Chapitre 4
Alors que les deux jeunes adolescentes allaient congédier la mère d'Alison, celle-ci releva des yeux étonnés vers Willa.
- Mais, dis-moi, tu ne m'as toujours pas expliqué pourquoi tu es ici !
Willa fut prise au dépourvu par la question mais son cerveau se mit tout de suite à tourner à plein régime. Un mensonge. Elle devait trouver un mensonge. Plausible. Qui empêche Mme Petrone de téléphoner à son père. Et qui l'autorise à rester chez son amie. Alors, elle s'inventa une excuse, qui remplirait tous ses critères. Mais, pas avec assez d'assurance, elle lâcha :
- Heu... Mon père s'est dit que ça me ferait plaisir de revoir Alison... Alors heu... Il... Il m'a déposé ici et... est reparti.
Elle essaya d'afficher un sourire convainquant, sans grande réussite. Willa se sentait terriblement mal de mentir à la mère de sa meilleure amie. Mais elle n'avait pas le choix ! Si elle lui disait la vérité, elle la renverrait chez elle ou appellerait les services sociaux... Et aucune des solutions ne paraissait plus attrayante que l'autre aux yeux de Willa...
- Ha ? Et pourquoi ton père n'est pas venu nous saluer ?
Elle ne savait pas si elle mentait bien ou pas, mais cette situation embarrassante n'empêchait pas la femme de continuer son interrogatoire.
- Eh bien c'est parce qu'il... Il avait un train à prendre.
- Ah oui...
- Oui parce qu'il c'est enfin trouvé un nouveau travail... Mais c'est pas tout près... Alors il doit prendre le train...
- Alors tu peux me dire pourquoi il a téléphoné deux fois sur le fixe et une fois sur mon portable ?
Willa ne s'attendait pas à ça. C'était tout bonnement inconcevable. Elle aurait pu parier un rein que son père ne s'était même pas aperçu de sa fuite... Et pourtant...
- Peut être parce qu'il croit que j'ai oublié quelque chose à la maison et que... il n'a pas pensé à m'appeler sur mon téléphone ?
Elle était assez fière de ce qu'elle venait d'inventer...
Normalement, Mme Petrone ne pourrait rien y trouver à redire...
- Ha ! Tout s'explique !
Son ton théâtral paraissait plus que forcé. Elle n'avait absolument rien gobé de toute l'histoire que Willa s'était efforcée d'inventer, en parfaite improvisation ! Enfin, presque parfaite...
- Haha oui... Je ne sais pas ce que j'ai oublié mais ça doit être important si il vous a appelé deux... non, trois fois ?
- Sûrement... Sûrement...
La scène qui se jouait semblait être interprétée par des comédiens vraiment mauvais : les deux actrices n'étaient absolument pas convaincues par leurs tirades et le spectateur n'arrivait pas à garder son sérieux alors que la situation aurait due être critique... Celui-ci se sentit donc obligé d'intervenir pour sauver la représentation.
- Bon maman, Willa peut rester cette nuit ? Au moins ? Ok, c'est inattendu mais bon...
- Oui bien sûr... De toute façon, si nous n'accueillons pas Willa cette nuit, elle va se retrouver seule chez elle...
La mère venait de commettre un énorme maladresse. Mais les mots étaient sortis avant qu'elle ne s'en rende compte et il était maintenant trop tard pour les empêcher de s'en prendre à Willa.
Les épaules de l'adolescente s'affaissèrent... Les mots prononcés avaient plus de conséquences que Mme Petrone ne pouvait l'imginer...
En effet, elle se retrouverait seule chez elle... Mais ça ne changerait pas des deux dernières semaines. C'est elle qui s'occupait de son père. Pourtant, les rôles auraient dus être inversés ! Mais c'est bien Willa qui supportait toute la douleur, tous les mots embarrassants des passants, tous les regards gênés, causés par la mort de sa mère...
C'était un des principaux désavantages du fait d'être la fille de la directrice de la police municipale qui ramenait l'ordre dans les trois communes alentour... tout le monde connaissait tout le monde, et encore plus la famille de la personne qui protège les villages...
Heureusement, ce moment gênant fut brisé dès que Willa leva ses yeux de chien battu vers Mme Petrone. Celle-ci, craignant la réaction de la jeune fille, était en train de se mordiller l'intérieur des joues, comme le ferait un enfant stressé par une note. Elle essaya de se reprendre, de se faire pardonner.
- Oui Willa ! Bien sûr que tu peux rester ! Tu es ici chez toi !
- Oh ! Merci beaucoup Mme Petrone !
