la jeune fille aperçu avant que le voile noir ne s'épaissise, fut une main bleutée qui l'attrapait.

VI.

Erani crispa ses doigts et enferma dans sa paume la douceur d'un draps. Un sourire naquit sur ses lèvres, tout cela n'avait été qu'un cauchemar. Un mauvais cauchemar qui se terminait au bon matin. Le crash du vaisseau, les démons bleus, les morts. Tout cela n'était pas arrivé. Elle n'avait jamais été si heureuse de se retrouver dans son orphelinat. C'était un lieu pourri, avec des éducateurs moisi jusqu'à la moelle, mais c'était bien mieux que ce qu'elle avait vécu durant son horrible cauchemar. Quel agréable sentiment lorsque ces instants prenaient fin. Toute cette peur et cette angoisse se dissipaient avec le café du petit déjeuné. Le cœur apaisé Erani ouvrit les paupières. La blancheur du lieu lui aveugla la rétine. Elle trouva cela étrange mais ne s'en accommoda pas davantage. Frottant son visage pour se réveiller, elle tiqua sur la douleur que celui-ci lui offrait. Sans doute s'était-elle endormie dans une mauvaise position, rien de plus. Ouvrant pleinement les yeux, tout en étirant ses bras, elle eut un sursaut. La jeune fille n'était pas à l'orphelinat. Elle était dans un lieu qui ne lui était guère familier. Vivement elle se redressa. La pièce était petite, seuls un lit, un lavabo et des toilettes se trouvaient. Comme une cellule de prison. A contrario que l'endroit possédait une petite fenêtre sur laquelle elle porta son attention. La végétation en grande quantité, les feuilles vertes, les fleurs colorées, tout y était. Erani n'avait pas rêvée. Pourtant elle n'était plus dans la forêt mais bien dans un lieu construit par l'humain, du moins elle le pensait. Car elle ignorait quel sorte d'ouvrage pouvait accomplir les démons bleus. Sans doute étaient-ils dotés d'une intelligence égale à l'Homme. La jeune fille se souvint alors qu'elle avait sombrée. Elle n'avait sut rester éveillée. La seule hypothèse plausible était sans doute que les Démons bleus l'avaient enlevé. Mais pourquoi? Prise d'une panique, Erani fit virevolter le draps, et étouffa un hurlement dans sa gorge. Posant ses mains tremblantes sur sa bouche, elle contenait sa nausée mais pas les sanglots qui lui secouaient les épaules.

" Ma jambe...murmura t-elle. Ma jambe...je n'ai plus ma jambe."

Les membres sans corps de ses compagnons lui revinrent en mémoire comme un vif coup de fouet. Le bras qui lui avait tenu compagnie proche du vaisseau. La tête de Beca, les jambes de Yves, le buste de Scott. Tous démembrés. Les démons bleus les avaient mangé comme des sauvages. La jeune fille réalisa qu'elle était devenue un dîner, rien de plus. Juste en dessous du genou, à l'endroit même où la tige avait transpercée son tibias, il ne se trouvait plus rien. Un grand vide. Fébrile, Erani toucha le bandage ensanglanté qui entourait son moignon. Le cœur palpitant, elle savait qu'elle devait quitter cet endroit avant de perdre d'autres membres, ou pire sa vie. L'adrénaline remplaça sa panique. Le temps pressait.

D'un bond elle sortit du lit. La jeune fille dû malgré tout se raccrocher au bord du couchage pour ne pas tomber. Car elle avait encore beaucoup de mal à se faire à l'idée que sa jambe n'était plus. Et qu'elle allait devoir fuir en sautant à un pied. Rapidement elle enfila la veste militaire du professeur, qui avait été déposée sur une petite table. Tanguant comme sur un navire en pleine tempête, elle s'approcha d'une vitre qui cachait un masque à oxygène. Un élément encore bien curieux. A moins que les Démons bleus n'aient besoin de masques eux aussi. Qu'importe les interrogations n'étaient pas primordiale en cet instant.

