Chapitre 15 : Un souffle retrouvé
Quand j'ouvre les yeux, c'est d'abord la douleur qui m'accueille. Elle est sourde, omniprésente, mais familière. Je m'y suis habitué au fil des ans. Ce qui me surprend, c'est la chaleur contre mon épaule, léger mais bien là. Ce gars-là... il s'est donné tellement de mal pour nous. Tout ce qu'il fait, tout ce qu'il endure, c'est pour nous. Pour l'équipage. Et pourtant, c'est lui qui finit blessé, capturé. J'ai envie de hurler, mais je sais que ce n'est pas le moment. Pas la chaleur d'un feu, mais celle d'un corps vivant. Mes yeux clignent, s'ajustant à la lumière naissante de l'aube. Luffy.
Je baisse les yeux vers son visage. Même fatigué, avec des ecchymoses sur les joues et des cernes sous les yeux, il reste Sanji. Le cuistot qui nous nourrit, nous gronde, nous protège. Celui qui met toujours les autres avant lui-même. Je ne sais pas comment il faitIl est là, assis, droit comme un piquet, le regard perdu dans l'horizon. Une expression sérieuse inhabituelle sur son visage. Sa mâchoire est serrée, mais il dégage toujours cette étrange forme de calme qui le caractérise. Je sens que je suis appuyé contre lui, et ça me met mal à l'aise. Ce n'est pas moi, ce genre de proximité. Pas avec lui. Pas avec... ça.
Je serre les poings en silence. Les souvenirs de la cage, de son regard fatigué mais défiant, me hantent encore. J'aurais dû arriver plus vite. J'aurais dû... Je secoue la tête. Ce n'est pas le moment de penser à ça. Ce qui compte, c'est qu'il est avec nous maintenant.tente de me redresser, mais un gémissement m'échappe.
Nami et Chopper chuchotent pas loin, leurs voix à peine audibles. Ils parlent de ses blessures, des soins qu'il faudra encore lui donner. Zoro est assis à quelques pas, son katana posé sur ses genoux, surveillant les environs avec son regard habituel de fauve en chasse. Tout le monde est fatigué, mais personne ne se plaint. C'est ça, notre équipage.
"Sanji !" La voix de Chopper retentit, et je tourne doucement la tête pour voir le petit renne se précipiter vers moi. Il a son sac de médecin dans les mains et ses yeux brillent d'inquiétude. "Ne bouge pas trop, tes blessures sont encore fraîches !"
Je repense au moment où j'ai brisé la cage. Je n'avais jamais ressenti une telle colère. Les types qui ont osé faire ça à Sanji... Je les retrouverai. Et je leur ferai payer. Parce que personne ne touche à mes nakamas. Jamais.soupire et lui fais un signe de la main pour le rassurer, bien que la douleur me fasse grincer des dents. "T'en fais pas, je suis solide. J'ai connu pire."
Sanji murmure quelque chose dans son sommeil, un mot que je ne comprends pas. Ses doigts bougent légèrement, comme s'il rêvait. Je ne bouge pas. S'il a besoin de mon épaule pour se reposer, alors il peut la garder aussi longtemps qu'il veut.
Luffy se tourne enfin vers moi, son grand sourire éblouissant étendant ses lèvres. "T'as bien dormi, Sanji ?"
Je lève les yeux vers le ciel. Les étoiles commencent à disparaître, chassées par les premières lueurs de l'aube. Une nouvelle journée commence, et avec elle, de nouveaux combats. Mais cette fois, je suis prêt. Plus que jamaisle regarde un instant, surpris par la simplicité de sa question. Ce gars-là... même après tout ce qu'on vient de traverser, il trouve le moyen de me parler comme si on était juste en train de prendre le petit-déjeuner. Je hoche la tête.
"Sanji," je murmure, même s'il ne peut pas m'entendre. "Je te promets qu'on va s'en sortir. Tous ensemble. Et je ne laisserai plus jamais ça arriver."Ouais. Merci, capitaine." Ces mots sortent de ma bouche avant que je ne puisse les retenir. Ils sonnent étrangement sincères, mais je ne m'attarde pas dessus.
Je sens une énergie nouvelle m'envahir. Parce que peu importe ce qui nous attend, je suis Luffy. Le capitaine. Et je protégerai mon équipage, quoi qu'il en coûteChopper commence à examiner mes bandages, ses petites mains déliées mais assurées au travail. Je laisse faire. Je ne veux pas inquiéter les autres en forçant trop vite. Mon regard glisse autour du campement. Nami est à quelques pas, scrutant l'horizon avec son log pose en main, probablement en train de calculer notre prochain mouvement. Zoro est toujours assis, les bras croisés, mais je peux dire qu'il n'a pas dormi. Usopp s'active à rassembler ses outils, prêt à nous couvrir en cas de besoin.
Un bruit léger attire mon attention. Chopper revient avec un nouveau pansement dans les mains, préparant tout au cas où Sanji se réveillerait bientôt. Nami, elle, continue de surveiller l'horizon. Elle n'a rien dit, mais je vois bien son inquiétude dans ses gestes. Ses yeux se posent souvent sur Sanji, vérifiant qu'il respire encore paisiblement.
"Sanji," dit Luffy, attirant mon attention. Son ton est plus sérieux cette fois. "On va devoir bouger bientôt. Ces types sont encore là, et ils vont regretter de t'avoir touché."
Je me penche un peu en avant, sans perturber le sommeil de Sanji. La tension dans mes muscles ne disparaît pas. Je sais qu'on est encore en territoire ennemi. Chaque minute compte, mais pour l'instant, il a besoin de repos. On attendra. Le moment venu, on fera ce qu'on a à fairedéglutis. Je sais qu'il est sincère. Il parle toujours avec son coeur, sans barrière, sans filtre. Mais à cet instant, je ressens quelque chose de plus profond dans ses mots. Comme si ce n'était pas seulement une promesse de capitaine à son équipage, mais... autre chose.
Je fixe l'horizon, la mâchoire serrée. Chaque détail de cette nuit restera gravé en moi. Et quand Sanji ouvrira les yeux, je saurai exactement quoi faire. Mais pour l'instant, je garde le silence, préparant dans ma tête la suite de notre combat.
"Je suis avec vous," dis-je en me redressant un peu plus, ignorant les protestations de Chopper. "Ils ne savent pas encore à qui ils ont affaire."
Luffy rit doucement, mais son regard reste fixé sur moi. Ce regard qui semble dire mille choses sans qu'il ait besoin de parler. Il finit par se lever, tendant la main comme pour m'aider, mais je l'ignore et me redresse par moi-même. Mon orgueil est peut-être mal placé, mais c'est ainsi.
La lumière du soleil commence à percer à travers les arbres, et avec elle, une énergie nouvelle semble envahir le campement. Nous savons tous que le moment approche. Mais avant cela, il reste encore un instant de calme. Un moment où je peux respirer, où je peux les regarder, eux, ma famille.
"Merci," murmurai-je, cette fois pour moi-même. Parce que même si je ne l'avouerai jamais à voix haute, je suis heureux d'être ici, avec eux. Et avec lui.
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