Faire l'amour, n'était-il pas un bel acte en soi ?

Beaucoup répondront affirmativement, soit sous l'effet du plaisir, soit sous celui de la réjouissance de la reproduction. Car donner vie à un autre être, c'est lui accorder le privilège de découvrir et de jouir légitimement des merveilles de ce monde. Mais c'est aussi être soi-même heureux de réaliser ce cadeau inestimable. Véritablement, c'est un acte admirable !

Cependant, nous vivons actuellement une époque où le système mondial n'a plus aucun avenir sûr à proposer aux générations suivantes. " La Terre suit sa déchéance lentement, mais sûrement " aimeront-ils sans cesse de vous le rappeler. Ne serait-il pas alors un manque d'amour que de mettre au monde une créature innocente alors qu'elle souffrira dans l'impuissance du silence ? Pouvons-nous dans ce cas nous opposer à ce que deux personnes donnent naissance à un enfant ? 

Cette restriction semble impossible, car c'est l'une des choses les plus naturelles qui soient pour l'Homme. On apprend dès le plus jeune âge à dire bonjour, mais Tarzan n'eut point besoin de mode d'emploie pour explorer les contrées de la chair lorsqu'il rencontra Jane. C'est incontestablement un dispositif de survie de l'espèce. Parlons-en d'ailleurs ! de survie. Elle se rattache souvent à la notion de sacrifice, un pour tous et tous pour un tel le dit le dicton. Et cela, depuis la fécondation de l'homme.

Car nous étions des millions, mais un seul d'entre nous survécut à cette épreuve.

La vie ne doit point être méprisée. Le mécanisme reproductif a toujours été cet éternel parcours du combattant pour les êtres insignifiants que nous étions au départ de notre conception. Et pourtant, nous avons déjoué les pièges du col et de l'utérus lui-même, sprintant, endurant pendant des heures une course effrénée à laquelle un seul fut prédestiné à atteindre l'ultime destination.

La glorieuse rencontre de l'ovule.

Tant d'éléments ont joué durant ce parcours déchaîné, et tant de facteurs tels que la chance, le hasard et l'énergie fondamentale à cette traversée ont accompagnés les plus ' bataillants ' vers la ligne droite. C'est ainsi que tous moururent pour qu'un seul soit sauvé, afin qu'il ait la récompense de la vie véritable.

Le processus se met immédiatement en marche. Fécondation. Multiplication. Métamorphose : s'ensuit l'achèvement des neuf mois tant redouté. Puis, un être vint alors au monde, tel un miracle accordé par le ciel.

" Un enfant nous est né ! " s'écrièrent-ils tous.

Ce petit être pleure, de tristesse ? de joie ? Qu'en est-il des proches ? Il est clair que le sourire de ses parents rayonne splendidement à travers toute la salle comme une auréole au-dessus de leur tête, apportant chaleur et amour au sein de cette nouvelle famille. Les cris de l'enfant, le rire du père et de la mère, les exclamations d'allégresse des proches : tout ceci forma la première note du chant de Victoire. Car naître est, pour mieux le dire, survivre à une première épreuve.

Mais naître, fut avant tout remporter notre première victoire !

De même, un grand sacrifice dans l'avenir s'opérera. Tandis que les uns seront voués à la destruction, les autres seront promis à un avenir meilleur et ambitieux. Lors d'une nuit de pleine lune, ils trouveront enfin le chemin menant vers ces nouveaux délices de la vie. Un nouveau monde, de nouveaux cieux, de nouvelles sociétés à venir. Et des gens pour y habiter. 

N'oubliez-pas, ils sont sept survivants.