Sautillant d'un pied, Erani parvint sans grandes encombres à rejoindre l'extérieur. C'était une véritable bénédiction qui avait guidée son chemin. Elle avait bien entendu des bruits de pas, des éclats de voix, mais jamais l'on ne croisa sa route. Avec hâte, elle clopina dans le paysage, sans réellement savoir où aller. Qu'importe, tant qu'elle s'éloignait de cet endroit de malheur. Les larmes aux coins des yeux, elle s'accrochait difficilement à sa liberté. L'espoir emplissait son cœur si lourd de chagrin et d'angoisse. C'était une véritable course contre la mort. Un éclat de voix retentit dans son dos. On l'interpellait. Mais elle n'écoutait pas. Il était hors de question qu'elle serve de dîné. Ce n'était pas ainsi qu'elle désirait finir sa vie. Le regard toujours pointé devant elle, la jeune fille ne vit cependant pas la pierre qui vint heurter son unique pied. Retenant son souffle, elle bascula en avant, sans même avoir le temps de se protéger avec ses bras. Erani se mit à rouler le long d'une pente à la végétation bien dense. Une pente qu'elle n'avait pas même aperçue l'instant d'avant.

Douloureusement, dans sa descente virulente, elle sentit son corps se cogner contre des pierres, son visage être fouetté et écorché par la flores. La jeune fille devinait déjà les ecchymoses grandissante sur sa peau. Son moignon frappait à grand coup tout ce qui croisait son chemin. La souffrance que cela lui procurait était telle, qu'une envie de vomir la prit. Ses cheveux roux s'emmêlèrent, et récoltaient graviers ou feuilles sur leurs passages. Dans une dernière chute libre, mais courte, Erani s'écrasa au sol. Comme broyer, elle sentait tout son corps la faire souffrir, ainsi que les gouttes de sang de nouvelles et anciennes blessures couler sur son épiderme. Un spasme lui contracta l'estomac, mais elle ne dégobilla pas. Il n'y avait plus rien à régurgiter.

Difficilement, la jeune fille se redressa sur ses coudes et observa les alentours. C'était une clairière, entourée de rochers, et d'une petite rivière qui coulait joyeusement. La soif lui grattant la gorge. Elle rampa jusqu'à l'eau. D'où elle aperçu son reflet. Quel horrible tableau se dressait là. Elle ne reconnaissait pas son visage gonflé, violacé et griffé. Un monstre, voilà ce qu'elle voyait. Frappant l'eau du plat de sa main pour brouiller son reflet, Erani prit une grande bouffée d'oxygène avant de retirer son masque et de boire goulument. Jamais elle n'aurait cru que le goût de l'eau puisse lui donner un tel sentiment de bien-être. A court d'air, elle replaça son masque et resta un instant allongée au bord de la rivière.
La fraîcheur de l'eau lui faisait le plus grand bien.

Un bout de bois glissait le long du fleuve. Amusée, Erani se redressa pour l'observer venir à elle. Elle le regarda passer lentement devant cette étrangère qu'elle était. Ses sourcils se froncèrent soudain. Dans le reflet de la rivière se dessinait une silhouette bleue. Son cœur s'emballa, par instinct elle se saisit du bout de bois et se remit sur son unique jambe. De l'autre côté du courant d'eau se dressait un demon bleu. Il était géant, dans les environs des trois mètres. Quatre doigts à ses mains et des cheveux parfaitement coiffé. Son seul vêtement sur sa silhouette fine et élancé était un tissus qui cachait ses parties génitales. Il était impressionnant. Prudemment, le démon fit un pas en avant. En réponse Erani pointa son bâton sur lui. Comment avait-elle put être aussi sotte pour croire qu'elle était parvenue à fuir ses chasseurs?

"Je ne veux pas te faire de mal, dit-il d'une douce voix.

- Comment peux-tu parler ma langue ? demanda t-elle sur la défensive et sans baisser son arme de fortune.

- Mon père m'a apprit, baisses cette arme, je t'assure que je ne te ferai pas de mal."

La jeune fille garda son bout de bois lever et raffermit sa prise.

" Vous les avez tous tués, sale démon Bleu ! Tous ! Becca, Yves, Scott, vous avez manger leur chair.

- On ne mange pas les humains, s'amusa le démon en croisant les bras."

Sans crier gare, l'ennemi enjamba le dessus de la rivière. Erani sautilla de quelques pas en arrière, tout en fouettant l'air de son bâton.

"Laisses moi ! Pars ! Je ne te laisserai pas me tuer.

- Je ne vais pas te tuer, je t'assures que je suis de ton côté. Je m'appelle Neteyam, et toi ? C'est quoi ton nom ?

