Chapitre 32
Jean se retourna d'un mouvement rapide et se retrouva face à un immense loup au pelage d'un gris aussi sombre que le néant. Le souffle de l'animal se faisait entendre malgré les bruits de la forêt et se matérialisait en un petit nuage blanc, contrastant étrangement avec ses poils foncés. Une énorme balafre s'étendait le long de sa joue et de son oeil droit en trois grandes griffures. Ses yeux rouges sang ne semblaient pas très amicaux. Le canidé avait une posture offensive et de la bave sortait de sa bouche entre ses crocs acérés. Il ne ressemblait pas vraiment à un animal égaré de sa meute, mais plutôt à un molosse enragé qui n'attendait plus que l'attaque.
Il avança doucement d'un pas vers Jean et Willa et aussitôt, ils reculèrent de deux.
- Il y a forcément une explication... essaya de rationaliser Jean.
- Franchement, j'ai beau chercher, je vois pas, là ! se plaint Willa.
- Surtout, n'aie pas peur Willa...
- C'est facile à dire !
Pas à pas, les deux adolescents avaient déjà reculés de plusieurs mètres. Le loup avançait calmement, sans quitter des yeux ses proies. Dans son regard se traduisait, par une lueur sanglante, une envie indescriptible de déchiqueter en de minuscules morceaux la chair de ses victimes.
Willa buta soudain sur quelque chose. Elle sursauta en se retournant aussi vite qu'elle le pouvait. Son cœur battant la chamade, elle dressait déjà la liste de l'ensemble des choses qu'elle regrettait dans sa vie, sentant sa dernière heure arrivée. Elle plaça sa main devant elle, en signe de protection ultime contre ce qu'elle pensait être un autre loup, mais sa paume ne rencontra que de l'écorce humide. Elle soupira mais derrière elle, un grognement sourd résonna sous le couvert des arbres.
Jean avait pris un peu d'avance dans sa fuite minutieuse et le loup se rapprochait dangereusement d'elle. Sa gorge se serra sous l'effet du stress et des petites gouttes de sueur froide se formèrent sur son front.
- Willa, pense à nos soirées d'avant ! Quand on était au collège, jeune et innocent ! essaya de la rassurer Jean.
- C'est pas le moment de me rappeler mes bons souvenirs alors que je suis sur le point de me faire bouffer par un loup ! s'écria la jeune fille à cran.
- Willa ! Calme toi ! Il ressent ta peur et ça le rend agressif !
- Merci de me rassurer, c'est sympa, dit simplement Willa, la voix tremblante.
- C'est à ça que ça sert les amis, non ? affirma Jean.
- C'était ironique, idiot !
- Qui c'est l'idiot ? provoqua Jean, essayant de la faire oublier le danger.
- Arrête s'il te plaît ! supplia Willa, à bout de nerf. J'ai pas envie de passer les dernières minutes à m'engueuler avec toi !
- Qui t'a dit que tu passais tes dernières minutes ?
- Les yeux du loup affamé qui se trouve en face de moi peut être !
Alors que Willa était paralysée par la peur, adossée à un tronc, son ami faisait tout pour lui changer les idées. Mais l'adolescente gardait les yeux fixés sur l'animal, s'empêchant de penser à autre chose. Jean prit la voix la plus calme qu'il pût pour dire à Willa:
- Willa, je te jure que ce ne sont pas tes dernières minutes, d'accord ?
La jeune fille déglutit difficilement avant de répondre sur un air de regret:
- Tu pourras dire à Alison que je suis désolée de ne pas lui avoir pardonné ? déclara-t-elle avec un sanglot dans la voix.
- Hors de question que je dise quoique se soit à Alison de ta part ! cria Jean.
Le loup se rapprochait centimètres par centimètres, ralentissant le pas pour faire durer le plaisir.
- Dès que je te le dis, tu cours vers moi d'accord ? expliqua calmement Jean.
- Non ! Si je cours, il court ! Et je serais pas aussi rapide ! s'inquiéta Willa.
- Mais moi si.
Un craquement retentit à la droite de Willa, faisant sursauter l'oreille gauche du loup. Mais il ne bougea pas autrement. Sa position restait exactement la même, à l'affût du moindre faux mouvement propice à la mort de sa proie, tel un chat devant la souris qui lui servira de repas.
- Maintenant !
