Chapitre 13
Est-ce utile de dire que j'aime énormément le personnage de Thranduil ? C'est un personnage tellement complexe et profond. J'espère que mon interprétation de celui-ci ne sera pas mauvaise !
Chapitre 13.
Ils franchirent la Brèche du Rohan aux premières lueurs de l'aube et, après une journée entière à chevaucher, ils pénétrèrent dans la forêt noire un peu avant la fin de l'après-midi. Leur petit groupe fut arrêté par une garnison d'elfes, puis dès qu'ils reconnurent Legolas et Aragorn, la tension baissa d'un cran et on les escorta au cœur de la Lothlòrien.
— Thranduil sait déjà que vous êtes là.
Évidemment qu'il le savait. Comme à Fendeval, on se chargea de mettre leurs montures à l'écurie, puis on les conduisit dans la salle du trône. Thranduil les l'y attendait dans toute sa splendeur. Le grand homme était assis sur son siège, les jambes croisées et le visage fermé. Ses yeux étaient froids et perçants. La couronne d'écorce posée sur sa longue chevelure blanche ajoutait de la prestance au personnage. En les regardant tout à tour, il était impossible de ne pas remarquer les ressemblances évidentes entre Legolas et son père. Ils partageaient une beauté non-négligeable, une peau lisse et blanche, d'épais sourcils foncés, de longs et fins doigts faits pour manier l'épée ou l'arc, un nez bien droit et des yeux d'un bleu hivernal.
Thranduil planta son regard glacial et son visage immobile sur son fils, attendant visiblement que ce dernier s'exprime en premier. Aragorn fut plus rapide et il s'inclina en posant un genou à terre, alors que ses deux compagnons ne bougeaient pas. Un nain ne faisait pas la révérence devant un elfe et Legolas ne s'inclinait pas devant son père même s'il était aussi son roi. Thranduil eut un rictus quelque peu amusé en constatant la situation.
— Je sais pourquoi vous êtes ici, dit finalement le roi elfique, mais je ne comprends pas pourquoi vous avez amené, avez-vous, un... nain.
Sa bouche de déforma en une légère grimace sur le dernier mot. Gimli, impulsif de nature, ne perdit pas de temps pour dégainer sa hache et faire un mouvement vers le roi qui resta complètement immobile, ne se sentant nullement menacé. Legolas allongea le bras et stoppa son ami de faire un pas de plus dans la direction de son père.
— Je vais vous apprendre de quoi son fait les nains ! s'exclama Gimli haut et fort.
Thranduil haussa les sourcils.
— Oh, mais je le sais déjà... ils sont faits de colère, d'impulsivité et de non-sens.
Quelle autre opinion devrait-il avoir des nains qui avaient jalousement gardé les bijoux et les joyaux de la seule femme qu'il n'avait jamais aimée et qu'elle lui avait donné en gage de leur amour, l'empêchant d'aller les récupérer au cœur de la montagne après sa mort et déclenchant ainsi une guerre sanglante qui avait décimé nombreux des siens ? Gimli avait, de plus, des liens de sang avec Balin, son cousin, et Glóin, son père, deux nains qui avaient appuyé Thorin lors de la Bataille des Cinq Armées, de quoi rendre le souverain encore plus méfiant et haineux à son égard. Thranduil se souciait peu des mots qu'il employait. Si Gimli s'énervait davantage, non seulement il confirmerait tous les préjugés du roi des elfes sur son espèce, mais il suffirait que d'un mouvement de bras de la part du père de Legolas pour l'envoyer au cachot.
— Ça suffit Gimli, lui intima l'archer.
— Et vous, prononça Thranduil en tournant son regard froid sur Aragorn qui, entre temps, s'était redressé, je vois que Legolas a pleinement accompli la mission pour laquelle je l'ai envoyé il y a plus de quatre-vingts ans.
— Legolas m'a beaucoup aidé dans ma quête. Nous ne serions sans doute pas arrivés à battre Sauron sans lui.
— Évidemment, trancha sèchement Thranduil, alors sa mission auprès de vous est désormais terminée. Il lui faut penser à son futur. Au mariage. Vous êtes le roi des royaumes réunifiés de l'Arnor et du Gondor, ne restez pas pendu à la cheville d'un autre. Personne ne gouvernera à votre place. Les vies humaines sont si courtes, un clignement de paupière dans le temps suffit à les faire disparaître... vous devriez vous préoccuper de votre descendance avant qu'il ne soit trop tard et que la lignée d'Isildur ne s'éteigne.
» Néanmoins, je dois vous remercier de m'avoir ramené Legolas. Ainsi votre périple s'achève pour de bon. Il y a des années de cela, j'ai parlé de vous à Legolas, alors qu'il ne souhaitait pas rentrer à la maison avec moi, je lui ai dit d'aller au Nord, car un jeune homme sans nom et sans couronne allait avoir besoin de lui et, aujourd'hui, vous revoilà tous les deux en Lothlòrien devant moi.
Thranduil semblait persuadé que toutes les histoires devaient se terminer à genoux devant son trône d'écorce.
Legolas et Aragorn se tinrent immobiles, encaissant les paroles de Thranduil sans broncher. L'homme était bien différent d'Elrond. Alors même que le sujet n'avait pas encore été abordé, le souverain du Gondor pouvait déjà prédire les raisons pour lesquelles l'elfe ne serait pas en faveur d'une quelconque union entre son fils unique, prunelle de ses yeux, et un Edain.
Aragorn opta pour l'option diplomatique, cherchant à attendrir leur interlocuteur devenu méfiant au fil des âges, des batailles et des morts qu'il avait vus et traversés.
— Je vous remercie de nous accueillir chez-vous et de nous offrir l'hospitalité. Si vous le permettez, j'aimerais m'entretenir avec vous seul à seul.
Thranduil le toisa longuement, puis il finit par hocher la tête.
— Legolas, laisse-nous seul et amène ce nain hors de ma vue. J'aurai à te parler plus tard.
Le « jeune » elfe ne protesta pas et se contenta d'acquiescer. Il savait de quoi son père voulait lui parler... probablement du mariage et des visions d'Elrond. Thranduil n'avait pas le don de la vision, mais il possédait un sixième sens elfique qui le trompait rarement. Il entraîna Gimli avec lui en-dehors de la salle du trône, ne pouvant s'empêcher de se demander ce dont Aragorn voulait s'entretenir avec son père. Elrond lui avait-il dit des choses à lui aussi ?
— Pourquoi Aragorn veut-il parler à quelqu'un d'aussi malpoli ? gronda Gimli une fois qu'ils furent seuls.
Legolas secoua la tête.
— Nous le saurons bientôt. Les murs ne restent jamais longtemps silencieux.
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