- Je préfère retirer ce masque et mourir asphyxié plutôt que de te parler.

- Ne te fais pas de mal inutilement, je t'assure que je suis quelqu'un de bien. C'est toi le démon du ciel, pas moi."

Erani fouettait toujours l'air pour tenir à bonne distance le démon. Cependant, son bâton se trouva soudain bloqué et arraché de sa poigne, par une grande main bleu qui se trouvait derrière elle. Par réflexe, la jeune fille se retourna et tomba sur ses fesses en rencontrant une silhouette encore plus grande que le premier ennemi qu'elle venait de rencontrer. Les traits de ce second démons étaient plus creusés, plus marqués, nul doute qu'il était plus âgé. Ne laissant guère le temps à ce nouveau sauvage de la saisir, elle l'attaqua en donnant des coups de pieds de son unique jambe. C'était la seule défense qu'elle avait pour l'instant, car elle n'avait pas eut le temps de se remettre debout. Et elle doutait fortement de la force de ses poings.

"Arrête ça, arrête ! Tu te fais plus mal à toi, qu'à moi, gronda le nouveau démon bleu d'un ton amusé.

- Je vous laisserai pas me tuer ! Vous ne me boufferez pas ! cracha Erani avec hargne en continuant ses coups."

Comme lassé d'être prit pour cible de frappe, le grand démon bleu lui attrapa les bras pour la redresser. Il le fit avec une telle simplicitée, qu'elle semblait peser le poids d'un paquet de plumes. Or, la jeune fille n'abandonna pas ses coups de pied pour autant, elle y ajouta même ses poings. Non sans oublier de se tortiller pour s'échapper des griffes de son prédateur. Et son corps endoloris ne l'aidait guère.

"Ça suffit, calme toi, arrête de gesticuler !

- Non, je vous laisserai pas me tuer, je veux pas mourir, je veux pas mourir ! J'ai trop peur, je veux pas finir ma vie comme ça, je veux pas, laissez moi ! sanglota t-elle comme une enfant."

Ses coups devinrent moins nombreux, plus flasques et bientôt trop faible. Elle ne bougeait plus et se contentait de pleurer et d'implorer pour sa vie. Le grand démon, posa un genou au sol pour se rapprocher de la hauteur de la jeune fille.

"Personne ne te fera de mal, personne, assura t-il d'une profonde voix."

Des craquements de branches résonnèrent, puis de rapide pas s'y melèrent.

" Vous l'avez retrouvé? interrogea une nouvelle voix."

Erani tourna son regard, s'apprêtant à rencontrer un énième démon bleu, or ce ne fut pas le cas. C'était là un garçon, d'environ son âge. Il était vêtu comme les deux autres démons bleus tandis que des cheveux blonds lui tombaient sur les épaules et qu'un masque à oxygène recouvrait son visage.

" Tu vois, il est comme toi, c'est un humain lui aussi, nous ne sommes pas tes ennemis. Nous avons vu ton vaisseau tomber du ciel, nous avons vu les cadavres. Nous vous pensions tous morts, mais Neteyam t'as trouvé inconsciente, sans masque. Il te l'a remit pour que tu puisses respirer. Mais nous ne voulions pas nous approcher. Nous t'avons surveillé, nous avons éloigné les dangers, et attendions le moment pour venir à ta rencontre. On ne voulait pas t'effrayer. Mais plus les jours passaient et plus nous constations que tu devenais faible. Alors nous t'avons recueillit dans notre camp, nous avons tenté de te soigner, mais notre médecine n'était pas adapté pour de telles blessures. C'est là que tu t'aies réveillée et que tu nous a fuis. Lorsque tu t'es évanouie, je t'ai emmené auprès de Norm et des autres scientifiques. Des humains tout comme toi. Ils t'ont soignés. Tu as été chanceuse, car ton masque à oxygène était endommagé, tu aurais pu mourir d'un instant à l'autre. Quant à ta jambe, les médecins n'ont pas put la sauver. Il a fallu t'amputer.

- Et les autres ? interrogea Erani d'une voix brisée.

- Ils sont morts dans le crash. Des charognards sont arrivés avant nous, ils ont...ils se sont saisit des corps. Nous avons rassemblés ceux que nous pouvions et les avons enterrés.

- Comment est-ce que je peux vous croire, dit-elle en reniflant.

