Chapitre 17

Fortement contrariés par leur échec, ils avaient pris la route en direction de l'Ouest, vers la Pologne. Tristan ne cessait de se poser la même question. Avait-il bien fait de ne pas forcer Wolodymyr à combattre ? Son entêtement à utiliser la méthode pacifiste ne les aiderait pas à rallier les meutes. Plus il y pensait, et plus il se disait qu'aucun Alpha ne suivrait un loup qui lui était inférieur en rang, même si cela dépendait de leur survie à tous. L'orgueil, la fierté, ou la tradition, comme l'appelaient les Chefs de meute, leur interdisait de se soumettre à plus faible qu'eux. Il se demandait si les unir sous une même bannière, les mettant sous les ordres d'un seul loup, ne serait pas plus simple. Mais qui choisir pour remplir cette tâche ? Sa peur de terminer semblable à Alassar le dissuadait de s'envisager dans ce rôle. Tristan avait alors pensé à Alexandra. Elle était destinée à devenir Alpha après tout. Mais il entendait toujours cette petite voix lui murmurer de suivre son instinct.

Alexandra lui avait dit qu'Aleksander, l'Alpha des loups de Pologne, était plus ouvert d'esprit que son vassal ukrainien. Cependant, Tristan ne voulait pas prendre le risque d'essuyer un nouveau refus. Le peu de temps dont ils disposaient ne le leur permettait pas. Il avait donc convenu d'avoir recours à son aura si jamais son discours seul ne suffisait pas.

Suivant les indications du GPS, il s'éloigna de la route principale pour s'enfoncer dans les terres. Il jeta un bref coup d'œil au siège passager sur lequel Alexandra s'était roulée en boule. Ses mèches dorées retombaient sur son visage paisible dans un parfait désordre. Tristan ne se lasserait jamais de cette vision. Il adorait la regarder dormir, emportée par de doux rêves loin de tous leurs problèmes. Ses yeux gris s'arrêtèrent un court instant sur les marques qui dépassaient du pull de la jeune femme. Les fines courbes noires entrelacées qui parcouraient le haut de son dos, ses épaules et sa clavicule éveillaient le désir du lycanthrope. Son loup grogna de plaisir. Inconsciemment, il passa ses doigts dans son cou, à l'endroit même où Alexandra le mordrait lors de l'échange de sang. Tristan n'en pouvait plus d'attendre ce moment. Il voulait être lié à son âme-sœur pour toujours. Il souhaitait ardemment pouvoir sceller leur lien, le rendre indestructible. Savoir qu'un autre loup pouvait réclamer Alexandra à tout moment et la lui prendre le rendait malade. Son loup émit un bruit de mécontentement, refusant l'idée même de se voir arracher son âme-sœur. Tristan se ressaisit, se jurant de ne jamais laisser personne les éloigner et de se battre pour elle jusqu'à la mort.

Il sortit d'un village et engagea la Mercedes sur une petite route sinueuse qui grimpait sur le flanc d'une montagne. Surveillant avec attention le sommeil d'Alexandra, il lui lançait régulièrement des regards bienveillants. Elle dormait toujours, ou du moins, c'est ce qu'il crut.

- C'est très impoli de fixer les gens, dragul meu, taquina la voix de la jeune femme.

Tristan l'avait vue se redresser puis s'étirer du coin de l'œil. La voiture continuait son ascension.

- Je suis désolé de t'avoir réveillée, mon cœur.

- Ce n'est rien. Et puis, c'est toujours un plaisir d'être tirée du sommeil par le désir brûlant de son âme-sœur, déclara-t-elle en levant un sourcil, le regard plein de sous-entendus.

Extrêmement mal à l'aise, Tristan se racla la gorge et raffermit sa prise sur le volant. Il sentit ses joues s'embraser de gêne, ce qui fit glousser Alexandra. Évidemment, il avait tendance à oublier qu'il n'était pas le seul à ressentir les émotions de son âme-sœur, ce qui aboutissait généralement à ce genre de situations de malaise.

- Où sommes-nous ? Interrogea la jeune femme en baillant.

- Plus très loin. Le GPS semble indiquer le sommet de cette montagne.

- Excellent ! Nous serons pile à l'heure pour le dîner, s'enthousiasma-t-elle.

Tristan laissa échapper un ricanement. Alexandra ne perdait pas le Nord quand il s'agissait de remplir son estomac.

