Chapitre 15
Les sourcils froncés et les yeux dans le vague, il était plongé en pleine réflexion. Dans un geste lent, il porta sa tasse de café fumante à ses lèvres. Tristan voyait du coin de l'œil Alexandra faire des allers-retours dans la petite cuisine. Elle avait les bras croisés, le visage fermé et elle regardait ses pieds d'un air absent. Une mèche blonde lui tomba devant les yeux et elle la coinça derrière son oreille d'un geste brusque.
- Les loups-garous ne sont pas entrés en guerre depuis longtemps, soupira-t-elle. Les Alphas ne risqueront pas la sûreté de leur meute en s'impliquant. Comment peux-tu être certain qu'ils accepteront de se battre ?
Tristan soupira à son tour. La vérité, c'était qu'il n'était sûr de rien. Tout son plan pour sauver les Loups Gris ne reposait que sur des suppositions. Mais il ne voyait aucun autre moyen de leur venir en aide. Il devait essayer.
- Les loups-garous ne survivront pas longtemps si le monde entier découvre leur existence. La menace est bien réelle, les Alphas ne pourront le nier éternellement. Les meutes se sont tournées le dos depuis bien trop longtemps. Seule une alliance entre elles sauvera notre race. Si les Alphas refusent, nous sommes tous condamnés.
Il avait parlé lentement, d'une voix bien plus grave que d'habitude et d'un ton catégorique, comme le Chœur annonçant dès la scène d'ouverture la terrible fin d'une tragédie. Alexandra savait que son âme-sœur disait vrai. Après s'être dissimulés des humains depuis leur création, les loups étaient aujourd'hui confrontés à ce qui pourrait entraîner leur extinction.
- Même si nous parvenons à les convaincre, les Alphas n'enverront pas leur meute, poursuivit Alexandra. S'ils quittent leurs terres avec leurs guerriers pour venir nous aider, leur territoire sera vulnérable. Et ils ne prendront pas le risque de se faire tuer dans une bataille qui se déroulera loin de leurs frontières. Lors d'une guerre, l'Alpha est la première cible. S'il tombe, les guerriers seront bouleversés et désorientés.
Tristan se retint de rétorquer que si les Alphas ne combattaient pas, ils mourraient de toute manière. Il posa doucement sa tasse sur la table et fixa son âme-sœur qui replaçait pour la centième fois sa mèche rebelle.
- C'est pourquoi je compte leur proposer un marché, répondit-il finalement. En échange de leur engagement, je leur offrirai l'immunité face aux armes de nos ennemis. Ils seront donc invincibles.
- Tu parles du remède contre l'argent et l'Aconit Napel ? S'étonna Alexandra. Et si tu ne le trouves pas, qu'adviendra-t-il ?
- Si nous ne trouvons pas de remède, cela ne change rien. Tant qu'ils pensent qu'ils sont immunisés contre leur faiblesse, ils viendront. Mais laissons-nous une journée pour au moins essayer de trouver une piste sur ce remède, cela pourrait tout de même nous servir.
Tristan lui fit un clin d'œil, un sourire malicieux aux lèvres. Alexandra n'avait pas l'air convaincu. Son visage inquiet était dissimulé derrière les mèches folles qu'elle avait abandonné à discipliner. Tristan s'approcha et la prit dans ses bras. Il lui releva le menton avec l'index et dégagea ses cheveux de son magnifique visage. Il posa sa main sur sa joue et se perdit dans l'infini de ses yeux bleus.
L'idée de renoncer à son plan et de partir avec elle à l'autre bout du monde lui traversa l'esprit. Il ferait tout pour l'éloigner le plus possible de ce conflit pour la mettre en sûreté. Mais il savait qu'il ne se pardonnerait jamais d'avoir abandonné les Loups Gris. Et puis, il était persuadé qu'elle refuserait de partir sans lui, alors à quoi bon y penser.
- Nicolae avait raison, murmura-t-elle au bout d'un moment. Tu es un véritable Alpha. Même si tu n'as pas les marques, tu en as les gènes, c'est certain.
Il lui sourit et l'embrassa. Une vague de chaleur le traversa. Il eut l'impression de passer d'un loup proscrit à un rang bien supérieur à tout ce qu'il aurait pu imaginer. La vie lui souriait-elle à nouveau après tant d'années de solitude ? Ses bras s'enroulèrent autour de la taille d'Alexandra et il la serra contre lui. La jeune femme rigola et releva les yeux vers lui.
- Nous ne devrions pas perdre de temps si nous voulons trouver ce fameux remède, le taquina-t-elle.