- Tu peux avoir confiance en eux, en nous, assura le garçon aux cheveux blonds. Tu as la parole de Jake Sully.

- Jake Sully..? questionna Erani avec surprise. L'homme qui a trahit les humains? Mais alors, est-ce que ça veut dire que je suis...je suis..

- Tu es sur Pandora, en effet, affirma le dénommé Jake Sully."

Le soulagement s'empara du corps de la jeune fille. Un poids immense venait de quitter ses épaules. Elle n'allait pas mourir, ce n'était pas sa fin. De nouveaux sanglots la secouèrent, et étrangement, elle se laissa tomber dans les bras bleus de Jake Sully. L'homme qui avait trahit les humains, l'homme qui avait repoussé les ravages de l'armée sur cette planète. Un traître pour certain, un héros pour d'autre. Sur Terre, dans son orphelinat, elle avait lut le peu de compte-rendu de cette mission sur Pandora, accessible au public. Le gouvernement voulait éviter à tout prit une révolte, et peignait Sully comme un traître à sa race. Peu de détails avaient été donnés sur les conditions de la mission sur Pandora. Mais les conclusions étaient toutes les mêmes, Sully était un traître et les habitants de Pandora, les Na'Vi, étaient des sauvages assoiffés de sang. Erani n'avait jamais cru à ces conclusions, tout comme le professeur Itvan qui avait alors mit en place une mission pour se diriger vers une autre planète inconnue, et ne pas reproduire ce que Pandora avait vécue. Le gouvernement avait donné leur accord. Le professeur n'avait jamais aimé qu'une réponse positive lui soit si aisément donné. Il pensait que les dirigeants avaient une autre idée derrière la tête. Mais la réponse ne serait jamais trouvé. A moins que leur crash n'ait pas été accidentel...Qu'importe, si ils voulaient les éliminer, Erani avait survécue. Cela serait sans doute un atout si il s'avérait que le gouvernement ait, en effet, quelque chose à voir avec ce crash.

VII.

Une semaine s'était écoulée depuis que Erani avait fait la paix avec les démons bleus, ou plutôt les Na'Vi. Le peuple fut pacifique à son égard, bien qu'elle en gardait une certaine frayeur. La jeune fille avait établit son lieu de vie dans le laboratoire où l'homme qui l'avait soigné, Norm, travaillait. Il n'était pas seul dans ce lieu, plusieurs scientifiques s'y trouvaient. Le garçon blond résidait là lui aussi, bien qu'il passait la plupart de son temps à l'extérieur avec les enfants de Jake Sully. Neteyam était l'aîné, et il ne se passait pas un jour sans qu'il ne vienne au laboratoire pour s'assurer du bien-être de la jeune fille. Cette dernière le trouvait trop gentil à son égard, et en appréciait le geste. Bien qu'une noirceur la consommait. Cette noirceur était sa jambe manquante. Elle s'était toujours imaginée militaire, mais jamais elle n'avait été acceptée, on la jugeait trop fine, trop fébrile, trop peureuse. Erani s'était dit qu'un jour elle leur prouverait qu'ils avaient eut tord de ne pas la prendre dans leur légion. Mais désormais amputée d'un membre, ses espoirs étaient vain. Qu'allait-elle faire de sa vie ? Rester assise dans ce fauteuil roulant et regarder l'extérieur depuis sa fenêtre, à rêver de courir dans ce paysage paradisiaque. Elle jalousait le garçon blond, qui se nommait Spider. Car lui se déplaçait avec la même aisance que les Na'Vi. Il était presque l'un des leurs.

Ce fut au début de l'après-midi, Erani, les mains sur les roues de son fauteuil, avançait dans le laboratoire de Norm. Elle n'y était jamais aller malgré qu'elle en avait l'autorisation. C'était un endroit où elle ne se sentait pas à sa place, car jamais elle n'avait eut la fibre scientifique. Cependant, quelque chose attira son regard. Presque au centre de la pièce se trouvait un Na'Vi qui dormait dans une capsule d'eau. C'était étrange. Quelles raisons l'avaient mené à cette situation. Était-il malade ? Où en hibernation ? Délicatement, la jeune fille posa sa main sur le verre froid de la capsule.

"C'est un Avatar, dit une voix à sa gauche."

Erani tourna le regard et aperçue Spider qui se tenait là. Il était lâchement appuyé sur la vitre. Elle admira la discrétion du garçon, car elle ne l'avait pas même entendue venir.

