Prologue à Tetzrâh

Un homme,

Aussi banal qu'il ne l'avait jamais été durant sa vie, se tenait à présent debout face à son trône : Impuissant, fut-il pris de toutes parts.

Et pourtant, sa stature et son habit témoignaient de sa grande notoriété en ce monde bien mystérieux.

" Cet homme là ! "

Se retrouvait fatalement abattu sur son propre terrain, et pour seul refuge, il semblait puiser force en ce petit médaillon qui reposait fermement au creux de sa paume. Il le scrutait avec toute son attention et son énergie, et constata qu'en son centre demeurait impensablement une fissure allant de part en part de son symbole. C'était ainsi le signe manifeste de son pouvoir qui bientôt s'éteindrait de si peu. Il en était totalement conscient, mais tristement faible.

Car lui, homme vaillant qui s'était bien des fois montré courageux, ne pouvait désormais plus soutenir cette vague d'émotion qui lui parcourait l'échine jusqu'à la moelle des os. Seule la peur, son plus vieil opposant, ne s'emparait point une seule seconde de ses entrailles. Il est clair qu'il attendait cette tumultueuse tempête depuis bien longtemps, l'heure était enfin venue pour elle de frapper à grands coups.

" Père ! "

La voix d'un jeune enfant retentissait parmi les exclamations de rage, et résonnant en lui, elle parut étonnement familière à son écoute. Toutefois, il n'aurait su immédiatement la reconnaître. Le chamboulement fut si fort en son esprit, que cela le désorientait de tous ses sens, son être étant ainsi déconnecté de la réalité. Mais le brouillard s'estompa, et s'effaçant peu à peu de ses vives pensées, ne voilà-t-il pas que son fils unique se tenait à présent devant lui ! Il percevait la crainte de l'homme se propager progressivement à travers les yeux dilatés de l'enfant, et il entendit l'être innocent s'écrier d'une voix faussement assurée :

— Père, allons-nous en, vite ! Le temps nous est désormais plus en notre faveur, hélas ! Nous allons tout perdre ici-même, mais nous ne pouvons pas nous permettre de vous perdre vous, grand roi ! 

Mais l'homme fit cependant signe de réticence. Un être aguerri savait pressentir l'achèvement de son dernier souffle de vie en ce nouveau monde. Il n'avait aucun doute à son jugement, il allait définitivement mourir ici-même. Nul ne pouvait changer ce funeste destin. Et s'adressant à son héritier, il confessa ces dernières paroles à travers ce chaos absolu :

Je ne suis pas un saint, Mizushi.

Et voici qu'en ce jour, mon peuple est anéanti sous mes yeux par les flammes et les tourments éternels. Penses-tu que fuir lâchement, est ce qu'il y a de plus honorable pour une âme damnée comme la mienne ?

Je suis le roi de Chôross !

Si mon royaume n'est plus, alors je disparaîtrai avec lui dans son désarroi. J'accomplirai mon rôle jusqu'à la fin de sa chute !

Mais toi, ô jeune prometteur ! Tu te dois de fuir, loin d'ici, jusqu'à ce que tu deviennes mûr ; lorsque les cloches sonneront le jour de la revanche.

Et alors, tu laveras le nom de ton peuple, ainsi que celui de ton père.

Moi, ton Roi et bien aimé père: Lex Machiruss

Adieu mon fils.

Sèla


Telle fut la descente aux enfers.


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