Le véhicule prit encore quelques virages en épingle à cheveux et arriva au sommet de la petite montagne, qui était étrangement plat et dégarni. La route s'arrêtait ici, en haut, et Tristan coupa le moteur. Il enfila son manteau et s'extirpa de la voiture. Son regard balaya l'horizon à la recherche de ce qui pouvait ressembler à un campement. Le ciel noir ne laissait que peu de visibilité, mais sa vision de lycanthrope lui permit de s'approcher du bord de la montagne sans craindre de chuter. Ce qu'il vit l'émerveilla.

En contre-bas, dans la minuscule vallée entourée de petites montagnes, scintillaient des dizaines de points lumineux. Les yeux de Tristan parvinrent à déceler dans la pénombre quelques maisonnettes disposées aléatoirement sur la plaine. Ce qui en revanche l'étonna fut l'absence d'arbres. Les deux meutes qu'il connaissait vivaient dans des forêts, pas perdues au milieu des montagnes. Seuls les pans de certaines montagnes alentour étaient boisés. La vallée, elle, était plate, sans aucune aspérité ni aucun arbre. Comme si l'espace avait été spécialement aménagé pour y dissimuler une meute de loups-garous. Tristan sentit la présence d'Alexandra à ses côtés, qui observa à son tour le paysage.

- C'est beau, n'est-ce pas ? Murmura-t-elle, plus pour elle-même.

Absorbé par cette vision apaisante, il hocha doucement la tête. Un jour peut-être il ferait partie d'une meute, et vivrait dans un endroit comme celui-ci.

- Bon, on descend ? S'impatienta son âme-sœur après un moment.

Ils prirent leurs sacs et entreprirent une descente par un chemin gravillonné. La neige n'était pas tombée récemment dans ces montagnes, laissant seulement quelques vieilles taches blanches çà et là. Aussi, il leur fut relativement aisé de descendre vers le campement, malgré les graviers glissants. Après avoir dérapé plusieurs fois, Alexandra s'agrippa fermement au bras solide de Tristan et ils finirent la route collés l'un à l'autre.

Comme chez les Loups Gris et les Loups de l'Ouest, ils furent accueillis par des gardes qui les arrêtèrent au pied de la montagne pour ensuite les escorter avec précaution dans le camp. Ils passèrent entre les chalets éclairés jusqu'à atteindre ce qui semblait être la place centrale du petit village. À l'abri du vent d'hiver, la vallée était moins glaciale que le reste de la région, ce qui convint parfaitement à Tristan et Alexandra. On leur avait dit d'attendre ici, au milieu du camp, que l'Alpha veuille se présenter.

Au bout de quelques instants, un homme démesurément grand s'avança vers eux. Il devait avoisiner les deux mètres et portait un long manteau brun qui le rendait encore plus impressionnant. Sous son habit, on devinait un corps fin mais ferme, des épaules larges ainsi qu'une force effrayante. Son visage était long aux traits saillants. Il était chauve mais une barbe noire fournie dissimulait le bas de son visage. Cependant, le plus terrifiant restait son regard. Ses yeux - ou plutôt son œil, car une cicatrice barrait le côté droit de son visage, donnant une couleur laiteuse à son iris - était aussi sombre que la nuit qui les enveloppait. Devant son apparence quelque peu dissuasive, Tristan se demanda si Alexandra ne s'était pas trompée. Curieusement, il avait du mal à imaginer l'homme qui lui faisait face comme ouvert d'esprit, tel qu'il lui avait été décrit.

- Que peuvent bien me vouloir deux jeunes âmes-sœurs, une nuit avant la Veillée ? Questionna Aleksander d'une voix rocailleuse aux accents durs.

- Nous ne sommes pas ici pour la Veillée, commença Alexandra. Nous venons demander votre aide.

L'Alpha leva un de ses sourcils broussailleux, intrigué par les paroles de la jeune femme.

- Les loups sont en danger, poursuivit-elle d'un ton grave. Des troupes militaires humaines se sont postées aux frontières des Loups Gris de Roumanie et projettent une attaque. La meute d'Azriel ne peut se défendre seule.

- Et en quoi cela me concerne-t-il ? Azriel doit certainement avoir des alliés plus proches de son territoire. Pourquoi venir chercher de l'aide jusqu'ici ?

Ce fut au tour d'un Tristan perdant patience de répondre. Il décida de jouer franc jeu.

- Parce qu'Azriel refuse de se confronter à l'ampleur de cette menace. Il pense pouvoir repousser les militaires facilement car il ne sait pas de quels moyens ils disposent. Les Loups Gris vont perdre cette bataille s'ils combattent seuls. Une défaite entraînerait une propagation mondiale de notre existence. Plus aucun loup ne serait alors à l'abri nulle part.

Aleksander explosa d'un rire vide et sonore, ce qui ne manqua pas d'énerver Tristan.