"Qu'est-ce que c'est un Avatar? Une autre appellation pour les Na'Vi? demanda t-elle maladroitement."

Spider plissa les yeux et la scruta sans s'en cacher.

"Tu ne connais pas le programme Avatar ? Ils ne te l'ont pas appris sur Terre?

- Non.

- Qu'est-ce que tu sais de la mission qui a eut lieu sur Pandora ?

- Pas grand chose, le gouvernement ne veut pas créer d'émeutes. On nous a simplement rapporté que la planète était habitée par des créatures sauvages, que Jake Sully les avait protégé, d'où son nom de traître. Que l'armée avait été attaqué sans vergogne et que les scientifiques étaient morts. Mais à voir Norm, j'imagine que c'est faux. Ils ont aussi dit, que c'était une planète pleine de ressource et que si une planète comme ça existait alors il devait y en avoir d'autres. D'où l'objet de ma mission, on était censé faire que du repérage sur une autre planète. Mais en fait, j'ai l'impression que tout ça c'était des conneries.

- Ouais je pense aussi. Et comment t'as réussi à te faire enrôler là dedans à 16 ans ?

- J'ai trafiqué mes papiers d'identités, mais peu importe, parle moi du projet Avatar, à quoi ça servait ?

- Ce sont les scientifiques qui l'ont mit en place. Un moyen pour aborder les Na'Vi sans les effrayer, et pour aller récolter des échantillons sans avoir de problèmes avec les animaux de la forêt.

- C'est à dire ?

- Les animaux ont du respect pour les Na'Vi, car tous sont reliés à Eywa, leur esprit qui veille sur eux. C'est Mère Nature en quelque sorte. En tant qu'Avatar les animaux pensent que ce sont des Na'Vi et la plupart n'attaque pas.

- Mais comment un humain peut entrer dans ce corps ?

- L'esprit est plongé dans l'Avatar et l'humain peut en prendre le contrôle. Y'a d'autres termes mais c'est plus scientifique qu'autre chose.

- Chaque humain a son Avatar à lui?

- Oui, pour créer un Avatar, il faut l'ADN de son humain ainsi que celle d'un Na'Vi.

- Et c'est l'Avatar de qui lui?

- C'était un Docteur, le Docteur Grace Augustine.

- Grace Augustine ? C'était ma grand-mère ! Je savais qu'elle avait prit part à ce voyage mais j'en savais pas plus ! C'est son Avatar, incroyable !

- Norm aussi en a un, pas vrai Norm?"

Le scientifique qui passait brièvement par là, s'arrêta lorsqu'il fut interpellé. Des dossiers sous les bras, et ses lunettes sur le nez, il était en plein travail.

" Oui, j'en ai un, mais je l'utilise de moins en moins souvent."

Un espoir germa alors dans le cœur de Erani. Une porte de sortie vers la lumière. Elle sentit son ventre se tortiller d'excitation. Et ses paumes devenir moites.

"Est-ce que je pourrais en avoir un moi aussi ? Est-ce que je pourrais avoir un autre corps, avec mes deux jambes ? C'est possible ?

- Erani, commença Norm en retirant ses lunettes. On ne fait plus d'Avatar, je regrette. C'est un programme dont on se sert encore mais qui a été abandonné, je suis désolé."

Une massue s'abattu sur le cœur de la jeune fille. Elle qui se revoyait déjà courir à pleine jambes dans l'herbe. Sauter de pierre en pierre. Nager. Vivre. Tout était réduit à néant. Sans mot dire, elle tourna les roues de son fauteuil et s'éloigna sous les regards désolé de ses deux interlocuteurs.

VIII.

" Je suis Erani Augustine, et c'est tout ce que je suis. Il y a plus d'une semaine je me suis écrasée sur cette planète qui s'avère être celle de Pandora. Cette même planète où ma grand-mère était venue faire des recherches, et là où elle est venue mourir. Moi aussi, j'ai cru que j'allais mourir. Mais non, les démons bleus m'ont sauvés! Désormais j'ai une jambe en moins. Je traîne ma carcasse sur un fauteuil roulant et je regarde le temps qui passe. Pourquoi je suis pas morte dans ce vaisseau ? Pourquoi je me suis engagée dans cette mission? J'ai de plus en plus de doute quant à la véracité des propos du gouvernement quant à notre mission. Quelque chose cloche. Je sais pas, j'ai un mauvais pressentiment...enfin peu importe. Je me sens inutile, alors je fais un journal de bord, même si j'ai rien à dire. Mon dernier espoir de retrouver mes deux jambes s'est envolé. J'avais cru que avoir un Avatar arrangerait tout. Mais je peux pas en avoir un, ils ont arrêter le programme. Alors je sais pas quoi faire..."

