Chapitre 6
Son souffle était court, il respirait difficilement. Toutefois, il ne s'arrêta pas. Ses pattes martelaient le sol humide de la forêt, cherchant à courir toujours plus vite. Dès qu'il l'avait senti, son cerveau avait cessé de fonctionner. Il progressait rapidement dans sa direction, impatient d'atteindre sa cible. Envoûté par l'idée d'enfin attraper ce qu'il traquait, il ne sentait pas ses muscles se tendre de douleur.
Un craquement lointain attira son attention. Sa proie avait bougé. Il se précipita sur sa droite, et il la vit enfin. Un humain égaré agitait sa lampe torche tout autour de lui. De là où il était, le loup pouvait entendre la respiration saccadée et le cœur affolé de l'homme. C'était cette odeur si particulière qui l'avait attiré. L'odeur de la peur. La bête s'avança vers sa proie, peu soucieux du bruit qu'il faisait. L'humain entendit les brindilles craquer sous ses pattes et dirigea le faisceau lumineux droit sur lui. L'adrénaline qui se diffusa dans son corps à la vue du carnivore attira davantage le loup. L'animal gronda, dévoilant ses crocs pointus, et bondit sur l'humain effrayé qui n'avait pas bougé d'un centimètre. Il se trouvait à présent sur l'homme, l'écrasant sous son poids. Il vit la terreur grandir dans les yeux de sa proie alors qu'il ouvrait grand la gueule. Un claquement sec et des hurlements d'agonie se firent entendre dans toute la forêt. Tel un loup enragé, la bête lacéra le visage de sa proie jusqu'à ce qu'elle cesse tout mouvement. Morte.
Tristan se redressa violemment, les yeux grands ouverts de terreur, le cœur battant à deux mille à l'heure. Il repoussa les draps trempés de sueur et s'extirpa du lit. Malgré son corps brûlant, il tremblait comme une feuille. Ce cauchemar qu'il faisait depuis plus de dix ans lui procurait toujours les mêmes sensations désagréables. Il se réveillait en sursaut, complètement sous le choc d'avoir vécu pour la millième fois la pire nuit de sa vie. Car plus qu'un simple cauchemar, cette scène d'horreur qui hantait ses nuits était un souvenir.
Il troqua son T-Shirt humide contre un pull qui traînait sur une chaise de la cuisine et se servit un grand verre de vin rouge - un autre de ses pêchés mignons. Puis il s'affala dans le fauteuil au cuir usé près de la fenêtre. Ce mouvement brusque lui arracha une plainte douloureuse. Il souleva son pull et examina ses côtes. Les sangliers qu'il avait rencontré la nuit précédente lui avaient laissé de belles marques bleues et violettes. La régénération rapide dont bénéficiait sa bête avait permi à ses os de reprendre une forme plus naturelle et avait presque fait cicatriser entièrement les deux plaies laissées par les défenses du sanglier qui l'avait chargé. Ses transformations lui avaient laissé plus d'une cicatrice au cours de ces dernières années. Sa bête passait ses quelques nuits de liberté à se confronter à d'autres animaux. Et bien qu'il gagnait la plupart du temps, il lui arrivait souvent de rentrer dans un état pitoyable.
Soupirant d'épuisement, il remit son vêtement en place et contempla le liquide rouge qui tournoyait dans le verre à pied. Les pleines lunes le vidaient de toute énergie et bien souvent, le jour de repos qu'il prenait n'était pas suffisant pour le remettre d'applomb. Il n'avait pas besoin de regarder le réveil matin pour savoir qu'il était encore très tôt. L'idée de retourner travailler dans quelques heures ne l'enchantait pas le moins du monde.
Et alors qu'il pensait à tout ce qu'il allait devoir affronter dans la journée à venir, son esprit dériva vers Alexandra. Son cœur se pinça. Elle avait dû se sentir terriblement humiliée après qu'il l'ait abandonnée dans le laboratoire de l'aile Ouest. Mais il n'aurait jamais pu se pardonner s'il avait achevé ce qu'ils avaient commencé. Il avait honte d'avoir cédé aussi facilement aux pulsions de sa bête. Tristan finit son verre d'un trait pour faire passer le sentiment de culpabilité qui commençait à le ronger. Cependant, il avait beau blâmer sa seconde nature, il ne pouvait pas nier qu'il était lui aussi désespérément attiré par la jeune femme. Mais comment pouvait-il prendre le risque ? Il n'avait aucune idée de comment sa maladie se transmettait. Il savait que la morsure pouvait contaminer, puisque c'était comme cela qu'il l'avait été. Cela pouvait aussi bien se faire par échange de sang, qui sait ? Tristan était certain d'une chose, il ne prendrait aucun risque avec Alexandra. Son sort, il ne le souhaitait à personne, pas même au pire de tous les hommes. Sur cette résolution, il retourna se coucher, décidé à profiter pleinement de ses dernières heures de sommeil.