Aussitôt ce mot prononcé, et sans que Willa ait eu le temps d'esquisser ne serait-ce qu'un mouvement, un objet non-identifié passa si près de son oreille qu'elle sentir le vent siffler avant de se taire soudainement. Le loup lâcha un grognement surpris avant un glapissement de douleur. Un couteau était planté dans sa patte. Un long filet de sang s'écoulait déjà de la plaie. L'animal se contorsionna douloureusement et arriva contre toute attente à retirer l'arme blanche. La plaie se referma d'elle même, en quelques secondes à peine, juste le temps pour Jean d'attraper Willa par le poignet et de la tirer violemment en arrière.
La sorcière trébucha sur une racine et tomba en arrière. Le loup, totalement remis, grogna rageusement et se précipita vers les deux adolescents. Il prit appuie sur ses pattes arrières pour entamer un saut long de plusieurs mètres. Alors que Willa, après un bref espoir, recommençait à faire des prières impossibles, un autre loup sortit d'entre les buissons pour se jeter sur le premier. La surprise permit au second loup de prendre le dessus sur le premier l'espace d'un court instant où il pût le faire vaciller. Emporter dans leur élan, les deux animaux allèrent s'écraser dans des fougères à quelques mètres de là.
- Je crois que Jean t'a dit de courir non ?
Willa, enfin sortit de sa béatitude, regarda qui venait de lui parler. Elle vit Alison, main tendue vers elle, la fixer avec inquiétude.
Cette lueur d'altruisme dans le regard de son amie la sortit totalement de son mutisme et elle se releva énergiquement en attrapant la main de la chasseuse.
- Alison ! Je suis désolée pour tout ce que... s'empressa de commencer Willa, redoutant de ne pas avoir le temps de se confesser à un autre moment.
- Non ! D'abord, tu cours ! Après tu parles ! la coupa Alison.
Willa écouta son amie et se mit à courir aussi vite que ses jambes le lui permettaient, en jetant quand même un dernier regard en arrière. Elle y aperçut le loup gris (celui qui voulait les attaquer), penché dangereusement au dessus de celui qui avait essayé de les aider. Celui-ci arborait un pelage blanc. Grâce au jeu de lumière entre les feuilles des arbres, des petites tâches plus foncées apparaissaient sur son dos. Mais ces tâches n'étaient pas uniquement faites de lumières. Certains de ses poils avaient l'air collés les uns aux autres, comme soudés par un liquide épais. Et ce liquide s'avérait être du sang, vu la couleur que commençait à prendre l'herbe sous lui...
Un autre loup, entièrement noir cette fois-ci, surgit d'entre les arbres et se jeta sur le loup gris, toutes crocs dehors.
Willa ne put en voir d'avantage car les cris de ses amis la poussait à ne pas rêvasser et à courir.
Malgré la distance que Jean, Alison et Willa commençaient à prendre avec le combat, des hurlements et des gémissements leur en parvenaient quand même. D'autres loups semblaient s'être jetés dans la mêlée.
Enfin, les trois adolescents arrivèrent jusqu'à une petite clairière où se trouvaient déjà une demi-douzaine de leurs compagnons, ainsi que Simon, le professeur.
Willa stoppa sa course si soudainement qu'elle en eut la nausée. Jean lui mit la main dans le dos et lui conseilla de continuer à marcher.
- Tu permets que je reprenne un peu ma respiration ? rouspéta la sorcière.
Le jeune homme leva les mains en l'air en signe de soumission et laissa la jeune fille faire comme elle l'entendait.
Willa, une fois remise de ses émotions, s'approcha d'Alison.
- Merci... lui dit-elle simplement.
- Oh, t'inquiète pas, c'est rien... J'allais pas te laisser faire dévorer par ce loup, hein ? essaya de plaisanter la chasseuse.
Willa lui sourit sincèrement et lui confia timidement:
- Tu sais, tout à l'heure... Je voulais te dire que...
- Vos noms de familles s'il vous plait !
Simon était arrivé près des deux jeunes filles avec une liste à la main. Il semblait inquiet et un peu fiévreux. Des petites gouttes de sueur apparaissaient sur son front, tandis qu'il attendait les réponses à sa question.
- Petrone, dit d'abord Alison.
Willa attendit que le jeune professeur ait trouvé le nom de son amie avant de lui indiquer :
- Moi, c'est Dégry.
- Merci. Surtout, ne bougez pas d'ici si je ne vous l'ait pas demandé d'accord ?
