11-Se révéler..
Emma
Mon cœur bat toujours aussi fort. De peur. De nervosité. D'excitation.
À mon retour, Harry est toujours assis à l'extérieur à m'attendre. Au son du claquement de la porte, il se retourne. Ses yeux sont parfaitement alignés avec le reflet de la lune. Harry: mon soleil du matin, ma lune de la soirée et mon étoile de la nuit.
- Elle s'est endormie aussitôt que sa tête a touché l'oreiller.
- C'est toujours aussi facile ? rigole Harry.
- Hum pas vraiment, ne te réjouit pas trop vite, elle devait être extrêmement exténuée avec la soirée mouvementée.
- Comme sa mère, elle est difficile à coucher, blague-t-il.
- Harry, je voulais te dire... merci d'avoir respecté mon choix et je te promets que demain, tu pourras passer du temps avec elle. J'espère que tu n'es pas choqué.
- Hey, c'est correct, je comprends, je veux que tout se passe en douceur pour elle et ce soir ce n'était pas l'idéal.
Il est si compréhensif. Comment, j'ai pu douter une seule seconde qu'il lui pourrait lui pourrir la vie.
- Laisse-moi voir ta jambe.
Il s'est légèrement blessé à la cuisse lors de l'altercation avec Mandy. Probablement un nerf étiré.
Son regard, silencieux. À quoi pense-t-il.
Il se demande peut-être de quelle façon en sommes-nous arrivés là. Aussi loin et à la fois si proche.
Après un amour si intense. Comment tout cela a pu s'évanouir si brutalement ?
- Ça va, je te rassure.
- Laisse-moi jeter un œil. Tu ne voudrais pas être cloué au lit durant des semaines.
En m'agenouillant à ses côté, je dépose une main sur sa jambe, tout en évitant de croiser son regard. Je remonte l'ourlet de son pantalon avec une infime délicatesse, mais après trois plis, je dois m'arrêter, il est trop étroit.
Mon regard se lève vers lui et Harry affiche un timide sourire. Nous sommes figés sur place, à tenter de trouver une solution à un problème si mineur.
- Je devrais peut-être..., bafouille-t-il.
Une main toujours posée sur son mollet, dégageant une chaleur presque enivrante, j'attends qu'il m'en dise plus.
Brutalement, même trop, il déboutonne son pantalon et le laisse tomber au sol.
Je dois me calmer avant que ma confusion ne devienne apparente. Les yeux toujours rivés sur sa cuisse, je m'efforce de garder le focus. Je n'avais jamais réalisé le pouvoir de la vision périphérique, pensé-je à la vue de son boxer noir et surtout moulant, qui m'intimide légèrement.
Sans attendre, je dépose dans la paume de ma main une petite quantité de pommade destinée à décontracter les muscles et les articulations endoloris.
- Dépose ta jambe sur moi, s'il te plaît.
Ma voix tremble. Comment suis-je passé de, "j'ai envie de l'assassiner" à, "je suis agenouillé à quelques centimètres de son entrejambe".
- Quoi ? demandé-je lorsqu'un grognement s'échappe de sa gorge.
Ses yeux s'ouvrent grands et il me demande à son tour:
- Quoi ?
- T'as mal ? Tu...
- Non, dit-il, en se raclant la gorge, tu peux me donner un moment, poursuit-il.
- Oui !
- Tu sais où Matt a déposé mon sac ?
- Dans ma chambre, première, porte à gauche, lui indiqué-je.
Harry traverse la terrasse et franchit les portes qui mènent à la maison avec son pantalon qui tient à peine par ses hanches.
Harry. Mon Harry à moitié déshabillé chez moi.
Je lève les yeux et inspire un bon coup quand la porte s'ouvre à nouveau. Clairement sa nudité l'a mis mal à l'aise puisqu'il porte maintenant un short sport par-dessus son sous-vêtement.
Toujours assise au même endroit les mains dans les airs pour éviter de salir la crème qu'il me reste, je regarde Harry se rasseoir au même endroit qu'il y a quelques instants.