Prise dans son récit aussi peu passionnant qu'il était, la jeune fille n'entendit pas les lourds pas qui s'approchaient d'elle.

"Moi aussi je faisais un journal de bord comme ça, dit-on."

Erani eut un sursaut de surprise tout en faisant volte-face. Jake Sully se tenait là. Il avait le dos courbé car le lieu n'était pas assez haut pour l'accueillir.

" Je ne fais pas ça pour laisser une trace, je fais ça parce que c'est la seule chose que je suis apte à faire. C'est vrai, à quoi je pourrais bien servir d'autres ?

- Ce n'est pas parce que tu as perdue ta jambe que tu es inutile. Tu sais moi aussi j'étais dans un fauteuil roulant avant, moi aussi j'avais perdu espoir. Mais ce sont les Na'Vi qui m'ont fait renaître.

- Non, c'est ton Avatar, moi je n'ai pas d'Avatar.

- Mon Avatar n'était qu'un véhicule, puis Eywa m'a choisit, et j'ai trouvé un but, une raison de me battre. J'ai trouvé ce qui m'animait au fond. Et toi ? Qu'est-ce qui t'animes ? Pourquoi tu t'es embarquée dans ce voyage? Avant le crash qu'est-ce que tu voulais ?

- Je voulais fuir cette Terre pourri, c'était tout ce que je voulais. Je voulais que la police arrête de me ramener à l'orphelinat parce que j'avais fugué. Je voulais de l'aventure. Résultat, je n'ai eu qu'un crash et une amputation.

- Et si tu avais ça?"

De sa grand main bleuté, Jake, offrit au regard de la jeune fille une chose qui s'apparentait à une jambe. C'était là, une prothèse de fer. Erani s'en saisit comme le plus beaux des trésors et le contempla sous tous les angles.

" C'est pour moi ?

- Norm m'a aidé à la créer.

- C'est toi qui as fait ça? Pourquoi ? Tu ne me connais même pas.

- J'ai entendu dire que tu étais la petite fille de Grace, nous étions proche. Et puis tu as l'âge de mes enfants, et tu as vécue ce qu'aucun enfant ne devrait vivre, c'est le moins que je puisse faire."

IX.

Son masque d'oxygène sur le visage, Erani, assise dans son fauteuil regardait Norm lui placer sa prothèse avec soin. Jake Sully ainsi que son fils aîné, Neteyam, étaient là, Spider aussi. Tous attendaient de voir la jeune fille faire ses premiers pas. Ils l'avaient observé s'écraser sur Pandora, se battre pour sa survie, elle faisait désormais partie de leur peuple.

"C'est bon, lèves toi dés que tu es prête."

Rejettant ses boucles rousse en arrière, et aggripant les accoudoirs de son fauteuil, avec force elle s'appuya sur ses bras afin de se relever. Debout sur son unique jambe de chair, elle vacilla. Ce ne fut que lorsque son équilibre fut pleinement reprit, qu'elle posa son pied de fer sur la terre. La sensation était étrange et déroutante. Elle ne sentait pas le sol sous son pied. Elle n'avait pas la sensation des bosses, des cailloux ou la mollesse de la boue. Prenant une inspiration, elle fit un pas. Puis deux. Au troisième elle tomba sur ses genoux. Norm fit un geste en avant pour venir à son aide, mais Erani chassa cette bienveillance d'un mouvement d'humeur.
Posant ses deux mains sur le sol, elle se redressa et réitéra ses gestes. Les deux bras légèrement relever pour maintenir son équilibre, elle avança, à nouveau, d'un premier pas. Puis un deuxième. A nouveau, au troisième, elle tomba de tout son long sur le sol. Un râle de frustration s'échappa d'entre ses dents serrées.