Les deux adolescentes hochèrent la tête et Alison demanda, alors que le professeur allait s'en aller:
- Mais monsieur... Il se passe quoi là ?
Simon parut gêné. Il toussota nerveusement avant de répondre:
- Il semblerait que des membres de l'Ombre Noire ait pu franchir les limites. D'après ce que certains vampires ont pu entendre, plusieurs attaques se produisent en même temps.
- C'était des loups-garou là-bas ?! s'écria Willa.
- Oui... répondit gravement Alison.
- Est ce que vous avez croisez d'autres élèves en venant jusqu'ici ? demanda Simon.
Willa fit une moue dubitative. Elle était bien trop préoccupée à ne pas se prendre les pieds dans des racines pour faire réellement attention à ce qui se trouvait autour d'elle.
- Oui. Mathys y était. Il s'est interposé entre le loup qui les attaquait et Willa.
Simon hocha la tête et expliqua:
- J'ai formé des équipes d'élèves afin de venir en aide aux autres. Mathys faut partie de l'équipe "meute".
- Et nous, vous voulez qu'on aide où ? questionna Willa.
Le professeur la jaugea de haut en bas et lui répondit:
- On ne sait pas ce qu'ils veulent... Ou "qui" ils veulent... Alors toi, Abby, Théo et Yohann, vous resterez ici jusqu'à ce qu'on rentre.
- Et moi ? demanda Alison.
- S'ils veulent les quatres, il faudra des personnes pour les protéger en attendant le retour des autres, expliqua Simon avant de s'en aller vers de nouveaux arrivants essoufflés.
Willa hocha la tête en signe de compréhension. Elle jeta un coup d'oeil dans la clairière pour voir qui s'y trouvait. En effet, comme l'avait dit le professeur, Abby, Théo et Yohann parlaient ensemble. Ils étaient accompagnés de leurs amis habituels. Quelques autres adolescents que Willa ne connaissaient pas encore marchaient de long en large, à bout de nerfs.
Willa profita de cette légère accalmie pour se retourner à nouveau vers Alison. Elle prit une grande inspiration et se réessaya à lui révéler ce qu'elle pensait:
- Tout à l'heure, j'ai vraiment cru que j'allais y rester... commença-t-elle.
Alison, qui jouait calmement avec une petite dague, stoppa ce qu'elle faisait et se concentra sur amie.
- En général, on dit que c'est quand on sur le point de perdre les personnes qui comptent le plus pour nous qu'on se rend compte qu'on a pas forcément fait avec elles tout ce qu'on aurait voulu faire.
Alison plissa les sourcils. Les explications de Willa étaient légèrement embrouillées, sûrement le coup du stress.
- Et je voulais donc te dire...
- C'est quoi tout ces corbeaux ?!
Willa souffla en se retournant vers la personne qui venait de crier ça.
Je vais jamais pouvoir m'excuser, si ça continue comme ça ! pensa-t-elle.
Mais, intriguée par la nature des propos de l'adolescente qui avait justement hurlé ça, la sorcière leva la tête en l'air et aperçu tant de corbeau sur les arbres en bordure de la clairière que le soleil en était presque caché. Elle frissona malgré elle, pressentant quelque chose de malsain dans l'air.
- Ce sont des vampires !! cria Roxane.
Aussitôt, ces mots provoquèrent la panique générale. Alors que les plus courageux restaient au centre de la clairière, attendant vaillamment l'attaque qui ne saurait manquer, d'autres se mettaient déjà à courir sous le couvert des arbres. La nuée d'oiseaux noirs s'envola alors d'un même mouvement vers les adolescents en panique.
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Coucou ! 😀
Voilà, enfin un peu d'action dans ce livre ! ^^'
Est ce que ça vous plait toujours ? Dites le moi dans les commentaires 😊
Je voulais vous dire un immense merci !! On a dépassé les 400 votes et on va pas tarder à passer la barre des 5k vues !! C'est énorme 😨 Vous vous dites sûrement que c'est pas grand chose, mais c'est déjà beaucoup plus que ce à quoi je m'étais préparée ^^'
En plus, ce chapitre est le 33e (avec prologue 😛) !! Ça aussi, c'est beaucoup ! Et c'est uniquement grâce à vous !! Parce que, comment vous dire que si vous n'étiez pas là, bah... Le livre non plus... 😓
Donc voili voilou les amis :) Merci de tout mon coeur de lire ce livre 📓
À la semaine prochaine ! 😁
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