Chapitre 21
Chapitre 21.
Thranduil prit une grande inspiration, la paume posée sur le front d'Aragorn. Le roi fronça les sourcils, puis il secoua la tête.
— Son corps est ici, mais son esprit est toujours parmi les Valar.
Legolas observa son père avec inquiétude.
— Qu'est-ce que cela signifie ?
— Qu'il ne t'es pas encore entièrement revenu. Il mène encore un combat pour revenir à toi...
Thranduil se redressa et se détourna du grand lit où reposait le souverain du Gondor. Il ne pouvait rien pour l'aider. Aragorn était le seul maître de son destin et lui seul pouvait lutter pour revenir.
— Que peut-on faire pour l'aider ?
— Rien. Je suis désolé, mais rien ne peut être fait.
Legolas s'écroula sur un fauteuil posé près du lit.
— On pourrait lui chanter une chanson, proposa Gimli, ça redonne toujours le moral !
L'elfe releva la tête, puis acquiesça. D'une voix douce, il entama un chant de guérison.
And in the dust and in the sand
Here's laid the knight after the fight
Red water covered his face
He was brave and he was safe
The old magic throughout his veins
As the north wind was whistling
Here was back the Gondor's king
Comme le chant se terminait, la voix de Legolas se cassa. On lui avait appris à chanter tout en étant de marbre même dans les moments les plus difficiles, mais il avait flanché sur les dernières notes.
— Je suis sûr qu'il a entendu, dit Gimli en donnant une petite tape sur la cuisse de son ami.
Legolas avait cru qu'attendre Aragorn et souffrir de son absence était la plus terrible des tortures, mais voir le souverain allongé et inerte était peut-être pire.
***
Tout était noir. Noir. Les ténèbres l'enveloppaient comme un épais voile. C'était comme s'il se noyait. « À l'aide ! Y a-t-il quelqu'un ? » criait-il sans jamais avoir de réponse. Tout était si sombre... Ne reverrait-il jamais la lumière du soleil ? Il lui semblait avoir marché pendant plusieurs jours et plusieurs nuits sans avoir trouvé la sortie de ce sinistre endroit. Tout n'était qu'obscurité.
Ses yeux avaient fini par s'habituer un tant soit peu à la pénombre et il avait fini par distinguer les murs de pierre lisse et les ombres. Ni complètement des elfes ni complètement des nains, ils étaient plus proches des spectres. Leur enveloppe de chair se reconstituait peu à peu, mais pour la plupart, ils avaient toujours un aspect vaporeux. Il avait essayé de leur adresser la parole, mais on ne lui répondait jamais. Les spectres flottaient sans véritable destination. S'il avait le malheur de les toucher, ceux-ci disparaissaient en fumée, laissant un courant d'air glacial sur leur passage. Il avait peur de disparaître, lui aussi.
En levant les mains devant lui, il avait constaté qu'il devenait lui-même de plus en plus vaporeux. Le temps était compté. Au bout de plusieurs jours de marche, il découvrit un chemin qui semblait différent de tout ceux qu'il avait emprunté jusqu'à présent. Il débouchait sur une cavité rocheuse où coulait une source d'eau pure. Une statuette reposait sur un petit socle au centre de la chute d'eau. Il se laissa tomber à genoux devant elle. Elle représentait une sorte d'homme avec une longue barbichette, des oreilles pointues et une toge. Il pria et pria encore. Dans ce monde où tout était si sombre, il n'avait plus faim ni soif ni sommeil. Il perdait le compte des heures et des jours. Il n'y avait plus de nuit ni de matin.
Or, après avoir longuement prié, une lumière éblouissante jaillit de la statuette. Il fut complètement aveuglé si bien qu'il crut avoir halluciné l'homme géant qui apparut devant lui. À genoux, il lui arrivait un peu plus haut que les chevilles.
— Elessar Telcontar, roi des royaumes réunifiés de l'Arnor et du Gondor, descendant d'Elros de la lignée des Peredhil, je sais pourquoi tu es ici, prononça une voix grave qui emplit toute la caverne. Tu as du courage, Homme, de t'aventurer de ton plein gré jusqu'à cette terre sans savoir s'il te sera permis de revenir.
Il posa sa tête contre son genou, s'inclinant davantage.
— Ainsi, tu me réclames le choix, poursuivit le Valar, pensif. C'est une demande inhabituelle. Il est vrai que tes faits d'armes sont impressionnants et que, contrairement à d'autres, tu as continué de croire en notre puissance. Je vois... mon don de clairvoyance perçoit que ton règne égalera en renommée celui des anciens Rois de Númenor. Tu n'es pas un homme ordinaire, Dúnedain du Nord. Donne-moi une autre bonne raison de t'accorder ce choix ?
Il secoua la tête, puis releva les yeux sur le dieu.
— Je l'aime, répondit-il simplement, je donnerais ma vie pour la sienne.
Était-il naïf de croire que cela suffirait ? Mandos l'observa longuement. La lumière devient de plus en plus intense jusqu'à ce qu'il soit impossible à l'Homme de garder les yeux ouverts. D'un seul, il se sentit projeter comme en-dehors de lui-même. Il voyait la lumière l'engloutir et la caverne disparaître. Il essaya de crier et de s'accrocher à quelque chose en vain.
Puis, soudainement, il ouvrit les yeux.
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