Emma

J'ai toujours cru que si j'avais à le revoir, en chair et en os se serait par hasard, dans la rue ou dans un resto. Les scénarios que je me m'étais créés ne ressemblait en rien à ce que se déroulent maintenant.

Depuis que j'ai franchi les portes en verre du petit cubicule et que mes yeux ont croisé les siens, je n'ai qu'une seule envie, me mettre en boule dans un coin et fermer les yeux. C'est ce que je faisais quand j'étais toute petite. Les mains sur les oreilles, je fredonnais une chanson, j'avais ainsi l'impression d'être coupé du monde. Ne plus rien voir. Ne plus rien n'entendre.

Il est là, devant moi.

Sous le choc, mon pouls s'emballe. Pourquoi ici... pourquoi maintenant.

Les souvenirs refont surface, les mêmes que j'ai gardés bien enfouie dans un recoin au plus profond de ma tête.

Issac...
Niall...
Emy... et lui

À l'instant, où j'ai rencontré son regard, j'ai bien compris qu'ils n'étaient rangés aussi loin que je le croyais. Dans mes moments de faiblesse, il m'arrive d'y penser, détruisant à chaque fois un peu de la paix que je me suis créé. Inventé.

Et rapidement, je reviens.

Il m'a menti. Il m'a menti en me promettant de ne jamais me faire de mal.

Et j'ai espéré qu'il tiendrait promesse.

   - Emma, dit-il surpris et à la fois nerveux.

- Oui, M. Styles, je réponds.

Il ne s'attendait tout de même pas à ce que je lui parle comme si nous nous étions vus hier et que rien ne s'était passé.

- Laisse-moi voir la plaie, lui dis-je sans laisser paraître l'émotion.

À l'aide de mon index, je soulève légèrement sa tête pour mieux observer la blessure.

La proximité déclenche en moi un ouragan, mais en aucun cas je ne le laisse paraître. Le calme plat.

- De quelle façon, c'est arrivé ?

- C'est sérieux ?

- Eh bien, oui... J'ai besoin d'entendre votre version, même si elle est déjà écrite dans le dossier.

- Je ne parle pas de ça, s'énerve-t-il, c'est plutôt ta manière de me parler comme j'étais un étranger.

Je retiens mon souffle et pince les lèvres pour ravaler le flux d'émotion.

Il prend ma main faisant arrêter le temps. Ses yeux, accompagnés des miens, fixent nos doigts enlacés. La vue, douloureusement, familière me glace littéralement les entrailles. Son toucher ébouillante ma peau, fait fondre ma chair, comme si la douceur de ses mains avaient laissé place à de l'acide.

Mon cœur se serre quand il la retire. Il vient de partir avec une autre partie de moi. Un grand vide voilà ce que je ressens. Le vide...

- Est-ce que tu aurais un peu de temps à m'accorder ? J'aimerais que l'on  discute, hésite-t-il.

- Je n'ai pas beaucoup de temps Harry.

- Veux-tu déjeuner avec moi ?

- J'ai déjà déjeuné, mentis-je.

- Un dîner ?

J'angoisse devant son empressement évident, à recevoir une réponse.

- Ou bien, juste un café, tente à nouveau Harry.

- Malheureusement, j'ai une semaine bien chargé, désolée, mais ce ne sera pas possible.

- Je veux juste avoir la chance de te parler Emma, ça fait si longtemps.

- Quatre ans ! marmonné-je en déposant le matériel sur la petite table en inox.

Je parle de façon détachée, comme si je n'en avais rien à faire, mais, au fond, il sait très bien que ce n'est que du bluffe.

Les quatre dernières années ont été très éprouvante.

Un long silence.

- Je vais d'abord nettoyer la plaie et ensuite je vais faire les points, dis-je pour changer de sujet.

- Est-ce que ça va faire mal ? demande-t-il inquiet.

- Non, je vais geler ta blessure avant, l'informé-je.

- Ah ! Okay, répond-il soulagé.

- As-tu de la douleur ? Veux-tu que je demande à l'infirmière de rapporter un antidouleur ?

- Non, ça ira...

Délicatement, je désinfecte la plaie à l'aide d'une compresse antiseptique. Lorsque je lève les yeux pour le regarder, j'aperçois qu'il essaie de chasser la douleur en crispant son visage.

Son beau visage.

- Ça va ? lui demandé-je.

- Oui ! Aie, braille-t-il, lorsque l'aiguille rentre en contact avec sa peau.

- Je me suis pris les pieds dans le filage et j'ai atterri le menton sur le coin d'un amplificateur, lance-t-il.

- Oh ! Je vois.

Harry observe chacun de mes faits et gestes. Il semble nerveux. Il ronge ses ongles. Je ne l'avais jamais vue faire dans le passé. Quatre ans, c'est suffisamment long pour qu'une personne change. Au fond, je ne connais plus rien de cet homme.

Mon cœur se serre. Je ne connais plus rien de lui. Un inconnu.

Où vit-il, quelle est la marque de sa voiture, quels sont les aliments qu'il préfère manger, son resto du moment, ses hobbies, quelle musique le branche, qu'a-t-il fait cette année à Noël, avec qui a-t-il dormi hier... je ne connais plus rien.

J'ai quitté sa vie, il y a déjà un long moment. J'ai changé depuis, il a changé. Oui, nous avons changé.

Et ça fait atrocement mal quand j'y pense.

Pour moi, mais surtout pour ma petite Marguerite.

- Laisse-moi un numéro pour te rejoindre, s'il te plaît Emma, me supplie-t-il.

Je ne sais pas lui résister... je n'ai jamais su, et je ne le saurai sans doute jamais...

🌺

Coucou, j'ai quelques jours de retard pour la publication et je m'en excuse. J'ai commencé une migraine vendredi qui s'est terminée dimanche 😭.

J'espère que l'OS vous a plu ❤️ j'avoue que ce n'était pas facile de replonger dans l'histoire après quelques semaines d'arrêt.

Je vous retrouve au prochain, qui ne devrait pas tarder, si tout va bien 😊.

Bonne semaine mes trésors ❤️😘

Le média ❤️❤️ les yeux... omg 😍