- Vous y allez un peu fort, non ? Si Azriel estime que ces militaires dont vous parlez ne représentent pas une menace, je ne vois pas pourquoi j'interviendrais. C'est un homme malin, il saura se débarrasser seul de sa vermine.

- Vous n'avez pas l'air de comprendre, rétorqua Alexandra. Mon père n'a aucune chance de les vaincre, peu importe ce qu'il pense. Ces militaires ne sont pas là par hasard. Ils sont venus pour capturer des loups-garous. Ils sont équipés. Ils possèdent des balles en argent et de l'Aconit Napel. Ils n'ont pas l'intention de repartir les mains vides.

- Donc vous voudriez que j'envoie mes hommes se faire massacrer par des militaires pour les beaux yeux de la fille d'Azriel ? S'esclaffa l'Alpha.

Le loup de Tristan gronda dangereusement. Il n'appréciait pas que l'on parle de son âme-sœur de la sorte. Tentant désespérément de se calmer, Tristan enfouit sa main dans sa poche, en sortit une fiole remplie d'un liquide pourpre et la lança à Aleksander. Ce dernier l'attrapa sans problème et l'examina avec attention.

- Ceci est un vaccin, expliqua Tristan. Si vous vous battez, je vous promets que vous et vos Chefs de guerres serez immunisés contre les effets de l'argent.

Un rictus moqueur sur les lèvres, l'Alpha rendit la fiole à Tristan.

- Je suis désolé, mais la réponse est non, déclara-t-il d'un ton amusé.

- Alors les loups-garous sont condamnés. L'attaque des Loups Gris n'est que la première étape d'une guerre que nous ne pouvons éviter. Isolés, nous perdrons, et ce sera la fin de notre race.

A nouveau, le rire vide d'Alksander se fit entendre.

- Je ne m'engagerai pas dans une guerre simplement parce que deux jeunes louveteaux sont persuadés que la fin du monde approche. Mais comme je suis de nature sympathique, je vous laisse dormir ici cette nuit.

Sur ce, il leur tourna le dos et s'éloignant. Tristan sentit son sang bouillir dans ses veines et ne fit rien pour empêcher ce qui allait se produire. Il sentit une force l'envelopper et se diffuser dans l'air autour de lui. Il pouvait presque voir cette vague de puissance.

- Restez-là et faites-moi face, Aleksander, gronda-t-il.

Choqué par cette voix qu'il ne reconnaissait pas comme celle de son hôte, l'Alpha fit volte-face, toujours ce sourire suffisant sur les lèvres.

- Et qui es-tu pour oser me défier ?

- Je vous ordonne de me rejoindre, poursuivit Tristan, peu soucieux des paroles de l'homme. Prenez part à cette guerre à mes côtés pour sauver les vôtres.

L'aura qui émanait de Tristan était si puissante qu'Aleksander recula de quelques pas, déstabilisé. Son sourire avait quitté son visage et son unique œil était grand ouvert de peur. Tristan sentit la présence de son loup dans chacun de ses muscles, chacune de ses respirations. Ils ne faisaient plus qu'un. D'un pas lent, il s'avança vers le polonais qui se pétrifia, oppressé par le pouvoir que son rival exerçait sur lui.

- Bats-toi avec moi, ordonna Tristan.

Alors, sans prendre le temps de réfléchir à son geste, Aleksander renversa la tête sur le côté, dévoilant sa gorge. L'aura de Tristan devint plus légère, plus facile à supporter. Le Chef des Loups des Montagnes ne saisissait pas ce qui venait de lui arriver, il était complètement sous le choc.

- Mais qui es-tu ? Demanda-t-il dans un murmure incertain.

Avant que Tristan n'ait eu le temps de répondre quoi que ce soit, il fut soudainement enveloppé d'un halo de lumière blafarde. Il leva les yeux vers le ciel pour voir la lune incomplète briller au-dessus de sa tête. Dans un mouvement violent, il se recroquevilla sur lui-même, submergé par une vague de douleur insoutenable. Des couinements mélangés à des plaintes humaines s'échappèrent de sa bouche. Sa peau le brûlait atrocement et même le toucher d'Alexandra qui s'était précipitée sur lui ne parvint pas à l'apaiser. Il avait l'impression que son épiderme s'enflammait. Incapable de soutenir cette brûlure, il s'empressa d'ôter son manteau, son pull et sa chemise pour découvrir son torse. Malheureusement, l'air frais de cette nuit d'hiver ne fit qu'empirer cette situation. Il tomba à genoux sur l'herbe humide, les dents serrées.