Dans ses rêves, l'image de la face lacérée de l'homme fut éclipsée par le magnifique visage de la jeune femme. Elle lui souriait, tout simplement, et il ressentit à nouveau ce besoin irréprécible d'être auprès d'elle.
Tristan franchit les portes du MPI d'un pas enjoué. Ses quelques heures de sommeil et le rêve superbe qu'il avait fait avaient suffi à repousser sa fatigue. Il se sentait bien, le cœur léger. Alors qu'il se préparait, ce matin, il avait pensé à tout ce qu'il pourrait dire à Alexandra pour s'excuser de son comportement. Et il était prêt. Il avait l'intention de mettre les choses à plat et de lui avouer ce qu'il ressentait. Il avait fait taire rapidement la voix dans sa tête qui lui disait qu'elle le repousserait. Pour une fois dans sa vie, il avait envie d'être heureux. Et elle le rendait heureux.
- Professeur ? Appela une petite voix timide derrière lui.
Tristan se retourna et offrit son plus beau sourire à Karen. Il lui devait les plus belles excuses du monde après ce qui était arrivé deux jours plus tôt. Elle avait manifestement subi un grand choc lors de leur dernière entrevue. Elle paraissait si misérable aujourd'hui avec sa peau terne et ses grands cernes. Il la surprit à lancer des regards inquiets dans toutes les directions. Sûrement cherchait-elle Alexandra. Tristan eut un pincement au cœur.
- Que puis-je faire pour vous, Karen ? Demanda-t-il naturellement pour la mettre à l'aise.
Elle lui tendit d'une main tremblante une enveloppe. Tristan extirpa ses mains de ses poches et saisit le bout de papier. Dessus était inscrit « Professor Tristan Versipel, Dept. Of genome regulation, MPI ». Il retourna l'enveloppe et remarqua qu'il n'y avait ni timbre, ni adresse d'un quelconque expéditeur. Il fronça les sourcils.
- C'est arrivé au courrier d'hier, dit la secrétaire. Je ne sais pas de qui cela peut venir.
Tristan hocha la tête avant de glisser l'enveloppe dans la poche de son manteau. Il remercia puis salua Karen, la tête pleine d'interrogations. Mais il avait à peine fait trois pas, qu'il se donna une claque mentale et fit volte-face.
- Karen, commença-t-il assez mal à l'aise. Je voulais m'excuser pour l'autre jour, Alexandra a une fâcheuse tendance à la jalousie.
La secrétaire murmura un « je vois », mais malgré le sourire forcé qu'elle afficha, sa déception était indéniable. Pris de pitié, il s'approcha d'elle et enferma sa petite main entre les siennes.
- Ecoutez, Karen. Je vous apprécie énormément mais je ne peux pas vous apporter ce que vous désirez. Je suis navré.
Il serra doucement ses doigts dans une tentative réconfortante et releva sa tête doucement avec son autre main pour qu'elle le regarde.
- J'aimerais cependant me faire pardonner. Alors que diriez-vous de manger avec moi en ville ce midi ?
Le visage de Karen s'illumina et elle sembla reprendre contenance. Elle s'éloigna légèrement de lui, redressa la tête et réajusta son pull dans un geste qui lui était propre. La jeune femme qu'il connaissait était de retour.
- Très bien, dit-elle. Excuses acceptées. Venez me chercher à midi dix.
Puis elle lui sourit avant de retourner vers son comptoir.
Il s'assit à sa table habituelle au premier étage. Il n'avait pas pris de café ce matin, trop stressé par la confession qu'il allait faire à Alexandra pour avaler quoi que ce soit. Franz et Charity arrivèrent dans l'espace de repos et vinrent s'asseoir avec lui.