Tristan déposa un bref baiser sur le bout de son nez et relâcha son étreinte pour se concentrer sur sa recherche.
Il se frotta les yeux pour ne pas s'endormir devant les images qui défilaient sur l'écran de son téléphone. Tristan épluchait les documents provenant de ses recherches sur la lycanthropie. Dès ses premières analyses, quelques années plus tôt, il avait découvert qu'il possédait un chromosome de plus que les humains. Ce dernier ne ressemblait pas aux autres, il était plus grand et possédait des gènes inconnus. Tristan avait passé ses dernières années à déterminer le rôle de ces gènes dans la lycanthropie et avait cherché à les rendre inactifs, sans grand succès. Il avait compris que certains permettaient la stimulation de ses cellules régénératrices, d'autres servaient à la consolidation de ses os, les rendant presque indestructibles. Mais jamais il n'était parvenu à se débarrasser de ce qu'il avait pour habitude d'appeler sa « maladie ».
Il continua à faire défiler les différents documents et trouva enfin ce qu'il cherchait. Il se félicita mentalement d'avoir sauvegardé certaines recherches sur son téléphone. Le tableau qu'il avait à présent sous les yeux était le résultat d'une de ses expériences lors de laquelle il avait mélangé son sang avec plusieurs produits diverses - dont de l'argent - pour voir si un gène réagissait. Il suivit la colonne en haut de laquelle était indiqué le symbole Ag et s'aperçut qu'elle ne contenait que des cases marquées du N de « négatif ». Aucun gène n'avait réagi à l'argent. Il soupira.
- Je ne comprends plus rien ! S'exclama-t-il en prenant sa tête dans ses mains. Aucun gène d'aucun chromosome de mon caryotype ne réagit à l'argent !
Subitement, une hypothèse lui vint. Peut-être que ce gène n'existait tout simplement pas. Il était parti du principe que son gène lié à l'argent venant du chromosome de lycanthropie était différent de celui d'Alexandra. Ce qui expliquerait pourquoi leur réaction à cette matière étaient différentes. Mais il n'avait pas pensé au fait que ce soit l'absence de ce gène si étrange qui lui procurait son immunité. Après tout, les humains n'avaient pas de problème avec l'argent. C'était donc une défaillance des loups-garous, qui devraient être en possession du gène déterminant leur faiblesse. Alors logiquement, Alexandra devait avoir un gène de plus sur son chromosome de lycanthropie, soit un total de 394 au lieu de 393.
- Mon cœur, tu avais analysé le chromosome 47 de ton caryotype, non ?
Alexandra releva la tête de ses cartes d'Europe. Elle essayait de déterminer quelle stratégie d'attaque serait la plus efficace pour contrer les militaires humains.
- Oui, bien sûr, pourquoi ? Répondit-elle distraitement.
- Combien comporte-t-il de gènes ?
- Trois-cent-quatre-vingt-treize. Mais je ne vois pas, le rapport.
393, se répéta Tristan, frustré d'avoir couru après une chimère. Sa réflexion soldée par un échec lui avait donné chaud. Il roula les manches de sa chemise et ouvrit les boutons du haut. Soupirant de déception, il se passa une main dans les cheveux.
- Donc, ce n'est pas dans nos caryotypes que nous trouverons ce que nous cherchons, conclut-il complètement défait.
Ne supportant plus de rester assis, il se mit à faire les cent pas dans la cuisine. Son esprit continuait son œuvre, essayant d'aborder le problème sous un autre angle. Dans son domaine, lorsqu'on cherchait et qu'on ne trouvait pas, c'était qu'on ne regardait pas au bon endroit. S'ils avaient disposé de plus de temps et du matériel nécessaire, il aurait entrepris des dizaines de tests. Mais il n'avait pas le choix de se fier seulement à sa théorie. Il reprit alors à zéro. Qu'est-ce qui pouvait provoquer une telle réaction ? Une allergie ? Ou une sensibilité de peau ? Tristan balaya ces idées stupides.
Il se demanda si ce n'était pas alors un tour de la Déesse, elle qui intervenait si souvent contre la science tout au long de la vie des loups-garous. Son esprit logique rejeta également cette théorie. Il sentit la frustration se transformer en colère et son loup grogna. Il tournait en rond ! Si seulement il avait un repère ! Dès que cette pensée le traversa, il se figea. Bien sûr qu'il avait un repère.
