Chapitre 11 : lame et conviction

Le Sunny fend les vagues avec la grâce d'un faucon, mais l'équipage est tendu comme une corde d'arc. Je reste à l'avant du navire, les bras croisés, fixant l'étrange silhouette de l'île qui se détache à l'horizon. Je préfère le silence. Ici, je peux écouter le bruit des vagues et le vent qui caresse la voile. Mais aujourd'hui, même le bruit de la mer ne parvient pas à apaiser l'orage qui gronde en moi.

Sanji est absent. Et ça, ça ne passe pas.

Depuis que j'ai rejoint cet équipage, je sais une chose : tout le monde compte sur tout le monde. Luffy est le capitaine, bien sûr, mais être capitaine, ça veut dire qu'il s'appuie sur nous autant qu'on s'appuie sur lui. Et Sanji ? Ce fichu cuistot est peut-être agaçant avec ses simagrées, mais il fait partie de cette chaîne qui nous lie tous. Quand l'un de nous est en danger, on agit. Pas de question, pas de doute.

« Zoro, tu restes planté là ou tu te prépares ? » Nami s'approche, une main sur la hanche, son regard brillant d'impatience. Je grogne en guise de réponse et ajuste mes sabres. Bien sûr que je suis prêt. Je suis toujours prêt.

Mais ce n'est pas une bataille ordinaire. Ce n'est pas juste un combat pour protéger notre navire ou défendre un territoire. C'est personnel. Sanji est en danger, et je ne tolère pas qu'on menace un membre de notre équipage.

Je retourne sur le pont principal où Luffy, comme d'habitude, se tient debout avec cet air d'impatience enfantine, mais je vois également quelque chose de différent dans ses yeux. Une étincelle de colère qu'il tente de contenir. Pas besoin d'être un génie pour comprendre que Sanji compte beaucoup pour lui. Peut-être même plus que je ne l'avais réalisé.

« Alors, c'est quoi le plan ? » je demande, brisant le silence. Luffy se tourne vers moi, un sourire carnassier étirant ses lèvres. « On y va, on les bat, et on ramène Sanji. » Simple, direct, typique de lui.

Je hoche la tête. Pas besoin de plus. Je serre les poignées de mes sabres, sentant leur poids familier. Peu importe qui ou quoi se trouve sur cette île, ils regretteront de s'être attaqués à nous.

Chopper, lui, s'affaire à préparer sa médecine, tandis qu'Usopp vérifie ses munitions. Robin feuillette un carnet, probablement à la recherche d'indices sur nos ennemis. Et Franky ? Il bricole encore une de ses machines infernales. Chacun a sa manière de se préparer. Moi, je m'entraîne à garder mon calme.

Quand l'île est enfin assez proche pour distinguer ses contours, je ressens une étrange montée d'adrénaline. Peu importe ce qui nous attend, je suis prêt à frapper. Et je sais que je ne suis pas seul.

« Tenez-vous prêts, » dit Luffy, sa voix claire brisant le tumulte de nos pensées. « Sanji nous attend. »

Et tandis que le Sunny s'approche du rivage, je murmure pour moi-même : « Sanji, tiens bon. Si quelqu'un ose te faire du mal, je m'en occupe. »

L'approche de l'île est encore plus sinistre que prévu. Des pics rocheux hérissent le rivage comme des crocs prêts à déchirer. Une brume épaisse s'accroche aux falaises, rendant l'endroit aussi hostile que mystérieux. Robin s'arrête soudain, levant les yeux vers une structure imposante qui se détache dans la brume.

« Là-haut, regardez, » dit-elle calmement, pointant du doigt une ombre massive. Une forteresse. Les murs sombres et inégaux ressemblent à des griffes agrippant la montagne. Le simple fait de la regarder suffit à comprendre : c'est ici qu'ils ont emmené Sanji.

« C'est bien trop silencieux, » murmure Franky, ajustant son bras mécanique. « Je n'aime pas ça. »

Luffy ne dit rien. Son regard reste fixé sur la forteresse, ses poings serrés à s'en blanchir les jointures. Je peux sentir l'intensité de sa colère, prête à exploser à tout moment.

Nous accostons sur une petite plage cachée, à l'abri des regards. Chacun de nous se prépare en silence, vérifiant ses armes, ses outils, ou ses pensées. Le vent souffle avec une froideur qui pénètre jusque dans les os, mais ça ne nous arrête pas.

« Vous êtes sûrs de vouloir y aller comme ça ? » demande Usopp, la voix légèrement tremblante. « Je veux dire, on n'a aucune idée de combien ils sont ou de ce qu'ils préparent. »

« C'est pour ça qu'on doit rester ensemble, » répond Nami avec assurance. « Pas de mouvement imprudent. »

« Allons-y, » coupe Luffy, sans attendre. Il s'élance vers la pente rocailleuse, le reste de l'équipage à sa suite. Chacun garde les sens en alerte, scrutant les ombres pour détecter le moindre signe de danger.

En approchant des murailles, une sensation étrange me traverse. Comme si l'air lui-même était chargé de tension. On distingue des éclats de voix lointaines, mais aucun garde n'est visible. Trop facile, ça sent le piège.

« Zoro, tu sens ça ? » demande Robin en marchant à mes côtés. Je hoche la tête. « Ouais. C'est louche. »

Nous atteignons une immense porte en bois renforcée de métal, à moitié cachée par la végétation. Luffy ne ralentit pas. Avec un cri puissant, il enfonce la porte d'un coup de pied.

Et là, on les voit. Une salle immense, éclairée par des torches vacillantes, remplie de silhouettes menaçantes. Au centre, un homme imposant se lève d'un trône improvisé, un sourire narquois étirant son visage. Derrière lui, une cage massive.

Et dans cette cage, Sanji.

« Vous êtes venus plus vite que je ne l'imaginais, » ricane leur chef, levant une main pour nous défier.

Je sors mes sabres, prêt à me jeter dans la mêlée. « Sanji, tiens bon. »

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