- Alors, comment c'était ? Demanda Franz en se penchant en avant.
Tristan avait dû élaborer un mensonge pour justifier ses absences mensuelles après lesquelles il revenait épuisé. Il avait donc choisi de dire qu'il retournait en France pour assister à la réunion de famille organisée chaque mois. Bien sûr, rien n'était vrai. La tante aigrie, l'oncle balourd, la cousine enceinte, le labrador de la grand-mère, n'étaient qu'un tissu de mensonges. Il n'avait plus aucun contact avec sa famille, même la plus proche, depuis qu'il avait été mordu et qu'il avait subi sa première transformation. Il avait vingt ans lorsqu'il avait coupé les ponts avec eux. Mais ça, personne ne le savait.
- Plutôt bien, répondit-il. Ma cousine et son fiancé ont trouvé un appartement à Amiens, ils emménagent en Février.
Charity et Franz se réjouirent à cette nouvelle, ayant pris l'habitude de suivre activement la vie de chaque membre de la famille factice de Tristan.
Un parfum de forêt et d'air frais envahit ses narines et il tourna la tête vers Alexandra. S'excusant auprès de ses amis qui lui faisaient des gestes encourageants, il rassembla son courage et se dirigea vers la jeune femme. Evidemment, Charity et Franz n'étaient pas bêtes et avaient vu les signes dès le début. Charity avait alors entrepris de lui parler constamment d'Alexandra, si bien que la jeune femme était devenue leur sujet de conversation principal. Tandis que Franz, lui, divulguait ses secrets personnels de séduction. Tous deux semblaient ardamment souhaiter les voir ensemble.
Alexandra fit mine de ne pas l'avoir vu, encore blessée par leur dernier échange. Seulement, Tristan comptait bien lui parler aujourd'hui, et ne pas attendre plus longtemps. Alors il lui agrippa le poignet et l'entraîna dans un couloir désert.
- Lâche-moi ! Protesta-t-elle en essayant de lui faire lâcher prise.
- Non, pas tant que tu n'auras pas écouté ce que j'ai à te dire.
Sans se départir de son air renfrogné, elle cessa de se débattre et croisa les bras sur sa poitrine dans une posture défensive. Tristan jeta un rapide coup d'œil à sa montre et réprima un soupir. Parfait, il avait 10 minutes.
- Je suis vraiment désolé pour l'autre jour. Je n'aurais pas dû partir comme ça. J'ai paniqué, je n'ai pas réfléchi.
Alexandra darda ses prunelles claires dans les yeux gris de Tristan, mais ne dit rien. Sa déclaration risquait d'être plus complexe que prévue.
- Je sais que tu penses certainement que j'ai cherché à t'éviter. Mais ce n'est pas le cas. Je n'était pas là hier car je suis retourné en France pour voir de la famille. Comme presque tous les mois.
Bien qu'elle ne dit rien, il sentit que ses paroles faisaient effet lorsqu'il vit la colère quitter les traits de la jeune femme. Elle le regardait à présent avec des yeux pleins de tristesse, ce qui fendit le cœur de Tristan. Il s'approcha d'elle et l'encercla tendrement de ses bras. Contre toute attente, elle se laissa faire.
- Je ne peux pas te laisser penser que je ne veux pas de toi, murmura-t-il. Parce que c'est faux. Je ne sais pas pourquoi je ressens le besoin d'être avec toi à chaque instant. Mais je suis sûr d'au moins cela : je t'aime.
Enfin, ces mots qui lui paraissaient imprononçables avaient franchi ses lèvres, libérant son cœur d'un lourd poids. Pour toute réponse, Alexandra se blottit contre son torse et resta là, laissant les mains de Tristan lui carresser les cheveux.
Jamais elle n'avait été aussi heureuse. Sa louve jappait de plaisir alors que tout son corps était parcouru d'une chaleur agréable. Il avait accepté le lien. Il était son âme-sœur. Il était à elle seule.
Assis sur une paillasse du laboratoire numéro 5, Tristan observait l'enveloppe que lui avait remis Karen le matin même. Il avait fini par l'oublier dans le fond de sa poche toute la journée, son esprit étant déjà trop occupé par Alexandra et son travail. Et ce n'était que ce soir, en cherchant les clefs du laboratoire dans son manteau qu'il l'avait retrouvée. Qui avait bien pu lui déposer ce courrier ?