Alexandra essayait tant bien que mal de se concentrer sur ses cartes mais l'ascenseur émotionnel que ressentait Tristan la déstabilisait. Elle partageait l'intégralité de ses émotions, sa satisfaction, sa contrariété, sa déception. Elle savait qu'il ne s'arrêterait pas tant qu'il n'aurait pas tout essayé. La culpabilité et l'impuissance l'envahirent. Elle ne pouvait pas venir en aide à son âme-sœur. Le peu qu'elle avait découvert durant ses courtes semaines au MPI, Tristan devait déjà le savoir. C'était lui l'expert.
Cependant, lorsqu'elle ressentit sa colère, elle bondit sur ses jambes et s'approcha de lui pour le calmer. Il était dos à elle, perdu dans ses pensées. Alors qu'elle s'apprêtait à se coller contre lui pour le détendre, il se retourna brusquement, un nouvel espoir brillant au fond de ses beaux yeux gris. Il parut à peine surpris de la trouver derrière lui. Sans un mot, il lui attrapa la main et observa sa paume attentivement. La peau partiellement brûlée, formant une cicatrice en forme de croix.
- Quelle sensation as-tu ressenti lorsque c'est arrivé ? Questionna-t-il.
Alexandra n'eut pas besoin de poser davantage de questions pour savoir qu'il faisait allusion à la fois où elle avait attrapé le porte-clés en argent de Tristan dans le laboratoire numéro 5. Elle tenta de se rappeler l'horrible sensation.
- Ça m'a d'abord brûlé la peau, se souvint-elle. Puis, j'ai eu l'impression de m'enflammer, comme si je me consumais de l'intérieur. Mais dès que j'ai lâché les clefs, tout s'est arrêté. Je me rappelle avoir senti mon sang se refroidir d'un coup.
- Ce pourrait être dû à une réaction du sang, alors ? S'interrogea Tristan, les sourcils froncés.
- Possible, toutes les cellules de notre corps sont renforcées grâce à nos gènes supplémentaires, sauf nos globules rouges, qui sont intactes, comme ceux des humains.
Tristan tiqua. Il releva brusquement la tête vers elle, faisant passer son regard de sa cicatrice à ses yeux.
- Vos globules rouges ne sont pas renforcés ? Tu veux dire que vous n'avez pas d'anticorps étranges ?
Alexandra secoua négativement la tête. Un demi sourire apparut sur le visage de Tristan. Il l'embrassa tendrement en se demandant ce qu'il ferait sans elle.
- T'es la meilleure, chuchota-t-il.
Elle lui retourna son sourire, heureuse d'avoir pu l'aiguiller dans ses recherches. Tristan s'empara de son téléphone portable qu'il avait délaissé sur la table de la cuisine et navigua dans ses contacts.
- Est-ce qu'il y a des échantillons de ton sang dans le labo ?
- Oui, répondit-elle. Ils datent du jour où nous avons quitté Dresde, ils sont peut-être encore utilisables.
Visiblement satisfait de la réponse, il appuya sur le numéro de téléphone et s'assit. L'appareil avec le haut-parleur, Alexandra comprit qu'il voulait qu'elle entende cette conversation. Au bout de quelques sonneries, quelqu'un décrocha.
- Oh my God ! Le Français ! Que me vaut ce plaisir ? S'exclama la voix joyeuse de Charity.
- Salut, Cha, répondit plus sobrement Tristan. J'ai un petit service à te demander.
- Vas-y, dis-moi. T'as de la chance, tu tombes pile sur l'heure de pause.
Alexandra avait compris sa démarche. Il devait comparer leur sang mais, ne disposant pas des moyens nécessaires ici, il avait trouvé une autre alternative. Tristan lui jeta un bref regard et elle hocha la tête pour l'encourager. S'il faisait assez confiance à Charity pour lui faire les analyses, alors elle aussi.
- J'aimerais que tu compares deux échantillons de sang qui sont dans le réfrigérateur du labo 5.
- Le labo 5 ? Mais je n'y ai pas accès, lui rappela-t-elle.
Tristan se mordit la lèvre. Il n'avait pas pensé à ce détail. Alors qu'il cherchait une solution, Alexandra trouva la première. Elle lui prit le téléphone des mains.
- Bonjour, Charity. Tu pourrais descendre jusqu'à l'accueil, s'il te plaît ? Je suis certaine que Karen n'hésitera pas à aider notre Tristan en détresse.
La jeune femme au bout du fil gloussa, salua Alexandra et parut s'élancer dans les escaliers du MPI. Tristan fixa son âme-sœur avec un mélange de reproche et d'amusement. Il n'appréciait pas être la cible des moqueries. Alexandra, qui se délectait de la situation, lui sortit son plus beau sourire et lui fit un clin d'œil.