Toutes ces préoccupations des quelques secondes précédentes avaient disparues... Mme Petrone avait tout simplement oublié les suspicions qu'elle avait quelques minutes plus tôt à l'encontre de Willa ! Ne s'attendant pas à ce que ça se passe aussi bien, Willa poussa un petit cri de joie et regarda son amie d'un air immensément joyeux.
- Willa, vas t'installer dans la chambre d'Alison, je vais vous apporter une couette en plus... Vous voulez des sacs de couchage ?
Les deux adolescentes se jetèrent un coup d'oeil complice qu'elles seules pouvaient comprendre.
Elles se ressassaient les innombrables soirées pyjamas qu'elles avaient organisées. Les longues nuits à parler garçons et à critiquer toutes les pestes du collèges, toutes les deux dans un sac de couchage, à glousser pour rien et à rigoler pour tout.
Alors, sans se consulter plus que ça, elles opinèrent toutes les deux la tête d'un geste énergique. Elles allaient monter dans la chambre d'Alison quand Mme Petrone posa une dernière question à Willa :
- Tu as mangé avant de venir ici ?
Ho non ! Une question piège ! L'estomac de Willa voulait à tout prix répondre non à la mère pour qu'enfin, il puisse se remplir convenablement, avec autre chose que des steaks hachés, des pâtes et des oeufs ! Mais après réflexion, vu l'heure à laquelle elle était arrivée et celle où elle mangeait d'habitude, ça ne serait pas crédible. Alors, à contre coeur, elle refusa l'offre cachée de Mme Petrone.
Son ventre vide lui fit savoir son mécontentement en se mettant à gargouiller bruyamment, contredisant la réponse de la jeune fille. Elle essaya de simuler une quinte de toux pour cacher ce bruit embarrassant... résultat non-concluant. Mme Petrone haussa un sourcil mais ne releva l'attitude étrange de l'adolescente.
- Très bien. Si vous voulez, il y a quelques gâteaux dans le placard de la cuisine. Alison, pourquoi n'irais tu pas les chercher ?
Alison y alla, tout sourire. Willa, sentant venir d'autres questions embarrassantes, s'esquiva et monta dans la chambre de son amie.
Elle l'avait toujours adorée. La première fois qu'elle avait pénétrée dans cette pièce, elle était tout de suite tombée sous son charme. Et celui-ci opérait encore. Willa adorait la décoration américaine. Une lampe rouge avec des grattes-ciel noirs. Une bibliothèque noire aux étagères rouges. Des cadres noirs et blancs des quartiers côtés de New-York. L'ensemble était tellement harmonieux que la chambre semblait tout droit sortie d'un catalogue. Et elle admirait aussi la façon de ranger d'Alison. Willa n'avait jamais aimé ranger sa chambre. Pourtant Alison non plus. Mais il n'y avait pas des tonnes d'affaires sales empilées dans un coin de la chambre ou des chaussettes mal rangées trainant n'importe où dans la pièce. D'accord, ça c'était l'extrême, mais la chambre d'Alison était bien rangée sans pour autant faire "fille coincée". Et Willa admirait vraiment ça.
Elle était restée plantée là, devant la porte ouverte de la chambre de son amie. Puis celle-ci revint et et elles rentrèrent ensemble dans la pièce. Alison alla vérifier que sa soeur dormait, récupéra les sacs de couchage que sa mère avait déposés en haut de l'escalier et lui cria bonne nuit, pour ne pas avoir à redescendre dans le salon. Willa fit de même et elles s'enfermèrent dans la chambre.
Le sourire de façade qu'affichait Alison disparut d'un coup et le regard grave qu'elle avait décider de prendre faisait très clairement comprendre à Willa qu'il ne fallait rien tenter comme technique de dissimulation. Pas avec elle. La jeune adolescente prit un air outré et demanda à son amie :
- Willa. Est ce que tu me fais confiance ?
- Oui bien sûr ! Pourquoi cette question ?
- Tu ne me mentirais pas ? Pas à moi ?
- Non ! Mais pourquoi voudrais tu que je te mente ?
Alison pris une grande inspiration, redoutant la réaction qu'allait avoir son amie face à sa question... Mais elle avait encore plus peur de la réponse qui l'attendait.
- Willa. Qu'est ce qui se passe chez toi ?
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Et voilà ! Un chapitre de plus !
Est ce que ça vous plait toujours ?
N'hésitez pas à voter/commenter pour me faire savoir... Et attention ! Exceptionnellement ce soir, il y aura deux chapitres de postés !
Plus d'explications dans le prochain chapitre...
Et c'est les vacances !! Enfin... Alors bonnes vacances à tous !
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