Décidant qu'il avait déjà attendu suffisamment, il déchira le papier cartonné et ouvrit l'enveloppe. Elle contenait un simple bout de papier, de la taille d'une carte, sur lequel étaient imprimés quelques mots. Il pensa d'abord à une sorte d'invitation formelle, ou à un faire-part. Mais lorsque ses yeux lurent les quelques lignes, son sang se glaça dans ses veines et il sentit chaque poil de son corps se hérisser dans un frisson d'angoisse. Il dut lire la carte plusieurs fois pour s'assurer que ce n'était pas un coup tordu de son esprit.
Non, malheureusement, il ne rêvait pas. Horrifié, il reposa le petit bout de papier et se mit à faire les cents pas. Les mots terrifiants dansant toujours devant ses yeux effrayés.
« Nous savons ce que vous êtes. Nous voulons vous aider. Rendez-vous au pied du Pont Auguste, sur la rive Nord. Vendredi à 23 heures. »
Quelqu'un savait. On l'avait percé à jour. Qu'adviendrait-il de lui s'il se rendait au rendez-vous ? Et que se passerait-il s'il n'y allait pas ? Ces gens voulaient-ils réellement l'aider ? Ou bien dénonceraient-ils sa condition au monde entier ? Comment savait-il s'il pouvait leur faire confiance ? Qui étaient-ils ? Comment avaient-ils su pour sa lycanthropie ? Une once d'espoir s'insinua en lui. Avaient-ils un remède ? Mais la vraie question était de savoir s'il devait se rendre au rendez-vous ou non. Avait-il vraiment le choix ?
Tentant déséspérement de ne pas perdre la tête avec toutes ses questions, il inspira profondément et s'arrêta. Il se força à réfléchir de manière logique et se rassit à la paillasse. Il ne devait surtout pas céder à la panique. Choisissant de commencer à partir du début, Tristan saisit l'enveloppe qui contenait la carte et l'examina avec attention. Ni timbre, ni adresse d'expéditeur, ni signe d'une association ou autre organisation. A part son nom et l'endroit précis où le trouver, l'enveloppe était vierge. Il vérifia à l'intérieur une nouvelle fois pour s'assurer qu'il n'avait pas manqué quelque chose, mais il ne trouva rien. Dans une dernière tentative, il porta le papier cartonné à son nez dans le but de déceler une odeur singulière. Comme il s'y était attendu, le morceau de papier portait un nombre inimaginable de senteurs. Tristan reconnut tout de même l'effluve particulière du cuir synthétique qui semblait dominer les autres. Il en conclut que l'enveloppe avait dû être posée pendant un certain temps sur le siège d'une voiture avant d'être déposée au MPI. Terriblement frustré, il chiffonna l'enveloppe et la jeta dans la corbeille. Pendant un court instant, il sentit le désespoir l'envahirmais il le chassa avant de s'attaquer à l'étude de la carte. Il se tenait la tête dans les mains, s'obligeant à relire une nouvelle fois le mot. Pas de signature, logo, tampon, emprunte ou quoi que ce fut qui aurait pu l'aider à déterminer la provenance de ce courrier. Rien sur ce bout de papier ne pouvait lui apprendre quoi que ce soit. Pareil à l'enveloppe, il sentait tout et rien à la fois. Tristan aurait aimé pouvoir analyser ce mot comme le faisaient les scientifiques dans les films policiers. Il avait tout ce qu'il lui fallait sous la main après tout. Mais il ne saurait que faire des élèments qu'il trouverait. Que ferait-il d'une emprunte ? Il laissa échapper un rire moqueur face à ce raisonnement ridicule.
De retour au point de départ, il éloigna la carte de son champ de vision et se massa les tempes, réfléchissant à la meilleure démarche à suivre. S'il ne se rendait pas au rendez-vous il passerait peut-être à côté de sa seule opportunité de trouver un antidote à sa maladie. Son esprit fit alors un rapprochement qui lui fit froid dans le dos. Il se souvint de ce jour étrange où il avait eu l'impression d'être suivi. Et si cela n'avait pas été qu'une simple impression ? Si la carte et le van étaient liés ? Tristan secoua la tête, chassant cette idée de son esprit. Se mettre à élaborer des suppositions insensées ne l'aiderait pas. Il regarda sa montre. Vingt-et-une heures quatorze. Le rendez-vous était dans moins de deux heures. Que faire du temps qui lui était imparti ?