Un rire menace de prendre naissance quand je repense à la situation ridiculement embarrassante.
Je reprends un peu de sérieux et recommence à masser l'endroit endolori.
- D'après moi, si je masse ta jambe de cette façon deux fois par jour, tu vas être capable de monter sur scène vendredi.
Harry sourit à mes paroles. Un sourire contagieux.
- Quoi ? dis-je, souriant à mon tour.
- Rien, juste le fait que tu saches que j'ai un concert vendredi, me rend heureux.
- Tu es une star Harry, tout le monde sait tout à propos de toi.
- Je ne suis pas une star et je ne le serais jamais, je suis juste un auteur/compositeur/interprète. Point.
Je me redresse et je ne peux m'empêcher de sourire. Harry a toujours été si effacé au sujet de sa célébrité.
- Tu mérites ton statut Harry. Tu as travaillé très fort.
Il n'ajoute rien et se contente de me regarder masser sa jambe durant de longues minutes. Mais comme toute bonne chose a une fin, c'est clair que l'un de nous doit briser le silence et ce fut Harry...
- Pourquoi es-tu partie sans essayer d'arranger les choses... je veux dire, tu ne m'aimais pas suffisamment, je ne valais pas la peine ? Tu étais si distante les derniers temps...
- Rien à voir avec les sentiments et tu le sais très bien Harry.
- Pourquoi ? demande encore une fois Harry en élevant la voix.
- Parce que, je t'aimais tellement, je réponds, les yeux brûlant de larmes, et j'avais peur...
- Je t'aimais... dit-il reprenant mes paroles.
Je baisse les yeux désirant à tout prix éviter de voir la douleur dans ses beaux yeux verts.
- Oui, je t'aime...ais. Tu étais censé être là pour moi, mais tu m'as trahi Harry. Et je t'ai haï pour ça, lui crié-je furieuse.
- J'ai perdu la tête avec les obligations, le début de ma carrière solo, l'alcool, la pression et ton changement radical de comportement, je pensais te perdre.
- Mais tu m'as perdu quand même. Et Marguerite.
Je n'étais pas distante. Juste enceinte.
- Dis-moi ce qui s'est passé cette nuit-là. La vérité, je veux l'entendre de ta bouche.
- Je ne crois pas...
- Je veux savoir, le coupé-je, dis-moi où elles ont posé leurs mains, jusqu'où es-tu allé.
Je veux que chaque mot qu'il prononce soit un genre de pansement pour soulager ce qui me fait si mal depuis des années.
J'ignorais que je voulais savoir, mais c'est le cas. Peut-être que la vérité me frappera comme une claque en plein visage, mais je préfère courir le risque plutôt que de vivre dans l'ignorance et le doute.
- Je me souviens... toute la putain de soirée, j'avais hâte d'aller te rejoindre. Emy était là avec autre fille, je me rappelle pas de son prénom. Elles ont passé la soirée à me tourner autour, à m'apporter des shoots et se frotter sur moi.
Harry s'arrête. Il me regarde, l'air d'attendre que je glisse un commentaire.
- Continue ! Je ne ferais pas ton procès Harry, je veux juste savoir.
- Après un certain temps à les regarder danser et se frotter l'une sur l'autre, un type que je connaissais à peine, m'a suggéré d'aller les rejoindre et j'ai accepté. L'alcool coulait à flot et je me suis mis à me foutre de tout. J'ai pensé au groupe, mes amis et à ta froideur des dernières semaines et une énorme colère s'est épris de moi. C'est à ce moment-là que je me suis dit "au diable" et j'ai laissé les deux filles se coller à moi.
- Est-ce que tu as pensé que c'était assuré que je l'apprendrais ?
- Sur le coup, je n'ai pensé à rien, mais un peu plus tard, oui, je savais. C'est pour ça que je n'ai rien fait pour te convaincre du contraire quand j'ai réalisé que tu le savais. À quoi bon mentir et me battre pour quelques choses qui serait dans les journaux le lendemain.
