Ils sont tombés. Tous. L'un après l'autre. Leur forteresse, ces murs imposants qui semblaient infranchissables, ont fini par s'effondrer sous nos coups. Je sens encore l'adrénaline dans mes veines, mais ce n'est pas ce qui me fait sourire. C'est eux. Mon équipage, ma famille. Ensemble, on a tout détruit.

Je jette un coup d'œil à Sanji. Il se tient debout, même si ses mouvements sont encore un peu raides. Son visage est couvert de poussière et de sueur, mais ses yeux brillent d'une lueur que je reconnais bien. C'est celle de la liberté. Il a retrouvé ce qu'on lui avait volé.

"Capitaine," dit-il en s'approchant, un sourire en coin. "On dirait que tu as encore tout cassé."

Je ris. C'est vrai, j'ai peut-être un peu exagéré. Mais bon, ils l'avaient cherché. Personne ne fait de mal à mes nakamas sans en payer le prix.

"Tu vas bien ?" je demande, même si je connais déjà la réponse.

Il hoche la tête, essuyant distraitement une tache de sang sur sa joue. "Oui. Grâce à vous tous."

Ces mots, si simples, frappent pourtant fort. Je ne suis pas doué pour tout ce qui est sentimental, mais je sens que quelque chose est différent. Peut-être parce que je vois Sanji sous un jour nouveau. Pas seulement comme le cuistot de l'équipage ou le gars qui s'inquiète trop. Mais comme quelqu'un d'indispensable. Quelqu'un... d'unique.

Je me gratte la tête, mal à l'aise avec les mots qui tournent dans ma tête. Mais je dois les dire. Parce qu'ils sont vrais.

"Sanji," je commence, en plantant mes yeux dans les siens. Il fronce les sourcils, intrigué. "Je voulais te dire un truc. Depuis un moment, en fait."

Il reste silencieux, attendant. C'est rare pour lui, mais ça me donne le courage de continuer.

"T'es pas juste un nakama pour moi. T'es... plus que ça."

Je vois ses yeux s'écarquiller légèrement. Pour une fois, il ne trouve rien à dire. Alors je continue.

"Quand tu étais pas là, j'avais l'impression qu'il manquait un morceau. Comme si l'équipage était incomplet. Comme si moi, j'étais incomplet."

Je détourne un instant les yeux, cherchant mes mots. "Je sais pas trop comment expliquer, mais... je veux que tu restes. Toujours. Avec nous. Avec moi."

Le silence qui suit est lourd, mais pas inconfortable. Je risque un regard vers lui et je vois quelque chose dans ses yeux que je n'avais jamais vu avant. Une douceur, un soulagement peut-être. Et un petit sourire qui en dit long.

"Luffy," murmure-t-il, sa voix presque inaudible. Puis il rit doucement, secouant la tête. "T'es vraiment un imbécile."

Mais il ne me quitte pas des yeux, et je sais qu'il a compris. Qu'il ressent la même chose. Peut-être qu'il mettra des mots différents dessus, mais ça n'a pas d'importance. Ce qui compte, c'est qu'on est là, ensemble, et qu'on a encore un long chemin devant nous.

Je tends la main et, après une seconde d'hésitation, il la serre. Ce simple geste scelle quelque chose entre nous. Une promesse, un avenir, une évidence.

Le soleil se lève enfin, baignant le champ de bataille dans une lumière dorée. Mon équipage se rassemble, fatigué mais victorieux. Nami récolte le butin avec un sourire satisfait, Zoro s'adosse contre un mur en rangeant ses sabres, et Chopper vérifie les blessures de chacun avec diligence.

Sanji, lui, prend un moment pour regarder autour de lui, le regard perdu dans les premières lueurs du matin. Je m'approche de lui, posant une main sur son épaule. "On y va ?" je demande.

Il acquiesce doucement, mais avant de partir, il lance un dernier regard en direction des ruines. "Oui, allons-y, capitaine."

Nous reprenons la route vers le Sunny, marchant côte à côte. Et pour la première fois depuis longtemps, je sens que tout est à sa place. Pas parce qu'on a gagné une bataille, mais parce qu'on est ensemble. Et c'est tout ce qui compte.

Quand le navire se profile à l'horizon, je sens l'excitation monter à nouveau. Il reste encore tellement d'aventures à vivre, tellement de choses à découvrir. Mais je sais une chose avec certitude : tant que j'aurai mon équipage à mes côtés, tout ira bien.

Parce que c'est ça, la liberté. Et c'est avec eux que je veux la vivre.