Comme à chaque fois qu'il se trouvait devant une décision difficile, il décida de se rendre sur la place de Notre-Dame de Dresde pour réfléchir. Seulement cette fois, il se leurrait lui même. Il n'avait plus besoin de passer une nouvelle fois en revue ses options, il avait déjà fait son choix.
Alexandra s'était séparée de Tristan un peu avant vingt heures trente. Bien que sa seule envie avait été de rester avec lui pour le reste de la nuit, elle l'avait finalement laisser partir. Elle savait à quel point ses recherches étaient importantes pour lui et n'avait pas eu le cœur de le retenir plus longtemps. Rêveuse, elle repensa à ce qu'ils avaient partagé qelques heures plus tôt. Sa soirée avait été superbe. Peu avant qu'elle ne quitte le labo, il était entré, le sourire aux lèvres et des sandwiches à la main. Ils avaient passé plus de deux heures à parler et à manger, assis par terre dans le sas - la nourriture étant formellement interdite dans les salles de recherches. Blottis l'un contre l'autre, ils s'étaient raconté des anecdotes et avaient évoqué leur pays d'origine. Elle lui avait parlé avec passion de sa terre natale, tandis que la nostalgie avait vrillé son cœur.
Allongée chez elle dans le canapé, elle avait décidé de se repencher sur ses recherches de la journée. Aujourd'hui, elle avait mis au point un vaccin étant censé diminuer l'effet de l'Aconit Napel, mais qui s'était avéré inefficace. Pensant trouver une information importante qui lui aurait échappé dans l'enregistrement de son constat, elle fouilla son sac à la recherche de son magnétophone. Ne parvenant pas à mettre la main dessus, elle retourna sa sacoche, fouilla son manteau et son sac à main. Sans succès. L'appareil restait introuvable. Un frisson désagréable lui parcourut le dos. Elle l'avait certainement oublié au MPI. Soudain, elle fut prise de panique. Et si Tristan l'avait trouvé et avait décidé d'écouter les enregistrements ? Il lui suffirait d'une simple recherche internet pour comprendre la vérité sur elle. Et elle n'était pas prête à avoir cette conversation avec lui. Elle jeta un rapide coup d'œil à son téléphone portable. Vingt-deux heures passées. Elle devait se dépêcher.
Le taxi la déposa devant l'entrée principale du MPI. Elle informa rapidement le conducteur de l'attendre ici et s'élança vers le bâtiment. Elle courait presque dans les couloirs déserts, seul le bruit de ses pas rapides était audible dans l'aile Ouest. Elle atteignit enfin le laboratoire numéro 5 et fut surprise de voir toutes les lumières éteintes. Tristan était déjà parti. Elle traversa le sas sans prendre le temps de se soumettre aux règles d'hygiène et de sécurité puis pénétra dans le laboratoire. Ses yeux scrutèrent la salle à la recherche du magnétophone. Ses épaules se détendirent lorsqu'elle le trouva à l'endroit à l'endroit exact où elle l'avait laissé. Elle s'approcha de la paillasse du fond et glissa l'objet dans sa poche. Alors qu'elle s'apprêtait à faire demi-tour, un bout de papier attira son attention. Elle fronça les sourcils, s'en saisit et le lut. Son cœur rata un battement.
Une personne était au courant pour sa seconde nature. Elle sentit comme un courant électrique traverser son corps et sa louve gronda. Un léger picotement traça les courbes de ses marques. Son instinct d'Alpha se réveilla. Elle ne prit pas le temps de considérer ses différentes options. Elle savait très bien ce qu'elle avait à faire. Il lui fallait protéger sa meute, garder leur secret en sécurité. Aucun humain ne devait savoir, ils n'étaient pas dignes de confiance. Un humain qui savait pour leur existence représentait un grand danger. Il devait être réduit au silence.
Sans perdre une seconde de plus, elle rebroussa chemin et sortit du MPI. Elle s'engouffra dans le taxi et donna au conducteur une nouvelle destination.
- Au Pont Auguste. Sur la rive Nord. Faites vite, ordonna-t-elle.
Le chauffeur obéit immédiatement, impuissant face à l'aura dominante que dégageait Alexandra, et la voiture démarra en trombe.
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