- C'est un peu pour ça que je te crois pour l'histoire à Mandy... même si je t'ai laissé croire le contraire, au fond de moi je savais que tu disais la vérité.
- Emma..., dit-il en serrant les poings, si j'avais su...
- Chut, dis-je déposant mon index sur sa bouche, ne dit surtout pas ce que tu t'apprêtes à me dire. Continue plutôt à me raconter.
- Ensuite, j'ai quitté avec les filles pour rejoindre la chambre à Emy et...
- Et ?
- Emma, je ne peux pas te raconter ça.
La détresse avec laquelle il me demande de mettre fin à son supplice me brise le cœur, mais j'ai besoin de savoir.
- As-tu embrassé l'autre fille ?
- Oui ! Et Emy...
- Je sais, je l'ai vu en première page d'un magazine, lui balancé-je.
- Je n'ai pas baisé avec eux, s'impatiente-t-il, tu veux savoir, je vais te le dire et après laisse-moi tranquille avec ça. Les trois quarts du temps, je n'ai fait que les regarder se toucher. J'ai touché les filles, mais eux, ils n'ont pas eu le temps de mettre leurs mains sur moi, dès qu'Emy a voulu détacher mon pantalon, j'ai comme dessaoulé d'un coup et je suis partie. Mon monde venait de s'effondrer Emma.
- Tu... tu n'as pas, j'ai toujours cru que...
- Non ! Je suis rentré, nous avons fait l'amour et tu es partie. Voici, la fin de l'histoire.
Et je craque. Des larmes roulent sur les joues. Je ne lui aie pas donné le bénéfice du doute, jamais, parce que dans ma tête, tout à toujours été clair en lien avec cette fameuse nuit. Il m'a trahi alors que j'avais le plus besoin de son amour. De lui.
- Emma ! Je n'ai jamais autant regretté quelque chose que cette nuit-là.
Je sanglote encore plus fort et perds ma volonté de résister lorsqu'il me prend contre son torse. L'espace d'un instant fut suffisant pour me faire oublier la méfiance et la colère. Et je pleure toutes les larmes de mon corps. L'intensité de mes sanglots est à son maximum.
- Tu me crois, n'est-ce pas, me demande-t-il, me forçant à le regarder.
Lorsque mes yeux se lèvent, je remarque que son sourire disparaît, son regard fixe intensément mes lèvres. Sa bouche est si proche. Ses mains dans mon dos exercent une légère pression collant son torse cotre ma poitrine. Mon cœur bat de façon sauvage et désordonné.
- Oui, je te crois, Harry.
Nous sommes seules dans la maison, Marguerite dort paisiblement et j'en ai envie. Harry repousse une mèche de mes cheveux qui s'est perdus sur mon visage et à l'instant où je m'attends à sentir ses douces lèvres, c'est plutôt le souffle chaud de sa bouche qui rencontre mon visage.
- Tes courageuse Emma, beaucoup de femmes auraient préféré avorter plutôt que d'élever un enfant seul.
- J'ai pensé le faire, mais je ne pouvais pas parce que...
- Parce que quoi ?
- C'était une partie de toi. De moi. De nous.
Son expression change, sa mâchoire se décontracte et ses yeux s'adoucissent. Harry s'approche agilement et écrase ses lèvres contre les miennes.
L'émotion me noue la gorge. Son baiser est si violent qu'il me faut presque lutter pour ignorer le tourbillon qui sévit en moi.
Je me retrouve quelques années plus tôt, avec l'homme que j'ai tellement aimé, qui m'a fait sentir si précieuse et désirée. Je me recroqueville contre lui, drogué par le sentiment de proximité et le réconfort de savoir qu'il est à nouveau avec moi et qu'il sera présent pour prendre soin de Marguerite.
La partie n'est pas gagnée, mais nous venons de faire un pas énorme.
🌺
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top