" Ça ne sert à rien ! cracha telle en se mettant sur ses genoux. Je suis infirme, je n'ai jamais été bonne à rien dans ma vie, on me l'a assez dit pour que je le sache. Je suis une erreur de la société. Je n'ai pas d'avenir, j'ai raté mon passé. On apprend pas à une souris à faire du violon ! Regardez ! Je ne suis même plus bonne à marcher ! Vous auriez dû me laisser crever quand vous en avez eu l'occasion, conclut telle en frappant son poing dans l'herbe."

La mine désolé, Jake s'apprêtait à s'avancer pour aider la jeune fille, mais son fils aîné, Neteyam, fut plus rapide que lui. Le garçon, s'approcha lentement de la crinière rousses (il n'avait, par ailleurs, jamais vu d'aussi beaux cheveux). Il se courba et tendit ses deux mains.

" Tu es loin d'être mauvaise, tu as juste besoin d'entraînement. Chez nous, les Na'Vi, on ne renonce pas au premier obstacle. Et demandez de l'aide n'est pas signe de faiblesse. Alors prends mes mains, et laisses moi t'aider."

Erani plongea ses pupilles verte dans les grands yeux jaune du jeune Na'Vi. Elle remarqua pour la première la belle allure qu'il avait. Ses traits bien dessinés. Son visage agréable à regarder. Les démons bleus n'étaient pas si laid au final. Elle se rappela cet instant où elle l'avait aperçu dans ce buisson à l'observer. Car oui, c'était bien lui. Elle n'aurait confondu son visage avec aucun autre.
Laissant un soupire lui échapper, Erani attrapa les mains que le Na'Vi lui tendait. Lentement elle se remit sur ses pieds. Lorsque Neteyam fit un pas en arrière, elle en fit un en avant. Lorsqu'il en faisant un en avant, elle en faisait un en arrière. Quand il tournait à gauche, elle tournait à droite. Bientôt, ce ne fut plus le jeune Na'Vi qui dirigeait les pas, mais bien la fille aux boucles rousses. Ils continuèrent ainsi pendant une bonne heure jusqu'au moment où, sans crier gare, Erani lâcha les mains de Neteyam et se mit à courir dans la forêt.
Elle ne sentait que la moitié du sol, mais l'habitude lui venait rapidement. Le cœur plus léger, le chagrin envolé. Elle courrait comme si jamais elle n'avait perdue sa jambe. La jeune fille était aussi vive qu'un animal et ce malgré sa prothèse. Ses oreilles ne furent pas sourdes aux sons des pas qui la suivaient. Et ses yeux pas aveugle lorsque Neteyam apparu à côté d'elle. Il aurait put courir plus vite encore, mais il préféra garder son rythme à elle.

Ce fut ainsi sous le jour déclinant de Pandora, que Erani se mit à rire aux éclats tandis qu'elle ne cessait de courir dans la forêt. Elle n'avait pas trouvé sa place sur Terre, il lui avait fallu un crash de vaisseau et des morts pour savoir où elle se sentait chez elle. Bien que sa relation avec les Na'Vi n'avaient pas commencés sur de bonnes bases, elle se construisait sur de meilleure fondation, bien que le chemin était encore long pour être entièrement accepté par ce peuple. En quoi elle serait utile sur Pandora, elle l'ignorait encore. Mais Eywa lui réservait sans doute un grand destin...

...Car on ne survit pas à une telle explosion de vaisseau....

FIN

♧Je vous vois mes cher.e.s ami.e.s Na'Vi (ou démons bleus laul) ♧

J'espère que ce long OS vous a plut !
Personnellement j'ai ADORÉ l'écrire, vraiment j'étais hyper inspiré!
En plus c'était la première fois de mon existence que j'écrivais sur lunivers de Avatar. Et je ne suis pas déçue.
Certes je ne connais pas les films par cœur, j'ai peut-être fait des petites erreurs sur le lore par exemple, si c'est le cas je vous invite à me corriger.

Et comme vous avez put le constater, c'est une fin, qui n'en est pas vraiment une. Car je laisse l'option ouverte, de poursuivre ce OS en Fanfiction complète. Donc qui se déroulerait durant Avatar 2. Mais pour le moment ça reste un simple OS.

Merci beaucoup d'avoir lu jusqu'au bout ! Merci d'avoir partagé la courte aventure d'Erani. Et merci pour votre vue, votre favoris ou votre commentaire !

Beaucoup d'amour sur vous !

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