Tout à coup, la douleur s'arrêta, libérant son corps du feu. Sa respiration était haletante et il se demanda ce qui venait de se produire.

- Par la déesse, Tristan ! S'écria Alexandra derrière lui. Tes marques !

Refusant de la croire, Tristan se contorsionna pour voir son dos. Ce qu'il aperçut lui parut à peine croyable. D'épaisses lignes noires recouvraient son corps, partant de sa colonne vertébrale, remontant son dos pour s'étendre sur ses épaules et sur ses bras. Ses marques n'avaient rien à voir avec celles d'Alexandra. Elles étaient bien plus grosses, aux formes anguleuses, et plus étendues. Cela ressemblait à une espèce de tatouage tribal avec des figures géométriques et des fresques encerclant ses bras.

- Je n'ai jamais vu des marques pareilles, murmura Alexandra dans un souffle d'émerveillement.

Une nouvelle détermination d'origine inconnue s'empara de Tristan. Il se redressa de toute sa hauteur et toisa Aleksander une nouvelle fois. Ce dernier avait perdu de son assurance mais soutint le regard de Tristan avec bravoure.

- Combien d'hommes vous faut-il ?

Alexandra et Tristan avaient passé une nuit au camp. Aleksander s'était montré bien plus avenant et convivial depuis l'apparition des marques de Tristan. Il s'était immédiatement soumis, obéissant à la volonté de la déesse. Les âmes-sœurs trouvèrent en lui un allié exceptionnel et plein de ressources.

Un coup fut donné à la porte de leur chambre. Alexandra émit un grognement plaintif et se retourna pour enfoncer sa tête dans l'oreiller. Elle n'avait aucune envie de se lever et d'affronter une nouvelle journée. Tout ce qu'elle voulait c'était rester dans son lit, blottie entre les bras de son âme-sœur. Voulant le retenir d'aller ouvrir la porte, elle tendit la main vers lui. Cependant, ses doigts ne trouvèrent que la douceur des draps chauds, mais pas de Tristan. Surprise, elle ouvrit ses yeux pleins de sommeil. Il était debout à côté du lit, en train de boutonner sa chemise. Elle soupira et lui lança un regard désespéré. Comment avait-il trouvé la force de se lever ? Il lui sourit malicieusement avant de se pencher vers elle pour déposer un baiser sur le bout de son nez.

- Tu peux rester au lit, si tu veux, susurra-t-il. Je m'occupe d'Aleksander.

- C'est hors de question ! Je ne te laisserai pas errer seul dans un camp plein de louves en chaleur à seulement quelques heures de la Veillée ! Se renfrogna-t-elle.

Tristan éclata de rire. Sa jalousie n'avait aucune limite. Il lui conseilla de s'habiller en vitesse, puis il quitta la chambre. À peine est-il franchi la porte qu'il tomba nez-à-nez avec une jeune fille d'à peine vingt ans. Dès que leurs regards se croisèrent, elle perdit toutes ses couleurs et ouvrit de grands yeux. Elle recula d'un pas pour mettre plus de distance entre eux. Intrigué, Tristan fronça les sourcils et pencha la tête sur le côté.

- Est-ce que tout va bien ? S'enquit-il, inquiet.

La jeune fille hocha vigoureusement la tête mais ses yeux traduisaient l'état de choc dans lequel elle se trouvait.

- Je... Je viens p-pour v-vous dire, articula-t-elle difficilement.

Sans prévenir, elle vacilla et Tristan se précipita pour la rattraper avant qu'elle ne s'étale dans le couloir. Elle tremblait comme une feuille et semblait avoir du mal à respirer. Ses yeux exorbités le fixaient toujours, sans ciller. Il essaya de la mettre sur ses pieds mais ses membres refusèrent d'obéir. La galanterie lui interdisant de la laisser par terre, il la prit dans ses bras avec pour objectif de lui trouver un fauteuil.

Bien évidemment, ce fut cet instant précis que choisit Alexandra pour sortir de la chambre. Lorsqu'elle vit la scène, sa bouche s'ouvrit en grand comme pour protester, mais aucun son n'en sortit.

- Ce n'est pas ce que tu crois, se précipita Tristan avant que son âme-sœur ne tire de conclusions hâtives. Elle avait quelque chose à me dire mais elle s'est figée sur place dès qu'elle m'a vu. Elle m'a dévisagé, complètement choquée, comme s'il m'était poussée une deuxième tête.

Alexandra le regarda d'un air sévère. Il aurait juré avoir vu les prunelles dorées de sa louve remplacer ses iris bleues, mais cela ne dura qu'un bref instant et il ne put s'en assurer.

