Chapitre 23

Chapitre 23.

Legolas revint plusieurs dizaines de minutes plus tard avec Thranduil sur les talons. Son père avait tenu à voir le miraculé de ses yeux. Lorsqu'ils arrivèrent dans la chambre, Aragorn était en train de rire à une des grossièretés de son ami Gimli. Legolas l'observa attentivement : les petites rides qui avaient commencé à se creuser dans le coin de ses yeux paraissaient s'être atténuées. La peau de son visage était aussi lisse et figée dans le temps que n'importe quel elfe. C'était un peu étrange au premier regard... enfin, « étrange » n'était pas le mot, « différent » serait plus adapté. Mais Aragorn était beau. Il l'avait toujours été, son charisme naturel y étant pour beaucoup. Et il avait fait tout ça pour lui.

— Eh bien, je ne pensais pas que vous le feriez vraiment, dut avouer Thranduil en constatant ce qui était.

Aragorn fixa le roi de ses yeux gris, l'air sérieux.

— Vous aviez promis.

Le souverain elfique prit une grande inspiration. Ça ne lui plaisait pas, mais il était un homme de parole et savait reconnaître le courage et la dignité. Il n'y avait nul doute qu'Aragorn possédait ses deux qualités. Il avait fait le voyage jusqu'au Valinor pour prouver sa bonne foi et par amour.

— Vois, Legolas, ce que cet homme a fait pour toi. Je suis forcé d'admettre, à contre-cœur, qu'il a la bravoure du roi qu'il est. Pour être honnête, je ne m'y attendais pas, dit-il avec un pincement des lèvres hargneux, Cette quête devait soit le décourager soit le conduire à la mort, car seuls les êtres les plus nobles reviennent des Cavernes de Mandos. Je ne pensais pas qu'il serait assez fou – ou courageux, appelez cela comme il vous en convient – pour se jeter dans cette quête sans issue et dont personne ne revient en étant exactement le même. Or, une promesse est une promesse. Les Valar mêmes savent à quel point je déteste que l'on ne tienne pas parole...

Les lèvres de Thranduil se serrèrent et son poing se crispa légèrement alors qu'il prononçait ses mots. Les nains n'avaient pas de parole. Il les avait toujours eu en horreur.

— ... Cela dit, Elessar, roi du Gondor et d'Arnor, descendant d'Isildur, je vous donne ma bénédiction en tant que souverain, mais également en ma qualité de père. Que mon fils, Legolas, soit votre, mais n'osez jamais le trahir ou vous le paierez de votre longue vie. N'oubliez pas que cette union n'est pas à prendre à la légère, car les elfes n'aiment qu'une fois.

Gimli resta complètement abasourdi par ce qui venait de se dérouler sous ses yeux, tandis que Legolas baissait le regard. Les jeux étaient faits désormais. Son père venait de donner sa main à Aragorn, alors il n'y aurait plus de retour en arrière ou il en allait de la réputation de la famille Greenleaf. Thranduil, en tant que roi et en tant que père, avait droit de veto sur son union, que le souverain donne sa bénédiction n'était pas une mince affaire. C'était à prendre très au sérieux.

Les sentiments de Legolas étaient mitigés. Il était heureux que ce soit Aragorn et pas un autre, mais d'un autre côté, il avait l'impression que son père et le roi du Gondor avaient organisé tout cela dans son dos sans jamais lui en glisser un mot. C'était comme si Thranduil avait donné sa main sans son consentement, comme s'il était vendu... Non seulement cela, mais Aragorn avait risqué sa vie dans les cavernes de Mandos pour lui parce que Thranduil lui avait dit sans même lui en parler d'abord ! L'elfe se sentait frustré par cette situation qui, même si les choses auraient pu très mal tournées, se finissait bien.

Legolas crispa légèrement les poings, mais prit sur lui et ne dit rien. L'honneur était une des valeurs les plus importantes pour les elfes. Il savait bien se tenir et encaisser sans un mot. Il en était certain à présent : il ressentait quelque chose pour Aragorn et si son père avait décidé qu'il serait sien, il en serait ainsi.

Son cœur battait étrangement fort. Il posa une main sur sa poitrine comme si ça avait le pouvoir d'en atténuer la frénésie. Il n'avait jamais senti quelque chose de semblable auparavant.

Thranduil les observa encore pendant quelques instants, puis il prit congé avec le sens du devoir accompli, enjoignant Gimli à en faire de même d'un simple regard lourd de sens.

— Je... vais vous laisser..., déclara le nain en marchant à reculons jusqu'à la porte, vous avez sans doute... beaucoup de choses à partager... je suis de trop...

Lorsqu'ils furent seuls, Legolas s'autorisa à lever les yeux. Aragorn le regardait en souriant.

— N'es-tu pas heureux ?

— Je crois que je le suis, affirma l'elfe sans avoir retirer sa main de sur son cœur, c'est un sentiment des plus particuliers... mon cœur bat si vite.

— Le mien aussi, approche.

L'homme s'approcha du lit et Aragorn lui attrapa le poignet pour qu'il pose la main sur son cœur. Legolas déglutit. Le cœur de son compagnon battait aussi fort que le sien.

— J'ai peut-être sacrifié ma mortalité, dit Aragorn, mais je me souviens encore de ce qu'est qu'être un homme, du désir et de la luxure... c'est l'amour la raison de cet affolement de ton cœur.

Ils s'embrassèrent lentement et s'enlacèrent tout le jour sans pour autant franchir l'ultime barrière.

Au matin, ils échangèrent des anneaux de fiançailles offerts par Thranduil lui-même, ultime preuve de sa bénédiction, en provenance de la Voûte.

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