- Vous avez vérifié la compatibilité des échantillons ? Les interrogea Charity.
- Quel est ton groupe sanguin, dragul meu ? S'enquit Alexandra.
- Je suis donneur universel.
- Alors nous sommes compatibles, je suis AB+.
Une série de jurons étouffés leur répondit.
- J'en étais sûre ! S'écria Charity. Tu utilisais ton propre sang pour tes recherches, le Français.
Tristan sentit l'amertume du mensonge lui envahir la bouche. Il se rappelait parfaitement lui avoir assuré qu'il n'enfreignait pas le règlement. Honteux, il se confondit en excuses.
- Pas de panique, je ne dirai rien parce que je vous aime bien, les rassura-t-elle. Ce que je veux savoir c'est pourquoi. Qu'est-ce que tu cherches ?
Le ton de Charity n'était plus du tout rieur et Tristan savait qu'il devrait tout lui dire à un moment où à un autre. Il échangea un regard tendu avec Alexandra, puis soupira.
- Tu verras par toi-même quand tu procéderas aux analyses. Je t'expliquerai tout à ce moment-là.
Il avait choisi de reculer le moment fatidique le plus possible pour se donner le temps de réfléchir à la façon de lui annoncer la nouvelle. À l'autre bout du fil, ils entendirent quelques sons étranges suivis de murmures. Enfin, la voix claire de Karen s'échappa de l'appareil.
- Bonjour Karen, commença Tristan. Comment allez-vous ?
- Professeur Versipel ? Mein God, vous êtes vivant. Mais où étiez-vous passé ?
- Je suis à l'étranger avec le Docteur Lupesco et nous aurions besoin de votre aide.
Alexandra sortit de son mutisme pour saluer la secrétaire, qui lui répondit d'un ton froid. Le sourire de la jeune femme ne fit que s'agrandir face à la jalousie évidente de sa rivale.
- Que puis-je faire pour vous ? Demanda Karen de sa voix la plus professionnelle.
- Voilà. J'aurais besoin que vous accordiez l'accès au laboratoire numéro 5 à Mademoiselle O'Keallan pour qu'elle puisse réaliser une analyse pour moi. J'ai impérativement besoin des résultats sans délai.
Tristan avait opté pour la vérité, bien que partielle, sachant pertinemment que Karen décèlerait un mensonge. Et il ne fallait pas la vexer en ne lui accordant aucune confiance s'il voulait obtenir quelque chose d'elle. Tristan croisa les doigts et retint son souffle tout au long du silence qui s'installa durant lequel la secrétaire semblait hésiter.
- Très bien. Voici les clefs. Rapportez-les moi dès que vous avez fini.
Ils entendirent les cliquetis de la réussite et soufflèrent pour évacuer le stress.
- Merci Karen, s'empressa d'ajouter Tristan. Vous me sauvez la vie.
Il n'entendit pas la réponse de la secrétaire à cause des éclats de rire d'Alexandra. Elle aimait se moquer de la façon dont il prenait soin de ne pas blesser l'employée du MPI. Tristan se contenta pour toute réponse de lever les yeux au ciel.
Quelques minutes plus tard, Charity était installée à une paillasse du laboratoire, les deux échantillons devant elle.
- Bien. Il faut que tu mélanges les deux échantillons. Dis-nous ce que tu vois.
Ils entendirent du verre s'entrechoquer, puis, un long silence.
- Good God ! S'exclama Charity. Toutes les cellules ont un genre de couche protectrice, presque comme une coquille. Et les globules rouges, le Français ! Je ne reconnais pas ces anticorps !
Ils attendirent patiemment que la jeune femme au bout du fil intègre entièrement sa découverte et pose la question tant redoutée.
- Le corps humain ne peut pas créer de telles défenses ! Ces cellules ne sont pas humaines, c'est impossible ! Comment cela se peut-il ?
Conscients d'enfreindre la loi de leur race, ils lui avouèrent tout. Charity était assez ouverte d'esprit et n'eut aucune réaction négative. Au contraire, elle avait l'air de trouver cela plutôt génial. Elle posa beaucoup de questions étranges comme : Les vampires existent-ils aussi ? Ce qui n'avait pas manqué d'outrer Alexandra qui ne pouvait concevoir une telle ineptie. Charity fut cependant déçue de constater que la famille de Tristan était factice. Puis, au grand soulagement des âmes-sœurs, après avoir juré de n'en parler à personne, elle arrêta ses questions et reprit son analyse.
Rien ne se passa lorsqu'elle mit les deux échantillons en contact. Les hématies se mélangèrent mais aucune réaction ne survint. Encore une fois, ce fut Alexandra qui trouva la réponse.
