Depuis le premier jour où j'ai posé les yeux sur Monkey D. Luffy, je savais qu'il était différent. C'était l'énergie brute qu'il dégageait, ce sourire éclatant qui semblait capable de repousser les ténèbres les plus profondes. Je n'avais jamais rencontré quelqu'un comme lui. Et bien que je sois loin de l'admettre à voix haute, ce jour-là, au Baratie, mon monde avait changé.

Je me souviens encore de son regard, aussi pur que l'océan. Quand il m'a parlé de son rêve de devenir le Roi des Pirates, il n'y avait aucune trace de doute. Juste une détermination brute et contagieuse. Et moi, pauvre imbécile qui avait passé des années à me cacher derrière mes couteaux et mes plats, j'ai cru à son rêve. Pire encore, j'ai voulu en faire partie.

À bord du Sunny, je l'observe parfois sans qu'il ne s'en aperçoive. Ces instants volés sont à la fois une torture et un réconfort. Une torture, parce que je sais que je ne pourrai jamais lui dire ce que je ressens. Comment le pourrais-je ? Luffy est un homme libre, un esprit sauvage qui ne peut être lié par quoi que ce soit, encore moins par des émotions aussi complexes que celles que je ressens. Et pourtant, c'est un réconfort, parce que tant qu'il sourit, tant qu'il continue à poursuivre son rêve, je peux trouver la force de rester à ses côtés.

Mais ce jour-là, tout a changé.

Nous explorions une île à l'allure mystérieuse, cachée au cœur du Nouveau Monde. Les arbres gigantesques, recouverts de lianes luminescentes, projetaient des ombres qui dansaient sur le sol. Chopper ramassait des herbes médicinales avec Robin, tandis que Zoro et Usopp étaient partis chercher de l'eau douce. Luffy, lui, sautillait devant, aussi insouciant que d'habitude. Et moi, comme toujours, je surveillais tout, prêt à intervenir si quelque chose tournait mal.

Mais je n'avais pas prévu ça.

Une énergie froide et oppressante a envahi l'air, comme si l'île elle-même retenait son souffle. Avant que je ne puisse réagir, une silhouette a émergé des ombres. Des hommes masqués, portant des armures noires ornées de motifs étranges, se sont rués sur nous. Leur vitesse était inhumaine, et avant même que je ne puisse sortir ma jambe pour me défendre, ils m'avaient entouré.

« Luffy ! » ai-je crié, mais il était trop loin.

Je me suis débattu. Bien sûr que je l'ai fait. Mon honneur de cuisinier et de nakama était en jeu. Mais ces hommes étaient différents. Leur force surpassait tout ce que j'avais rencontré jusqu'ici. En un clin d'œil, ils m'avaient ligoté et emmené dans les profondeurs de la forêt, laissant derrière eux un silence assourdissant.

Maintenant, enfermé dans cette cellule obscure, je ne peux m'empêcher de penser à lui. Luffy. Me cherchera-t-il ? Est-ce que je compte assez pour lui, au-delà d'être simplement le cuisinier de son équipage ? Je me surprends à espérer, à rêver qu'il ressente ne serait-ce qu'une fraction de ce que je ressens pour lui.

Mais ce n'est qu'un rêve, n'est-ce pas ?

Je serre les dents et ferme les yeux. Je dois me concentrer. Peu importe ce que je ressens, je suis avant tout un membre de l'équipage du Chapeau de Paille. Et si je dois me battre pour retrouver ma liberté, alors je le ferai. Parce que c'est ce que ferait Luffy.

Mais au fond de moi, une question persiste, obsédante : à quoi pense-t-il en ce moment ?