- Pose-la sur le lit.

La voix froide de son âme-sœur claqua sur sa langue comme un ordre. Ne voulant pas s'attirer plus d'ennuis, il obéit et déposa la jeune fille sur les draps défaits. Alexandra lui dit de s'éloigner du lit et d'ouvrir les rideaux. Une nouvelle fois, Tristan s'exécuta.

- La pauvre a dû être submergée par ton aura, conclut Alexandra après l'avoir observée un moment. Sa louve a certainement paniqué. Remarque, si je n'étais pas ton âme-sœur, je pense que je serais dans le même état qu'elle à chaque fois que tu poserais les yeux sur moi.

Tristan se sentit coupable d'être à l'origine de l'état de la jeune fille. Se pouvait-il qu'Alexandra ait raison ? Il peinait à le croire. Certainement la pauvre fille avait déjà croisé le regard d'un Alpha auparavant. Alors pourquoi s'était-elle sentie mal avec lui ? Il ne pouvait pas être aussi affreux !

Un bruit sec le tira de sa réflexion et il leva la tête vers la jeune fille qui s'était redressée promptement, une main plaquée sur la joue gauche. Tristan compris alors qu'Alexandra venait de lui donner une claque, sûrement dans l'optique de la ramener à la raison.

- Était-ce vraiment nécessaire ? Soupira Tristan.

Le sourire satisfait que lui renvoya son âme-sœur l'exaspéra et il se promit de ne plus jamais se battre contre sa jalousie. Il savait reconnaître les batailles qu'il ne pouvait gagner. Prudemment, il se rapprocha du lit.

- Mon Alpha vous demande, dit faiblement la jeune fille. Il vous attend dans le salon.

Tristan n'eut guère le temps de répondre quoi que ce soit, qu'Alexandra lui agrippa la main et le tira dans le couloir. Elle ne le lâcha pas lorsqu'ils descendirent les escaliers et débarquèrent dans le salon de la demeure d'Aleksander. Rien dans la pièce ne ressemblait à la maison des Lupesco. Le style était entièrement différent, plus moderne, plus épuré. L'Alpha était penché sur quelques feuillets dispersés sur la table basse.

- Ah ! Vous voilà enfin ! J'ai cru que vous ne descendriez jamais, s'exclama le Chef des Loups des Montagnes.

- Oui, nous avons rencontré un léger problème, grinça Alexandra.

Excédé, Tristan leva les yeux au ciel.

Un homme qui leur était inconnu entra dans le salon d'une démarche enjouée, un grand sourire illuminant son visage émacié. Il avait les cheveux blonds est des yeux vifs. Dans ses mains, il portait un plateau avec des tasses et une théière. Il posa le tout sur la petite table, peu soucieux des papiers qui s'y trouvaient.

- Tu avais raison, Alek, ces deux-là sont trop mignons. Leurs odeurs s'entremêlent tellement que je ne sais pas où se termine l'une et où commence l'autre.

Tout en parlant, il avait servi une tasse à l'Alpha et avait pris place à ses côtés sur le canapé. Tristan ne put s'empêcher de remarquer qu'ils étaient très près l'un de l'autre. Ses doutes et questions s'envolèrent lorsqu'il vit la main de l'homme se poser sur la cuisse d'Aleksander. Gênés d'être les témoins d'une telle scène, les âmes-sœurs détournèrent le regard.

- Tiens-toi bien devant nos invités, Dimitri, rabroua l'Alpha. Venez vous asseoir, nous devons discuter de quelques petites choses.

La voix grave mais avenante d'Aleksander les détendit et ils s'assirent en face de lui.

- Je peux vous procurer quatre-vingt-douze hommes, mais ce ne sera pas suffisant, déclara-t-il, le plus sérieusement du monde. Pourtant, le temps vous manque cruellement et vous ne parviendrez pas à rallier les autres meutes avant la pleine lune.

Il fit une courte pause pour leur servir du thé et poursuivit.

- J'ai de l'influence sur les autres meutes. Notamment en Norvège et en Russie. J'enverrai des messagers qui réussiront à convaincre les Alphas de se joindre à nous.

- Quand partez-vous ? Reprit la voix enjouée de Dimitri.

- Le plus tôt possible. Nous aimerions aller jusqu'en Croatie avant la pleine lune, répondit Tristan.

- Vous ne pouvez pas partir avant demain, cela ne servirait à rien. Cette nuit, c'est la Veillée. Toutes les meutes sont en fêtes, personne ne vous accueillera. Restez ici jusqu'à demain et profitez de la Veillée avec nous ! Proposa Dimitri.

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