- Pourrais-tu tremper un objet en argent dedans ?
- Un objet en argent ? S'étonna Charity, sceptique. Un pendentif conviendrait ?
Alexandra acquiesça et ils patientèrent à nouveau.
- Holy shit ! C'est incroyable !
- Que se passe-t-il ? S'enquit Tristan avec excitation.
- Dès que j'ai plongé mon collier dedans, les anticorps de tes globules rouges se sont détachés pour aller se fixer sur ceux d'Alexandra, les protégeant de la réaction chimique qui était en train de les détruire.
Tristan ouvrit grand les yeux, incapable du moindre mot face à l'ampleur de cette découverte.
- Ça veut dire que... commença Alexandra, estomaquée.
- Que mon sang est le remède, termina Tristan, émerveillé.
- Donc tu peux protéger les Alphas en leur injectant un peu de ton sang. De plus, c'est sans danger, étant donné que tu es donneur universel. Et même si ça ne dure pas longtemps, l'effet sera total.
Tristan se tut un instant. Il restait tout de même un risque.
- Cha ? Penses-tu qu'une transfusion présente un risque quelconque ?
- Je ne sais pas. C'est Franz le spécialiste dans ce domaine.
Sur un regard entendu avec son âme-sœur, Tristan poursuivit.
- J'aimerais que tu le trouves et que tu lui présente tout ça. Demande-lui son avis et envoie-nous un message. S'il pose des questions, je t'autorise à lui dire pour notre condition. Je lui dois bien ça.
Charity approuva et la ligne se coupa. Tristan resta pensif un moment. Si la transfusion ne posait pas de problème, ils pourraient prendre la route dès demain pour commencer à rassembler les meutes. Plus tôt ils partiraient, plus ils auraient le temps de convaincre les loups d'Europe de les suivre.
Le menton posé sur la main, ses yeux gris étaient plongés dans le bois de table. Alexandra l'observa avec attention. Sa chemise débraillée avec les manches relevées et ses cheveux en bataille le rendaient terriblement attirant. Sa peau claire laissait apercevoir certaines fines cicatrices. Quelques mèches brunes lui retombaient négligemment sur le front. Le regard de la jeune femme s'attarda sur ses yeux pensifs, puis sur sa mâchoire carrée, et sur ses lèvres. Les sourcils froncés dans la réflexion terminaient ce superbe tableau.
- Tu es vraiment sexy quand tu réfléchis, dragul meu.
A l'entente de son surnom, il releva vivement la tête et sentit ses joues chauffer. Alexandra s'exclaffa devant son air embarrassé. Elle se leva, contourna la table, et prit place sur les genoux de son âme-sœur. Leurs loups grondèrent à l'unisson, sentant le désir les envahir. Tristan s'empara des lèvres s'Alexandra, ses doigts caressant son dos, tandis que les mains de la jeune femme parcouraient son torse. Elle s'attaquait aux boutons de sa chemise lorsque le téléphone portable vibra. Agacée d'avoir été interrompue dans son élan, elle reprit sa place de l'autre côté d la table. Tristan ouvrit le message de Franz.
Salut, fils. Cha m'a tout raconté. J'aimerais que tu m'appelles quand tu en auras le temps pour qu'on en discute. J'ai quelques questions.
Sinon, en ce qui concerne la transfusion, je ne vois aucun problème qui pourrait survenir. Je préconise cependant une dose faible, la réaction chimique pourrait être trop forte.
J'espère te revoir bientôt parmi nous. Et salue ta belle pour moi, tu veux ?
Sans attendre une minute de plus, Alexandra s'était rendue en ville pour se procurer le matériel nécessaire à la transfusion. Car, malgré les protestations de son âme-sœur, elle voulait faire le test d'efficacité du remède. Ils s'étaient alors installés sur le canapé, allongés l'un sur l'autre et reliés par un tuyau en plastique. Le sang se Tristan s'écoulait lentement dans le corps de son âme-sœur. Lorsque la dose prévue fut atteinte, ils démontèrent le système. Tristan sortit ses clefs de sa poche, la breloque en forme de croix clairement visible.
- Je comprendrais que tu ne veuilles pas le faire, essaya-t-il de la dissuader pour la centième fois.
Alexandra leva les yeux au ciel et, d'un geste rapide, agrippa le trousseau. Elle ressentit à peine une faible chaleur et un picotement la traverser. Ce n'était pas très agréable mais c'était supportable. Un sourire satisfait aux lèvres, elle lança les clefs à Tristan et se précipita dans ses bras.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top